Rousseau, le bonheur du panpan cul-cul


Rousseau, le bonheur du panpan cul-cul

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« Qui croirait que ce châtiment d’enfant, reçu à huit ans par la main d’une fille de trente, a décidé de mes goûts, de mes désirs, de mes passions, de moi pour le reste de ma vie, et cela précisément dans le sens contraire à ce qui devait s’ensuivre naturellement ? », s’interroge Rousseau, dans le Livre I des Confessions. Le châtiment en question est une fessée, et une fessée célèbre, entrée dans l’histoire littéraire sous le nom de « La fessée de Mlle Lambercier », sœur du pasteur chez qui il est mis en pension à Bossey, en Haute-Savoie. Tout le passage est merveilleusement ambigu, et aujourd’hui encore susceptible de multiples interprétations, mais il semblerait que la plus simple soit aussi la plus scandaleuse : Rousseau a adoré ça. « Ce qu’il y a de plus bizarre est que ce châtiment m’affectionna davantage encore à celle qui me l’avait imposé. » [access capability= »lire_inedits »]

Alors que la France vient d’être rappelée à l’ordre par le Conseil de l’Europe, comme d’habitude me direz-vous, pour ne pas respecter un traité interdisant le châtiment corporel des enfants, notre cher Jean-Jacques nous met sans doute sur une piste susceptible d’expliquer cette brutale intrusion dans nos mœurs. On pourrait penser que dans la grande croisade à base de moraline qui va de la prohibition du tabac à l’interdiction de la corrida en passant, donc, par les « droits de l’enfant », le Conseil de l’Europe veut éviter le traumatisme de la fessée et l’humiliation qu’elle représente plus que la douleur d’ailleurs, ce que confirme encore Rousseau :  « J’avais trouvé dans la douleur, dans la honte même, un mélange de sensualité qui m’avait laissé plus de désir que de crainte de l’éprouver derechef par la même main. Il est vrai que, comme il se mêlait sans doute à cela quelque instinct précoce du sexe, le même châtiment reçu de son frère ne m’eût point du tout paru plaisant. » Le problème, on le voit, est que c’est cette humiliation elle-même qui est source de plaisir.

On ne saurait être plus clair. La fessée enfantine est une chance unique, celle d’une vie amoureuse pimentée et originale, et il n’est pas étonnant que la France paraisse vouloir faire de la résistance à cette normalisation de l’érotisme, puisque que le libertinage est l’une de ses spécialités comme le fromage au lait cru qui insupporte une Commission hygiéniste et puritaine. On conseillera donc, outre Rousseau, la lecture du délicieux Éloge de la fessée de Jacques Serguine pour contre-attaquer et demander le classement de la fessée à la française au patrimoine immatériel de l’Unesco, au même titre que le repas gastronomique avec, bien sûr, un bon panpan cul-cul en guise de dessert.[/access]

Eloge de la fessée

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*Photo : jlggb.



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