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Les trottinettes électriques, un bilan carbone problématique

En partenariat avec la revue "Transitions & Énergies"


Les trottinettes électriques, un bilan carbone problématique
Christian Bueltemann / Pixabay

Les trottinettes sont trompeuses. Elles sont légères, électriques et en théorie peuvent remplacer une voiture ou un deux roues motorisé bien plus polluants. Dans les faits, elles ne contribuent en rien à verdir les transports. Cela tient à leur méthode de fabrication, la façon dont elles sont rechargées, leur faible espérance de vie et le fait qu’elles se substituent très peu aux transports individuels motorisés.


Tandis que les effets dramatiques des dérèglements climatiques se font sentir de manière plus intense chaque année, les donneurs d’ordre publics et privés réalisent progressivement l’urgence de prendre des décisions drastiques pour réussir la transition climatique.

Le transport constitue un des leviers de cette transition, puisqu’il comptabilisait déjà 14% des émissions de gaz à effet de serre mondiales en 2010, sans tenir compte des émissions liées aux infrastructures, à la production des véhicules, et aux autres services adjacents.

À ce titre, l’émergence massive des trottinettes électriques partagées en 2017-2018 aurait pu sembler providentielle: un véhicule de 17 kg transportant une personne semble prometteur sur le plan environnemental, notamment lorsqu’on le compare à la voiture, un monstre de 1300 kg transportant à peine plus de passagers !

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Pourtant, très vite, ces nouveaux engins ont créé des conflits entre usagers de l’espace public, devenant l’objet de nombreuses critiques: accidentogènes, ne dépassant pas les 28 jours de durée de vie en moyenne, polluantes… Les pouvoirs publics ont réagi plus ou moins vigoureusement, allant jusqu’à interdire les trottinettes dans certaines villes, à l’image de Barcelone.

Reste un dernier aspect, essentiel: l’impact de ces véhicules en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Les trottinettes sont-elles (aussi) néfastes pour le climat ? C’est ce que nous avons cherché à savoir.

Premières évaluations outre-Atlantique

La première évaluation scientifique robuste à ce sujet a été publiée en été 2019 aux États-Unis. Selon ces travaux, une trottinette électrique partagée générerait dans ce pays autour de 130 grammes de CO2équivalent par personne et par kilomètre parcouru. Un impact plus faible que la voiture, mais globalement plus important que les transports en commun. La validité des résultats de cette étude est néanmoins restreinte aux USA, et ils ne renseignent par ailleurs pas le caractère écologique de l’arrivée des trottinettes. Pour cela, une étude plus systémique doit être réalisée.

Les trottinettes électriques en libre service ont perturbé des schémas de mobilité urbaine relativement stables, remplaçant des déplacements auparavant effectués via un autre mode de transport : c’est ce que l’on appelle des «reports modaux». En tant que nouveau service, elles ont aussi généré des déplacements qui n’auraient pas été effectués autrement, on parle alors de «mobilité induite». Ensuite, elles permettent de rejoindre plus directement une destination qu’en transport en commun, le trajet étant moins contraint par un itinéraire spécifique de desserte. Pour évaluer le caractère écologique des trottinettes électriques, il faut donc étudier ce mode de transport à la lumière de ces trois aspects.

L’exemple des reports modaux à Paris

Nous avons entrepris l’évaluation des trottinettes pour la ville de Paris, en étudiant comment le bilan carbone de la mobilité parisienne a été affecté par l’arrivée de ces engins partagés sur l’année 2019.

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D’abord, les reports modaux kilométriques ont été estimés sur la base d’une enquête spécifique conduite dans les rues parisiennes à l’été 2019: deux tiers provenaient du métro et du RER, un quart du vélo et de la marche. Seuls 7% des kilomètres parcourus en trottinettes ont remplacé la voiture (personnelle ou taxi). Malgré 8% de déplacements induits, les déplacements parisiens ont diminué de 150 millions de kilomètres sur un an, grâce aux trajets plus directs en trottinette.

Un modèle a ensuite été développé pour évaluer de manière rigoureuse l’impact carbone des principaux modes de transport à Paris sur leur cycle de vie complet : manufacture, utilisation, entretien et fin de vie des véhicules et des infrastructures associées.

Les trottinettes électriques, un bilan carbone problématique

Mobilité et parts des reports modaux kilométriques liés aux services de trottinettes partagées à Paris en 2019.

L’indispensable prise en compte du cycle de vie

L’approche en cycle de vie est cruciale pour bien évaluer l’impact environnemental, sachant que la plupart des…

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