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Le cirque des Jeux


Comment masquer une récession sans précédent qui prouve que les méthodes libérales pour soigner les plaies du libéralisme sont une catastrophe ? Vous savez, comme si vous vouliez soigner une pneumonie en recommandant au malade de prendre des bains glacés en plein vent… Regardez l’actuel chaos de l’Espagne qui avait pourtant tout bien fait comme on lui disait, avec José Luis Zapatero puis Mariano Rajoy dans le rôle du bon élève sympa…
Le Royaume-Uni, lui nous apprend qu’il y a deux méthodes pour faire oublier une situation économique épouvantable. La première, c’est une bonne guerre. Une bonne guerre, ça mobilise tout le monde autour des saines valeurs du patriotisme et ça permet de faire un peu fonctionner une armée qui s’encroûte toujours à la longue.
L’exemple parfait est Margaret Thatcher. En 1982, alors que sa réélection était plus que fortement menacée après la purge terrifiante qu’elle avait fait subir à son pays d’assistés, elle avait déclaré la guerre à l’Argentine qui avait débarqué sur quelques îlots qu’on appelait les Malouines, au large de ses côtes.

Le prétexte était tout trouvé. God save the queen, Union Jack qui claque au vent, dernier tango pour la Navy, un prince de la famille royale qui prend part aux combats dans un hélicoptère et tout le tralala.
Un tralala pour un conflit d’opérette, très vintage, mais qui a tout de même coûté la vie à près de 700 jeunes argentins et plus de 250 britanniques tout aussi jeunes. Mais enfin, la dame de fer avait réussi son coup, avait été réélue et, forte de sa légitimité, avait pu méthodiquement détruire les féodalités syndicales et mettre à genoux les mineurs britanniques en les matraquant et en les faisant crever de faim. Le rêve humide de tout de que l’Europe compte de libéraux aujourd’hui, c’est à dire beaucoup de monde…

L’autre méthode, c’est le sport. Les Espagnols, dont on parlait plus haut, sont incapables d’éteindre les incendies monstres en Catalogne parce qu’il n’y a plus de services publics pour cause de coupes budgétaires. Ils sont obligés de s’en remettre à la météo et pourquoi pas, comme les Indiens, à faire des danses autour d’un totem pour faire venir la pluie.

Mais enfin, qu’importe, les Espagnols sont champions de l’Euro de foot et assurent des places de choix dans à peu près dans toutes les disciplines. Ce n’est plus « panem et circenses » mais seulement « et circenses ». Enfin, le fabuleux Xabi Alonso, auteur des deux buts contre l’Italie, ferait presque oublier les ventres vides.
Les Britanniques, eux, ont trouvé encore mieux. Comme Cameron a déjà utilisé sa carte guerre avec l’Afghanistan et l’Irak, il lui reste une carte Jeux Olympiques pour faire oublier la crise. Les JO ont beau coûter une fortune, 13 milliards d’euros[1. On rappellera, à titre de comparaison, que l’on met cet été le pistolet des réformes austéritaires sur la tempe grecque pour un prêt éventuel de 31 milliards à l’automne.], ils offrent un formidable cache-sexe à la récession économique et à la régression sociale. Selon les chiffres publiés par l’Office national des statistiques, le produit intérieur brut de la Grande-Bretagne a reculé de 0,7% d’un trimestre à l’autre après un repli de 0,3% sur les trois premiers mois de l’année; les économistes prévoyaient en moyenne un recul de 0,2%. Et pourtant, miracle ! La flexibilité du marché du travail est telle, le salarié est tellement moulé dans la logique libérale que le chômage a reculé malgré la récession, ce qui est aberrant d’un point de vue économique. Le taux de chômage est en effet tombé à 8,1 % de la population active en mai, après 8,2 % les deux mois précédents, selon des statistiques officielles publiées le 18 juillet.

Enfin, on sera reconnaissant à Cameron de préférer, cette fois ci, distraire son peuple avec du saut à la perche plutôt que par des tirs de missiles. Chez nous, avec les plans sociaux qui s’annoncent, on ferait bien de prendre modèle sur nos amis Tommies. « Déjà Alcatel perçait sous PSA » aurait dit Hugo…

Soit une guerre, soit une bonne équipe de foot. Sinon, le Redressement productif, ce n’est pas pour demain la veille !

*Photo : The Department for Culture, Media and Sport



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