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Qui a dit que les impôts n’allaient pas augmenter?

L'immobilier reste le moyen le plus sûr pour l'État de ponctionner les Français


Qui a dit que les impôts n’allaient pas augmenter?
Appartements à vendre, Paris, 2005 © Sipa.

Dès qu’il est question de taxes et de surtaxes, les automobilistes ne sont pas les seules vaches à lait du système fiscal en France. Les propriétaires sont eux aussi, et depuis longtemps, dans le collimateur des services fiscaux.


Les propriétaires d’un appartement ou d’une maison, ou des deux, sont des « clients » très importants pour le fisc national et les services fiscaux locaux. D’abord, la taxe d’habitation sur les résidences principales : elle a été supprimée pour 80 % des « moins riches », mais elle est toujours en vigueur pour les 20 % restants, censés être « les plus riches ». Sa suppression devrait intervenir cet automne, mais comme rien n’est jamais sûr dans la France fiscale, pour eux il faudra encore attendre. En revanche, dès qu’il est question de résidences secondaires, la taxe d’habitation reste exigible par les communes qui ont même obtenu le droit de la majorer par une surtaxe pouvant aller jusqu’à 60 % ceci afin, officiellement, de contrebalancer le manque à gagner lié à la suppression de la taxe d’habitation sur les résidences principales.

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L’État ploutocrate qui a le vice fiscal enraciné au fond de lui n’hésite jamais à truquer les systèmes qu’il a mis lui-même au point : pour faire le beau auprès des électeurs, il supprime un impôt, celui sur les résidences principales, tout en permettant aux communautés locales d’augmenter largement leurs taxes sur les résidences secondaires… et tout le monde est content dans les différends bureaux fiscaux, sauf évidemment le contribuable ! Et donc, mauvaise nouvelle pour les 3,6 millions de propriétaires d’une maison de vacances : des villes touristiques ont immédiatement saisi la balle fiscale au bond et sont allées directement au maximum. Ainsi, dans le Sud-Ouest, Bordeaux, Biarritz et Saint-Jean-de-Luz. D’autres comme Lyon ou Nantes ont également embrayé, mais ce sont surtout des villes moyennes ou petites, mais très touristiques, qui se sont jetées sur cette aubaine, pour aboutir à des taux de taxe d’habitation en très forte augmentation. Ainsi, dans le Midi : + 37 % au Cannet, + 34 % à Nice, + 31 % à Beausoleil, + 31 % à La Seyne-sur-Mer, + 44 % à Sète, + 38 % à Frontignan, + 32 % à Corte…

En profiter au maximum

Les propriétaires n’en ont pas fini avec les taxes car ils ont aussi à payer la taxe foncière, qui est le plus important et la plus pérenne de tous les impôts locaux, et là, pas question de la moindre suppression, ni de la moindre baisse, même dans un horizon lointain. Cette taxe foncière est le dernier impôt à la disposition totale des services fiscaux locaux, en l’occurrence ceux des départements, qui conservent ainsi le pouvoir et la capacité d’augmenter sans limites leurs recettes. Inutile de préciser qu’ils vont en profiter au maximum. Ces taxes, qui ont déjà augmenté de 28 % pendant les dix dernières années selon l’Union des propriétaires immobiliers (UNPI), vont sans doute encore s’envoler pendant les dix prochaines.

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Selon une étude de Meilleurtaux, un propriétaire qui achète un 70 m² à Angers avec un emprunt à 1,85 % sur vingt ans devra payer mensuellement 280 euros supplémentaires par rapport à l’année dernière, en raison de la double hausse des prix de l’immobilier et des taux de taxe foncière. À Nice, le surcoût mensuel serait également de 280 euros, mais à Paris, il exploserait à 480 euros. Toujours selon Meilleurtaux et toujours pour un appartement standard de 70 m², la taxe foncière annuelle en est actuellement à 1.550 euros à Nîmes, record de France, 1.546 euros à Angers et 1.483 au Havre. Imaginez ce que cela coûterait pour une maison de 140 m² !



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Journaliste et entrepreneur

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