Chaque mois, le vice-président de l’Institut des Libertés décode l’actualité économique. Et le compte n’y est pas.
L’idée économique la plus stupide de la rentrée est la proposition de l’universitaire parisien Gabriel Zucman, reprise par tous les médias et partis de gauche, de taxer les patrimoines et biens professionnels de tous les contribuables possédant un patrimoine supérieur à 100 millions d’euros. Cet impôt idéologique, qui repose sur la haine des riches, pourrait, selon son promoteur, rapporter à l’État 20 milliards d’euros par an. C’est peu au regard de l’ampleur du déficit public, qui s’élève quant à lui à 160 milliards.
En fait, la fiscalité sur la fortune et sur les hauts revenus a toujours échoué à produire les recettes attendues, car la courbe de Laffer montre très bien qu’au-delà d’un certain seuil, taxer davantage réduit la base taxable. Les assujettis prennent en effet des dispositions pour y échapper, notamment en quittant la France. Au mieux, la taxe Zucman rapporterait 5 milliards. Bien évidemment, cette mauvaise idée a été reprise par Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, c’est-à-dire le patron du parti à l’origine de toutes les mesures qui ont sapé la croissance française depuis un demi-siècle : la retraite à 60 ans de François Mitterrand, la semaine de 35 heures de Lionel Jospin et la fin de la politique familiale de François Hollande, qui marque le début de notre déclin démographique.
Au lieu d’être obnubilé par le classement annuel des 500 plus grandes fortunes professionnelles de France dressé par le magazine Challenges, Gabriel Zucman, proche de Thomas Piketty, ferait mieux de consulter le magazine helvétique Bilan, qui recense parmi les 300 personnes les plus riches de Suisse pas moins de 50 entrepreneurs venus de France. Il pourrait ensuite lire le grand économiste américain Thomas Sowell, selon qui « il est difficile d’imaginer manière plus stupide et plus dangereuse de prendre des décisions que de les confier à des personnes qui ne paient aucun prix lorsqu’elles se trompent ». Enfin, on lui recommandera la liste des jeunes talents formés en France qui ont choisi de créer leur entreprise aux États-Unis. Il verrait alors que notre pays n’est peut-être pas aussi attractif que ne le prétend le gouvernement.

Le « schéma de gouvernance pour la coordination de la surveillance de l’intelligence artificielle en France » vient d’être publié par le ministère de l’Économie. Une parfaite illustration de la manière dont notre administration organise savamment sa propre complexité. Cette véritable usine à gaz sera coordonnée par la Direction générale des entreprises (DGE) et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), avec l’appui technique de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) et du Pôle-Expertise de la régulation numérique (Peren). Mais pour prendre ses décisions, cette fière équipe sera priée de mettre également dans la boucle le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), les ministères de l’Aménagement du territoire et de la Transition écologique, le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, la Direction générale du travail (DGT), l’Agence nationale des fréquences (ANFR), l’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM), sans oublier le Conseil d’État, la Cour de cassation et la Cour des comptes. Ça va en faire des réunions pour occuper tous ces fonctionnaires ! La France, qui est un nain en matière d’intelligence artificielle, s’est donc dotée d’une structure étatique géante pour contrôler le secteur. En partant ainsi, l’Europe a peu de chances de devenir un grand acteur du numérique. Car, comme l’a montré le grand sociologue américain Robert King Merton, la bureaucratie tue l’innovation.

Les aides diverses versées chaque année par les pouvoirs publics à la population représentent 12 500 euros en moyenne par personne. Résultat, notre pays est le numéro un européen de la dépense sociale, avec 5 % du PIB. Ce qui n’empêche pas le sentiment d’insécurité de croître parmi les Français, qui signalent également dans les sondages être le pays le plus angoissé au monde. Pas étonnant si l’on sait que les 10 % d’entre eux touchant les revenus les plus faibles ne bénéficient pas tellement, en fin de compte, du système de redistribution – qui a d’autres préférences – puisqu’ils voient leur pouvoir d’achat reculer année après année.

Le taux d’absentéisme est un excellent indicateur du problème des Français avec le travail. Dans le privé, il atteint 6 %, soit plus du double qu’aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Comment expliquer ce record ? Sans doute par les 35 heures, qui ont accrédité dans notre pays l’idée que le travail est une nuisance certes nécessaire, mais qu’il convient de minimiser. Conséquence, seuls 7 % des salariés français se disent vraiment intéressés par leur travail. Si l’on ajoute le laxisme en matière d’arrêts maladie, le coût de l’absentéisme se situerait entre 60 et 80 milliards d’euros par an. C’est beaucoup plus que la taxe Zucman !
Le montant stratosphérique de notre dette publique, qui s’élevait à 3 350 milliards d’euros à la fin du premier trimestre, ne dissuade toujours pas les marchés financiers de prêter de l’argent à la France. L’État devrait pouvoir, cette année encore, emprunter 300 milliards d’euros. Le talent de l’Agence France Trésor lui permet de bénéficier d’un taux de 3,57 % à dix ans. À plus long terme, c’est un peu plus cher : 4,04 % pour l’échéance 2042, et 4,43 % pour l’échéance 2056. À suivre.





