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Michaël Bar Zvi, l’Ami, le Mensch

Un documentaire à voir sur Toute l’histoire


Michaël Bar Zvi, l’Ami, le Mensch
Michaël Bar Zvi (1950-2018), professeur de philosophie français et israélien Capture d'écran.

Un documentaire inédit d’Élisabeth Lenchener, première diffusion samedi soir…


Parce que « le monde ne nous a pas pardonné le mal qu’il nous a fait et qu’Israël dérange », le philosophe franco-israélien Michaël Bar Zvi a, toute sa vie, été un militant inlassable de la cause et de la pensée sioniste. Avec les armes – il a été officier de Tsahal – et surtout avec les mots – il aimait provoquer pour mieux défendre la terre d’Israël, « sa demeure ». 

Un disciple d’Emmanuel Levinas et de Pierre Boutang

Dans le documentaire « Michaël Bar Zvi, l’Ami, le Mensch », la réalisatrice Élisabeth Lenchener brosse le portrait de cet homme, son ami de 30 ans, et à travers lui retrace l’épopée du sionisme, ce mouvement né au XIXe siècle pour donner aux juifs « un Etat, une armée, des frontières », et qui aboutira, après la Seconde Guerre mondiale et la Shoah, à la création de l’État d’Israël le 14 mai 1948.

Réalisé à partir de nombreuses archives, complétées par des interviews de proches, dont certains contradicteurs, ce film nous permet de découvrir Michaël Bar Zvi, homme pudique au regard bleu perçant, disparu en 2018 et d’interroger le sionisme sur lequel « on ne peut pas rester neutre ». Pourquoi le sionisme ? Parce que « pendant la Shoah, les juifs ont été privés de deux choses, la terre et la guerre, deux droits fondamentaux », dit ce fils de déporté, disciple des philosophes Emmanuel Levinas et de Pierre Boutang.

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Pour assurer la « pérennité du peuple juif il fallait créer une société juive dans un État moderne qui assume son héritage », poursuit celui qui a fait son alyah à l’âge de 25 ans.

Ce film est militant, à l’image de sa réalisatrice, mais il n’élude pas les sujets de contradiction. Comme lorsque l’ancien ambassadeur d’Israël en France, Daniel Shek, évoque la gauche israélienne « tout aussi sioniste que n’importe qui avec sa volonté de se séparer des Palestiniens et de faire la paix ». Ou quand Michaël Bar Zvi évoque les antisionistes, qu’ils soient juifs religieux ou islamo-gauchistes. 

Dans un insert, le film rappelle la phrase de Vladimir Jankélévitch: « L’antisionisme c’est la permission d’être démocratiquement antisémite ».  

Hommage sensible et sincère

Olivier Véron, éditeur de Michaël Bar Zvi, raconte que le père du philosophe aurait préféré le voir bottier comme lui pour avoir un métier qui lui sauve la vie dans les camps, au cas où… Mais avant de mourir, il lui fera ce compliment : « Toi, au moins, tu as su mettre la philosophie au service de ton peuple ».

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Élisabeth Lenchener, qui s’est déjà illustrée par de nombreux portraits documentaires, notamment de Delphine Horvilleur, Serge et Beate Klarsfeld, René Frydman, Bernard Kouchner… se livre ici à un nouvel exercice intimiste et didactique.  « Le jour de sa mort, nous dit-elle, devant son cercueil, j’ai ressenti la nécessité fulgurante d’immortaliser la pensée, l’œuvre et l’originalité de Michaël Bar Zvi. Car ainsi qu’il le dit dans le film « le judaïsme est une altérité et son secret est sa transmissibilité ». » 

Cet hommage sensible et sincère propose aussi un nouvel éclairage sur le sionisme, ce courant politique et philosophique encore trop largement méconnu, seule utopie du XIXe siècle qui se soit incarnée dans la réalité.

Samedi 14 mai 2022 à 22h30, sur la chaîne Toute L’Histoire (réseaux câblés et satellite).




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