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Crépol: fait divers ou fait de société?

Quand l'ensauvagement gagne nos campagnes paisibles


Crépol: fait divers ou fait de société?
Romans-sur-Isère (26), 22 novembre 2023 © MOURAD ALLILI/SIPA

Thomas, jeune rugbyman de 16 ans, est mort alors qu’il faisait la fête au bal avec ses copains. Depuis, dans le monde politique et sur les réseaux sociaux, deux France se font face. Récit.


Il est impossible de dresser la liste des « faits divers » marquants de ces dernières années tant ils furent nombreux, mais il est certain que le prénom Thomas sera longtemps associé au drame qui a frappé le petit village de Crépol dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 novembre. Ce soir-là se tenait, comme partout en France dans les zones rurales, un bal pour les jeunes du coin. Thomas, jeune rugbyman de 16 ans, était présent pour faire la fête avec ses amis. Il en est mort. Assassiné de plusieurs coups de couteaux par une bande d’un de ces quartiers de l’immigration, qualifiés de « populaires » par le jeu de ces euphémismes politiquement corrects que la France d’après utilise pour se mentir à elle-même.

Réactions inappropriées

Comme il fallait s’y attendre quand une affaire de cet acabit est médiatisée, la majorité d’entre elles ne sortant pas des canards locaux, les réactions furent aussi nombreuses qu’inappropriées. La plus surréaliste, et c’est peu dire, fut celle de l’avocate pénaliste Florence Rouas au micro de BFM TV, qui a immédiatement cherché des excuses aux bourreaux : « Ces jeunes ont peut-être été refoulés pour un délit de sale gueule. J’entends ce que vous dites. Oui, c’est une jeunesse qui a parfois des couteaux ». Rappelons tout d’abord qu’il s’agissait d’une soirée privée dans un village isolé, situé à vingt minutes de la gendarmerie la plus proche. Mais surtout, constatons : le délit de sale gueule est justifié. Les stéréotypes ont la vie dure parce qu’ils correspondent à une réalité que tous les Français vivent.

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Une dizaine de jeunes issus de l’immigration, vêtus du complet « survêt Lacoste, Air Max TN », venus en « engins » de cross ou voitures de sport pour go fast, peuvent à eux seuls faire dégénérer une soirée par leur comportement inapproprié, inadapté aux us et coutumes qui sont les nôtres. Ils sont habitués à la violence et ne s’en cachent pas. Personne de sensé ne dira que les fêtes de villages sont toujours un havre de paix et que l’on ne s’y bat pas, qu’il n’est jamais arrivé qu’un local trop porté sur la boisson sorte le fusil pour canarder un rival, mais ce qu’a subi le hameau de Crépol dans cette sombre nuit du samedi 18 ressemblait à s’y méprendre à un attentat terroriste bien plus qu’à une simple « rixe ».

Il suffit d’écouter les témoignages des participants pour s’en convaincre, ceux des victimes comme des agresseurs du reste. La page Twitter MediaZbeul a ainsi diffusé le message vocal d’un des jeunes de Romans-sur-Isère. Outre le fait qu’il est difficile de comprendre la langue employée par ce dernier, dont les phrases sont régulièrement ponctuées de l’interjection « wallah », il explique que la situation a dégénéré parce que lui et ses amis « géraient les meufs qui aiment les brownies », sous-entendu les petites Françaises de souche qui apprécient la compagnie des racailles ressemblant à des figurants de clips de Jul, et qu’ils ont alors été débordés dans une bagarre les opposant à des rugbyman, raison pour laquelle ils seraient revenus armés d’Opinels géants à lames de vingt centimètres. Qui, doté d’une éducation et civilisé, revient pour tuer après avoir été éconduit d’une soirée ?

Une agression raciste ?

Un autre témoignage, rapporté par Le Dauphiné Libéré, cette fois-ci du côté des jeunes villageois de Crépol, donne un peu plus de contexte. Deux victimes de l’attaque expliquent que la bande a explicitement ciblé des « blancs ». De fait l’on entend explicitement sur une vidéo l’expression « sale gwer », qui signe le forfait. Difficile en effet de ne pas voir dans cette récurrence d’agressions, qui finissent parfois en meurtres, un phénomène social plus grand, plus large, montrant un affrontement communautaire dans notre pays. Dans ces quartiers, recourir à la violence est l’option privilégiée. On n’a pas peur de la justice et de sortir les armes quand on croit, souvent à tort, avoir vécu un affront et défendre son honneur bafoué, quand il ne s’agit pas tout simplement d’une explosion de violence gratuite sans autre justification que le plaisir sociopathique de faire souffrir l’autre.

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Les appels à ne pas « récupérer » le cas, entendus chez Eric Dupond-Moretti et d’autres, sont d’ailleurs proprement insupportables désormais. Quand les drames s’accumulent, les commenter et en tirer les leçons qui s’imposent ne revient pas à capitaliser dessus. C’est, au contraire, une démarche saine, humaine et parfaitement logique. Trop de vies ont été brisées dès l’enfance ou l’adolescence. Notre jeunesse est sacrifiée sur l’autel de la complaisance. Dans ces cités devenues des narco-préfectures, la police et la justice ne sont rien. C’est le dealer rival qui inquiète, car lui peut tuer. Notons que ceux qui pleuraient sur le sort de l’enfant Nahel ont immédiatement tenté de chercher des excuses aux meurtriers de Thomas, ici qualifié d’adolescent alors qu’il était âgé d’un an de moins que le garçon dont la mort a mis la France à feu et à sang durant quinze jours au mois de juillet dernier.

À l’Assemblée nationale, Louis Boyard (LFI) capitalise sur l’agression raciste du jardinier Mourad et le concept d’ « islamophobie »

À gauche, du côté mélenchonien de la force, on a d’ailleurs plus abondamment condamné l’agression raciste d’un jardinier par un vieil homme que la razzia de Crépol. Chacun ses victimes dans un pays atomisé. Pour les uns Gaza, pour les autres les Israéliens tués par le Hamas. Ce schéma se retrouve d’ailleurs en partie dans notre propre actualité nationale.

Pourtant, l’installation d’une violence sauvage constante touchera tout le monde et pourrit déjà la vie de l’ensemble de la population. Ce sont nos élites qui sont défaillantes. Elles ont renoncé à l’ordre, à la vérité. Songez que la Fédération française de rugby n’a même pas eu un mot public pour Thomas, tant elle craint la cocotte-minute identitaire. Se cacher la tête dans un seau ne nous rendra ni meilleurs ni plus forts. Il est aussi temps, de manière très concrète, de doter les personnels de sécurité privée des outils nécessaires à l’exercice de missions de plus en plus complexes ainsi que l’a expliqué le patron de boite et nuit et influenceur le Jarl.

Dernier point. La France a connu une marche contre l’antisémitisme récemment, à laquelle s’est associée l’ensemble de la classe politique à l’exception de LFI. Peut-être serait-il temps d’arrêter les « marches blanches » après les drames et qu’enfin l’intégralité de la société marche contre la criminalité qui est le cancer de notre société, tel que les Italiens l’ont fait contre la mafia dans les années 1990. Seul un mouvement de grande ampleur nous permettra d’inverser la tendance.



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Gabriel Robin est journaliste rédacteur en chef des pages société de L'Incorrect et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019). Il a été collaborateur politique

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