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Sous le volcan, la plage


Sous le volcan, la plage

Le volcan Eyjafjöll

Combien de temps cela vont-elles durer, ces batailles d’arrière-garde qui tentent d’empêcher, un peu partout en Europe, l’avènement du paradis libéral ? Oui, combien de temps ?

Pourtant, le bonheur est à portée de la main. Pourtant, partout en Europe, un effort sans précédent de modernisation des sociétés et d’adaptation au marché est à l’œuvre. Concertation, pédagogie, dialogue social sont les maître-mots. Des gouvernements courageux, partout, entament des réformes d’ajustement qui finiront par porter leurs fruits. On sent bien ce vent nouveau qui souffle sur notre vieux continent et en particulier la France, qui devient le modèle à suivre. Et cela, malgré les vestiges paralysants d’un Etat-providence qui encourage encore trop souvent les vices de forme des classes populaires : assistanat, alcoolisme, mauvaise haleine, obésité pour cause de junk food alors qu’on ne cesse de leur répéter l’impératif des cinq fruits et légumes par jour, que l’on trouve partout pour pas cher, comme nous l’affirme l’humaniste des épiciers hard discount Jean-Pierre Coffe.

Malgré tout, une synergie efficace entre les Etats et le secteur privé permet de vrais exploits. Ce matin l’on apprenait ainsi que le groupe automobile PSA qui avait reçu trois milliards d’euros d’aide de l’Etat au début de l’année 2009 pour maintenir l’emploi dans le secteur, vient intelligemment de décider un redéploiement de ses capacités productives en annonçant la fermeture de son site de Melun Sénart, ce qui permettra aux 390 salariés, englués dans de vieilles habitudes de travail, de se reconvertir dans l’ouverture de commerce de proximité (bistrots, plomberie chez le beau-frère) ou de connaître l’exaltant bonheur des élites mondialisées, en allant fabriquer des boites de vitesses de 308 avec des collègues mexicains ou turcs pour des salaires enfin adaptés au niveau de vie de leur nouveau pays d’accueil.

Synergie également entre syndicats et patronat, à l’image du couple de l’année Sophie de Menthon et Bernard Thibault qui voudraient par souci d’égalité, parce que le libéralisme est aussi un effort de justice, régulariser les sans-papiers et ainsi obtenir une égalité de salaire entre le travailleur immigré et le travailleur français, ce dernier alignant ses exigences sur celles de ses camarades de lutte et sacrifiant son pouvoir d’achat par amour du prochain et de la marge bénéficiaire de son patron.

De même, le fructueux et enrichissant débat sur les retraites semble être sur les rails. Il va être passionnant. On voit des conceptions vraiment différentes s’opposer et les arguments échangés entre les éditorialistes, les politiques, les économistes annonce un grand moment démocratique. La preuve, de vraies alternatives sont enfin clairement formulées.

Va-il falloir travailler plus longtemps ou plus longtemps va-t-il falloir travailler ?

Doit-on augmenter la durée de cotisation ou va-t-on devoir cotiser encore quelques trimestres de plus ?

Les chiffres du Comités d’Orientation des Retraites, sur le déficit du régime général, qui sortent opportunément pour alimenter la fructueuse réflexion des uns et des autres, ces chiffres, donc, sont-ils apocalyptiques ou épouvantables ?

Il faut voir, c’était mercredi soir, le sémillant David Pujadas, toujours dans son souci d’exposer loyalement les données du problème, lancer un reportage dans son 20 heures sur le travail des séniors au Royaume Uni avec cette phrase qui ne peut que nous réconforter : « Les seniors britanniques se battent littéralement  pour continuer à travailler. » Et de voir de délicieux septuagénaires en catogans, d’ingambes octogénaires aux lunettes design nous expliquer leur bonheur de surveiller et nettoyer des patinoires ou de montrer leur virtuosité d’infographiste sur ordinateur. Ils sont tellement heureux d’ailleurs que le commentateur remarquait qu’ils acceptent des salaires nettement inférieurs que ces salauds de jeunes à un même poste. On se prend à regretter que les mineurs du Yorkshire, en 1984, menés par l’archéo-marxiste Arthur Scargill n’aient pas compris cette nouvelle donne pourtant annoncée de manière prophétique par Margaret Thatcher.

Hélas, hélas, comme nous le disions au début, il reste de forts îlots de résistance : la SNCF a nouveau pris en otage les usagers dans une grève reconductible et la télé insiste avec raison sur le visage indigné de ces otages et sur leur réflexions acerbes. Parce que tout de même, en matière d’otage, il faut reconnaître que se trouver en rade gare Saint Charles, c’est quand même l’horreur si on compare cette situation à celle, par exemple, des deux journalistes aux mains des talibans depuis cent jours. C’est vrai quoi, on emploie les mots à torts et à travers. Les journalistes ne sont pas des otages, il ne faut pas exagérer, ce sont surtout des imprudents.

Parfois, c’est un homme politique irresponsable, qui passe sa vie à insulter les journalistes et qui pousse le délire jusqu’à dire qu’il n’y a pas de problème des retraites, qu’il faudrait faire payer les riches devenus vraiment très riches depuis vingt ans, tout cela en étouffant son interlocuteur sous une montagne de chiffres douteux. Vous reconnaitrez ici l’agression caractérisée dont a été victime l’affable Apathie qui interrogeait comme d’habitude, sans agressivité ni mépris, Jean-Luc Mélenchon, seul homme politique français ouvertement chaviste, c’est tout dire…

Plus grave, il semblerait que ces archaïsmes français viennent de recevoir un soutien de poids. Celui des volcans islandais. On n’est à peine étonné.

L’Islande, comme la Grèce, est un bien mauvais exemple. Elle vient par référendum de refuser de payer sa dette à des banques anglaises. Elle aussi une vieille tradition de welfare state et l’on nous ne fera pas croire que ses volcans ne sont pas nationalisés. Et les voilà, ces volcans, probablement gérés par des fonctionnaires surmutualisés, crispés sur leurs avantages acquis, qui se mettent à s’agiter et à provoquer des éruptions telles qu’elles paralysent avec leurs nuages de cendres en haute atmosphère tout le trafic aérien sur le Nord de l’Europe.

Là aussi, il faut entendre les réactions des passagers en rade dans les aéroports. S’ils les avaient sous la main, les volcans ne feraient pas long feu. On ne peut donc, pour que cesse ce scandale, qu’espérer une réaction responsable de Reykjavík.

Une privatisation des volcans est indispensable. Ainsi que de leur fixer une date légale de fin d’activité.

65, 66 ou 67 ans ou plus s’ils le désirent, ne soyons pas chiens et laissons les partenaires sociaux en décider.



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