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Rendez-nous nos transports en commun!

En région parisienne, les usagers bloqués perdent patience


Rendez-nous nos transports en commun!
Périphérique parisien, décembre 2019 © CHINE NOUVELLE/SIPA Numéro de reportage: 00936458_000017

Dans les transports en commun parisiens, les usagers bloqués dans la pagaille sont bien plus mécontents que ne veulent bien vous le montrer les télés…


Au pied d’un camion de CRS, des pavés sont posés. Nous sommes Place Denfert Rochereau, le mardi 10 décembre en début de soirée. Des jeunes hommes à capuche les ont déterrés. Sous l’œil de BFM TV, ils guettent la moindre étincelle qui enflammera la place parisienne. Ils sont venus dans le but non feint de casser du « poulet ». Au milieu du brasier, Le Lion de Belfort campe la droiture et la sérénité. Mais ce soir-là, sa majesté est bien dépassée. Les « jeunes » ont poussé l’humiliation jusqu’à taguer le trône du roi. Ignorent-ils que ce lion représente l’héroïsme, le vrai, celui qui poussa le Général Denfert Rochereau à résister aux Allemands en 1870? Sans doute, mais cela n’excuse pas leur geste. Le respect des ancêtres et du patrimoine est une condition essentielle de la vie en commun, ceci dans toutes les sociétés. À défaut de prendre des cours d’histoire, les casseurs de 2019 ne pourraient-ils pas suivre des cours de « vivre-ensemble »? 

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Quand fleurissent des noms d’oiseau dans le métro 

Le lendemain dès l’aube, des agents de la RATP sont déterminés. Eux aussi rêvent de Grand Soir et de faire plier l’Élysée. Ceux-là travaillent dur, avec des horaires souvent décalés. Mais la grève est chez eux si chronique qu’ils passent pour des privilégiés. Des banlieusards se lèvent aux aurores pour faire tourner les moteurs de leurs voitures, des Parisiens arpentent les artères de la capitale congestionnée à pied. Ce sont souvent ceux qui n’ont pas la chance de pouvoir travailler de chez eux: les agents hospitaliers, les femmes de ménage, les employés de commerces ou de restaurants, les ouvriers du bâtiment.

Dans la pagaille des transports, les Franciliens ont fait preuve d’une surprenante retenue aux premiers jours de grève. Mais le mercredi 11 décembre, les premiers signes de craquage sont déjà palpables. Dans la ligne 1, aux allures de foire d’empoigne à l’heure du déjeuner, des amabilités fleurissent. « Je vais te régler ton compte, petit pédé! », menace un monsieur d’une cinquantaine d’année vêtu comme un « jeune de quartier » à un autre vrai jeune, celui-là, qui n’a même pas atteint la vingtaine et qui a bousculé le premier en sortant du wagon.

La patience des usagers risque de s’effriter

« Le gouvernement s’est moqué du monde », a déclaré Philippe Martinez suite aux annonces du premier ministre. « Qu’il entende la colère », avait-il enjoint au gouvernement dans les colonnes du Journal du Dimanche le 8 décembre. La colère de la CGT et de Sud Rail est bien audible en effet. Depuis le 5 décembre, Philippe Martinez semble être devenu le nouvel homme fort de l’opposition. Mais la colère de ceux qui ont payé leur Pass Navigo ce mois-ci pour le plaisir de naviguer dans les bouchons risque également de germer. Monsieur Martinez serait bien inspiré de se pencher sur la question. Dans la capitale, des commerçants se plaignent de perdre des clients depuis le début de la grève. D’autres ont simplement laissé leurs magasins fermés. Quant à ceux qui vivent à des dizaines de kilomètres de leur lieu de travail, certains risquent carrément de perdre leur emploi pour absences répétées. Ceux-là n’auront plus qu’à aller se refaire au grand air en Province. 

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À la rescousse des cheminots de la SNCF, les messagers du Grand Soir s’en mêlent. Sur BFM TV, le mercredi 11 décembre, en direct de l’Assemblée Nationale, la députée Clémentine Autain a appelé à « continuer ce bras de fer avec le gouvernement ».  Les usagers de la RATP devraient apprécier. Plus que les ministres du gouvernement d’Emmanuel Macron, c’est eux qui sont les premiers touchés. 

Philippe Martinez, pas la personnalité de l’année…

Pendant ce temps-là, Greta Thunberg a été désignée personnalité de l’année par le magazine Time. Pauvre enfant. Si elle voyait l’état de la capitale submergée de bagnoles, de camionnettes de livraisons, de camions aux pots d’échappement protubérants, plongeant la ville des bobos dans une orgie de gaz carbonique et de klaxons, la plus célèbre des adolescentes tomberait sans doute dans les pommes. En son nom et au nom des milliers d’utilisateurs de la RATP et de la SNCF mécontents, il est donc temps d’en appeler à Monsieur le Président de la République et à Monsieur Philippe Martinez: trouvez un accord au plus vite, et rendez-nous nos transports en commun!



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Enseignant, auteur du roman "Grossophobie" (Éditions Ovadia, 2022).

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