Accueil Politique Zemmour salue le peuple corse, “mauvais élève de la modernité”

Zemmour salue le peuple corse, “mauvais élève de la modernité”

Eric Zemmour était à Sartène et Ajaccio pour dédicacer « La France n’a pas dit son dernier mot »


Zemmour salue le peuple corse, “mauvais élève de la modernité”
Sartène, Corse du Sud. Image d'illustration Unsplash.

Eric Zemmour: « La Corse a résisté à l’air du temps, le Corse est resté insensible aux modes ridicules qui veulent qu’un homme ne soit plus un homme, une femme plus une femme, une famille plus une famille… »


Candidat ? Pas candidat ? Finalement, ce suspense n’en est plus un. Les Corses – peuple politique par excellence – sont venus davantage à la rencontre du prétendant à l’élection suprême que de l’écrivain. À Sartène et Ajaccio, les 8 et 9 octobre, Eric Zemmour a pu prendre le pouls de la population insulaire, de sa farouche identité et de son envie de la conserver. 

Des indépendantistes se dressent sur son chemin

En l’espace de deux jours, Eric Zemmour aura rencontré grand nombre de Corses. Sur ce point, l’opération a été des plus réussies. Tant à Sartène qu’à Ajaccio, l’écrivain a pu mesurer son niveau de notoriété : alors que nombre de touristes a nettement diminué en ce mois d’octobre, ses deux dédicaces ont rassemblé plus de 600 personnes. Si quelques obstacles se sont dressés durant son parcours, Eric Zemmour est venu séduire des admirateurs déjà conquis par le verbe et les mots du polémiste. Ses premiers pas à Sartène, la plus corse des villes corses et berceau de la famille de Letizia Ramolino, Madame Mère, suscitent une grande effervescence. Le café littéraire du Petit Palace est envahi par une foule compacte de Sartenais. Au milieu d’eux, Paul-Félix Benedetti, le chef de file de Core in fronte, le parti indépendantiste siégeant à l’Assemblée de Corse, pour manifester son opposition à l’ancien éditorialiste du Figaro« Vous n’êtes pas le bienvenu ici. Je crois que vous avez une idée qui est à la limite du racialisme. La Corse, ce n’est pas un pays romain comme vous le dites, c’est un pays méditerranéen qui a, de tout temps, été généreux et qui, aujourd’hui, quoi que vous en pensiez, subit une colonisation de peuplement, avec plus de 50% de personnes qui sont arrivées en 20 ans, mais qui ne sont pas arrivés par l’autre côté de la Méditerranée. »   

Les Corses ne veulent pas l’aumône, ils ne font pas partie des pleurnicheurs qui se victimisent sans cesse : avant tout, ils veulent exister, exister fièrement et pouvoir sans remords, aimer une France qui s’aime elle-même.

Le ton est des plus tendus, mais Eric Zemmour fait descendre la température : « Ce n’est pas un moment chaud. On s’échauffe, ce n’est rien du tout. Depuis des années, partout où je passe, des « antifas » essaient de faire le coup de poing pour m’empêcher de parler. C’est leur considération de la démocratie. On sait que l’extrême gauche ne respecte pas la démocratie et la liberté de parole. Ça fait un siècle que ça dure, j’ai l’habitude. Ce n’est pas ces gens-là qui vont me faire taire. »

Quelques instants auparavant, Eric Zemmour avait pu partager quelques réflexions avec le professeur émérite d’histoire grecque, Olivier Battistini. La complicité est immédiate et évidente, les échanges fusent autour de Thucydide, de Nietzsche, de Napoléon, autour des belles lettres. Zemmour livre son premier sentiment sur l’île de Beauté : « Je ne connais pas très bien la Corse, à chaque fois, je fais des petits sauts de puce de quelques jours mais je suis toujours ébahi, c’est d’une grande banalité, par la beauté sidérante des paysages, et puis j’aime le côté farouche et fier des Corses que l’on caricature toujours dans Astérix en Corse. J’aime ça, cela m’émeut, je retrouve un peu de cette fierté que l’on avait chez moi, chez les pieds noirs d’Algérie, cet état d’esprit caractériel qui n’aime pas se laisser marcher sur les pieds. » 

Olivier Battistini et Eric Zemmour. D.R.

L’île épargnée par la culture woke

Il est évoqué aussi l’éducation, celle mise en œuvre par les élites, Eric Zemmour rajoute d’autres éléments des plus prégnants comme le wokisme, la cancel culture, les gender studies : « On a une idéologie venue des États-Unis qui désire nous effacer de la surface de la terre, de notre propre pays, de l’histoire du monde. Aux États-Unis et en France, c’est le même phénomène, on dit aux peuples qu’ils sont coupables, les blancs sont coupables par essence. Ces populations se sentent tellement coupables et tellement malheureuses d’être coupables que pour obtenir le pardon, pour obtenir l’expiation, elles sont prêtes à détruire leur propre civilisation. Elles sont prêtes à se désagréger au profit d’autres civilisations qui ne demandent que ça de nous remplacer. Et donc, il y a une alliance entre l’esprit de conquête de l’Islam qui a toujours fait cela depuis mille ans et la culture woke qui veut effacer l’homme blanc, hétérosexuel et catholique. Il y a cette alliance entre les deux pour nous détruire. C’est pour cela qu’il faut combattre sur les deux fronts afin de maintenir notre civilisation. Voilà pourquoi j’aime les Corses, ils ont compris cela, ils ne se laissent pas culpabiliser, ils ne se laissent pas soumettre. Je ne dis pas cela par démagogie, c’est ce que j’admire dans le peuple corse. Les Corses ne cèdent pas à cette idéologie dominante et j’aime cet état d’esprit ! »

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Le lendemain, après l’incident de la veille, la réunion publique et la dédicace d’Eric Zemmour à Ajaccio suscitent des interrogations. L’équipe d’organisation veille au bon déroulement du programme. À 15h30, sur le quai L’Herminier du port de commerce, plus de 500 soutiens attendent avec impatience la prestation de celui qui est déjà leur candidat à la présidentielle. On y trouve de nombreux militants nationalistes, mais aussi des anciens LR et des anciens RN. Il n’y a rien de très original dans cette situation puisque l’écrivain avait théorisé depuis longtemps l’union des droites, place maintenant à la Praxis… Un cordon de CRS est disposé pour maintenir à distance de la tribune une trentaine de militants de la CGT, de Core in Fronte et de la communauté LGBT, présents pour perturber la manifestation. De jeunes militants nationalistes favorables à Eric Zemmour s’empressent d’aller au-devant des antis pour asséner quelques coups de poings. L’ambiance est explosive, mais rapidement apaisée par les forces de l’ordre. Un militant nationaliste précisera : « Cela a au moins le mérite de sortir de l’ornière, qu’il existe un nationalisme corse de droite et un nationalisme corse de gauche ! C’est pourquoi la venue d’Eric Zemmour était importante à ce niveau ! »

Pas de malaise !

Au-delà de ces incidents, il y avait le ton et le discours d’Eric Zemmour. Qu’avait-il donc à dire aux Corses pour son premier déplacement ? « Pour moi, La Corse c’était l’Empereur, L’Empereur c’était la France. Et la France, c’était ma fierté de faire partie de cette formidable Histoire. Plus tard, mon père m’a transmis une autre passion, pour un autre grand français : le général de Gaulle. Et surprise ! Les Corses étaient encore au rendez-vous de l’Histoire : Je découvrais la 2e DB du général Leclerc, composée de milliers de Corses, qui combattaient, les armes à la main, pour libérer le pays tout entier, et d’abord leur patrie corse. La Corse insurgée fut même le premier département libéré ! C’est l’île des Justes d’où aucun Juif n’aura été ni dénoncé ni déporté. Les Allemands s’en souviennent encore… Les Français du continent et les Corses ont aujourd’hui la même urgence : ils défendent la même civilisation assiégée, ils luttent contre la même vague migratoire et ils savent, eux, au cœur de la Méditerranée, mieux que les Français du continent, que l’invasion vient toujours de la mer. Mais dans ce cas, d’où vient le malaise, le décalage, entre la Corse et le continent ? C’est simple : la Corse a résisté à l’air du temps, tout simplement. Vous n’avez pas été de bons élèves de la modernité : le Corse est resté l’homme de sa patrie, de ses paysages, de ses traditions, d’un ensemble de saveurs et de souvenirs… Le Corse est resté insensible aux modes ridicules qui veulent qu’un homme ne soit plus un homme, une femme plus une femme, une famille plus une famille, une nation plus une nation. Pour nos élites, cet enracinement est intolérable. Et le Corse qui va sur le continent découvre, effaré, un pays qui ne s’assume plus, un pays qu’il ne reconnaît plus. Vous n’êtes pas les seuls à ne plus reconnaître la France. Mais il suffit que la France soit belle et grande, et les Corses répondent à l’appel. Vous avez toujours été au rendez-vous quand la France assumait sa puissance et son génie. Vous êtes un peuple romain, un peuple fier qui aime la grandeur et la puissance. Vous aimez la France quand elle poursuit le rêve de Rome. Dans son dernier livre, l’écrivain Paul-François Paoli a montré comment l’Empire napoléonien, puis l’Empire colonial ont été bâtis par des Corses : dans l’armée, dans l’administration, dans l’Église, dans le commerce… Les Corses étaient partout, et ils étaient fiers et honorés de servir une France qui ne baissait pas les yeux et faisait trembler le monde entier. C’est la grande leçon de l’Histoire : ce que vous attendez de la France, c’est qu’elle soit à la hauteur de son destin. Le nationalisme corse n’est pas une maladie : c’est un symptôme. Le symptôme d’une France qui n’est plus à la hauteur des attentes des Corses. C’est tout à votre honneur d’avoir ce degré d’exigence : c’est à nous d’y répondre. Car la lutte identitaire de la Corse – pour la sauvegarde de sa culture et de sa langue, pour résister à l’immigration de masse, pour empêcher la bétonisation à outrance – c’est la France tout entière qui aurait dû mener cette lutte, pas seulement la Corse ! Il y a eu des conflits, il y a eu des tensions. Mais je sais que vous vous êtes tous insurgés contre l’assassinat du préfet Erignac. Je sais que chez vous, la défense de l’identité ne passe pas par la mort de la France : même les plus durs d’entre vous ne sont pas des djihadistes. C’est pourquoi, la punition nécessaire des coupables ne doit pas entrainer la double peine pour les familles avec l’éloignement des prisonniers. Finalement, si la Corse et la France se comprennent de moins en moins, c’est parce que nous ne parlons plus la même langue : Paris parle subventions, fonds européens, développement du territoire… Mais la Corse ne parle pas seulement cette langue. Elle veut d’abord parler d’honneur, de fierté, d’identité. Les Corses ne veulent pas l’aumône, ils ne font pas partie des pleurnicheurs qui se victimisent sans cesse : avant tout, ils veulent exister, exister fièrement et pouvoir sans remords, aimer une France qui s’aime elle-même. Les Corses veulent qu’on leur redonne le gout d’être français. Ils veulent appartenir à une nation fière d’elle-même, qui ne regarde pas son passé comme une suite de crimes mais, au contraire, comme une succession de hauts faits et d’épisodes glorieux. Écoutez Bernanos : « Ne vous tourmentez donc pas, la France a inventé Jeanne d’Arc, elle a inventé Saint-Just, elle a inventé Clemenceau, elle n’a pas fini d’en inventer ! C’est son affaire ! » Soyez rassuré. La France n’a pas dit son dernier mot. »

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