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Prime à l’insécurité

L’impôt de l’insécurité


Prime à l’insécurité
© D.R.

Prélevée sur chaque contrat d’assurance depuis 1986, la « taxe attentat » devait initialement indemniser les victimes du terrorisme. Quarante ans plus tard, elle finance surtout les réparations liées à la délinquance du quotidien, punissant encore moins les agresseurs, et enfonçant encore plus l’État dans un gouffre financier.


Créée en 1986 au lendemain des attentats commandités par l’Iran, ponctionnée sur les contrats d’assurance habitation et auto, on l’appelle la « taxe attentat », car à l’origine destinée à indemniser les victimes du terrorisme, mais on peut aujourd’hui la qualifier de « taxe caillera », car elle sert principalement à dédommager les victimes de la violence ordinaire et de l’insécurité permanente. Les chiffres du Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d’autres infractions, qui gère la caisse, sont frappants : en 2023, dernier exercice validé, 60 millions d’euros ont été versés à des victimes d’attentats alors que 467,3 millions l’ont été à 25 500 victimes d’infractions de droit commun… qui ont pour qualification homicides, violences sexuelles, viols, agressions, blessures volontaires et involontaires, dégradation de biens, squat… Comme l’explique le Fonds, « la loi a ainsi voulu éviter aux victimes d’avoir à demander directement à leur agresseur d’indemniser leurs préjudices, voire d’être privées de toute indemnisation en cas d’insolvabilité de celui-ci ou s’il n’est pas identifié ».
Le Fonds est à ce point garanti et généreux que certains avocats ne fixent plus d’honoraires, mais se paient sur la bête en prenant un pourcentage sur les indemnités que touchent leurs clients. Au nom de la solidarité nationale, l’État, via ce Fonds, a pris donc les victimes sous sa coupe, qui menace de déborder. L’inflation des indemnités en atteste : en 2015 la somme allouée à quelque 13 000 victimes était de 271,8 millions. Elle s’élève donc aujourd’hui à 467,3 millions, une hausse de 70 %, qui illustre les années Macron. Sous Jupiter, le mercure affole le thermomètre de l’insécurité. Conséquence, la taxe « caillera » a grimpé : de 4,3 euros en 2015, elle a aujourd’hui atteint 6,5 euros par contrat…
Les délinquants bénéficient ainsi d’une double remise de peine : non seulement ce sont les cochons de payants qui indemnisent leurs victimes, mais de plus ils ne participent pas à la collecte nationale, car beaucoup n’aiment pas les polices… d’assurance, auxquelles ils ne souscrivent pas.

Été 2025 – #136

Article extrait du Magazine Causeur




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Journaliste indépendant

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