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Et maintenant, le spectre de l’Italexit

L’éternel retour de la crise de l’euro


Et maintenant, le spectre de l’Italexit
À Rome, un drapeau italien, sur un balcon d'immeuble donnant sur une ville complètement à l'arrêt, le 19 mars 2020 © Cecilia Fabiano/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22439993_000007

Partout dans le monde, les chefs de gouvernements rivalisent dans la surenchère, pour préserver les économies nationales. En Allemagne, Angela Merkel se met en quarantaine. Ce sont les banques italiennes qui inquiètent le plus. La péninsule dénombre le plus de victimes du coronavirus au monde.


Depuis que les « élites » ont été saisies par la peur, chaque décision nouvelle des États et des banques centrales vient compliquer l’énoncé du nouveau problème économique et financier issu du coronavirus. Les règles de prudence budgétaire ont volé en éclats au point qu’on assiste à une sorte de surenchère des gouvernements : c’est à qui fera le plus pour soutenir son économie. Le tabou des nationalisations a sauté : les compagnies aériennes, Boeing, Renault sont concernées. Et même les banques détentrices de mauvais prêts !

Sauvez l’euro 2

Mais la dernière intervention massive de la Banque Centrale Européenne, décidée en urgence, sous la forme d’une injection de 750 milliards d’euros en contrepartie d’emprunts publics et privés, semble plus signifiante que toute autre. Christine Lagarde a assorti l’opération d’un commentaire en forme d’aveu, en proclamant qu’elle devait sauver l’euro. Encore ! Voilà en effet de quoi surprendre les bonnes âmes qui pensaient l’euro confirmé une fois pour toutes.

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Dans son principe, la chose est simple. Les écarts entre les « bons » emprunts de l’Allemagne et les « mauvais » emprunts de la Grèce et de l’Italie se sont subitement creusés, laissant craindre une répétition de l’épisode qui a couru entre 2010 et 2012. Et c’est pour cela surtout que la BCE a réalisé une opération sans précédent dans son histoire. Avec un succès relatif, car les taux apparents sur la dette grecque ont été réduits de 6,5% à 2,5% et les taux italiens de 2,5% à 1,5%.

Inquiétude pour les banques italiennes

C’est l’Italie qui est au cœur du problème. La faillite de la Grèce serait infiniment moins dolosive en raison du poids minime de son économie et du fait oublié qu’une grande partie de sa dette publique a été transférée des banques vers les États partenaires de la zone entre 2010 et 2012. Tandis qu’une masse de dettes du Trésor italien demeure détenue par les banques de la péninsule.

Le spectre d’un Italexit de la zone euro, de la part de ce pays signataire du Traité de Rome (!), a donc ressurgi. 

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Et d’autant plus que son économie, pourtant riche d’entreprises créatives, s’est crucifiée avec la monnaie unique : son PIB par tête est aujourd’hui égal à celui de 2000 en attendant de comptabiliser les effets de la nouvelle récession. Oui, l’euro pourrait donc bien être en sursis.



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est un économiste français, ancien expert du MEDEF

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