Accueil Société A-t-on vraiment acquitté un homme d’un viol car il n’avait pas les « codes culturels »?

A-t-on vraiment acquitté un homme d’un viol car il n’avait pas les « codes culturels »?

Ne faisons pas le procès de la justice


A-t-on vraiment acquitté un homme d’un viol car il n’avait pas les « codes culturels »?
Sipa. Numéro de reportage : 00647547_000005

L’acquittement d’un jeune migrant bangladais accusé de viol suscite incompréhension et hystérie. Pourtant, la Cour d’assises de la Manche n’a fait que rendre justice avec les éléments dont elle disposait. Explication.


Huit jours après la grande clameur qui a accompagné le prévisible acquittement de Georges Tron, un nouveau grand tintamarre s’est déclenché après l’acquittement d’un migrant musulman venu du Bangladesh.

Une semaine après Tron

Rappelons que l’acquittement Tron était prévisible puisque neuf ans de procédure minutieuse, rigoureuse voire acharnée, n’ont pas permis à la justice d’établir incontestablement la culpabilité de l’ancien ministre. Cette réalité a amené des personnalités politiques, pour certaines juristes, à proférer quelques solides énormités en réclamant la destruction du droit pénal et de ses principes. Bis repetita avec l’affaire de Coutances, avec cependant une différence, la réflexion et la raison se trouvent cette fois-ci prises en tenaille entre deux hystéries symétriques. À ma gauche le néoféminisme victimaire pour lequel l’homme étant un violeur en puissance, toute procédure devient inutile et la mise à mort sociale de l’accusé s’impose.

À ma droite, la partie de l’opinion publique excédée par parce qu’elle considère comme des complaisances politiques, économique et judiciaire dont bénéficie la religion musulmane. Les deux parties excitées par une presse et des réseaux ravis de l’aubaine, on ne trouve pas grand monde pour se pencher sur la réalité des faits. Alors, comme dans les affaires Sauvage, Tron, Darmanin et tant d’autres condamnations médiatiques, commençons par poser les bonnes questions.

Une étrange histoire à Saint-Lô

De quoi s’agit-il ? Dans une petite ville de la Normandie profonde (Saint-Lô) a abouti un jeune migrant originaire du Bangladesh à l’âge approximatif. Le voici accusé d’avoir violé une jeune fille de 15 ans rencontrée dans la rue. Elle l’a suivi spontanément dans la chambre de son foyer, où ils ont eu rapport sexuel. Interrogée sur les raisons pour lesquelles elle avait suivi le garçon, elle dira qu’elle craignait être plus en danger en restant dans la rue. Elle répondra à peu près la même chose pour expliquer sa passivité pendant l’acte. Après plusieurs jours d’audience et un réexamen minutieux des faits, la cour d’assises composées de trois magistrats professionnels et de six jurés populaires issus de la même Normandie profonde ont considéré que la culpabilité du jeune homme n’était pas établie. Cela avait été l’opinion des gendarmes qui, saisis d’une plainte par la jeune fille, ont rapidement constaté l’impossibilité d’étayer suffisamment des faits pour permettre une procédure criminelle. L’antipathie que leur inspirait le personnage ne les a pas empêchés de procéder au classement sans suite.

Pas de crime ou de délit sans intention de le commettre

Le dossier ayant ensuite été relancé, l’affaire a donc été soumise à la Cour d’assises. Celle-ci, confrontée au même problème a pris la décision qui s’est imposée à la conscience des neuf personnes qui la composaient. En présence de deux versions contradictoires, parole contre parole, sans témoin, que fallait-il faire ? Simplement remplir l’office du juge, consistant d’abord à apprécier les faits soumis et à en établir la réalité ; cela s’appelle « l’élément matériel ». En l’occurrence, il y a eu un acte sexuel. Il faut ensuite qualifier juridiquement les faits en identifiant l’article du Code pénal applicable ; c’est « l’élément légal », le texte de l’article 222–23 du Code pénal qui réprime le viol. Et enfin établir « l’élément moral », c’est-à-dire l’intention de commettre l’infraction. Parce qu’en droit français, il n’y a pas de crime ou délit sans intention de le commettre. Autrement dit, même si l’on peut penser que la plaignante n’était pas consentante, il fallait impérativement établir que le jeune bangladais le savait. En démocratie, ces règles avant tout destinées à protéger les innocents.

Soucieux de manipuler l’ignorance juridique et l’incompréhension suscitée par ce verdict à l’appui de leurs causes respectives, les militants des deux causes jumelles ont alors utilisé, cyniquement ou de bonne foi, deux arguments.

À ma gauche, les victimaires ont relevé la phrase d’apaisement du président à l’intention de la plaignante après le prononcé du verdict d’acquittement : «la décision de la cour n’est pas une remise en cause de la sincérité ». Ils l’ont interprétée comme une reconnaissance de la culpabilité du jeune homme que la juridiction refusait de sanctionner. Le magistrat qui essayait de faire comprendre avec une incontestable délicatesse l’importance des impératifs de la justice pénale, a bien sûr été traité de salaud machiste, masculiniste, et last but not least de machopithèque.

L’avocate de la défense clouée au pilori

À ma droite, on s’est saisi avec gourmandise d’une phrase prononcée par la jeune avocate de la défense qui a mené un combat courageux dans un environnement difficile. Pendant sa plaidoirie, elle a proféré une évidence: «mon client n’avait pas les codes culturels pour prendre conscience qu’il imposait une relation par crainte ou par surprise. » Quelle aubaine pour les manipulateurs ! Partout dans la presse, sur les réseaux sociaux, cet argument de la défense a été présenté comme la motivation de la décision de la cour. Ont alors fusé arguments et insultes contre jurés et magistrats qualifiés de lâches, dhimmis, et collabos du Grand remplacement.

Mais ne renvoyons pas les deux hystéries dos à dos. D’un côté, les délires du néo féminisme sont habituels, les prêtresses de la secte sont toujours les mêmes, armées de leur ignorance, de leur goût pour la violence, et de leur haine indistincte de tous les hommes.

De l’autre, en mettant à part les manipulateurs politiques ravis de l’aubaine, l’intensité de la réaction s’explique par l’exaspération de nombreux français excédés par la complaisance et la lâcheté des pouvoirs politiques face à la montée des islamismes. Dans ce contexte, la décision de la Cour d’assises de Coutances a été vécue comme un nouveau renoncement. Comme le déni officiel dans l’affaire de Cologne, où l’ahurissante démission des institutions britanniques dans les affaires de Telford. Ce n’est absolument pas le cas de cet acquittement, et si l’on peut comprendre l’emballement de la clameur, il est déplorable de voir s’y’ joindre des voix dont le devoir est de réfléchir.

Les sans-frontiéristes du coeur

Mais on se tournera quand même vers ces belles âmes dont la cohorte insupportable est responsable de ce genre de catastrophe. Voilà un jeune homme de 18 ans (?) qui ne parle toujours pas un mot de français, venu de son Bangladesh, État musulman lointain, en apportant avec lui sa vision du monde. Parce qu’on lui a dit qu’il y avait en Europe un eldorado. Et c’est le cas, puisqu’à son arrivée, les belles âmes et leurs mandataires associatifs lui ont répété que l’État-providence serait un buffet all inclusive. Ce jeune migrant appartient à cette catégorie complètement privilégiée par les associations qui, se servant au passage, les font prendre en charge par les départements responsables de la mission de protection de l’enfance. Ils bénéficient immédiatement de conditions matérielles sans commune mesure avec ce qu’elles pouvaient être dans leur propre pays. Hébergement, nourriture, vêtements siglés, smartphones, les « associatifs » leur ont dit et répété que tout cela leur était dû. Et comme ils ont importé avec eux leurs conceptions et leurs pratiques des femmes, comment veut-on qu’ils ne les considèrent pas à leur disposition ? Les Aides Sociales à l’Enfance voient ainsi leurs missions de protection obérées par un coût annuel qui atteint pour la France près de 2 milliards d’euros ! Gare aux services qui émettraient la moindre restriction dans la prise en charge de jeunes gens dont il est parfois impossible de déterminer l’âge, car fondent sur eux immédiatement les gerfauts des « O.N.G. », toujours gourmandes d’argent ou de bonne conscience payée avec les deniers des autres.

Mais de tout ceci, nos prolixes professeurs de morale et de maintien se moquent comme d’une guigne. Et pour cause : on ne risque pas de croiser ces nantis dans les rues de Coutances ou de Saint-Lô…

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