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Abdellatif Kechiche à Cannes: la défaite des sexes

Le cunnilingus de la discorde


Abdellatif Kechiche à Cannes: la défaite des sexes
Les acteurs Shain Boumedine et Ophelie Bau accomplissent les scènes dirigées par Kechiche © Photo : Maria Laura Antonelli/AGF/SIPA Numéro de reportage : 00821546_000012

L’indignation provoquée par le film Mektoub my love Intermezzo à Cannes révèle surtout les maux et les malaises dans la sexualité et les genres en Occident.


Dans son dernier film, Mektoub my love Intermezzo, projeté au Festival de Cannes, Abdellatif Kechiche a joué avec les interdits de l’époque. 

En cause : une scène de cunnilingus de 13 minutes non-simulée par l’actrice principale du film Ophélie Bau. Mal à l’aise, elle aurait demandé au réalisateur de visionner la séquence avant sa présentation au public. Mais Abdellatif Kechiche n’aurait pas accédé à sa requête, avant de se rétracter face à l’ampleur de la polémique.

Professionnels de l’indignation et musique pop: plus vulgaires que jamais

ll n’en fallait pas plus pour que le prélat médiatique saute sur l’occasion pour convoquer, de nouveau, le cinéaste à la barre des accusés. Abdellatif Kechiche est-il un pervers ? Un pornographe ? Un génie ? Et Ophélie Bau est-elle la nouvelle victime du réalisateur récidiviste ? Déjà en 2013, dans La vie d’Adèle, récompensée par la Palme d’or, le cinéaste avait été la cible des inquisiteurs de métier. Cette fois là, ce furent Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos, les deux actrices du film, qui jugèrent les méthodes du réalisateur «épuisantes» lors des scènes sexuelles. Avant de préciser dans un entretien fleuve aux Inrockuptibles, passé sous silence, ne pas comprendre «  toutes ces polémiques. Tout ça est parti de propos cités hors contexte et montés en épingle. »

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Après Neymar, et Alain Finkielkraut, Abdellatif Kechiche est ainsi la dernière victime en date des castrateurs, des midinettes, et des professionnels de l’indignation. Mais comme mettait en garde Friedrich Nietzsche, « un homme indigné est un homme qui ment ». Personne ne semble pourtant s’indigner des publicités de femmes à moitié nues pour de grandes marques internationales ! Personne ne s’indigne non plus des clips vulgaires de Nicki Minaj, de Rihanna ou d’Ariana Grande! 

Et que dire de la femme carriériste prête à tout sacrifier y compris ses enfants sur l’autel de la réussite professionnelle ! Non, tout cela est bon, tout cela fait partie du domaine des égéries féminines de la brillante société du spectacle qu’il faut copier et aduler. En réalité, derrière ce jeu de dupes se cache un rejet de l’amour charnel au nom de l’indifférenciation des genres. La vie sensible, dont la vie sexuelle fait partie intégrante, est à bannir si elle ne respecte pas les nouveaux codes et stéréotypes  « moraux » de l’époque.

Misères sexuelles

Comme le notait Nietzsche, « là où l’esprit industriel a vaincu l’esprit militaire et aristocratique, la femme aspire désormais à l’autonomie financière et juridique d’un commis : «la femme-commis» est en faction à la porte de la société moderne qui est en train de s’édifier. Alors qu’elle s’empare de nouveaux droits, aspire à devenir «le maître» et inscrit le «progrès» de la femme sur ses drapeaux et banderoles, c’est l’inverse qui s’accomplit avec une netteté terrifiante : la femme rétrograde ». Aux quatre coins de l’Europe, la sexualité est au plus bas ; la démographie ne cesse de chuter ; le trafic des sites pornographiques et les inscriptions aux sites de rencontres explosent ; le nombre de femmes et d’hommes seuls est en hausse constante selon toutes les dernières études sur le sujet.

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C’est que, dans la vie réelle, les femmes contemporaines sont malheureuses. Elles souffrent de la féminisation de leurs hommes, et de la disparition de leur propre puissance d’amour qui constituait jusqu’alors leur force et leur pouvoir. Tous ces féminismes prônent une tentative de redéfinition anthropologique de la femme à partir d’une indépendance sexuelle qui est, en réalité, sa destruction. Qu’importe qu’elles s’épuisent dans des travaux inutiles pour leur épanouissement; qu’importe qu’elles s’enfoncent dans la solitude affective ; qu’importe qu’elles finissent par développer des maladies en raison du mode de vie moderne imposé par tous ces bienveillants inquisiteurs ; qu’importe que l’on observe une hausse de 45 % des cancers chez les femmes au cours des 20 dernières années ; qu’importe toutes ces futilités machistes ou rétrogrades, pourvu qu’elles soient « libres » ! Cette situation occidentale est une maladie existentielle qui n’a pas fini de gangrener les cœurs. « Que fait l’Europe ? disait Nietzsche – Oh, c’est une petite bonne femme étrange et malade : il faut la laisser délirer, hurler, briser tables et assiettes, faute de quoi on n’obtient jamais d’elle qu’elle se calme : une femme qui veut souffrir de ce qu’elle aime ».

Virilité perdue

Aujourd’hui, les femmes ne doivent plus être des femmes, et les hommes doivent redouter d’être des hommes. Les femmes parce qu’elles ne doivent plus éprouver, désirer, aimer, ressentir… Les hommes parce qu’ils ne doivent plus séduire, aborder, complimenter, hausser le ton, se fâcher. Les femmes et les hommes doivent être raisonnables à défaut d’être sensibles. Les femmes doivent contrôler leurs instincts maternels pour mieux répondre aux exigences économiques. Et les hommes, émasculés par le commerce (Maupassant), doivent jouer aux entrepreneurs actifs pour mieux dissimuler une virilité perdue.

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Aujourd’hui, le message est clair : briser la sexualité millénaire pour créer cet androgyne du futur, modèle du capitalisme de demain. Un ni homme, ni femme, un adaptateur humain universel de tous les consumérismes à venir. Adulée par les médias, Megan Rapinoe, l’icône américaine du mondial de foot féminin, et militante LGBT, a résumé simplement l’idéologie en cours quelques minutes après le sacre des Etats-Unis : «  Cette équipe a la volonté de changer le monde autour d’elle ».

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est journaliste.

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