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Homosexualité, droit constitutionnel et décentralisation


Homosexualité, droit constitutionnel et décentralisation

Lebranchu gay mariage

Madame la ministre,

Le 5 octobre dernier à la Sorbonne, le Président de la République vous communiquait sa feuille de route à propos de la réforme de l’élection des conseillers généraux : ancrage territorial et parité. Depuis, de nombreuses indiscrétions parues dans la presse font état de votre intention de diviser le nombre de cantons par deux et d’y faire élire des binômes femme/homme. Bien que pavé de bonnes intentions, ce projet rencontre la totale opposition du collectif que j’ai l’honneur de représenter.

Nous ne pouvons l’accepter pour deux raisons. Tout d’abord, ce projet donnerait à toutes les forces de la Réaction, les Vanneste, Boutin, Barbarin et autres Sylviane Agacinski, un argument de poids, ce que nous ne pouvons décemment accepter. Pourquoi, ne manqueront-ils pas de vous opposer, réclamer la représentation de l’altérité dans les assemblées départementales quand on nie le besoin de cette dernière dans les familles ? N’offrons pas un tel cadeau à ces rétrogrades ! Ils en profiteront immanquablement pour combattre de plus belle le mariage pour tous et la possibilité pour les couples homosexuels de faire famille comme ils l’entendent grâce à l’adoption mais aussi la procréation médicale assistée et la gestation pour autrui.

Ensuite, et cette raison est intimement liée à la première, ce projet constituerait une discrimination envers les homosexuels. Même si nous sommes évidemment conscients que les binômes constitués reposeraient sur une alliance politique et non amoureuse, ils perpétueraient néanmoins une vision hétérocentrée de la société en général et de la politique en particulier. Nous ne pouvons nous y résoudre. De manière plus large, il est sans doute venu le temps de réfléchir à la représentativité homosexuelle dans nos assemblées politiques. La réforme du mode de scrutin des conseils généraux peut, à cet égard, constituer un excellent terrain d’expérimentation.

Notre association ayant pour but, non pas seulement de s’opposer, mais aussi d’être une force de propositions, nous vous suggérons d’amender votre projet. Vous pourriez, en effet, autoriser des dérogations au principe de mixité des binômes, à la condition que les candidat-e-s associé-e-s déclarent sur l’honneur représenter la minorité homosexuelle. Dans un premier temps, cette possibilité serait facultative. Lors du renouvellement de 2020, il pourrait devenir obligatoire, chaque parti devant présenter 10 % de candidat-e-s gays ou lesbiennes.

Nous vous prions, Madame la ministre, d’agréer nos salutations les plus respectueuses et de croire en notre plus grand dévouement.

*Photo : thats.



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est président du Collectif « Homosexualité, droit constitutionnel et décentralisation ».

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