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Primaire : le niveau baisse


Crédits photo : Martine Aubry

Ce qui devait arriver arriva : un débat de primaire sans Valls ni Montebourg, ça tue l’amour. Honnêtement, si je n’avais pas promis à mes camarades de Causeur, et plus exactement à notre Grande Timonière, d’être de quart ce soir et de me fader ensuite le papier d’après-match, j’aurais zappé dès 20h55.

La vraie question n’est donc pas « qui a été le meilleur débatteur ? », et encore moins « qui serait le meilleur candidat ? ». Non la seule question est : « tant qu’à regarder la télé, aurais-je préféré revoir pour la troisième fois l’excellent Breakdown de Jonathan Mostow sur RTL9 ou visionner pour la millième fois L’Inconnu du Nord-Express sur Ciné-Classic ? ». Au lieu de quoi j’ai donc passé deux heures à lutter contre l’ennui, à pester contre les zimpêtrants, et à traiter de tous les noms mes confrères Pujadas, Namias, Fressoz et Cohen (Patrick) tous coupables d’avoir été les vrais éteignoirs de ce faux débat.

Palme d’or de la question neuneu (et vicelarde en même temps) à Françoise Fressoz, du Monde à propos de la prise en compte par les finalistes des propositions d’Arnaud Montebourg : « Est-ce qu’être socialiste, c’est refuser l’ouverture au monde ? ». Et est-ce qu’être journaliste au Monde, chère Françoise, c’est refuser l’ouverture de ses œillères en kevlar ? Pour le coup, j’ai une réponse…

Mais bon, si les confrères étaient mauvais, leurs clients ne valaient guère mieux. Pour qui François Hollande me prend-il en ne cessant de me répéter que la France a besoin d’un candidat « qui rassure, qui rassemble, qui réconcilie » ? Je sais bien que la méthode Coué redevient tendance chez les thérapeutes, mais quand même…

Et puis, qu’est-ce que j’en ai à fiche d’entendre Martine citer Poul Rasmussen à longueur d’émission? D’abord je ne sais pas qui c’est ce mec, et à la troisième citation, j’ai craqué et, par conscience professionnelle, suis allé googliser, pour découvrir que ce mystérieux Danois, président du Parti Socialiste Européen, était un intégrationniste furieux et libre-échangiste grand teint. On me prend pour un âne là, ou quoi ? Ou plus exactement on veut donner des gages à qui en citant trois fois ce nobody eurobéat? Mystère. Ou pire…

Quant au reste, si on oublie deux ou trois sorties pseudo-saillantes qui puent leur storyteller à cent mètres, le vrai drame de ce débat, c’est qu’on se serait cru à un grand oral de l’ENA : une vraie techno-parade ! Certes Martine et François connaissent leurs fiches sur le bout des doigts, mais à Bouglione, j’ai vu un mec qui récitait par cœur l’annuaire du Val d’Oise. Et sur le fond, non seulement – comme Laurent Joffrin l’a finalement lui-même reconnu sur LCI, tout arrive !- , l’un et l’autre disent exactement la même chose, mais en plus, ils le disent très mal. Ils n’ont peut-être pas inventé l’eau tiède, mais ils savent en user, jusqu’à saturation.

Tout ça ne serait pas bien grave si l’enjeu de cette battle sans combattants était une médaille en chocolat genre Premier Secrétaire du PS ou trésorier du fan-club de Jacques Delors. Non, pour vous dire le fond de ma pensée, le seul vrai problème c’est que nos Dupont et Dupond mettent toute la gauche en danger : quand sera venu le temps de la vraie campagne, de la vraie élection, si le candidat du PS, quel qu’il soit, continue à être aussi plat, aussi codé, aussi techno, aussi plan-plan, il ouvrira un boulevard à Sarkozy pour la première place, et à qui vous savez pour la deuxième.

Martine, François, vous avez trois jours pour me convaincre que vous valez mieux que ça. Sinon, dimanche, je reste chez moi : je ne suis pas sûr d’avoir envie d’être complice – ou responsable – de votre naufrage.



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De l’Autonomie ouvrière à Jalons, en passant par l’Idiot International, la Lettre Ecarlate et la Fondation du 2-Mars, Marc Cohen a traîné dans quelques-unes des conjurations les plus aimables de ces dernières années. On le voit souvent au Flore.

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