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Et Hidalgo créa la dette

Explosion de la dette parisienne : tout, sauf une surprise


Et Hidalgo créa la dette
Anne Hidalgo © Joël Saget / AFP

Vingt ans de municipalité socialiste auront permis à la ville la plus riche de France d’être surendettée. Au point qu’elle n’a plus les moyens de son fonctionnement. Mais Mme le Maire maintient ses projets et son train de vie.


Alors que l’État réduisait progressivement les sommes versées chaque année à Paris, au nom d’une plus juste répartition des richesses à l’échelle régionale, la Ville a maintenu son train de vie.

Faire caler un moteur économique aussi puissant que la capitale n’est pas un mince exploit. La majorité municipale est en passe de l’accomplir. Depuis l’élection d’Anne Hidalgo, en 2014, la dette a pratiquement doublé, passant de 1 837 euros à 3 498 euros par habitant en 2020, ce qui est énorme. À Lyon, elle est seulement de 1 481 euros.

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Il y a plus grave. Toujours en 2020, la capacité d’autofinancement de Paris, c’est-à-dire ce qu’il reste en caisse lorsque les dépenses obligatoires ont été réglées (salaires, chauffage, etc.), est devenue négative. Autrement dit, la Ville n’a plus aucune marge de manoeuvre budgétaire, et c’est entièrement de sa faute. Tout tient en un chiffre, celui de la dotation globale de fonctionnement (DGF). Cette dotation correspond à ce que l’État verse aux communes chaque année. Elle fait l’objet de minutieux calculs, prenant en compte la population, son niveau de revenus, les recettes des taxes diverses, la fréquentation touristique, etc. Les réajustements sont fréquents. Au début des années 2010, les spécialistes de Bercy ont prévenu Paris. La capitale était un peu trop bien dotée, par rapport aux communes défavorisées comme Aubervilliers, Saint-Denis ou Grigny. Personne n’a été pris en traître. Le train de vie d’une collectivité a une inertie considérable. Lorsqu’une piscine est ouverte, on ne la ferme pas du jour au lendemain. Il n’est pas davantage question de plans sociaux. Les crânes d’oeufs de Bercy le savent parfaitement. La réduction de la DGF a donc été progressive. Mais elle a été massive. En 2012, la Ville avait touché 1,2 milliard d’euros. En 2020, la somme est tombée à 53 millions d’euros ! La DGF, qui représentait 24 % de ses recettes, frôle désormais le zéro (0,8 %).

Qu’a fait Paris pour s’adapter ? Strictement rien.

Les dépenses de fonctionnement n’ont pas du tout diminué. Elles sont restées à 4,8 milliards d’euros de 2012 à 2018 (elles font ensuite un bond à 6,6 milliards, mais c’est une illusion d’optique comptable, liée à la fusion de la ville et du département, effective au 1er janvier 2019). Traditionnellement très bas à Paris, les impôts locaux ont augmenté de 50 % entre 2012 et 2020, ce qui était dramatiquement insuffisant (surtout par rapport à l’enrichissement de la population, voir notre enquête). Il aurait fallu les doubler, tout en rationalisant la gestion municipale. Rien n’a été entrepris en ce sens. Tous les spécialistes s’accordent à dire que Paris dort sur des gisements d’économies considérables, le cabinet de Mme le Maire n’étant pas le moindre. Selon la Cour des comptes, il employait 165 personnes fin 2015, par dérogation au Code de la fonction publique, qui plafonne les cabinets des maires au seuil, déjà généreux, de 45 collaborateurs. 

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Le 13 janvier 2022, la direction des finances et des achats a fait savoir par une simple note que le budget de fonctionnement de la Ville était partiellement gelé, à hauteur de 15 % ! Dans une collectivité bien tenue, ce serait un cataclysme. À Paris, c’est un simple signal : la plaisanterie a assez duré.

Février 2022 - Causeur #98

Article extrait du Magazine Causeur




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