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Après la “charge mentale”, la “charge raciale”

Le nouveau délire de ceux qui partagent les citoyens entre "racisés" et "non racisés"


Après la “charge mentale”, la “charge raciale”
Capture d'écran YouTube

Pour les militants woke, tout “racisme ordinaire” est mis au service de la grande « révolution racialiste » en cours (Mathieu Bock-Côté). Et selon eux, il n’est pas pire racisme que le racisme “non intentionnel”. Il faut se coltiner leur propagande, étudier leur rhétorique ésotérique et en comprendre les ressorts, pour tenter de leur résister. C’est parti.


Les néoféministes nous apprenaient il y a quelques mois qu’il existe une chose appelée « charge mentale », une « double peine pour les femmes », ces dernières cumulant travail et tâches domestiques pendant que les hommes n’en branlent pas une. À peine plus tard les mêmes nous renseignaient sur la « charge maternelle ». Rokhaya Diallo et Grace Ly, animatrices du podcast Kiffe ta race !, nous présentent la petite dernière : la « charge raciale ». La charge raciale, nous apprennent-elles, est une « double peine » pour les « personnes non-blanches […] qui subissent des assignations raciales ou des micro-agressions » et « qui doivent prendre sur elles pour trouver des issues sans heurt à ces situations ».

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Le fantasme d’une société “structurellement” raciste

Le racisme ordinaire, explique Rokhaya Diallo lors de ce podcast enregistré en public, s’immisce partout et ne se voit pas toujours. Les Français blancs ignorent qu’ils sont foncièrement racistes et qu’ils vivent dans une société « structurellement » raciste : « ce qui définit le racisme, c’est son caractère systémique, son ancrage dans une histoire multiséculaire et son expression protéiforme. […] Le racisme est omniprésent dans la société française. » [1] Principes de base (selon les animatrices du podcast) : la personne « non-racisée » ne peut pas être victime de racisme et encore moins subir une « charge raciale ». Seul le Blanc fait des remarques offensantes et racistes, parfois même sans s’en rendre compte. Bienveillantes, les personnes « racisées » encaissent et essaient d’adoucir la situation. 

Maboula Soumahoro © BALTEL/SIPA Numéro de reportage: 00635163_000038

Grace Ly cite Maboula Soumahoro qui a, comme son amie Rokhaya Diallo, fait ses humanités antiracistes et intersectionnelles aux États-Unis : « En tant que personnes défavorablement racialisées, il nous revient la tâche épuisante d’expliquer, de traduire, de rendre intelligibles les situations violentes et racistes. Notre responsabilité est double : endurer, puis délicatement trouver un dénouement heureux aux agressions et injustices, petites ou grandes, subies. » [2] Il est à noter que la même Maboula Soumahoro expliquait récemment que « l’homme blanc ne peut pas être antiraciste, il ne peut pas avoir raison contre une Noire ou une Arabe, il ne peut pas, c’est pas possible. Et ça, il va falloir que la France s’en rende compte ». Nous disions donc : subir des agressions puis, délicatement, trouver un dénouement heureux, etc. 

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Lors de cette émission, les deux animatrices vont lire les témoignages de personnes « racisées » qui ont subi des sévices inimaginables. Celui que va rapporter Rokhaya Diallo, et qui concerne un homme d’origine nicaraguayenne, est d’une violence inouïe. Achtung : la narration qui va suivre peut provoquer ou rappeler un traumatisme, en particulier chez les hommes racisés avec un accent espagnol. 

Un témoignage bouleversant

Voici l’histoire : cet homme d’origine nicaraguayenne (« racisé, typé latino, homosexuel et cis », est-il intersectionnellement précisé) préside une réunion de travail avec plusieurs de ses collègues. En début de réunion une de ses collègues lui dit : « Votre accent, ça me fait me sentir en vacances ». Et… ? vous interrogez-vous devant ce suspense insoutenable en attendant la suite. Et rien. Cette femme, croyant vraisemblablement montrer ainsi son absence de xénophobie et son empathie, a candidement dit que l’accent de son collègue lui faisait penser aux vacances – le propos est assez sot, le moment pour le tenir n’est sans doute pas le plus opportun, mais de là à y voir la manifestation d’un racisme inconscient il y a un gouffre… que Rokhaya Diallo franchit sans aucun problème en dénonçant un « truc raciste ». Cet homme traumatisé, « offensé », dit-elle, s’est posé pas mal de questions après cette terrible agression, dont celle-ci : « Lorsque je parle est-ce que les gens m’écoutent ou est-ce qu’ils se sentent au bord de la plage ? » – « C’est HORRIBLE, en fait », s’égosille Rokhaya Diallo, « c’est fou, parce qu’elle dit un truc raciste (sic) et c’est lui qui est en train de se remettre en question sur des années de travail » (resic). Après que Grace Ly nous a fait un petit cours sur la glottophobie, Rokhaya Diallo compare ce « racisme non intentionnel » à l’homicide involontaire. Des exemples comme ça, la journaliste en a plein sa besace. Par exemple, on ne peut malheureusement pas protester, regrette-t-elle, lorsqu’un collègue de travail ayant vu un documentaire sur tel pays, dit à une personne originaire du pays en question : « Hier j’ai vu un doc sur ton pays, raconte-nous… » – « Le temps qu’on passe à déconstruire ces inepties nous éloigne de notre travail, nos familles, nos loisirs », dit-elle encore, « c’est épuisant. » À qui le dit-elle !

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L’antiracisme est un business. Pour que ce business soit journalistiquement, médiatiquement, universitairement fructueux, il faut que le racisme se porte au mieux, c’est-à-dire qu’il faut le débusquer partout, même là où il n’est pas. Un discours pleurnichard et tordu mettra bientôt en évidence le racisme inconscient d’un chef pâtissier qui, expliquant à un de ses mitrons d’origine asiatique comment monter des œufs en neige, l’enjoint de « bien séparer les blancs des jaunes ». Déjà, dans certains cafés, on ne demande plus un « petit noir » qu’en chuchotant. Inconscient est celui qui le réclame, en plus, « bien serré ». Cet antiracisme qui prête à sourire tant il paraît inconséquent est pourtant le fer de lance d’un projet plus brutal et véritablement raciste, d’un nouveau rapport de forces reposant essentiellement sur des critères raciaux.

Mathieu Bock-Côté © Damien Grenon / Photo12 via AFP

“Blanchité”, “racisés”, “privilèges” : le naufrage racialiste

La Révolution racialiste, écrit Mathieu Bock-Côté, est « une révolution contre les “Blancs” » [3]. Rokhaya Diallo et ses semblables pratiquent les méthodes activistes américaines qui favorisent l’entrisme des thèses racialistes dans les cercles universitaires, médiatiques et culturels. En France, dans ces milieux, certains « non-racisés » progressistes s’achètent une conduite (en même temps qu’ils s’assurent un poste, une reconnaissance, une visibilité médiatique) ; de la même manière qu’ils étaient fiers il y a trente ans de ne pas être racistes, ils sont fiers aujourd’hui de déclarer publiquement qu’ils le sont et d’affirmer que leur « blanchité » constitue un « privilège ». Ils sont les idiots utiles nécessaires à toute révolution. Révolutionnaires actifs et idiots utiles voient des racistes « non-racisés » à chaque coin de rue et sont naturellement pour une immigration massive, qui fait partie du plan. La révolution est en cours, affirme Mathieu Bock-Côté. Devant une Rokhaya Diallo admirative, Léonora Miano ne disait rien d’autre sur le plateau de Ce soir ou jamais en 2013 : « N’ayez pas peur d’être minoritaire culturellement. N’ayez pas peur de quelque chose qui va se passer. Parce que ça va se passer. Ça s’appelle une mutation. L’Europe va muter. […] Ils vont venir, et ils vont venir avec leur bagage identitaire. […] C’est ça qui va se passer, et c’est déjà en train de se passer. N’ayez pas peur. » Ce soir-là, l’écrivain nous promettait la « disparition du monde connu » et Rokhaya Diallo réfléchissait déjà aux moyens d’accélérer cette disparition.

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Léonora Miano Image: D.R.

[1] Rokhaya Diallo, La France tu l’aimes ou tu la fermes ?

[2] Maboula Soumahoro, Le triangle et l’hexagone.

[3] Mathieu Bock-Côté, La Révolution racialiste.


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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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