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L’union des droites ou la mort: il n’y a pas de droite interdite


L’union des droites ou la mort: il n’y a pas de droite interdite
Laurent Wauquiez, novembre 2018. ©Jacques Witt/SIPA / 00884932_000013

La crise traversée par les Républicains n’est pas une question d’hommes mais de vision politique. A force de pencher vers le centre, la droite a fini d’être la droite. Elle doit cesser de chasser la bête immonde et prendre conscience qu’il n’y a pas de droite interdite…  


Le jour de la nomination de François-Xavier Bellamy à la tête de la liste républicaine pour les élections européennes, tout lecteur du jeune philosophe aurait dû se réjouir de voir une ligne ouvertement conservatrice mise en avant à l’occasion d’un scrutin national, qui de surcroît, contrairement aux fois précédentes, allait particulièrement mobiliser l’attention des électeurs. Pourtant, le choix opéré par Laurent Wauquiez m’a immédiatement inquiété.

Wauquiez et le sacrifice de Bellamy

Il est vrai que je ne prête pas toujours les meilleures intentions au président des Républicains, dont l’empressement à enfiler un blouson rouge dès qu’il croise plus de deux électeurs de droite m’a toujours inspiré plus de méfiance que de sympathie.

L’absence d’une ligne claire sur l’Europe – le parti étant tiraillé entre une aile ouvertement européiste et fédéraliste, et une aile sceptique et souverainiste -, additionnée à la rancœur de l’électorat vis à vis des diverses trahisons que lui inflige la droite depuis cinquante ans, rendaient ces élections ingagnables.

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Conscient de la situation, le chef du parti a fait un calcul à deux bandes : avec Bellamy, il draguerait l’électorat conservateur qu’il peine à retrouver depuis la déroute de François Fillon. Mais surtout, il allait pouvoir se réfugier derrière l’échec annoncé pour justifier un changement de cap et se débarrasser enfin de cette encombrante ligne catho-rabat-joie, devant l’évidence de son impuissance dans les urnes.

N’importe qui aurait fait pire que Bellamy

Dès le lendemain des élections, sans surprise, les ténors du parti reprenaient en cœur le refrain bien connu : « On ne gagne pas sur une ligne dure. »

Et pourtant, il y a de solides raisons de penser que les 8% de Bellamy constituent une performance qu’aucun autre candidat LR n’aurait égalée. N’importe quelle Pécresse aurait joué coude à coude avec Benoît Hamon et Jean-Christophe Lagarde, entre 3% et 5%.

Mais comme après chaque élection perdue, les cadres du parti (et bon nombre de journalistes) vont comprendre l’échec à l’envers, faire le diagnostic inverse de celui que le réel impose, et aggraver un peu plus la fracture entre l’électorat de droite et ses supposés représentants naturels.

La droite et le piège d’Emmanuel Mitterrand

Pire, les responsables des Républicains, Laurent Wauquiez en tête, vont soigneusement refermer sur eux le fameux piège de François Mitterrand. Car si ce dernier avait conçu la division entre droite autorisée et droite interdite, c’est bien la droite qui a assemblé les pièces et huilé les rouages de cette mécanique, en étant, depuis trente ans, aux avant-postes de la « résistance ». Première à dénoncer les ventres féconds, à traquer les bêtes immondes, et à dessiner les frontières infranchissables du continent nauséabond.

Emmanuel Macron, qui a d’autres défauts que la bêtise, a bien compris la mécanique implacable de ce piège électoral, et qu’il lui suffit de continuer à agréger les voix du centre pour gagner tous les seconds tours contre la famille Le Pen pendant mille ans.

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De son côté, Marine Le Pen n’a pas grand-chose à faire, et peut laisser le réel faire son œuvre, les électeurs du RN ne votant ni pour une vision européenne ni pour une politique économique ou une stratégie industrielle, mais pour un seul sujet : l’immigration maghrébo-africaine.

Faire un tabac c’est pas tabou

Les Républicains n’ont en réalité qu’une solution pour arrêter cette double hémorragie. Et la démission de Laurent Wauquiez ne changera rien. Ce n’est ni une question de programme, ni une question d’hommes. C’est le refus des règles écrites par l’adversaire, c’est la reconquête d’une liberté de penser, corsetée depuis près d’un demi-siècle par la gauche divine.

Cette planche de salut s’appelle l’union des droites. Elle n’implique pas grand-chose d’autre qu’un sursaut de courage. Celui de faire tomber les totems et les tabous de la caste politico-médiatique.

Les électeurs y sont prêts depuis longtemps, mais la hiérarchie résiste, drapée dans un orgueil qu’elle prend pour de l’honneur. Un drap qui, chaque jour passé à réinventer « les-forces-de-la-droite-et-du-centre », ressemble un peu plus à un linceul.



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