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Terroriste de Lyon: nous l’avons eue, sa haine

C'était des clous et des vis jusqu'à mi-corps


Terroriste de Lyon: nous l’avons eue, sa haine
Les enquêteurs passent à l'action après l'explosion de Lyon, le 24 mai 2019. ©KONRAD K./SIPA / 00909173_000002

Le terroriste présumé de Lyon n’a pas l’excuse d’avoir grandi dans une cité HLM, d’avoir été « exclu » de la société: c’était un immigrant nouvellement arrivé. Ca ne l’a pas empêché de nous signifier sa sympathie à sa façon, explosive. Et d’inventer un nouveau type d’action violente: le terrorisme récréatif.


L’attentat de Lyon présente d’ores et déjà, quelles que soient les découvertes que fera l’enquête, trois singularités qui le rendent effrayant. Faut-il que l’opinion soit chloroformée par le lent empoisonnement de l’habitude, qu’elle soit presque résignée à ces piqûres de rappel infligées tous les quatre ou cinq mois sous forme d’attentat dans un supermarché campagnard, de femmes égorgées à la gare de Marseille, de policiers assassinés à domicile devant leurs enfants ! On se scandalise, mais personne ne hurle son dégoût ni dans la rue ni dans la presse.

Mohamed ou la vraie vie

L’attentat d’un immigrant nouvellement arrivé, voilà du nouveau et de l’inédit ! Mohamed H. M. était en France depuis l’an dernier, il n’a pas l’excuse si souvent resservie par les sociologues d’avoir croupi depuis des générations dans un HLM de relégation perdu dans la grisaille d’une banlieue sordide. L’image d’Epinal qu’on nous dessine et redessine sans se lasser ne ressemble pas du tout aux rues pimpantes d’Oullins. La littérature et le cinéma sont pleins d’histoires de courageux immigrés de la première génération, qui sitôt qu’ils ont passé la police des frontières ou ont été libérés d’Ellis Island, se ruent au travail chez Renault ou chez Ford, puis gagnent à la sueur de leur front leur bien-être et la considération du peuple qui les a accueillis. On se souvient de ce conte de fées à lire dans les chaumières pour endormir les enfants, Elise ou la vraie vie. Bon, au bout de quelques générations certains de leurs descendants tournent mal, forment des gangs à Brooklyn ou Aubervilliers, mais c’est bien sûr la faute de la société d’accueil qui les rejette, comme on voit clairement dans cette immortelle crétinerie de Kassovitz, La Haine.

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On arrive d’Algérie pour faire des études d’informatique et quelques mois plus tard, on n’a plus de visa, on est exclu de son école et boum ! on fait péter son pays d’accueil. Serait-il exagéré de dire que dans certains milieux maghrébins la haine de la France est peut-être sucée au biberon, tout comme l’antisémitisme ? On va en France à la fois pour mieux vivre et pour mieux haïr ce pays, c’est tout de même fort de café. Si l’affrontement qui se profile entre l’armée et la jeunesse algériennes éclate, les Français ont du souci à se faire.

Homo explosus

Reconnaissons que Mohamed H. M., « l’ingénieur », est l’auteur d’une invention géniale : le terrorisme de plaisance, le meurtre de masse comme délassement de week-end, l’homo festivus massacreur, une sous-espèce que Philippe Muray ne pouvait prévoir. Voilà ce jeune homme qui part nez au vent sur son vélo un vendredi après-midi, à l’heure où les RTT peuvent enfin jouir du soleil printanier. Il porte casquette à grande visière et vastes lunettes de soleil, apparemment une innocente tenue estivale. Je suis sûr qu’il a respecté les pistes cyclables et, comme d’autres auraient pu interrompre leur balade à vélo pour faire un parcours santé ou tirer la boule lyonnaise avec des copains, il a agrémenté sa promenade d’un bon coup d’adrénaline : poser sa bombe gentiment enveloppée dans du papier kraft comme un cadeau devant une Brioche Dorée. Ensuite, il s’est donné la satisfaction du bon technicien, déclencher l’explosion à distance et réussir la manœuvre, bravo jeune homme, vous êtes un bon artificier et je ne comprends pas que cette école vous ait mis à la porte. La référence picturale d’Auschwitz (si une telle référence était imaginable) pourrait être l’enfer dépeint par Jérôme Bosch, la référence picturale de l’attentat de Lyon, ce sont les publicités d’aujourd’hui avec autos rutilantes et copains tout sourire. Ce voyage au bout de la frivolité se termine par un assassinat de masse crapuleux. Crime et brioche dorée, horreur et sucre d’orge.

« Ils nous haïssent parce qu’ils ne sont pas nous »

Et Dieu dans tout ça ? Je veux dire le dieu des islamistes ? Disparu, pas question de lui. Le terroriste se voulait discret, il n’a pas crié la formule rituelle, mais il aurait pu tout de même fabriquer à l’imprimante des rubans de papier proclamant « Allahou Akbar ! » Il aurait pu les incorporer à sa bombe et ça aurait fait joli, des confettis et des rubans festifs retombant lentement sur la rue maculée de sang, au milieu des cris et des pleurs des victimes. La petite fille de dix ans qui se trouve parmi les blessés aurait beaucoup apprécié. L’attentat de Lyon est terrifiant dans la mesure où il laisse penser que l’islam n’est peut-être qu’un prétexte, un voile qu’on croit honorable pour cacher la haine toute pure, toute crue, toute nue. La haine de ce qui est différent, en l’occurrence une grande partie du peuple français, les mécréants, les kouffars.

Le film de Seth Rogen et Evan Goldberg, L’Interview qui tue, raconte sur un mode bouffon la tentative de meurtre d’un dirigeant nord-coréen par une équipe de télé américaine qui doit l’interroger. Un des collaborateurs de l’animateur vedette lui demande : « Mais pourquoi ces gens-là nous haïssent-ils tellement ? » L’interrogé répond par ce jeu de mots intraduisible en français : « They hate us because they ain’t us. » « Ils nous haïssent parce qu’ils ne sont pas nous », « ain’t » étant une forme populaire et parlée de « aren’t ».

La haine vouée à l’Occident est bien souvent une jalousie adressée à son être même, une jalousie existentielle plus dangereuse et plus difficile à déraciner qu’une idéologie. Le terroriste de Lyon parlait religion avec ses amis, mais il ne fréquentait guère les mosquées et n’arborait semble-t-il pas la barbe et la tenue du militant salafiste. L’étonnement de ses voisins à son arrestation semblait sincère, un garçon si gentil et si bien intégré !

A qui le tour ?

Il serait presque rassurant qu’une revendication de l’Etat islamique vienne certifier cet attentat, qui pour l’instant reste complètement atypique et renforce l’idée que la menace est multiforme et parfois impossible à prévenir. En attendant, notre cher petit président ne va pas changer de cap, pour l’immigration moins encore que pour le reste, puisque c’est sa différence la plus visible avec le RN. Cela maintiendra les entrées légales à plus de 250 000 par an, sans compter les illégaux, indénombrables par définition. Un grand nombre de ces immigrants seront musulmans, certains seront islamistes, et le vivier va continuer à s’agrandir. La pisciculture macronienne n’a pas fini de nous réserver de mauvaises surprises et de drôles de poissons.

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est romancier et professeur de lettres agrégé.

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