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Être ou ne pas être Mila : voilà les deux seuls pas de danse qui nous sont autorisés


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Image: capture d'écran YouTube / Quotidien

Être ou ne pas être Mila : voilà les deux seuls pas de danse qui nous sont autorisés, dans ce qu’il faut continuer d’appeler le « débat public ». Face à cette alternative de cauchemar, certains préféreraient ne pas être sommés de choisir leur camp.


L’histoire désormais célèbre de Mila, une adolescente de 16 ans ayant insulté l’islam sur Instagram, témoigne une énième fois du danger qu’encourent ceux qui utilisent le plein potentiel de la liberté d’expression.

Après les haros sur Sylviane Agacinski ou Alain Finkielkraut, après toutes ces actions de groupuscules fascisants contre les opposants à ce que Mathieu Bock-Côté appelle la « logique diversitaire », Mila est la nouvelle victime de l’attaque que s’autorisent certaines minorités contre les libertés publiques.

En France, la liberté d’expression comme principe collectif s’est éclipsée devant la sensibilité des minorités 

Une fois de plus, l’avalanche de réactions médiatiques a fait la démonstration de l’inversion totale des valeurs que l’on attribue traditionnellement à la gauche et à la droite. Alors que la droite et la très minoritaire gauche républicaine ont pris la défense de Mila, le progressisme libéral incarné par les restes de la gauche, LREM et les associations antiracistes s’est illustré par son silence ou sa bêtise – incarnée par Nicole Belloubet ou Ségolène Royal.

Les réactions à l’affaire Mila redéfinissent notre paysage

C’est désormais une vérité politique : la liberté d’expression sans réserve n’est défendue que par le vieux monde qui prend encore pour référence la République, la Nation, la raison. Cette défense est inexistante chez ceux qui donnent à la liberté d’expression les contours de la sensibilité des minorités dites « opprimées ». Cette frange de l’échiquier politique qui a entériné la destruction des structures collectives s’accommode parfaitement du règne de l’individu et de ses affections personnelles. Ainsi, la liberté d’expression comme principe collectif s’est éclipsée devant la sensibilité des minorités : plus de blagues sur les femmes, cela pourrait offusquer nos féministes 2.0 ; pas de blasphèmes, cela importune certains de nos compatriotes musulmans. On comprend comment les associations néo-féministes et les partisans acharnés des revendications capricieuses LGBT sont aussi les déserteurs de l’affaire Mila, pourtant femme (et qui plus est lesbienne !)

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Selon une étude commandée par Charlie Hebdo, on trouve une proportion plus importante de #JeSuisMila chez les hommes (59%) que chez les femmes (48%), chez les catholiques pratiquants (44%) que chez les musulmans (18%), chez les électeurs de Marine Le Pen (65%) et de François Fillon (58%) que chez les électeurs de Macron (49%) et de Mélenchon (50%).

Autant de contrastes surprenants qui redéfinissent le paysage politique.

Si la défense sans réserve de Mila est nécessaire et salvatrice, le cas soulève de nombreux problèmes qu’on ne peut éluder.

D’abord, je regrette que nombre des protecteurs de Mila aient bien voulu la soutenir en partie parce qu’elle était femme et lesbienne, ce qui rend le cas plus confortable à défendre pour une certaine gauche… Avec tout le respect dû, aurait-on vu Raphaël Enthoven défendre un jeune identitaire tenant les mêmes propos ? Quand a-t-on vu autant de personnes s’émouvoir pour Eric Zemmour qui vit sous des menaces de mort similaires et les procès depuis des années ?

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Mila, une ado nombriliste?

Ensuite, si la liberté d’expression doit être défendue comme principe, l’image d’une adolescente insultant sans plus d’explications une religion, qu’elle a l’air de connaitre peu, devant un parterre anonyme ne me réjouis pas énormément. Je suis très enthousiaste de défendre la liberté d’expression quand elle permet un débat démocratique ouvert et sans tabou, plus lumineux et moins miné par les ténèbres de la sensibilité personnelle, moins quand elle se fait l’appui d’une génération nombriliste qui l’utilise pour dire que « merde j’ai bien le droit ».

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La liberté est belle quand on en fait quelque chose : quand elle n’est qu’une vide affirmation d’elle-même, elle est une tautologie stérile. Je m’avoue donc un peu coupable : la starification d’une adolescente moins scandaleuse qu’un peu banale me donne la légère sensation d’un déclin civilisationnel. Avec un principe, on défend toujours le monde dans lequel il peut s’épanouir sainement, et le monde de Mila est moins ragoutant que celui de Charlie.

Mais conscient que l’outrance brutale est toujours préférable à la censure raffinée, il faut se lever sans relâche pour Mila, qui a reconnu avec une grande maturité la vulgarité de sa vidéo lundi dans l’émission « Quotidien ». Être Mila et encore Mila contre tous ceux qui l’affrontent: des minorités habituées à ce que l’on glorifie leur sensibilité et qui l’utilisent pour jeter un voile sur les libertés publiques, à la bourgeoisie pseudo-progressiste qui a délaissé la République en lui préférant un modèle communautariste, plein d’appels à la censure, de poursuites judiciaires et de « Trigger warnings »[tooltips content= »Un avertissement au public ou trigger warning en anglais est un avertissement, généralement écrit, qui prévient qu’une œuvre contient du texte, des images ou des concepts qui pourraient choquer… »]*[/tooltips].

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