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Le Conseil constitutionnel à la rescousse de la fessée


Le Conseil constitutionnel à la rescousse de la fessée
Image: Flickr.
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Image: Flickr.

Le Conseil constitutionnel a invalidé plusieurs articles de la loi Egalité et citoyenneté, dont celui, très polémique, visant l’interdiction de la fessée parentale. Grand bien lui en a pris. On peut certes regretter que l’anticonstitutionnalité ait été fondée non sur le fond mais sur la forme du texte, celui-ci ayant été jugé sans rapport avec la loi. Mais ne boudons pas notre plaisir : les raisons de se réjouir ne sont pas minces.

Minorité agissante

Inutile d’insister sur la monstruosité de la maltraitance enfantine, qui relève fort heureusement du pénal. En revanche, que le drame des enfants battus devienne le motif d’une condamnation uniforme de tous les parents, qui dans leur tâche éducative peuvent être amenés à recourir à la correction physique légère, est une ineptie.

D’une part, c’est une immixtion indue dans la vie privée des familles, faite comme toujours dans ce cas au nom du bien commun. L’Etat décrète la façon unique et convenable d’élever les enfants et entend bien l’imposer aux parents, qui sont tous comme on le sait, des bêtes ignares et brutales à la main leste. Cette intrusion dans ce qui relève de la sphère privée s’apparente à du totalitarisme. Le dispositif ne prévoyait pas de sanction pénale, pour l’instant. Si cela était advenu, cette mesure aurait en outre représenté un détournement du rôle de la loi, destinée à punir la seule marge déviante et non à intervenir dans la vie des gens ordinaires (85% des parents auraient recours à la fessée). Notons au passage que nos politiques n’ont aucun scrupule à légiférer sur les mœurs de leurs concitoyens dès lors qu’il s’agit à leurs yeux d’un enjeu primordial, le port du burkini ne l’étant manifestement pas.

D’autre part, c’est une façon insidieuse de faire avaler plus facilement la pilule du progressisme sociétal, et de permettre l’avènement en douceur de l’Homme nouveau, grâce à une ficelle déjà connue : l’incrimination abusive de la majorité innocente au nom d’une minorité agissante.

Campagnes d’intimidation

Ce n’est pas la première fois que nos gouvernants usent de ce stratagème. On se souvient ainsi de la campagne de lutte contre le « harcèlement sexiste » dans les transports. Il serait souhaitable que les véritables auteurs de ces agressions, essentiellement des bandes de jeunes, qui se livrent à des insultes honteuses pouvant dégénérer en violences physiques, soient désignés et punis comme ils le méritent. A défaut mais à dessein, le ministère a échafaudé une véritable campagne d’intimidation à l’encontre de toutes les personnes de sexe masculin, qui auraient l’indélicatesse de manifester plus ou moins finement leur intérêt pour le beau sexe à leurs représentantes. Double bénéfice de cette criminalisation indifférenciée du mâle : éviter de stigmatiser la jeunesse des banlieues, et soutenir le progrès social permis par la castration psychologique des hommes, étape indispensable avant d’atteindre l’objectif tant espéré d’une société sans différenciation sexuelle. Dans le cas de la fessée, le progrès sociétal escompté est l’abolition de tout rapport hiérarchique entre parents et enfants, dans une logique égalitariste poussée jusqu’à l’absurde, et ardemment voulue par les instances supranationales (Convention internationale des Droits de l’Enfant. Convention des Nations-Unies).

L’interdiction de la fessée est donc une ineptie, mais pas seulement. Last but not least, elle participe à sa manière à notre fragilisation face à la progression de l’islam. C’est un coup de canif porté au dernier bastion de l’autorité dans notre société, l’autorité parentale, bastion déjà très ébranlé par les théories permissives de mai 1968. Or comment ne pas mettre en parallèle notre déconstruction progressive de toute forme d’autorité, et l’avancée rampante de l’islam, incarnation de l’obéissance s’il en est, dans nos sociétés ?

Quel peut bien être le degré de notre aveuglement, qui nous empêche de voir que plus nous nous dépouillons de tout corset de contrainte, plus un autre dispositif, autrement plus autoritaire et totalitaire, viendra à coup sûr occuper l’espace que nous aurons volontairement vidé ? Notre nature humaine est ainsi faite que, constamment tiraillée entre sa part de lumière et sa part d’ombre, ou dans des termes plus profanes, entre son côté clair et son côté obscur, elle éprouve un impérieux besoin de limites, de bornes, de normes.

Est-il interdit d’interdire?

Avec l’article initial, nous œuvrions certes à enrichir notre arsenal répressif. Mais ce sont des lois qui viennent précisément à l’encontre de toute forme de coercition. En somme, une nouvelle loi contre la loi naturelle, celle qui veut que les parents détiennent une autorité sur leurs enfants. « Il est interdit d’interdire » est plus que jamais d’actualité. Si l’effacement de toute trace d’autorité au nom de la liberté de chacun semble une idée séduisante, il est à terme incompatible avec notre essence humaine.

L’interdiction de la correction physique légère des enfants est une illustration, parmi d’autres mais avec une haute portée symbolique, de la manière dont nous abandonnons petit à petit notre corset historique, et ce faisant, laissons la place à un autre, en l’occurrence issu d’une autre culture, et en l’occurrence défendu avec ardeur par ses partisans. A toujours vouloir toujours moins de contraintes, nous n’en récolterons que davantage. Moins de fessée, pour plus d’islam.

En votant l’article contre les violences éducatives, la France cédait à une injonction du Conseil de l’Europe. Mais les sages de la rue de Montpensier en ont décidé autrement. Sans le vouloir, ils viennent d’offrir un sursis inespéré à l’autorité parentale. Pour combien de temps encore ?



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