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Bienvenue dans l’enfer vert

Maires écolos: le coup de gueule de Robert Ménard


Bienvenue dans l’enfer vert
Robert Ménard est maire de Béziers © Hannah Assouline

De Lyon à Grenoble, en passant par Bordeaux, les nouveaux élus écolos s’en prennent aux coutumes et traditions si chères aux Français. Pour le maire de Béziers, ce mépris du peuple et ces clowneries auront pour seul effet de décrédibiliser la fonction d’élu local, et, malgré son succès électoral récent, l’écologie elle-même.


Je vais être honnête avec vous : je crois que nous avons passé un cap. Je pense que nous avons tourné une page de notre histoire. Et que, dans les bouquins d’histoire justement, ceux qui seront écrits dans cinquante ans, on retiendra cette date : le jeudi 10 septembre 2020, le jour où tout a basculé. Le jour où un abîme d’imbécillité s’est ouvert sous nos pieds. Le jour où Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, a décidé de supprimer le sapin de Noël.

Il a fallu que cela arrive en 2020, une année bizarre. L’année des masques, l’année où celui des maires écolos est tombé. Quelques mois après leur élection, on voit enfin à qui on a affaire. Au moins, avec les maires socialos ou cocos d’antan, c’était Balzac et La Comédie humaine. Avec les nouveaux maires écolos, c’est San-Antonio. On est avec Béru chez les fous.

Nous savons qu’ils sont l’extrême gauche haineuse, antifrançaise, antihumaine qui s’est grossièrement badigeonnée de vert. Mais attention, la peinture s’écaille

Chaque jour ou presque, Twitter s’enflamme dès qu’un « kmaire vert » lance un oukaze. Dans ce happening permanent, la raison vacille. Partout où ils sont au pouvoir, il faut se pincer pour y croire. À Lyon, ils introduisent dès le premier conseil municipal l’écriture inclusive, cette diablerie d’idéologue en fin de vie. Dans la même ville, ils refusent d’accueillir le Tour de France sous prétexte de machisme et snobent le Vœu des Échevins ! Plus au sud, à Grenoble, les cours de récré sont désormais « non genrées » et, à Bordeaux, clou du spectacle, le sapin de Noël est devenu « un arbre mort » à interdire. Une géographie du délire. Une grande carte dépliée où la tache verte a dégouliné dans le relief, où les fleuves charrient des pensées vénéneuses. Comment les électeurs ont-ils pu signer ce pacte avec l’hôpital psychiatrique ? Je veux bien que le public des « métropoles », ce soit la France d’après, mais je n’arrive pas à m’y faire. Ou alors il y a eu lobotomie ?

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Mais cette euphorie verdâtre est sans doute un trompe-l’œil. Selon moi, malgré ce vent en poupe électoral, l’écologie est en phase terminale. Hurmic et ses collègues n’en sont que les métastases aux sourires tristes. Ça ronge depuis longtemps le corps de la nation. Les mots détournés, les idées violées, tout cela a retourné le cerveau des gens. La dépolitisation qui s’accélère aussi. Le réchauffement climatique a tapé sur le ciboulot de pas mal de monde. C’est cash. Génération Greta Thunberg. L’activisme de la douche froide. Ils disent des conneries monumentales en prenant l’air sérieux d’un Savonarole.

À Bordeaux, c’est vrai, les électeurs ont peut-être tiré le gros lot. Au moment de l’épidémie de coups de couteau dans la ville, ça pique, si j’ose dire. Son combat au maire de Bordeaux, ce n’est pas l’insécurité, c’est donc le sapin de Noël ? Je n’ose imaginer ce que M. Hurmic et ses apôtres doivent penser de la crèche abritée chaque fin d’année dans l’hôtel de ville de Béziers ? Sans doute une réminiscence franquiste ? En tout cas, les bobos parisiens qui se sont faits bordelais pour avoir Paris sans racailles doivent être au minimum déçus : leur premier magistrat a d’autres priorités.

En réalité, ce que veulent le maire de Bordeaux et tous les autres maires verts aux têtes des « métropoles », c’est mettre fin à la France que nous aimons. Foutre dans une benne, sans tri pour le coup, la France du Tour et des belles jeunes filles qui embrassent les coureurs, les écoliers genrés, Noël, la Marseillaise, le pays de Gabin, de Bardot, de Jean-Pierre Marielle et de Platini. Et même jusqu’à l’écriture de notre langue ! Ce qu’ils haïssent, de moins en moins secrètement, c’est notre France chaleureuse, celle qui croit en quelque chose, qui s’émerveille naïvement devant un maillot jaune, qui chérit ses statues, notre France qui drague encore les mots fugaces, les verbes sagaces, l’audace qui déborde comme dans une chanson de Gainsbourg.

Bref, l’impertinence et l’insouciance, les mœurs gauloises. Ils appellent ça la France « étriquée », qui sent mauvais sous les bras. Ils sont les nouveaux inquisiteurs. Nous sommes dans leurs futurs bûchers.

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Hurmic, comme les autres curés de cette religion, a envie d’éradiquer. De détruire, de brûler. Il va sans doute bientôt interdire le vin de Bordeaux parce que c’est fait avec des raisins morts qui ont agonisé dans des barriques en chêne mort.

Le moment est à la fois historique et tragi-comique. Pendant que les maires de villes moyennes comme la mienne cravachent sept jours sur sept pour panser les plaies de la mondialisation, pour que les « petites gens » vivent un peu mieux dans l’enfer du vivre-ensemble, Hurmic et ses collègues kmaires me font honte avec leurs délires. Ils décrédibilisent la fonction. Les grandes villes sont transformées en labo. Dans ce carnaval municipal, les clowns sont à la fête, mais la fête est lugubre, peuplée de commissaires politiques. Hurmic n’a pas envie de rire. Pour lui, le sapin de Noël est un ennemi de classe. Tout ce qui rassemble – à Béziers, chrétiens, musulmans, juifs et athées sont côte à côte devant la crèche de Noël – les débecte. Tout ce qui fait plaisir au peuple. Ils sont contre le bonheur. Le bonheur, c’est facho.

Pourtant, impossible de se planquer encore longtemps derrière les éoliennes : nous savons qui sont vraiment Hurmic et tous les maires « écolos ». Nous savons qu’ils sont l’extrême gauche haineuse, antifrançaise, antihumaine qui s’est grossièrement badigeonnée de vert. Mais attention, la peinture s’écaille. L’entourloupe démocratique commence à se voir.

Le plus triste, c’est que d’honnêtes gens ont voté pour les petits oiseaux et les pistes cyclables. Ils se retrouvent avec des idéologues de la pire espèce, dévorés par leur dogme. À la place des circuits courts, ils auront les migrants des circuits longs, l’insécurité et un fatras d’interdictions sur le dos. Derrière le drapeau vert et le yaourt bio, une secte extrémiste s’installe et va pourrir la vie des Français. Oui, décidément, sous le sapin de Noël de Bordeaux, le cadeau était empoisonné…

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Octobre 2020 – Causeur #83

Article extrait du Magazine Causeur




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