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Un magicien nommé Macron


Un magicien nommé Macron
Emmanuel Macron au saon Viva Technology à Paris, juin 2017. SIPA. 00811228_000010
Emmanuel Macron au salon Viva Technology à Paris, juin 2017. SIPA. 00811228_000010

Les grenouilles françaises veulent un roi. Macron en a fourni l’image. Cette image, véritable cache-pouvoir « jupitérien », a recouvert tout le champ politique. Il est parvenu à gommer les anciens élus de la République. Le virtuel de l’engouement transférentiel dit En marche ! l’a emporté sur toutes les fidélités. Oublié, jeté au panier le travail des élus d’hier, pas tous des salauds, au service de leurs administrés; déniée la cour qui leur fut faite pour obtenir tel ou tel avantage.

« Faute de pouvoir s’inscrire dans une génération, Macron en invente une »

Emmanuel Macron exerce la fascination d’un magicien. Il suggère plus qu’il ne dit, et active les désirs inconscients d’une foule avide de l’éveil de la Belle au Bois dormant. Tout ce qui était vient d’une mauvaise mère, la fée Carabosse, responsable du long sommeil de la République.

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Paul Thibaud, dans le dernier numéro de Causeur, a déployé ce qui dans les discours de Macron tuait le temps de l’Histoire, « une position non pas hors sol mais anhistorique » notamment sur la colonisation, sur la culture. « Faute de pouvoir s’inscrire dans une génération, écrit-il, Macron en invente une ». C’est probablement, en effet, ce qui a fait son succès, car il active ainsi le rêve régressif d’un présent éternel associé à une toute puissance. Il suffirait à chacun d’empiler les briques de n’importe quel savoir-faire pour, tel les artisans de la tour de Babel, gagner le ciel. Tout comme dans la Babel biblique, l’ambition se conjugue avec une langue unique et réduite à l’efficacité des gestes. On connait la suite.

Majax Macron

Le tour de passe-passe du magicien est rendu opérant pour la raison qu’il se produit au sein d’une population qui, depuis des lustres (1968), se trouve en rupture générationnelle. Rupture assimilée au « progrès » et à la liberté. Mais cette rupture générationnelle qui abolit le temps de l’Histoire (sans pour autant trouver compensation dans la consommation toujours plus envahissante d’objets) ne se fait pas sans quelque nostalgie de la transcendance d’une Loi représentée par le pouvoir politique. La stature inspirée du chef providentiel, du sauveur de la nation. Et quel chef serait-il plus à-même qu’un roi pour recouvrer ce rêve que la censure idéologique a plongé dans l’oubli ?

Macron, paradant dans la cour du Louvre en enfant roi, aurait réveillé ce désir insu. Il suffit qu’il le soit pour qu’une majorité stupéfiée se réfugie dans le silence, peut-être plus encore que dans une abstention critique. Il suffit qu’il le soit pour qu’une nouvelle horde de bien-pensants s’agenouille devant la fée Mélusine prometteuse de nouvelles naissances. Le reste est littérature, c’est-à-dire, bien paradoxalement, la réalité des moyens économiques, celle des conflits sociaux et celle du cancer islamiste, pourvoyeur de terroristes, qui ronge les « territoires perdus de la République ».

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Marc Nacht est psychanalyste et écrivain

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