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Le miracle de la multiplication des milliards

Emmanuel Macron, le président "Quoi qu'il en coûte"


Le miracle de la multiplication des milliards
Emmanuel Macron et Bruno Le Maire lors d'une visite sur le site du groupe pharmaceutique Seqens, à Villeneuve-la-Garenne le 28 août.© ELIOT BLONDET-POOL/SIPA Numéro de reportage : 00978604_000022

Qui aurait pu imaginer une chose pareille ? Deux millénaires après le miracle de la multiplication des pains, selon les Évangiles, par un marginal miséreux du fin fond de la Palestine nommé Jésus de Nazareth, un socialiste hexagonal nommé Emmanuel Macron et surnommé « Jupiter », est en train de réaliser lui aussi des miracles : la multiplication des milliards. Hollande en rêvait. Macron l’a fait !


D’abord, soyons clairs : Macron n’est pas du tout un libéral contrairement aux affirmations péremptoires des ignorants en économie et de certains perroquets de l’ultra gauche depuis leurs perchoirs dans les médias. Il a toujours été socialiste sinon, primo, il n’aurait pas fait partie de l’équipe rapprochée du dit Hollande pendant sa campagne présidentielle, et secundo, il ne serait jamais devenu son secrétaire général adjoint à l’Élysée et encore moins ensuite son ministre de l’Économie.

Tout ce qu’il sait faire, c’est dépenser, promettre et parler

Emmanuel Macron est tout simplement un socialiste pragmatique comme l’a été avant lui Tony Blair en Grande Bretagne pendant les années 2 000, appliquant comme lui, même si c’est à doses homéopathiques en matière économiques, la célèbre maxime du chinois Deng Xiaoping : « Peu importe que le chat soit noir ou blanc, s’il attrape la souris ». Car notre Jupiter français est avant tout un étatiste pur jus, un centralisateur forcené, un jacobin maladif, ce qui génère la plupart du temps une mauvaise santé de l’économie, ce qui est hélas le cas en France. Comme l’écrit Laurent Obertone, à propos de l’État, dans son nouveau livre, « L’Éloge de la force » (Ring) : « Tout ce qu’il tente échoue. Tout ce qu’il touche se brise. Tout ce qu’il sait faire, c’est dépenser, promettre et parler ».

Une hausse vertigineuse de la dette publique

Pour bien situer cette multiplication des milliards, il faut commencer par prendre connaissance courageusement de quelques chiffres, qui peuvent faire tourner de l’œil les mauvais élèves en calcul ou obscurcir l’esprit des plus sensibles au mal de crâne.

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Le projet de Loi de finances pour l’année 2021 annoncé par Bercy, avec l’accord de notre Jupiter, le président « Quoi qu’il en coûte », prévoit d’émettre un montant record de 260 milliards d’euros de dette supplémentaire, contre 185 en 2017 et 169 en 2013, ce qui était déjà gigantesque. Quant au déficit à financer, il passera de 93 milliards prévus pour l’année 2020 à près de 200 milliards en raison du plan de relance tous azimuts du gouvernement.

La dette publique qui avait terminée l’année 2019 tout juste sous les 100 % du PIB, passera selon Bercy à 117,5% en 2020, pour un total de 2 798 milliards. Quant au déficit structurel, c’est-à-dire les dépenses pérennes non flexibles (augmentations de salaires de fonctionnaires, chômage partiel de longue durée, mobilisation des garanties de l’État, etc), il est en train d’exploser littéralement à 115 milliards au lieu des 54 initialement prévus.

Enfin, la masse salariale de l’État de son côté, n’en finit pas d’augmenter : 2 milliards par an ! Emmanuel Macron avait promis dans son programme électoral de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires, un chiffre pourtant nettement insuffisant vu la gabegie qui règne dans la fonction publique avec des doublons presque partout dans les postes administratifs. Son bilan s’établit ainsi à ce jour : depuis 2017, une augmentation de 7 700 postes en équivalents temps pleins travaillés. Et pour 2021, on nous annonce encore 5 500 postes de plus. Un véritable open bar pour la fonction publique !

Avec l’Allemagne, un gouffre de compétitivité nous sépare

Si l’on se tourne cette fois vers les quelques côtés positifs de cette distribution de milliards dans le projet de budget pour 2021, on peut se féliciter que les impôts de production sur les entreprises – ceux qui sont payés avant même le moindre bénéfice – baissent de 10 milliards d’euros. But de l’opération : nous rapprocher du système allemand, sauf que le vrai différentiel avec notre voisin tourne autour de 75 milliards. Il reste encore un long chemin à parcourir pour muscler nos entreprises ! En complément de cette douceur de 10 milliards, un très mauvais chiffre : la balance commerciale de la France sera largement déficitaire, comme d’habitude – 80 milliards de déficit prévus en 2020 – tandis qu’en Allemagne on fait des excédents depuis longtemps – près de 300 milliards d’excédents prévus en 2022. Un gouffre de compétitivité nous sépare !

Enfin, au chapitre « Il vaut mieux en rire qu’en pleurer », une mention spéciale pour les équipes du ministère de l’Économie qui ont décidé de réduire le nombre des taxes qui rapportent peu ou qui coûtent trop cher à recouvrer, ce qu’on appelle à Bercy un « toilettage » du Code des impôts. Une cinquantaine de ces taxes marginales devraient ainsi disparaitre pour un total à la fin du quinquennat Macron de l’ordre de 750 millions, soit 0,01% des prélèvements obligatoires. Tout cela après quarante ans d’étatisme fiscal et d’administration socialiste ! On croit rêver !

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Félicitations moroses à nos vaillants hauts fonctionnaires des impôts qui n’ont plus aucun sens des choses et qui trouvent à cette occasion le moyen de se vanter dans la presse de leur courage de réformateurs fiscaux, dans le même temps où on apprend que les taxes sur le tabac vont rapporter 14 milliards d’euros en 2020 après une augmentation de 1,3 milliard, soit le double de leur fameux toilettage… Confirmation : c’est un cauchemar sans fin !



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