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Sarkozy à Solferino


Sarkozy à Solferino

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Dans une tribune publiée par Le Figaro et intitulée « La radicalisation idéologique du socialisme »[1. Roland Hureaux, « La radicalisation idéologique du socialisme », Le Figaro du jeudi 23 janvier 2014.], M. Hureaux déplore « une profonde incompréhension de la révolution qui est en train de s’accomplir aujourd’hui en France. » Mais R. Hureaux se trompe profondément sur cette incompréhension, ajoutant une incompréhension à une autre – une incompréhension au carré si l’on veut. Ce n’est pas une révolution socialiste qui s’accomplit sous nos yeux. C’est une révolution libérale dans le socialisme, c’est une avancée de la révolution libérale sous le nom du socialisme, qui n’a du socialisme que le nom.

Selon lui, « le Parti socialiste avait fait l’objet, au cours des dernières années, sur tous les autres sujets que l’économie, en particulier les questions culturelles et sociétales, d’une radicalisation sans précédent. » Ce n’est justement pas une radicalisation socialiste, une radicalisation du socialisme dont il est question, mais une radicalisation du libéralisme, ce que montre justement le glissement gouvernemental qui ne s’occupe plus tant des questions sociales « traditionnelles » que de « questions de société », de problématiques « sociétales », bref, de « tous les autres sujets que l’économie ». Ce passage du « social » au « sociétal » signe et contresigne l’abandon, réalisé depuis longtemps, de tout socialisme par le Parti dit Socialiste.

Il s’agit bien d’« une idéologie, au sens d’un système d’idées fausses et contre-nature inspirant ses décisions au pouvoir »,  et d’ « une idéologie différente du marxisme et peut-être à terme plus dangereuse », mais il ne s’agit pas d’un « nouveau socialisme libertaire », comme le définit Roland Hureaux : il s’agit plutôt d’un « néolibéralisme sociétal ».

Tout d’abord, un authentique socialiste libertaire ou socialiste révolutionnaire ne se reconnaîtrait guère dans le gouvernement qu’attaque Roland Hureaux. Sérieusement,  la gauche libérale, parlementaire et gouvernementale n’a pas grand-chose en commun avec le socialisme ni le libertarisme, synonyme d’anarchisme.

La différence de la présidence de F. Hollande d’avec la présidence de N. Sarkozy, c’est qu’elle est encore plus libérale et atlantiste que la précédente. Et j’oubliais européiste. Bref, la même chose, en pire.

Le problème de ce gouvernement, ce n’est pas son « socialisme » mais son libéralisme. C’est que, à la différence de la « gauche classique » qui était sociale, la gauche actuelle est libérale, et même ultralibérale en matière morale.

Car ce qui s’exprime dans le « mariage pour tous », les débats autour de la PMA, de la GPA, de la « stérilité sociale », ou encore de l’euthanasie et du « suicide assisté », etc., c’est l’aboutissement logique de la conception libérale de l’homme et de la société, individualiste, contractualiste et positiviste. C’est l’expression de l’unité du libéralisme moral, philosophique, politique, juridique et économique. C’est la logique non pas du droit commun ou du droit naturel mais de la reconnaissance des droits individuels avec en corollaire immédiat la marchandisation des corps, des enfants et de la reproduction – logique du « droit à l’enfant », des « droits reproductifs » sous contrôle de la « santé reproductive » c’est-à-dire in fine des administrations étatiques et para-étatiques.

Il s’agit de la radicalisation d’une révolution anthropologique initiée il y a trois siècles dans certaines franges de la philosophie des Lumières et de l’économie politique.

Roland Hureaux pense enfin que « la grille de lecture marxiste est tout à fait inadaptée à l’analyse de la situation actuelle ». Peut-être a-t-il oublié ce texte de Karl Marx qui décrit précisément – pour le louer – le « rôle éminemment révolutionnaire » de la « bourgeoisie », alias la classe capitaliste et libérale : « La bourgeoisie a joué dans l’histoire un rôle éminemment révolutionnaire. (…) La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu’on considérait avec un saint respect. (…) La bourgeoisie a déchiré le voile de sentimentalité qui recouvrait les relations de famille et les a réduites à n’être que de simples rapports d’argent »[1. Karl Marx (et Friedrich Engels), Manifeste du Parti communiste, 1848.]

La « bourgeoisie » aujourd’hui au pouvoir s’appelle Parti socialiste.

*Photo : Jonathan Short/AP/SIPA. AP21283383_000024.



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