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Les origines surprenantes de la séduction en politique

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Au milieu du désert médiatique (surtout télévisuel) de l’été, notre chroniqueuse a pourtant trouvé des documentaires intéressants sur Arte, dont un qui traite de la séduction en politique. Si la séduction érotique a été inventée en France, la version politique semble avoir été inventée en Amérique – latine et du Nord – et elle devrait beaucoup au sex-appeal du cinéma et de la musique populaire.


En cet été Olympique bien que désertique (dans l’Est parisien), Arte, (ma chaîne « spécial chroniques »), semble assez désertique également. Pas de docus renversants, ni de séries innovantes – à l’image de « Summer of Voices » de l’été 2021. J’avais cependant repéré une thématique qui me semblait intéressante, sur l’art de la séduction. Tout un programme.

Cette thématique comprend deux documentaires assez courts : « La puissance de la séduction. Le charme au pouvoir » et « Elvis. Le magnétisme d’une idole » (je parlerai du King plus en détails le 17 août, pour le 37éme anniversaire de sa mort).

Le premier nous parle politique, le second, idoles rock’n’roll et cinéma. Le tout est davantage américain qu’européen. Au siècle dernier, les Américains ont « inventé » le concept d’adolescence, ont-ils également inventé une forme de séduction moderne ? Humm, j’y reviendrai plus tard, mais j’ai tendance à le penser.

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Le premier documentaire se situe majoritairement en Argentine, car il traite longuement d’Eva Perón, cette actrice qui épousa Juan Dominguo Perón, futur président de l’Argentine, et qui devint une première dame extraordinairement inventive, qui alliait glamour, chignons blonds et douceur autoritaire. Evita, ainsi que l’appelaient les Argentins, était adorée de son peuple. Elle eut des funérailles à la Staline, les Argentins en pleurs défilant pendant des jours devant son corps embaumé. Elle était, et reste, bien plus connue que son mari, le semi-dictateur « populiste de gauche » Juan Peron.  Et je suis sûre qu’elle servit de modèle à Jackie Kennedy (qui, finalement, ne lui arrivait pas à la cheville).

Qu’avait-elle, en vérité, de si innovant et séduisant ? (A part ses chignons).

J’ai précisé plus haut qu’elle fut actrice avant de devenir icône. Elle connaissait donc par cœur les codes de la séduction des années 40, des tailleurs aux jupes drapées jusqu’aux chignons blonds un peu « choucroutés » qui devinrent sa marque de fabrique. Elle travailla sa voix trop aiguë (ses discours étaient beaucoup plus écoutés que ceux de son mari) et apprit à mesurer ses gestes. Venant elle-même du peuple, elle savait donc s’adresser à celui-ci. Elle fit du « populisme » un art en cinémascope, et, sans Evita, je mets ma main à couper que nous n’aurions jamais entendu parler de Juan Perón.

D’une actrice l’autre. Évidemment, lorsqu’on évoque séduction et cinéma, on se doit de parler de Norma Jean Baker aka Marilyn Monroe. Elle était star parmi les stars, ce qui ne l’empêcha pas de sombrer, cette maudite nuit du 5 août 62, et de devenir, à jamais, un mythe. Elle fit de la séduction un métier. En effet, déjà lorsqu’elle était modèle, elle passait ses photos au crible, ne retenant que les meilleures. Devenue actrice, elle maîtrise à la perfection la science suivante : celle de se faire sentir mâle alpha n’importe quel homme. Elle se sert de mimiques qu’on l’imagine avoir répétées devant son miroir. Elle penche la tête, passe la main dans ses cheveux, entrouvre les lèvres. Cependant, cette fille au sex-appeal infernal et à la grâce divine se laissa dépasser. Justement par son sex-appeal et sa grâce. Nous le voyons bien lors de sa prestation pendant la guerre de Corée, lorsqu’elle semble s’abandonner dans les bras de chaque soldat, en extase. Cela n’est assurément pas travaillé. A l’image d’Elvis, elle est une fleur née au fond d’une poubelle. Et l’Amérique puritaine des années 50 avait ce talent : celui de faire jaillir de nulle part des demi-dieux et demi-déesses. C’est pour cela que j’ai affirmé plus haut que l’Amérique avait « inventé », finalement, une forme de séduction. Celle qui fait appel directement au circuit de la récompense, qui rend hagards les hommes, et folles les filles.

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Elvis, frère jumeau de Marilyn, était devenu très malheureux lorsque son manager, le Colonel Parker, voulut faire de lui un produit marketing. Il voulait retrouver la transe, celle qu’il expérimenta dans les églises noires, enfant. Celle qu’il exprima dans les bouges, également fréquentés par des Noirs et où il apprit à chanter. C’est, paradoxalement, lorsqu’il commença à grossir, gavé d’amphétamines et de beurre de cacahuètes, qu’il retrouva cette grâce, et son sex-appeal, et son déhanché, également infernaux. Étymologiquement, séduire (seducere) signifie : « éloigner du droit chemin ». Marilyn et Elvis se sont éloignés du droit chemin, en se rapprochant de ce qui avaient fait d’eux des mythes inégalés et inégalables. Et c’est probablement cela, la séduction.

En France, la liberté d’expression n’est plus qu’une expression

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Comme le montrent les attaques menées par les militants de gauche sur le financement de CNews, Causeur, Valeurs actuelles, Boulevard Voltaire, Fdesouche et, plus récemment L’Incorrect, la notion de pluralisme des médias est une vue de l’esprit. La pensée unique, pensée mondialiste et immigrationniste, est de plus en plus forte. Tribune de Didier Desrimais.


« Vous rendez-vous compte qu’en l’année 2050, au plus tard, il n’y aura pas un seul être humain vivant capable de comprendre une conversation comme celle que nous tenons maintenant ? […] Même les slogans changeront. Comment pourrait-il y avoir une devise comme “La liberté, c’est l’esclavage” alors que le concept même de liberté aura été aboli » George Orwell, 1984.

Malin, le système médiatique dominant est parvenu à faire croire au plus grand nombre qu’il existe des différences essentielles entre, par exemple, l’audiovisuel public et le groupe TF1 (TF1, LCI, TMC), Libération et les titres du groupe Le Monde (Le Monde, Le Nouvel Obs, Télérama), la quasi-majorité de la presse régionale et La Croix ou L’Humanité. Les divergences sont en réalité minimes et largement supplantées par les nouvelles idéologies que la presse subventionnée – 193 millions d’euros distribués en 2023 ! – et l’audiovisuel public et privé (TF1, BFMTV) promeuvent de concert. Ces médias emploient de plus en plus de journalistes sortant des mêmes moules universitaires, tiennent les mêmes discours à la gloire de la diversité, de l’immigration, du « vivre-ensemble », partagent les mêmes opinions lénifiantes sur le genre, le féminisme, l’Europe et l’écologie. Prêts à tout pour consolider leur position hégémonique, ils ne supportent pas de voir émerger des empêcheurs de penser en rond. 

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Sur les réseaux sociaux, il y a le pire et le meilleur. Le pire, Régis Debray l’a excellemment décrit en qualifiant ces réseaux de « tout-à-l’égo ». Le meilleur est apparu lorsque des individus se sont permis d’utiliser la puissance de propagation desdits réseaux pour faire connaître des informations et des opinions que les médias officiels minimisaient ou ignoraient par pure idéologie. Mais le système médiatique a de puissants alliés. Jack Dorsey, ex-propriétaire de Twitter, progressiste américain adepte de toutes les formes de méditation mais aussi de toutes les formes de censure, fut l’un d’eux. Le rachat de Twitter, devenu X, par Elon Musk, adepte d’une liberté d’expression totale, n’a pas ravi le camp démocrate américain ou la nomenklatura européenne – c’est le moins qu’on puisse dire. Thierry Breton et la Commission européenne enquêtent d’ailleurs régulièrement sur la plateforme depuis qu’Elon Musk la dirige et ont créé à cette occasion, en 2022, le Digital Services Act, un règlement européen « encadrant » les pratiques des services numériques. Ce n’est qu’un début : la Commission européenne prépare de prochaines réglementations qui permettront de mieux contrôler les plateformes numériques et les médias dissidents afin de les mettre au pas.

Car, parallèlement aux réseaux sociaux, sont apparus sur Internet des sites d’information et d’expression politique affichant des lignes éditoriales allant à l’encontre des projets de l’UE et des médias mainstream. Il y a, là encore, du bon et du moins bon, mais, pour défendre son pré carré, le système médiatique ne fait pas dans la demi-mesure : pour lui, tous ces sites sont, au choix, complotistes, réactionnaires ou d’extrême-droite. Les opinions remettant en cause les projets mondialistes, progressistes ou écologistes des élites occidentales – élites dont se targuent de faire partie la plupart des médias aux ordres du pouvoir – n’émaneraient que de fascistes ou de nostalgiques du IIIReich.

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Il n’empêche, de nouveaux médias ont vu le jour. Les citoyens désireux de ne pas s’en laisser conter peuvent découvrir ainsi des points de vue différents, sur des sujets peu abordés ou présentés de manière univoque dans les médias dominants. Des chaînes comme CNews, des magazines comme Causeur, des sites comme Boulevard Voltaire ou Fdesouche (revue de presse qui met en exergue des informations sur l’insécurité, l’immigration, le wokisme, etc., souvent reléguées à la rubrique des faits divers dans les médias), des médias comme Frontières (ex-Livre noir), TVL ou Omerta, pour n’en citer que quelques-uns, sont parvenus à attirer un public curieux d’entendre un autre son de cloche. La plupart de ces magazines, sites ou plateformes numériques ne survivent que grâce aux abonnements, aux dons des particuliers ou à de rares actionnaires mettant la main au portefeuille. L’ensemble de ces médias hors du système officiel ne représente pas le vingtième de l’offre médiatique…

…Mais, pour le système médiatique au pouvoir, c’est encore trop. Malgré ses beaux discours sur la liberté d’expression, le débat et la pluralité des opinions ne sont pas sa tasse de thé. Les premiers alliés de ce système bien établi sont des organisations qui se targuent de lutter contre le… Système. En plus des mouvements d’extrême-gauche réclamant des contrôles incessants pouvant aboutir à la censure, des ONG et des collectifs politisés n’hésitent pas à user de tous les moyens, même illégaux, pour nuire aux médias qui ne leur conviennent pas – et qui sont souvent les mêmes que ceux qui irritent le système médiatique en place. Les Sleeping Giants, par exemple, sont une organisation composée d’activistes anonymes supposés s’opposer aux « discours de haine » sur Internet et dans les médias. Cette organisation est en réalité un organisme de censure totalitaire ne visant que les opposants aux idéologies gauchistes, wokistes ou immigrationnistes. En France, Valeurs actuelles, Causeur et Boulevard Voltaire ont été les cibles de ces fascistes de gauche (dixit Yves Michaud) : sous la pression menaçante de ces derniers, des entreprises ont soudain cessé d’acheter des espaces publicitaires dans ces magazines et sur ces sites. Les journalistes du système en place ont-ils dénoncé ces manœuvres relevant de régimes totalitaires ? Non. Trop lâches ou trop heureux de voir des médias récalcitrants risquer de boire le bouillon, ils sont restés muets.

Comme ils sont restés muets lorsque, dernièrement, le magazine L’Incorrect a subi une attaque de grande envergure, visiblement coordonnée et destinée à le plonger dans la plus grande difficulté, voire à l’éradiquer. Le 7 juin, la revue mensuelle a d’abord été exclue de deux plates-formes de financement participatif (Ulule et Kiss Kiss Bank Bank), ce qui a empêché le lancement d’un numéro hors-série sur le génie français. Une cyber-attaque s’est abattue sur le magazine le 10 juin. Puis le groupe Meta (Facebook, Instagram, etc.) lui a refusé des publications promotionnelles payantes. Enfin, la banque en ligne pour les entreprises et les indépendants, QONTO, a annoncé au magazine, le 25 juillet, qu’il avait un mois pour vider ses comptes et trouver une autre banque – QONTO avait déjà fait le coup à l’association féministe Némésis, réputée pour ne pas partager les « valeurs » du néo-féminisme woke.

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Dans tous les cas, aucun motif n’a été donné à L’Incorrect, magazine qui semble avoir pour seul défaut sa ligne éditoriale penchant plutôt vers la droite conservatrice et eurosceptique. Non seulement les médias mainstream sont, une fois de plus, restés silencieux, mais, parmi eux, Télérama – 5,5 millions d’euros de subventions publiques en 2023 ! – s’est distingué le 29 juillet par l’intermédiaire de son délateur attitré, Samuel Gontier. Ce dernier a en effet laissé entendre que le directeur de la rédaction de L’Incorrect, Arthur de Watrigant, avait appelé, lors d’une émission de télé, à « éliminer les musulmans de France ». Ce mensonge n’est pas anodin ; il met en danger la vie d’un homme. Pourtant, aucun journaliste des médias officiels n’a cru bon de dénoncer les dangereuses insinuations du sycophante téléramesque.

Le système médiatique, s’il est conscient du fait qu’il lui est de plus en plus difficile de masquer la réalité, sait aussi qu’il peut encore compter sur une efficace force de frappe, un « discours intimidant fonctionnant comme disqualification de tout point de vue qui n’entre pas dans le cadre prédéfini par l’idéologie dominante » (1). La couverture médiatique des dernières élections législatives a montré toute la véracité de cette assertion. Les résultats des élections sont allés au-delà des espoirs des médias officiels qui ont ainsi pu mesurer leur pouvoir sur l’opinion publique. L’avenir du système médiatique semble assuré – il repose notamment sur une nouvelle caste journalistique bornée, inculte, paresseuse et militante – bref, idéale pour être manipulée et participer à la rééducation de la société. La majorité des journalistes issus des écoles de journalisme ou de Sciences Po ont en effet remplacé le travail et la culture par l’idéologie et l’engagement dans des causes politiquement correctes, de l’écologisme au transgenrisme.

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En plus d’être politiquement endogame, la presse bien-pensante reçoit par ailleurs trop d’argent public pour pouvoir travailler, en toute indépendance, sur certains dossiers qui méritent mieux que les quatre lignes inconsistantes ou orientées écrites par l’AFP, un des piliers du système, et reprises invariablement, telles quelles, dans tous les journaux. Quant aux médias audiovisuels officiels, les récentes décisions de l’Arcom ne peuvent que les réjouir – C8 va disparaître de la TNT, CNews continue de bénéficier d’une fréquence mais est sous très haute surveillance, l’agence dite de régulation rappelle à l’ordre Sud Radio qui a osé inviter un physicien critiquant les conclusions du GIEC tandis que Radio France peut continuer de s’enorgueillir d’interdire d’antenne toute personne osant critiquer les conclusions du GIEC. Par ailleurs, si les médias français sont invités à parler de plus en plus de l’Europe, ils sont également fortement incités à ne le faire que du point de vue des élites bruxelloises – par conséquent, rares sont ceux qui ont osé aborder sérieusement certains sujets comme, par exemple, les échanges secrets entre Mme Von der Leyen et Pfizer, le Qatargate et, plus généralement, la corruption au sein du Parlement européen, le démantèlement d’EDF sous la férule des Allemands, l’entrisme des Frères musulmans dans différentes instances européennes ou le Pacte de Marrakech et les propos hallucinants de la commissaire européenne Ylva Johansson sur l’inévitable et « nécessaire » repeuplement de l’Europe par une immigration quasi-illimitée.

En France, la liberté d’expression n’est plus qu’une expression. Comme il arrive souvent lorsque telle ou telle chose qui importait aux yeux des hommes finit par mourir sous les coups, le mot qui la désigne se gonfle d’importance en se voyant rempli d’une nouvelle mission : faire croire qu’elle est toujours de ce monde, et en excellente santé encore. Ainsi en est-il de la liberté d’expression que le système médiatique officiel, les institutions publiques françaises et la Commission européenne chantent sur tous les toits – tandis qu’ils œuvrent, jour après jour, sans relâche, assidûment, à sa disparition définitive.

(1) Laurent Fidès, Face au discours intimidant, essai sur le formatage des esprits à l’ère du mondialisme (L’Artilleur, 2014).

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Génération tatouage

Un des fléaux esthétiques des temps modernes – qui n’en manquent pas – c’est la prolifération de ces tatouages qui défigurent trop de corps de jeunes. Quelles sont les raisons de cette mode si destructrice et comment mettre un terme à sa propagation? Le regard de Sophie de Menthon.


L’été est la saison des tatouages, du moins c’est à ce moment-là que l’on prend conscience de l’épidémie et même dans certains cas du désastre… et personne n’ose le dire.  

Mais comment ignorer ces corps qui s’offrent à nos yeux, en ville, sur les plages, aux jeux olympiques, partout, tatoués jusqu’à l’os ! Alors on fait semblant de ne pas vraiment y attacher d’importance, de ne pas remarquer, de trouver cela « normal », mais lorsqu’on n’appartient pas à la communauté des tatoués, même tolérants, on se chuchote à l’oreille : « T’as vu ? » en désignant discrètement le nouvel arrivant orné d’un graphisme envahissant, vêtu de scarifications colorées indélébiles. Soyons clairs, ceux qui ne sont pas tatoués, les étrangers à cette secte, sont plutôt traumatisés par cette mode car c’est est une, qui enlève au corps la beauté de sa nudité.

A l’origine, et c’est d’ailleurs un peu toujours le cas, il s’agissait d’un marqueur comme à Tahiti les Maoris qui portaient cela comme des Tartans ethniques. On peut aussi remonter à l’antiquité et aux empereurs romains. Et puis plus récemment les marins en particulier, et d’autres corporations, se sont distingués par des tatouages à l’épaule, comme pour marquer une fierté plutôt sympathique de l’exercice de leur métier. Le tatouage fut aussi la plus terrible des discriminations, la fleur de lys des prostituées méprisées, condamnées à vie par leur marquage ; et surtout plus tard la terrible étoile jaune accompagnée d’un numéro tatoué sur l’avant-bras lorsque l’on avait été dans un camp de concentration : le souvenir de l’horreur gravé sur la peau a fait d’ailleurs que des communautés entières par respect et devoir de mémoire ont renoncé à cette pratique.

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Mais aujourd’hui ? que penser de ces foules à la peau bigarrée sans autre objectif que de se faire remarquer, de sortir d’un anonymat corporel, de faire partie d’un groupe ? Les jeunes surtout, ont d’évidence besoin d’affirmer une identité qu’ils ne trouvent pas autrement qu’à travers une tribu ?  On ne peut s’empêcher de penser que c’est l’expression d’un mal être, et le besoin d’une transgression (quels parents n’ont pas essayé de les dissuader ?). Un fléau qui atteint tous les milieux. Veut-on s’approprier le territoire de son corps, peut-être le seul dont on ait le sentiment de pouvoir disposer ?

Sans compter le piercing encore plus frime ! Mais qui a envie d’embrasser des lèvres trouées d’un anneau ou cloutées ? Mystère.

S’agit-il d’une erreur, de jeunesse, majoritairement qui pousse à payer (cher) une douleur et une forme de mutilation, avec des dessins en général sans beaucoup de sens et encore moins de talent ? Se marquer pour la vie sans penser à l’âge venant qui fera se friper et ornera de rides ces graphismes dont ils sont si fiers ?

Devant ce raz de marée on ne se sent pas le droit de dire quelque chose, encore moins de critiquer. Pourtant, ne faut-il pas les avertir quand même que c’est plutôt rebutant et laid ! Quand on voit entièrement imprimés les bras, les jambes, le visage même de ces athlètes ou de ces hommes ou jeunes femmes magnifiques dont on a l’impression qu’ils sont déguisés, qu’ils se cachent, mais hélas d’un déguisement indélébile, on est inquiets, désolés… Ils ne pourront pas rattraper ce qui peut être le fruit d’un simple moment d’égarement ou alors au prix de tentatives d’opérations compliquées qui laisseront des traces ; sans parler des initiales de l’être adoré du moment que l’on croit aimer pour la vie et qui sera remplacé par un autre qui lui pourra s’estimer trompé à chaque fois que ses yeux se posent sur les traces du précèdent !

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Pourrait-on leur dire que cela ne leur apporte rien ? Qu’ils sont plus beaux vierges ? Libres de leur avenir ? Alors certes, il faut raison garder : la fleurette à la cheville, ou le papillon en bas des reins sont inoffensifs, discrets – cela peut rester un souvenir… et puis si votre ado supplie, on peut trouver des tatouages qui s’effacent ou alors des décalcomanies, le temps que l’envie ne passe. Mais pitié ! Essayons d’enrayer ce massacre corporel qui n’a pas vraiment de sens. Le phénomène de mode est tel que les grands couturiers s’en sont emparés et les mannequins sublimes dont nous admirons la beauté sont tombés dans le design corporel. On peut se demander si ce sont eux qui se sont imposés gribouillés, ou si c’est dans le cahier des charges du couturier ? Les grandes marques pourraient-elles faire preuve de responsabilité au lieu de donner le mauvais exemple ?

Ne pas se laisser aller à la lâcheté des effets de mode surtout lorsqu’ils atteignent notre jeunesse dans la fleur de l’âge.  Et surtout empêchons qu’ils aient l’occasion de se regarder et de se dire : « Tattoo …faux ! »

Élevons le débat et retenons que par principe il faut lutter contre ce qui est irréversible.

Les filles de la plage

Notre chroniqueur ouvre ses boîtes à souvenirs durant tout l’été. Livre, film, pièce de théâtre, BD, disque, objet, il nous fait partager ses coups de cœur « dissidents ». Aujourd’hui, il a choisi de nous parler des films de plage, des pécasseries à Rohmer, de Michel Lang aux sous-doués, pour finalement n’en retenir qu’un seul, « Noyade interdite » de Pierre Granier-Deferre tourné à Saint-Palais-sur-Mer et sorti en 1987.


Chers lecteurs, vous connaissez mon tropisme balnéaire cinématographique. Ne suis-je pas le dernier chroniqueur de la place, inconscient et totalement insensible aux déconstructions à la manœuvre à continuer de vous parler d’Aldo, de Francis Perrin, de Katia Tchenko et d’Olivia Dutron ? De braver ainsi les ligues de vertu et les rabroueurs assermentés. Seul, j’ai résisté à toutes les tentatives d’un cinéma d’auteur à base de terrils du Nord, de famille fragmentée et d’identités complexes. Seul, je suis resté sur ma ligne, tel le dernier des mohicans, à prôner le string joyeux, la musique disco sous UV, la carte postale érotique et le rire potache. On m’a traité de réactionnaire puéril, d’attardé estival et de baigneur fou. On m’a déconsidéré dans les cercles car j’ai avoué mon admiration pour la carrière d’Edwige Fenech et mon inconditionnel amour à Michel Robin et Martine Sarcey. On m’a fait comprendre que le cinéma-bronzette de Pécas était indigne de nos temps incertains où planent des menaces systémiques. L’heure serait à la retenue. Il est temps que je m’intéresse aux problèmes sociétaux de notre pays, que je fasse mon auto-critique et que je goûte enfin aux délices d’un film plombant et chouinant à souhait. Que j’arrête de tout ramener à la 7ème Compagnie et que si un jour, j’avais l’intention de briguer la présidence du CNL, il faudrait que je cesse sur le champ de dire : « Il nage bien le chef ! » afin de dégeler le climat tendu d’une réunion paritaire.

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Nous dissertons depuis longtemps ensemble sur ce thème du film de vacances de pur divertissement qui se regarde d’un transat, qui ne vous demandera ni barrage républicain, ni surveillance de l’Assemblée nationale. Un film déconnecté des réalités, chargé de second, voire de troisième degré, qui ne recule devant aucune audace stylistique, c’est-à-dire l’humour troupier, la fesse légère, le libertinage bon enfant et un nudisme d’atmosphère. Le choix est large. Si nos politiques peinent à former des gouvernements de cohabitation, nos réalisateurs ont été prolixes en la matière. Bien sûr, il y a les classiques, les indémodables, les bornes existentielles : « les sous-doués » de Zidi qui vaut pour la présence de Gérard Lenorman à l’écran ; « On a volé la cuisse de Jupiter » de Broca, car un été en Grèce sans Catherine Alric est un été raté ; « Un moment d’égarement » de Berri où le jeu de Christine Dejoux est d’un naturalisme désarmant, cette actrice, je le redis, a été sous-exploitée ; bien sûr « L’Année des méduses » de Frank avec une Caroline Cellier au paroxysme de son sex-appeal varois ou « L’Hôtel de la plage » de Lang avec une Sophie Barjac aussi émouvante que Marie Dubois. Pour ceux qui aiment vraiment rire, « Pauline à la plage » réserve quelques passages poilants, le meilleur rôle d’Arielle reste, sans conteste, son interprétation déclamatoire dans « Miami Vice ».

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Cette année, j’ai décidé d’appliquer une méthode scientifique pour déterminer les critères objectifs d’un film de plage réussi. J’en ai dénombré quatre. Le premier étant la présence de Guy Marchand, le deuxième doit figurer au générique au moins une actrice italienne parmi les nommées (Vitti, Sandrelli, Martinelli, Massari et Virsi), le troisième, réunir un aréopage de jeunes comédiennes françaises secrètes et peu frileuses, et le quatrième, un meurtre en pleine saison. Un film d’été sans un mort, c’est une coalition sans couacs. J’ai trouvé l’objet, il s’agit de « Noyade Interdite » de Pierre Granier-Deferre. Il répond en tout point à nos règles. Guy Marchand joue un inspecteur velu et narquois. Stefania Sandrelli étrangement doublée en version française justement par Martine Sarcey incarne un agent immobilier assez crédible et tentateur ; toute la jeune garde est là, elles sont dorées, piquantes, énigmatiques et insoumises, elles s’appellent Marie Trintignant, Gabrielle Lazure, Elisabeth Bourgine et Anne Roussel, et il y a plusieurs meurtres pour rameuter les touristes et les radios locales. Si l’on ajoute à ce tableau déjà très affriolant, Philippe Noiret mal rasé conduisant une Rover V8, Andréa Ferréol, veuve en colère exponentielle, et Dominique Zardi vendant des chouchous, on a le quinté gagnant !

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Sous la botte, la beauté

Les Jeux olympiques lui doivent beaucoup, le IIIe Reich aussi. Portée par la chance et guidée par l’opportunisme, Leni Riefenstahl a mis son talent au service du nazisme. Ses images mythiques et ses amitiés douteuses ont occulté son génie.


La dame aura poussé loin la coquetterie : franchir le cap des 100 ans et mourir dans son lit, une nuit de septembre 2003, à peine remise de ses fractures dues à la chute de l’hélicoptère mitraillé avec lequel elle fuyait la guerre civile au Soudan… Leni Riefenstahl n’avait peur de rien.

Ayant passé son examen de plongée en 1972, elle photographie encore, à 90 ans révolus, les fonds marins des Maldives, pour lesquels elle s’est prise d’une chaste passion. Dix ans plus tôt, son objectif a immortalisé les Noubas, tribu de somptueux guerriers africains au corps peint, scarifié, que la civilisation occidentale n’avait pas encore atteinte. Succédant à l’administration anglaise du Soudan, le régime arabo-musulman a mis moins de vingt ans à clochardiser cette peuplade « primitive », anéantie sous la férule de l’islam.

Comité international olympique D.R

Leni Riefenstahl était tombée un jour sur un cliché noir et blanc signé George Rodger : un lutteur nu, athlète juché sur les épaules de son adversaire, en vainqueur. Dès lors, elle n’a eu qu’une idée en tête : filmer l’éden inviolé de l’Apollon soudanais. En 1962, la Lufthansa finance son expédition. Mais les lourdes caméras 35 mm sont intransportables en brousse : d’où le repli vers la photo. Leni passe plus de huit mois parmi les indigènes et y retourne jusque dans les années 1970, assistant, « impuissante, à la déchéance des Noubas », comme le raconte Jérôme Bimbenet dans la biographie que réédite à bon escient Tallandier.

« Où est ma faute ? »

Son titre ? Leni Riefenstahl : la cinéaste d’Hitler. Une publication qui tombe à pic pour les JO de Paris ! Car Leni Riefenstahl ne s’est pas contentée de shooter les derniers « bons sauvages », elle a aussi réalisé Les Dieux du stade, documentaire que lui a commandé le Führer en 1936 à l’occasion des « Olympiades » de Berlin, comme on disait alors.

Ses fréquentations la poursuivront d’un durable ostracisme dans la fraîche RFA, et bien au-delà. D’autant que « Leni Riefenstahl est morte comme elle a vécu, sans la moindre once de remords, de culpabilité, de conscience politique, dévorée par un ego surdimensionné. Jusqu’à la fin, note son biographe, elle aura posé cette question : “Où est ma faute ?” » De fait, ses assiduités auprès d’Adolf, jointes à d’ardentes compromissions avec le gratin du Reich n’ont pas arrangé la suite de sa carrière.

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Rembobinons. Dotée d’un physique attrayant malgré son léger strabisme, douée d’une confiance en soi et d’un culot à toute épreuve, cette fille de la bourgeoisie d’affaires cumule les atouts : gymnaste, patineuse, championne de tennis, cavalière, elle est aussi pianiste (le compositeur Busoni lui dédie une Valse-Caprice), matheuse… et spirite, mais surtout, danseuse – au point de devenir, dans les années 1920, une véritable star. Une torsion du genou décide de sa reconversion à l’écran. Comme figurante, d’abord, puis comme vedette de films de montagne. Idolâtrée par son producteur, passion blanche dont elle se console dans les bras de l’acteur, du cadreur (puis de quantité d’amants sa vie durant), Leni Riefenstahl « apparaît déjà comme l’héroïne combattante de l’Allemagne, une vierge guerrière, une walkyrie ».

L’adolescente apolitique a traversé « les soubresauts de la Grande Guerre sans prendre bien conscience des événements ». Adossées à une folle ambition, ses convictions ne sont guidées que par l’esthétique : de là son « attirance pour la beauté géométrique et parfaite des corps » ; et la mystique nazie lui en propose l’incarnation. Pour autant, Leni n’a jamais pris sa carte du parti. « Je ne suis heureuse que lorsque je vois quelque chose de beau. La laideur, la misère, le pathologique me répugnent. Diriez-vous que la beauté est fasciste ? » se défendra-t-elle.

D.R

Leni a toujours prétendu n’avoir jamais entendu parler d’Hitler avant 1932. En attendant, de La Montagne sacrée à La Lumière bleue et du « muet » au « parlant », elle enchaîne les films de montagne – devant, puis derrière la caméra. Télégrammes élogieux de Douglas Fairbanks, de Chaplin. Elle lit Mein Kampf. Elle écrit : « Très honoré M. Hitler, pour la première fois de ma vie, j’ai assisté voici peu à un meeting politique. Je dois avouer que votre personne et l’enthousiasme des spectateurs m’ont impressionnée. Je souhaiterais faire personnellement votre connaissance. Une réponse de votre part me réjouirait grandement. » Alors que Leni s’apprête à tourner SOS Iceberg, gros budget, Adolf lui fixe rendez-vous. Promenade en bord de mer ; fascination réciproque. Le jour même où sort SOS Iceberg en Allemagne, Leni entame le tournage de Victoire de la foi – son initiation au film de propagande. En remerciement, Adolf lui offre une Mercedes décapotable. Entre-temps, il a été nommé chancelier. Courtisée par Goebbels (à qui elle voue par la suite une détestation absolue), assidue de Speer (qui a alors 28 ans), Leni se voit aussitôt commander la réalisation d’un film dont Hitler a choisi le titre, celui du congrès de Nuremberg : Le Triomphe de la volonté.

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Survol en dirigeable, caméras fixées à des ascenseurs, techniciens par centaines : le rassemblement de septembre 1934 (500 000 figurants !) est conçu d’emblée comme le plateau d’un film à grand spectacle. Immense succès, le film est montré par la toute nouvelle Cinémathèque française lors de l’Exposition universelle de 1937. « Le seul chef-d’œuvre du cinéma allemand de ce temps », tranche Henri Langlois.

Richard Strauss écrit l’hymne des Jeux olympiques de 1936, et à sa cinéaste officielle, le régime ne lésine plus aucun moyen. Budget colossal, donc, pour Olympia, puis Les Dieux du stade et enfin Jeunesse olympique. Leni y multiplie les innovations technologiques. « Les Jeux de Berlin furent les premiers de l’ère médiatique », observe Bimbenet. Dans toute l’Europe, le triptyque est un triomphe. Mérité.

« La vie de Leni Riefenstahl, c’est cent ans de travelling dépourvu de morale », écrit pour sa part Antoine de Baecque. La Führerin du cinéma allemand l’a payé cher.

À lire

Jérôme Bimbenet, Leni Riefenstahl : la cinéaste d’Hitler, Tallandier, 2024.

Il faut sauver les nageurs sauveteurs CRS!

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Chaque année, la sécurité sur nos plages est assurée par les nageurs sauveteurs CRS qui sont formés et équipés pour plusieurs missions essentielles. Cet été, ils sont mobilisés pour les JO de Paris, démunissant notre littoral et augmentant le risque de noyades pendant cette « parenthèse enchantée ». Plus grave encore, d’année en année, leur nombre ne cesse de diminuer en vue de la suppression à terme de ce dispositif. Plaidoyer pour les NS CRS par Patrice Martin, délégué national CRS MNS-NS Un1té.


Cet été, l’absence des 280 nageurs sauveteurs CRS (NS CRS) sur les plages françaises se fait cruellement sentir, constituant un renfort dérisoire pour les Jeux Olympiques. Cette situation coïncide avec une hausse préoccupante des noyades, en particulier dans les Alpes-Maritimes, où elles ont augmenté de 30%. Malgré une baisse générale des noyades au mois de juin en raison d’une mauvaise météo, la deuxième moitié de juillet a vu une augmentation de 22% par rapport à 2023. Les NS CRS, qui assuraient jusqu’à présent des missions de sauvetage et de police, n’ont pas été entièrement remplacés par des sauveteurs civils en raison d’un déficit de BNSSA (Brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique)en France.

Par conséquent, plusieurs communes du littoral, démunies, peinent à garantir la surveillance et la sécurité des lieux de baignade, certaines étant même contraintes de fermer des postes de secours et de réduire les zones de surveillance.

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Depuis 1958, les NS CRS jouent un rôle crucial sur les plages, leur effectif ayant évolué de 700 à 800 dans les années 80, à 722 en 2002, 495 en 2009, suite à la Révision générale des politiques publiques (RGPP), et seulement 280 en 2023 pour 55 communes littorales. Cette diminution constante s’explique par la volonté politique de supprimer progressivement ce dispositif, au prétexte que la police des baignades incombe aux maires. Pourtant, chaque année, l’activité judiciaire et les constatations d’infractions ne cessent de croître.

Le manque d’effectifs dans les Compagnies de CRS (origine du mal) a poussé le ministère de l’Intérieur à récupérer ces ressources pour les sites olympiques, ce qui représente un renfort insignifiant face aux 8000 CRS mobilisés pour les JO.

Les NS CRS, seuls à cumuler les fonctions de policiers et sauveteurs, sont essentiels pour assurer la sécurité sur les plages. Depuis 2016, ils sont armés et peuvent seuls répondre à des menaces terroristes, apportant également leur expertise aux jeunes sauveteurs civils avec lesquels ils collaborent. La suppression de leur mission met en péril la sécurité des usagers de la plage, alors que la délinquance se déplace également sur le littoral durant l’été. Cette police de proximité est essentielle.

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En 2023, au détriment de leurs jours de récupération, les NS CRS ont prouvé leur capacité à s’adapter rapidement, en se rendant disponibles lors des émeutes de juillet et en renforçant les effectifs pour la Coupe du Monde de Rugby dès le mois de septembre. Leur professionnalisme, leur disponibilité et leurs compétences ne sont plus à démontrer.

Il est impératif de redéployer ce dispositif pour l’été prochain afin d’assurer la sécurité sur les plages, car l’organisation des JO 2024 s’est faite au détriment de cette mission essentielle.

Le syndicat UN1TE, s’engage plus que jamais dans la pérennité et le renouvellement de cette mission. Il y va de la sécurité et de la tranquillité des citoyens.

Violences et immigration: du Royaume Uni à la France

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Y a-t-il un lien entre immigration et criminalité? Les événements outre-Manche semblent indiquer qu’il est impossible d’avoir un débat apaisé sur cette question. En France aussi, les gouvernements successifs ont préféré tirer un voile sur ce sujet, au risque d’affaiblir l’ordre publique et l’état de droit. Tribune de Charles Rojzman.


Au Royaume Uni, à la suite de manifestations qualifiées de racistes par le gouvernement travailliste, ont eu lieu d’autres manifestations antiracistes où le drapeau palestinien était bien en vue, en l’absence du drapeau national. Mais que se passe-t-il en France ? Des policiers lynchés, des commissariats attaqués, des écoles saccagées, une centaine d’agressions à l’arme blanche, couteaux, haches ou machettes, par jour, un trafic de drogue omniprésent… Il devient de plus en plus impossible de nier la relation entre, d’un côté, la criminalité et la violence de rue et, de l’autre, l’immigration ou plutôt une partie importante de la jeunesse principalement masculine dont les ascendants sont venus du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne et qui vit dans des quartiers abandonnés aux caïds de la drogue et des islamistes.

Comment expliquer la violence et la délinquance de beaucoup de ces jeunes, génération après génération, reconnue aujourd’hui, même si pour des raisons idéologiques certains s’insurgent contre cette affirmation et l’attribuent à l’extrême-droite? Par ailleurs, les gouvernements successifs craignent un embrasement des banlieues comparable en plus grand à celui de 2005 en raison de la disponibilité d’armes de guerre.

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Certains parlent déjà ouvertement d’un djihad islamiste à bas bruit contre les infidèles que sont les représentants de l’Etat : policiers, pompiers, professionnels de l’éducation et du travail social, personnels des mairies…

Sans nier absolument cette interprétation pessimiste et qui nous préparerait des affrontements plus graves dans le futur, je voudrais y ajouter une analyse élaborée à partir de mes nombreuses expériences dans presque tous ces quartiers d’habitat social qui ont vu fuir progressivement tous ceux qui ne pouvaient plus supporter les violences et les incivilités quotidiennes et qui avaient l’obligation ou simplement les moyens de partir.

En réalité, nous assistons là à un choc frontal entre deux civilisations. Une civilisation de de la honte, de l’honneur et du clan favorisant cette brutalité masculine qui s’exprime naturellement par de la colère, de la susceptibilité, de la jalousie, par la tentation du pillage et du harcèlement et qui dans les pays du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne est domptée par la force extrême et brutale des autorités. Et une civilisation de la repentance, de l’amour obligé de l’autre, de la bienveillance, du droit qui protège le criminel parfois davantage que sa victime. Comme le disent les policiers, dans leurs propres termes, ils sont « des boxeurs avec des mains liées dans le dos ».

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Pour éviter une escalade dans la violence, devrons-nous renoncer à une partie de notre état de droit qui fit notre fierté dans le passé? Les agissements de ces jeunes hommes, mineurs et majeurs, qui attaquent des commissariats au mortier, lynchent des policiers, rendent la vie des riverains impossible et dangereuse, jour et nuit, sont à l’origine d’innombrables rixes et importunent les femmes et les personnes âgées dans la rue et les transports urbains. Cette jeunesse devra-t-elle alors être matée par la force brutale, armée le plus souvent, comme elle le serait en Algérie, au Maroc, et même aux Etats-Unis et en Russie ?

Les morts et les blessés qui résulteraient, au début en tout cas, de telles interventions seraient-elles supportables pour des gouvernements qui pensent avoir d’autres chats, économiques en particulier, à fouetter et qui préfèrent mettre cette question de l’insécurité sous le tapis en espérant peut-être un miracle économique aujourd’hui illusoire qui verraient ces jeunes turbulents se ranger tous sous la bannière du néo-libéralisme et de la société de consommation ? Avec le risque – déjà avéré dans plusieurs villes – d’une véritable prise du pouvoir politique local par les mafias et les islamistes?

Chez les fous

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Souffrant de schizophrénie, Matthieu de Vilmorin raconte ses différents séjours en hôpital psychiatrique, un récit qui fait preuve d’humour mais surtout de compassion à l’égard des patients qu’il a rencontrés.


C’est un joli mot que celui de lunatique. Il a un côté désuet. On lui préfère schizophrène, névrosé, fou. Et pourtant ils existent, ces hommes et ces femmes qui ont besoin de camisole chimique, de chambre close, de parc silencieux. Dans un très beau livre, écrit sobrement, avec beaucoup de sérénité, voire de douceur, Matthieu de Vilmorin raconte son « séjour chez les fous », comme il le dit lui-même sans philtre. Sa première crise remonte à fin juillet 1983, survenue à Rio de Janeiro. Il fait alors la connaissance de « drôles de dingues ». Il doit affronter le diable en personne, se sentant littéralement possédé. Il écrit : « Entre la maladie psychique (culture occidentale) et la possession (culture tribale ou ethnique), des rapprochements ont été tentés ». Il sera ensuite hospitalisé à Sainte-Anne, pavillon Esquirol, puis dans d’autres établissements spécialisés, pour y subir plusieurs traitements et côtoyer de singulières personnes qu’il nous présente avec humour. Car le choix est simple : « Rire ou crever » comme disait Robert Brasillach, dans son roman Comme le temps passe, que cite l’auteur. Même si, aujourd’hui, il poursuit son traitement pour juguler les attaques de la schizophrénie, Matthieu de Vilmorin mène une vie normale. Du reste, à la fin de son témoignage, sans tourner autour du pot, il déclare : « La folie n’est que le degré élevé de la névrose, car la définition de notre humanité, c’est la névrose ».

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Il est de notre devoir de soulager cette population en souffrance, et de lui donner l’amour qu’elle réclame, surtout quand les ténèbres les cernent. Je ne peux m’empêcher de penser aux 40 000 internés, oubliés désormais, qui sont morts de la famine et des électrochocs pendant l’Occupation. Je ne peux m’empêcher de penser à Antonin Artaud enfermé à Rodez ; Artaud qui écrit, véhément, en pensant à Nerval, Poe, Baudelaire, Van Gogh, Nietzsche : « Ils ne sont pas morts de rage, de maladie, de désespoir ou de misère, ils sont morts parce qu’on a voulu les tuer. Et la masse sacro-sainte des cons qui les considéraient comme des trouble-fête a fait bloc à un moment donné contre eux ».

La nuit est trouée de milliards d’étoiles qui forment un sillon de poudre lumineuse. Je ne sais où il conduit ; peut-être nulle part ; peut-être là où ils sont tous, dansant le rigodon, délivrés enfin.

Matthieu de Vilmorin, Les Lunatiques. Mon séjour chez les fous, Bayard, 2018.

Alors, on lit quoi cet été ?

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Notre chroniqueur a sélectionné des livres qui ne parlent ni de cohabitation, ni de triangulaires. Au menu de cette bibliothèque des plages, du western à papa, du Don Quichotte de la Mancha, du Calder tourangeau, du Schönberg autrichien, du Vitoux des familles, du Mazzella de la chambre d’amour et du Stéphanie des Horts preppy.


Drame à Cape Cod

Stéphanie des Horts est une romancière d’investigation. Un profil rare dans le paysage éditorial français. Son terrain de chasse : les « Happy few » comme on disait dans les années 1980. Elle ne s’intéresse pas au tracas de la ménagère du coin de la rue ; elle fouille, elle observe, elle décrypte, elle lève le voile sur les « grands » de ce monde, têtes couronnées, magnats du pétrole, armateurs billionnaires, tycoons des médias et mannequins ébréchées. Pourquoi aime-t-on se plonger dans les sagas chaudes et désaxées de cette Barbara Cartland pétroleuse aux vrais dons littéraires ? Parce qu’elle a l’œil de l’écrivain, une plume qui accélère, une tendresse pour les enfants gâtés, une attirance pour les romances fracassées et qu’elle s’appuie sur une très riche documentation sans que son lecteur le remarque. C’est en refermant son dernier roman sur la malédiction Kennedy que l’on se rencontre à quel point elle a réussi à trouver une vérité dans cette histoire entre le fils de Kennedy et Carolyn Bessette. Deux « beautiful people » en proie aux cris et aux larmes. Il fallait tout le talent de Stéphanie des Horts pour approcher ces deux-là, trop beaux, trop riches, trop lumineux pour espérer décrocher une minuscule parcelle de bonheur. Un roman qui sent la pop music de Madonna, le style Ivy League de Ralph Lauren et le glamour frelaté d’une fin de siècle aux US. Stéphanie ne serait-elle pas notre Bret Easton EIlis en talon de douze centimètres ?

Caroline et John de Stéphanie des Horts – Albin Michel

Boudard au ranch

François Cérésa n’a jamais quitté le terrain de l’enfance. Il suffit de voir sa longue silhouette sur le boulevard Saint-Germain, décomplexée, provocatrice et désenchantée ; beau mec prêt à dégainer sa Winchester si le premier malotru croisé lui parle mal. Cérésa est un bonhomme à l’ancienne, un écrivain des plaines sauvages, franc-tireur littéraire qui déteste notre époque lessivée aux bons sentiments. Cérésa comme tous les gamins des années 1950 n’avait pas l’ambition de vivre comme un « petit » technocrate satisfait ou un politicien tambouilleur. Il voulait canarder, rêver plus haut, bourlinguer et se tenir tête haute. Cérésa aime les causes perdues, le panache plutôt que le déshonneur. Alors, il enfile ses bottes mexicaines, chevauche un Mustang et nous fait l’éloge du western de papa. « Il est nazebroque » écrit-il, ce cinéma à la Gary Cooper, John Wayne, Burt Lancaster, Lee Marvin ou Robert Mitchum. Il sort son colt pour défendre cette espace de liberté qui serait jugé aujourd’hui trop archétypal dans une société qui a peur de son ombre. Cérésa dégaine avec une langue harponneuse, pleine de hargne et de drôlerie. Après l’avoir lu, on a juste envie de se faire une toile.

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Total Western de François Cérésa – Séguier

Quoi de neuf ? Cervantès !

Don Quichotte, antihéros, fondateur du roman moderne, usurpateur, bambocheur, romantique sarcastique, fou ou illuminé ? Nous avons tous besoin d’une séance de rattrapage, un « reset » sur les idées préconçues ; le chevalier errant dépenaillé est toujours plus ou autre chose. On projette sur lui nos peurs et nos insuccès. Il nous fallait donc un professeur au Collège de France, une sommité, titulaire de la chaire Littératures comparées, pour approcher ce fier hidalgo cabossé. William Marx nous pose une quarantaine de questions sur ce drôle d’animal et il y répond avec un humour britannique, ne dédaignant pas le contrepied et la farce. Il s’interroge sur le corps de Don Quichotte, sur sa naissance, sur son apport à la langue française, sur son féminisme, sur sa rencontre avec Shakespeare et même, audace suprême, cet universitaire ne recule décidément devant aucune pochade (très) érudite sur la possibilité que Don Quichotte prenne le nom de François Pignon. C’est abyssal donc indispensable sur la Costa Brava ou dans une maison de famille du Perche.

Un été avec don Quichotte de William Marx – Équateurs parallèles

Mobiles en Touraine

L’été, on baguenaude, on renifle cette campagne française, on communie avec cette province qui fait rire à la capitale. On reprend pied avec son pays. La Touraine, élixir de jouvence, creuset de la langue française, recèle mille merveilles à celui qui veut bien décrocher de ces virtualités accaparantes et oublier l’actualité mortifère. « Imaginer Calder » est une balade dans cette belle région, nous sommes guidés par une tourangelle, elle est née à Chinon, à la plume délicate, qui ne se hausse pas du col et dont la musique s’infiltre en nous, naturellement, comme le lit d’une rivière. Au départ, nous n’avions aucun intérêt ou désintérêt particulier pour l’œuvre d’Alexandre Calder. Bien que berruyer de naissance, j’ai vu toute mon enfance, son stabile (caliban) dans le hall de la maison de la culture de Bourges, inauguré par Malraux et le Général. Géraldine Jeffroy nous raconte la vie d’un américain, sculpteur international, qui a vu le jour en Pennsylvanie mais qui va acheter la maison de François 1er à Saché en 1953 et qui y vivra plus de vingt ans.

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Imaginer Calder de Géraldine Jeffroy – arléa

Et s’il vous reste encore de la place dans votre sac de voyage, il faut absolument emporter Le Satan (Bach ?) de la musique moderne de Gemma Salem publié chez Serge Safran éditeur. Il s’agit du dernier texte inédit écrit par cette écrivaine de haut vol, enfiévrée et percutante, disparue à Vienne en 2020 qui fut une grande spécialiste de Thomas Bernhard. C’est remarquable de concision et de vigueur dramatique sur le compositeur autrichien Schönberg. Ne pas oublier L’Ami de mon père de Frédéric Vitoux qui reparaît en format poche au Points avec une préface inédite de Frédéric Beigbeder. Roman d’apprentissage sur ce père qui fut emprisonné à Clairvaux à la Libération, déchirant et initiatique, sans graisse, ni pathos, avec une forme d’élégance filial. Et enfin, l’un de mes chouchous, le basque Léon Mazzella qui nous offre un roman Belle perdue aux éditions Cairn, sorte de Dolce Vita Biarrotte aux sentiments juteux et à la construction inventive, j’y ai vu des traces modianesques de Villa Triste.

Soirée mousse

Blonde, blanche, brune, ambrée… la bière se décline à l’envi et séduit de plus en plus d’amateurs, des campings aux restos étoilés. Ce breuvage millénaire, dégusté dans le monde entier, a trouvé en France une terre d’élection, jusqu’à constituer une véritable économie. Quelques conseils avisés pour siroter, cet été, une pinte à votre goût.


L’amateur de bière est certainement plus détendu que l’amateur de vin. Il ne crache pas, n’exhibe pas son savoir et se laisse aller au simple plaisir de boire… Ce n’est pas non plus un obsédé du terroir, la bière pouvant être fabriquée n’importe où sans qu’il soit possible d’identifier l’influence du lieu qui l’a vue naître (à l’exception, peut-être, des bières corses, qui intègrent des produits locaux comme la farine de châtaigne, le miel du maquis et la fleur d’immortelle). En commandant une pression, son plus grand plaisir est de « partager le fût » avec ses copains. Et face à une bière soi-disant d’exception, la première question qu’il pose est : « Est-ce que c’est pintable ? » (« Est-ce qu’on a envie d’en boire une pinte ? »)

La bière, une histoire universelle

Plusieurs fois millénaire, la bière est aujourd’hui la boisson la plus consommée dans le monde (après l’eau et le thé) mais aussi, peut-être, la plus méconnue. Son nom apparaît pour la première fois sur des tablettes d’argile gravées par les Sumériens qui l’appellent sikaru. C’est alors une boisson sacrée offerte à la déesse Nin-Harra. L’Empire babylonien, qui succède à Sumer, accorde une importance sociale très importante à la bière puisque le Code du roi Hammourabi (env. 1750 avant J.-C.) stipule que les brasseurs reconnus coupables d’avoir produit une boisson impropre à la consommation seront condamnés à être noyés dans leur propre bière… À cette époque, la bière, c’est essentiellement de l’orge germée (malt), broyée en farine, façonnée en pain, cuite au four, puis fermentée dans de l’eau. En Égypte, on l’appelle « vin du Nil ». La déesse Isis, protectrice des céréales, est associée à Osiris, patron des brasseurs. Des hiéroglyphes décrivent ce rituel de la bière servie dans des cruches fraîches et bue à la nuit tombante : rêver de bière dans son sommeil est perçu comme un bon présage. Avant que les Romains les envahissent et développent la culture de la vigne, les Gaulois aussi aiment la cervoise qu’ils conservent dans des tonneaux. Mais le plus étonnant, dans cette histoire universelle de la bière, c’est de constater que, jusqu’au début du XXe siècle, et ce quelle que soit la civilisation, elle reste l’apanage des femmes chargées de la fabriquer. La femme, seule, possédant dans l’imaginaire des mythes le pouvoir de transformer les céréales en une boisson désaltérante et enivrante (comme chez les Incas, où seules, des « vierges du soleil » ont le droit de préparer la bière de maïs de l’empereur). Longtemps, dans les tréfonds de l’Allemagne luthérienne, la jeune mariée récite cette prière en pénétrant dans sa nouvelle demeure : « Notre Seigneur, quand je brasse, aide la bière, quand je pétris, aide le pain. » De même, en 1900, en France, des campagnes publicitaires incitent les femmes à boire de la bière censée favoriser l’allaitement… (C’était avant la loi Évin !)

© Delambora Production

Depuis quelques années, le monde de la bière est en pleine effervescence. Et la France, que l’on connaissait pour être la patrie des grands vins, se révèle aussi comme le pays d’Europe qui, ô surprise, compte le plus grand nombre de brasseries : 2 500 ! D’ailleurs, 70 % des bières consommées sur notre territoire sont produites localement. La première région brassicole est l’Auvergne-Rhône-Alpes qui abrite à elle seule 386 brasseries. De l’épi au demi, l’économie de la bière représente pas moins de 130 500 personnes pour 15 millions d’euros de chiffre d’affaires. La France produit aussi 4 millions de tonnes d’orge (la plus vieille céréale du monde), ce qui fait d’elle le second exportateur mondial. On recense 207 houblonniers (répartis surtout en Alsace et dans le Nord). Ce faisant, la bière a changé de statut : artisanale, elle est devenue une boisson qualitative que de plus en plus de grands chefs étoilés n’hésitent plus à proposer, à l’égal d’un bon vin, et à marier avec des plats (comme Édouard Chouteau, dans son restaurant La Laiterie, à Lambersart, près de Lille). Dans les concours de meilleurs sommeliers de France, les questions portant sur les différents types de bières sont devenues incontournables. Bref, la bière est devenue une boisson chic !

Laurent Cicurel, le patron de La Fine Mousse (l’un des premiers bars à bières de la capitale) résume bien cette tendance : « Demander un demi, comme le faisait le commissaire Maigret, n’a plus aucun sens aujourd’hui… Un demi de quoi ? Blonde, blanche, brune, ambrée ? Gueuze, kriek, IPA, stout, Barley Wine, Porters, bière de saison ? La diversité est immense et la palette aromatique est plus large que celle du vin : une bière peut être herbacée, florale, fruitée, boisée, caramélisée, épicée, acide, amère… On vient ici pour découvrir de nouveaux goûts. La Fine Mousse ne sélectionne que des bières artisanales produites par des brasseries indépendantes : sur 2 500 brasseries françaises, j’estime qu’il y en a moins de 50 qui ont un haut niveau d’excellence. »

Jusqu’à la fin des années 1990, les industriels de la bière régnaient sans partage et se contentaient de servir de la blonde légère (type lager ou pils – la bière inventée par les Tchèques de Pilsen il y a cent cinquante ans).

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Depuis le début des années 2000, c’est l’IPA (India Pale Ale) qui est devenue la bière de référence aux yeux des connaisseurs. Cette bière anglaise blonde, pâle et amère, est le fruit du mariage génial entre le malt et le houblon. En effet, pour que les bières supportent le voyage en bateau jusqu’en Inde ou en Afrique du Sud, les brasseurs de Manchester et d’ailleurs avaient eu l’idée d’ajouter de la fleur de houblon, dont les huiles essentielles miraculeuses protègent la bière de l’oxydation et des contaminations microbiennes. Surnommé l’« épice de la bière », le houblon apporte de surcroît au breuvage une amertume virile et des notes délicieuses d’agrumes et de fruits exotiques. La bière houblonnée, pourtant, est restée longtemps oubliée, et ce sont les brasseurs américains qui l’ont remise sur le devant de la scène.

En 1978, le président Jimmy Carter abroge une loi datant de la prohibition qui interdisait le brassage de la bière à domicile. Une nouvelle génération de microbrasseurs apparaît alors aux États-Unis, dont l’objectif est de redonner du goût à la bière, qu’ils baptisent « Craft Beer ». Pour cela, rien de tel que la bonne vieille recette des brasseurs anglais de l’empire des Indes ! Le houblon fait alors son retour.

Une « bière artisanale », toutefois, n’est pas nécessairement gage de qualité. Souvent, la « petite bière locale » n’est rien d’autre qu’un attrape-touristes (comme celle de l’île de Ré). Surtout, la mode de l’IPA a généré un certain conformisme : en forçant sur le houblon et ses notes de fruits exotiques, les brasseurs se contentent d’appliquer une recette commerciale. Sur les dizaines de bières dégustées, voici celles que nous vous recommandons pour cet été.

Brasserie Thiriez

Fondée par le pionnier Daniel Thiriez, au village d’Esquelbec, près de Dunkerque, cette brasserie a été la première en France à produire des bières houblonnées vieillies en fût de chêne. Belle mousse blanc nacré, nez de foin séché et d’agrumes. Aux États-Unis, Daniel Thiriez est une star.

www.brasseriethiriez.com

La Micro-Brasserie du Vieux-Lille

Une institution depuis 1740 ! Amaury d’Herbigny fabrique ici des bières gastronomiques de toute beauté, non filtrées et non pasteurisées, à partir de houblons et de malts bio des Flandres. Idéales pour accompagner un homard cuit au beurre, une tarte welsh, des moules-frites, une salade de betteraves au magret de canard fumé, un waterzoï, une mimolette vieille…

www.celestinlille.fr

Brasserie Uberach

Située dans la région qui concentre le plus de brasseries en France (Kronenbourg, Heineken, Meteor, Fisher…), cette brasserie des Vosges fondée en 1999 par Éric Trossat utilise des houblons alsaciens et des céréales bio. Ses IPA, notamment celles parfumées à la rose et au gingembre, sont élégantes, légères, élancées comme un clocher alsacien surmonté d’une cigogne.

www.brasserie-uberach.fr

Les Brassées de Nantes

Cette microbrasserie nantaise créée en 2016 par Gabriel Charrin est l’une des meilleures de France. Gabriel utilise ses propres houblons, récoltés à proximité et non séchés, afin d’apporter à la bière un maximum de parfums et une texture soyeuse que je n’ai trouvée nulle part ailleurs.

www.lesbrasses.fr

La Brasserie du Grand Paris

Fabrice Le Goff est devenu en quelques années l’une des plus célèbres figures de la bière artisanale française. Brassées à Levallois-Perret, ses IPA percutantes et résineuses ont un côté très « rock » (entre Led Zeppelin et Frank Zappa).

www.bgp.com

Bière d’abbaye de Saint-Wandrille

C’est la dernière bière fabriquée par des moines, l’appellation « bière d’abbaye » ayant été récupérée par l’industrie d’une façon totalement mercantile. Ronde et dodue.

www.boutique-saintwandrille.com

Où boire une bonne bière artisanale à Paris ?

La Fine Mousse

6, avenue Jean-Aicard, 75011 Paris

www.lafinemousse.fr

La Binouze

72, rue Marguerite-de-Rochechouart, 75009 Paris

www.labinouze.fr

Les origines surprenantes de la séduction en politique

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Un homme déjeune à côté d'un mural représentant Eva Peron au Restaurant Eva Peron, Buenos Aires, ArgentinE, le 26 July 2024. Rodrigo Abd/AP/SIPA

Au milieu du désert médiatique (surtout télévisuel) de l’été, notre chroniqueuse a pourtant trouvé des documentaires intéressants sur Arte, dont un qui traite de la séduction en politique. Si la séduction érotique a été inventée en France, la version politique semble avoir été inventée en Amérique – latine et du Nord – et elle devrait beaucoup au sex-appeal du cinéma et de la musique populaire.


En cet été Olympique bien que désertique (dans l’Est parisien), Arte, (ma chaîne « spécial chroniques »), semble assez désertique également. Pas de docus renversants, ni de séries innovantes – à l’image de « Summer of Voices » de l’été 2021. J’avais cependant repéré une thématique qui me semblait intéressante, sur l’art de la séduction. Tout un programme.

Cette thématique comprend deux documentaires assez courts : « La puissance de la séduction. Le charme au pouvoir » et « Elvis. Le magnétisme d’une idole » (je parlerai du King plus en détails le 17 août, pour le 37éme anniversaire de sa mort).

Le premier nous parle politique, le second, idoles rock’n’roll et cinéma. Le tout est davantage américain qu’européen. Au siècle dernier, les Américains ont « inventé » le concept d’adolescence, ont-ils également inventé une forme de séduction moderne ? Humm, j’y reviendrai plus tard, mais j’ai tendance à le penser.

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Le premier documentaire se situe majoritairement en Argentine, car il traite longuement d’Eva Perón, cette actrice qui épousa Juan Dominguo Perón, futur président de l’Argentine, et qui devint une première dame extraordinairement inventive, qui alliait glamour, chignons blonds et douceur autoritaire. Evita, ainsi que l’appelaient les Argentins, était adorée de son peuple. Elle eut des funérailles à la Staline, les Argentins en pleurs défilant pendant des jours devant son corps embaumé. Elle était, et reste, bien plus connue que son mari, le semi-dictateur « populiste de gauche » Juan Peron.  Et je suis sûre qu’elle servit de modèle à Jackie Kennedy (qui, finalement, ne lui arrivait pas à la cheville).

Qu’avait-elle, en vérité, de si innovant et séduisant ? (A part ses chignons).

J’ai précisé plus haut qu’elle fut actrice avant de devenir icône. Elle connaissait donc par cœur les codes de la séduction des années 40, des tailleurs aux jupes drapées jusqu’aux chignons blonds un peu « choucroutés » qui devinrent sa marque de fabrique. Elle travailla sa voix trop aiguë (ses discours étaient beaucoup plus écoutés que ceux de son mari) et apprit à mesurer ses gestes. Venant elle-même du peuple, elle savait donc s’adresser à celui-ci. Elle fit du « populisme » un art en cinémascope, et, sans Evita, je mets ma main à couper que nous n’aurions jamais entendu parler de Juan Perón.

D’une actrice l’autre. Évidemment, lorsqu’on évoque séduction et cinéma, on se doit de parler de Norma Jean Baker aka Marilyn Monroe. Elle était star parmi les stars, ce qui ne l’empêcha pas de sombrer, cette maudite nuit du 5 août 62, et de devenir, à jamais, un mythe. Elle fit de la séduction un métier. En effet, déjà lorsqu’elle était modèle, elle passait ses photos au crible, ne retenant que les meilleures. Devenue actrice, elle maîtrise à la perfection la science suivante : celle de se faire sentir mâle alpha n’importe quel homme. Elle se sert de mimiques qu’on l’imagine avoir répétées devant son miroir. Elle penche la tête, passe la main dans ses cheveux, entrouvre les lèvres. Cependant, cette fille au sex-appeal infernal et à la grâce divine se laissa dépasser. Justement par son sex-appeal et sa grâce. Nous le voyons bien lors de sa prestation pendant la guerre de Corée, lorsqu’elle semble s’abandonner dans les bras de chaque soldat, en extase. Cela n’est assurément pas travaillé. A l’image d’Elvis, elle est une fleur née au fond d’une poubelle. Et l’Amérique puritaine des années 50 avait ce talent : celui de faire jaillir de nulle part des demi-dieux et demi-déesses. C’est pour cela que j’ai affirmé plus haut que l’Amérique avait « inventé », finalement, une forme de séduction. Celle qui fait appel directement au circuit de la récompense, qui rend hagards les hommes, et folles les filles.

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Elvis, frère jumeau de Marilyn, était devenu très malheureux lorsque son manager, le Colonel Parker, voulut faire de lui un produit marketing. Il voulait retrouver la transe, celle qu’il expérimenta dans les églises noires, enfant. Celle qu’il exprima dans les bouges, également fréquentés par des Noirs et où il apprit à chanter. C’est, paradoxalement, lorsqu’il commença à grossir, gavé d’amphétamines et de beurre de cacahuètes, qu’il retrouva cette grâce, et son sex-appeal, et son déhanché, également infernaux. Étymologiquement, séduire (seducere) signifie : « éloigner du droit chemin ». Marilyn et Elvis se sont éloignés du droit chemin, en se rapprochant de ce qui avaient fait d’eux des mythes inégalés et inégalables. Et c’est probablement cela, la séduction.

En France, la liberté d’expression n’est plus qu’une expression

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Thierry Breton, Commissaire européen au marché intérieur, lors d'une conférence de presse sur le Digital Markets Act, à Bruxelles le 25 mars 2024. Virginia Mayo/AP/SIPA

Comme le montrent les attaques menées par les militants de gauche sur le financement de CNews, Causeur, Valeurs actuelles, Boulevard Voltaire, Fdesouche et, plus récemment L’Incorrect, la notion de pluralisme des médias est une vue de l’esprit. La pensée unique, pensée mondialiste et immigrationniste, est de plus en plus forte. Tribune de Didier Desrimais.


« Vous rendez-vous compte qu’en l’année 2050, au plus tard, il n’y aura pas un seul être humain vivant capable de comprendre une conversation comme celle que nous tenons maintenant ? […] Même les slogans changeront. Comment pourrait-il y avoir une devise comme “La liberté, c’est l’esclavage” alors que le concept même de liberté aura été aboli » George Orwell, 1984.

Malin, le système médiatique dominant est parvenu à faire croire au plus grand nombre qu’il existe des différences essentielles entre, par exemple, l’audiovisuel public et le groupe TF1 (TF1, LCI, TMC), Libération et les titres du groupe Le Monde (Le Monde, Le Nouvel Obs, Télérama), la quasi-majorité de la presse régionale et La Croix ou L’Humanité. Les divergences sont en réalité minimes et largement supplantées par les nouvelles idéologies que la presse subventionnée – 193 millions d’euros distribués en 2023 ! – et l’audiovisuel public et privé (TF1, BFMTV) promeuvent de concert. Ces médias emploient de plus en plus de journalistes sortant des mêmes moules universitaires, tiennent les mêmes discours à la gloire de la diversité, de l’immigration, du « vivre-ensemble », partagent les mêmes opinions lénifiantes sur le genre, le féminisme, l’Europe et l’écologie. Prêts à tout pour consolider leur position hégémonique, ils ne supportent pas de voir émerger des empêcheurs de penser en rond. 

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Sur les réseaux sociaux, il y a le pire et le meilleur. Le pire, Régis Debray l’a excellemment décrit en qualifiant ces réseaux de « tout-à-l’égo ». Le meilleur est apparu lorsque des individus se sont permis d’utiliser la puissance de propagation desdits réseaux pour faire connaître des informations et des opinions que les médias officiels minimisaient ou ignoraient par pure idéologie. Mais le système médiatique a de puissants alliés. Jack Dorsey, ex-propriétaire de Twitter, progressiste américain adepte de toutes les formes de méditation mais aussi de toutes les formes de censure, fut l’un d’eux. Le rachat de Twitter, devenu X, par Elon Musk, adepte d’une liberté d’expression totale, n’a pas ravi le camp démocrate américain ou la nomenklatura européenne – c’est le moins qu’on puisse dire. Thierry Breton et la Commission européenne enquêtent d’ailleurs régulièrement sur la plateforme depuis qu’Elon Musk la dirige et ont créé à cette occasion, en 2022, le Digital Services Act, un règlement européen « encadrant » les pratiques des services numériques. Ce n’est qu’un début : la Commission européenne prépare de prochaines réglementations qui permettront de mieux contrôler les plateformes numériques et les médias dissidents afin de les mettre au pas.

Car, parallèlement aux réseaux sociaux, sont apparus sur Internet des sites d’information et d’expression politique affichant des lignes éditoriales allant à l’encontre des projets de l’UE et des médias mainstream. Il y a, là encore, du bon et du moins bon, mais, pour défendre son pré carré, le système médiatique ne fait pas dans la demi-mesure : pour lui, tous ces sites sont, au choix, complotistes, réactionnaires ou d’extrême-droite. Les opinions remettant en cause les projets mondialistes, progressistes ou écologistes des élites occidentales – élites dont se targuent de faire partie la plupart des médias aux ordres du pouvoir – n’émaneraient que de fascistes ou de nostalgiques du IIIReich.

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Il n’empêche, de nouveaux médias ont vu le jour. Les citoyens désireux de ne pas s’en laisser conter peuvent découvrir ainsi des points de vue différents, sur des sujets peu abordés ou présentés de manière univoque dans les médias dominants. Des chaînes comme CNews, des magazines comme Causeur, des sites comme Boulevard Voltaire ou Fdesouche (revue de presse qui met en exergue des informations sur l’insécurité, l’immigration, le wokisme, etc., souvent reléguées à la rubrique des faits divers dans les médias), des médias comme Frontières (ex-Livre noir), TVL ou Omerta, pour n’en citer que quelques-uns, sont parvenus à attirer un public curieux d’entendre un autre son de cloche. La plupart de ces magazines, sites ou plateformes numériques ne survivent que grâce aux abonnements, aux dons des particuliers ou à de rares actionnaires mettant la main au portefeuille. L’ensemble de ces médias hors du système officiel ne représente pas le vingtième de l’offre médiatique…

…Mais, pour le système médiatique au pouvoir, c’est encore trop. Malgré ses beaux discours sur la liberté d’expression, le débat et la pluralité des opinions ne sont pas sa tasse de thé. Les premiers alliés de ce système bien établi sont des organisations qui se targuent de lutter contre le… Système. En plus des mouvements d’extrême-gauche réclamant des contrôles incessants pouvant aboutir à la censure, des ONG et des collectifs politisés n’hésitent pas à user de tous les moyens, même illégaux, pour nuire aux médias qui ne leur conviennent pas – et qui sont souvent les mêmes que ceux qui irritent le système médiatique en place. Les Sleeping Giants, par exemple, sont une organisation composée d’activistes anonymes supposés s’opposer aux « discours de haine » sur Internet et dans les médias. Cette organisation est en réalité un organisme de censure totalitaire ne visant que les opposants aux idéologies gauchistes, wokistes ou immigrationnistes. En France, Valeurs actuelles, Causeur et Boulevard Voltaire ont été les cibles de ces fascistes de gauche (dixit Yves Michaud) : sous la pression menaçante de ces derniers, des entreprises ont soudain cessé d’acheter des espaces publicitaires dans ces magazines et sur ces sites. Les journalistes du système en place ont-ils dénoncé ces manœuvres relevant de régimes totalitaires ? Non. Trop lâches ou trop heureux de voir des médias récalcitrants risquer de boire le bouillon, ils sont restés muets.

Comme ils sont restés muets lorsque, dernièrement, le magazine L’Incorrect a subi une attaque de grande envergure, visiblement coordonnée et destinée à le plonger dans la plus grande difficulté, voire à l’éradiquer. Le 7 juin, la revue mensuelle a d’abord été exclue de deux plates-formes de financement participatif (Ulule et Kiss Kiss Bank Bank), ce qui a empêché le lancement d’un numéro hors-série sur le génie français. Une cyber-attaque s’est abattue sur le magazine le 10 juin. Puis le groupe Meta (Facebook, Instagram, etc.) lui a refusé des publications promotionnelles payantes. Enfin, la banque en ligne pour les entreprises et les indépendants, QONTO, a annoncé au magazine, le 25 juillet, qu’il avait un mois pour vider ses comptes et trouver une autre banque – QONTO avait déjà fait le coup à l’association féministe Némésis, réputée pour ne pas partager les « valeurs » du néo-féminisme woke.

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Dans tous les cas, aucun motif n’a été donné à L’Incorrect, magazine qui semble avoir pour seul défaut sa ligne éditoriale penchant plutôt vers la droite conservatrice et eurosceptique. Non seulement les médias mainstream sont, une fois de plus, restés silencieux, mais, parmi eux, Télérama – 5,5 millions d’euros de subventions publiques en 2023 ! – s’est distingué le 29 juillet par l’intermédiaire de son délateur attitré, Samuel Gontier. Ce dernier a en effet laissé entendre que le directeur de la rédaction de L’Incorrect, Arthur de Watrigant, avait appelé, lors d’une émission de télé, à « éliminer les musulmans de France ». Ce mensonge n’est pas anodin ; il met en danger la vie d’un homme. Pourtant, aucun journaliste des médias officiels n’a cru bon de dénoncer les dangereuses insinuations du sycophante téléramesque.

Le système médiatique, s’il est conscient du fait qu’il lui est de plus en plus difficile de masquer la réalité, sait aussi qu’il peut encore compter sur une efficace force de frappe, un « discours intimidant fonctionnant comme disqualification de tout point de vue qui n’entre pas dans le cadre prédéfini par l’idéologie dominante » (1). La couverture médiatique des dernières élections législatives a montré toute la véracité de cette assertion. Les résultats des élections sont allés au-delà des espoirs des médias officiels qui ont ainsi pu mesurer leur pouvoir sur l’opinion publique. L’avenir du système médiatique semble assuré – il repose notamment sur une nouvelle caste journalistique bornée, inculte, paresseuse et militante – bref, idéale pour être manipulée et participer à la rééducation de la société. La majorité des journalistes issus des écoles de journalisme ou de Sciences Po ont en effet remplacé le travail et la culture par l’idéologie et l’engagement dans des causes politiquement correctes, de l’écologisme au transgenrisme.

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En plus d’être politiquement endogame, la presse bien-pensante reçoit par ailleurs trop d’argent public pour pouvoir travailler, en toute indépendance, sur certains dossiers qui méritent mieux que les quatre lignes inconsistantes ou orientées écrites par l’AFP, un des piliers du système, et reprises invariablement, telles quelles, dans tous les journaux. Quant aux médias audiovisuels officiels, les récentes décisions de l’Arcom ne peuvent que les réjouir – C8 va disparaître de la TNT, CNews continue de bénéficier d’une fréquence mais est sous très haute surveillance, l’agence dite de régulation rappelle à l’ordre Sud Radio qui a osé inviter un physicien critiquant les conclusions du GIEC tandis que Radio France peut continuer de s’enorgueillir d’interdire d’antenne toute personne osant critiquer les conclusions du GIEC. Par ailleurs, si les médias français sont invités à parler de plus en plus de l’Europe, ils sont également fortement incités à ne le faire que du point de vue des élites bruxelloises – par conséquent, rares sont ceux qui ont osé aborder sérieusement certains sujets comme, par exemple, les échanges secrets entre Mme Von der Leyen et Pfizer, le Qatargate et, plus généralement, la corruption au sein du Parlement européen, le démantèlement d’EDF sous la férule des Allemands, l’entrisme des Frères musulmans dans différentes instances européennes ou le Pacte de Marrakech et les propos hallucinants de la commissaire européenne Ylva Johansson sur l’inévitable et « nécessaire » repeuplement de l’Europe par une immigration quasi-illimitée.

En France, la liberté d’expression n’est plus qu’une expression. Comme il arrive souvent lorsque telle ou telle chose qui importait aux yeux des hommes finit par mourir sous les coups, le mot qui la désigne se gonfle d’importance en se voyant rempli d’une nouvelle mission : faire croire qu’elle est toujours de ce monde, et en excellente santé encore. Ainsi en est-il de la liberté d’expression que le système médiatique officiel, les institutions publiques françaises et la Commission européenne chantent sur tous les toits – tandis qu’ils œuvrent, jour après jour, sans relâche, assidûment, à sa disparition définitive.

(1) Laurent Fidès, Face au discours intimidant, essai sur le formatage des esprits à l’ère du mondialisme (L’Artilleur, 2014).

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Génération tatouage

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L'artiste tatoueur Andrei Draw avec la jambe d'une cliente, Renata Luis, à la Empire State Tattoo Expo, au Hilton Hotel, New York, le 12 mai 2024. Anthony Behar/Sipa USA/SIPA

Un des fléaux esthétiques des temps modernes – qui n’en manquent pas – c’est la prolifération de ces tatouages qui défigurent trop de corps de jeunes. Quelles sont les raisons de cette mode si destructrice et comment mettre un terme à sa propagation? Le regard de Sophie de Menthon.


L’été est la saison des tatouages, du moins c’est à ce moment-là que l’on prend conscience de l’épidémie et même dans certains cas du désastre… et personne n’ose le dire.  

Mais comment ignorer ces corps qui s’offrent à nos yeux, en ville, sur les plages, aux jeux olympiques, partout, tatoués jusqu’à l’os ! Alors on fait semblant de ne pas vraiment y attacher d’importance, de ne pas remarquer, de trouver cela « normal », mais lorsqu’on n’appartient pas à la communauté des tatoués, même tolérants, on se chuchote à l’oreille : « T’as vu ? » en désignant discrètement le nouvel arrivant orné d’un graphisme envahissant, vêtu de scarifications colorées indélébiles. Soyons clairs, ceux qui ne sont pas tatoués, les étrangers à cette secte, sont plutôt traumatisés par cette mode car c’est est une, qui enlève au corps la beauté de sa nudité.

A l’origine, et c’est d’ailleurs un peu toujours le cas, il s’agissait d’un marqueur comme à Tahiti les Maoris qui portaient cela comme des Tartans ethniques. On peut aussi remonter à l’antiquité et aux empereurs romains. Et puis plus récemment les marins en particulier, et d’autres corporations, se sont distingués par des tatouages à l’épaule, comme pour marquer une fierté plutôt sympathique de l’exercice de leur métier. Le tatouage fut aussi la plus terrible des discriminations, la fleur de lys des prostituées méprisées, condamnées à vie par leur marquage ; et surtout plus tard la terrible étoile jaune accompagnée d’un numéro tatoué sur l’avant-bras lorsque l’on avait été dans un camp de concentration : le souvenir de l’horreur gravé sur la peau a fait d’ailleurs que des communautés entières par respect et devoir de mémoire ont renoncé à cette pratique.

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Mais aujourd’hui ? que penser de ces foules à la peau bigarrée sans autre objectif que de se faire remarquer, de sortir d’un anonymat corporel, de faire partie d’un groupe ? Les jeunes surtout, ont d’évidence besoin d’affirmer une identité qu’ils ne trouvent pas autrement qu’à travers une tribu ?  On ne peut s’empêcher de penser que c’est l’expression d’un mal être, et le besoin d’une transgression (quels parents n’ont pas essayé de les dissuader ?). Un fléau qui atteint tous les milieux. Veut-on s’approprier le territoire de son corps, peut-être le seul dont on ait le sentiment de pouvoir disposer ?

Sans compter le piercing encore plus frime ! Mais qui a envie d’embrasser des lèvres trouées d’un anneau ou cloutées ? Mystère.

S’agit-il d’une erreur, de jeunesse, majoritairement qui pousse à payer (cher) une douleur et une forme de mutilation, avec des dessins en général sans beaucoup de sens et encore moins de talent ? Se marquer pour la vie sans penser à l’âge venant qui fera se friper et ornera de rides ces graphismes dont ils sont si fiers ?

Devant ce raz de marée on ne se sent pas le droit de dire quelque chose, encore moins de critiquer. Pourtant, ne faut-il pas les avertir quand même que c’est plutôt rebutant et laid ! Quand on voit entièrement imprimés les bras, les jambes, le visage même de ces athlètes ou de ces hommes ou jeunes femmes magnifiques dont on a l’impression qu’ils sont déguisés, qu’ils se cachent, mais hélas d’un déguisement indélébile, on est inquiets, désolés… Ils ne pourront pas rattraper ce qui peut être le fruit d’un simple moment d’égarement ou alors au prix de tentatives d’opérations compliquées qui laisseront des traces ; sans parler des initiales de l’être adoré du moment que l’on croit aimer pour la vie et qui sera remplacé par un autre qui lui pourra s’estimer trompé à chaque fois que ses yeux se posent sur les traces du précèdent !

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Pourrait-on leur dire que cela ne leur apporte rien ? Qu’ils sont plus beaux vierges ? Libres de leur avenir ? Alors certes, il faut raison garder : la fleurette à la cheville, ou le papillon en bas des reins sont inoffensifs, discrets – cela peut rester un souvenir… et puis si votre ado supplie, on peut trouver des tatouages qui s’effacent ou alors des décalcomanies, le temps que l’envie ne passe. Mais pitié ! Essayons d’enrayer ce massacre corporel qui n’a pas vraiment de sens. Le phénomène de mode est tel que les grands couturiers s’en sont emparés et les mannequins sublimes dont nous admirons la beauté sont tombés dans le design corporel. On peut se demander si ce sont eux qui se sont imposés gribouillés, ou si c’est dans le cahier des charges du couturier ? Les grandes marques pourraient-elles faire preuve de responsabilité au lieu de donner le mauvais exemple ?

Ne pas se laisser aller à la lâcheté des effets de mode surtout lorsqu’ils atteignent notre jeunesse dans la fleur de l’âge.  Et surtout empêchons qu’ils aient l’occasion de se regarder et de se dire : « Tattoo …faux ! »

Élevons le débat et retenons que par principe il faut lutter contre ce qui est irréversible.

Les filles de la plage

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"Noyade interdite" avec Philippe Noiret, Gabrielle Lazurée et Anne Roussel NANA PRODUCTIONS/SIPA

Notre chroniqueur ouvre ses boîtes à souvenirs durant tout l’été. Livre, film, pièce de théâtre, BD, disque, objet, il nous fait partager ses coups de cœur « dissidents ». Aujourd’hui, il a choisi de nous parler des films de plage, des pécasseries à Rohmer, de Michel Lang aux sous-doués, pour finalement n’en retenir qu’un seul, « Noyade interdite » de Pierre Granier-Deferre tourné à Saint-Palais-sur-Mer et sorti en 1987.


Chers lecteurs, vous connaissez mon tropisme balnéaire cinématographique. Ne suis-je pas le dernier chroniqueur de la place, inconscient et totalement insensible aux déconstructions à la manœuvre à continuer de vous parler d’Aldo, de Francis Perrin, de Katia Tchenko et d’Olivia Dutron ? De braver ainsi les ligues de vertu et les rabroueurs assermentés. Seul, j’ai résisté à toutes les tentatives d’un cinéma d’auteur à base de terrils du Nord, de famille fragmentée et d’identités complexes. Seul, je suis resté sur ma ligne, tel le dernier des mohicans, à prôner le string joyeux, la musique disco sous UV, la carte postale érotique et le rire potache. On m’a traité de réactionnaire puéril, d’attardé estival et de baigneur fou. On m’a déconsidéré dans les cercles car j’ai avoué mon admiration pour la carrière d’Edwige Fenech et mon inconditionnel amour à Michel Robin et Martine Sarcey. On m’a fait comprendre que le cinéma-bronzette de Pécas était indigne de nos temps incertains où planent des menaces systémiques. L’heure serait à la retenue. Il est temps que je m’intéresse aux problèmes sociétaux de notre pays, que je fasse mon auto-critique et que je goûte enfin aux délices d’un film plombant et chouinant à souhait. Que j’arrête de tout ramener à la 7ème Compagnie et que si un jour, j’avais l’intention de briguer la présidence du CNL, il faudrait que je cesse sur le champ de dire : « Il nage bien le chef ! » afin de dégeler le climat tendu d’une réunion paritaire.

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Nous dissertons depuis longtemps ensemble sur ce thème du film de vacances de pur divertissement qui se regarde d’un transat, qui ne vous demandera ni barrage républicain, ni surveillance de l’Assemblée nationale. Un film déconnecté des réalités, chargé de second, voire de troisième degré, qui ne recule devant aucune audace stylistique, c’est-à-dire l’humour troupier, la fesse légère, le libertinage bon enfant et un nudisme d’atmosphère. Le choix est large. Si nos politiques peinent à former des gouvernements de cohabitation, nos réalisateurs ont été prolixes en la matière. Bien sûr, il y a les classiques, les indémodables, les bornes existentielles : « les sous-doués » de Zidi qui vaut pour la présence de Gérard Lenorman à l’écran ; « On a volé la cuisse de Jupiter » de Broca, car un été en Grèce sans Catherine Alric est un été raté ; « Un moment d’égarement » de Berri où le jeu de Christine Dejoux est d’un naturalisme désarmant, cette actrice, je le redis, a été sous-exploitée ; bien sûr « L’Année des méduses » de Frank avec une Caroline Cellier au paroxysme de son sex-appeal varois ou « L’Hôtel de la plage » de Lang avec une Sophie Barjac aussi émouvante que Marie Dubois. Pour ceux qui aiment vraiment rire, « Pauline à la plage » réserve quelques passages poilants, le meilleur rôle d’Arielle reste, sans conteste, son interprétation déclamatoire dans « Miami Vice ».

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Cette année, j’ai décidé d’appliquer une méthode scientifique pour déterminer les critères objectifs d’un film de plage réussi. J’en ai dénombré quatre. Le premier étant la présence de Guy Marchand, le deuxième doit figurer au générique au moins une actrice italienne parmi les nommées (Vitti, Sandrelli, Martinelli, Massari et Virsi), le troisième, réunir un aréopage de jeunes comédiennes françaises secrètes et peu frileuses, et le quatrième, un meurtre en pleine saison. Un film d’été sans un mort, c’est une coalition sans couacs. J’ai trouvé l’objet, il s’agit de « Noyade Interdite » de Pierre Granier-Deferre. Il répond en tout point à nos règles. Guy Marchand joue un inspecteur velu et narquois. Stefania Sandrelli étrangement doublée en version française justement par Martine Sarcey incarne un agent immobilier assez crédible et tentateur ; toute la jeune garde est là, elles sont dorées, piquantes, énigmatiques et insoumises, elles s’appellent Marie Trintignant, Gabrielle Lazure, Elisabeth Bourgine et Anne Roussel, et il y a plusieurs meurtres pour rameuter les touristes et les radios locales. Si l’on ajoute à ce tableau déjà très affriolant, Philippe Noiret mal rasé conduisant une Rover V8, Andréa Ferréol, veuve en colère exponentielle, et Dominique Zardi vendant des chouchous, on a le quinté gagnant !

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Sous la botte, la beauté

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Les Jeux olympiques lui doivent beaucoup, le IIIe Reich aussi. Portée par la chance et guidée par l’opportunisme, Leni Riefenstahl a mis son talent au service du nazisme. Ses images mythiques et ses amitiés douteuses ont occulté son génie.


La dame aura poussé loin la coquetterie : franchir le cap des 100 ans et mourir dans son lit, une nuit de septembre 2003, à peine remise de ses fractures dues à la chute de l’hélicoptère mitraillé avec lequel elle fuyait la guerre civile au Soudan… Leni Riefenstahl n’avait peur de rien.

Ayant passé son examen de plongée en 1972, elle photographie encore, à 90 ans révolus, les fonds marins des Maldives, pour lesquels elle s’est prise d’une chaste passion. Dix ans plus tôt, son objectif a immortalisé les Noubas, tribu de somptueux guerriers africains au corps peint, scarifié, que la civilisation occidentale n’avait pas encore atteinte. Succédant à l’administration anglaise du Soudan, le régime arabo-musulman a mis moins de vingt ans à clochardiser cette peuplade « primitive », anéantie sous la férule de l’islam.

Comité international olympique D.R

Leni Riefenstahl était tombée un jour sur un cliché noir et blanc signé George Rodger : un lutteur nu, athlète juché sur les épaules de son adversaire, en vainqueur. Dès lors, elle n’a eu qu’une idée en tête : filmer l’éden inviolé de l’Apollon soudanais. En 1962, la Lufthansa finance son expédition. Mais les lourdes caméras 35 mm sont intransportables en brousse : d’où le repli vers la photo. Leni passe plus de huit mois parmi les indigènes et y retourne jusque dans les années 1970, assistant, « impuissante, à la déchéance des Noubas », comme le raconte Jérôme Bimbenet dans la biographie que réédite à bon escient Tallandier.

« Où est ma faute ? »

Son titre ? Leni Riefenstahl : la cinéaste d’Hitler. Une publication qui tombe à pic pour les JO de Paris ! Car Leni Riefenstahl ne s’est pas contentée de shooter les derniers « bons sauvages », elle a aussi réalisé Les Dieux du stade, documentaire que lui a commandé le Führer en 1936 à l’occasion des « Olympiades » de Berlin, comme on disait alors.

Ses fréquentations la poursuivront d’un durable ostracisme dans la fraîche RFA, et bien au-delà. D’autant que « Leni Riefenstahl est morte comme elle a vécu, sans la moindre once de remords, de culpabilité, de conscience politique, dévorée par un ego surdimensionné. Jusqu’à la fin, note son biographe, elle aura posé cette question : “Où est ma faute ?” » De fait, ses assiduités auprès d’Adolf, jointes à d’ardentes compromissions avec le gratin du Reich n’ont pas arrangé la suite de sa carrière.

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Rembobinons. Dotée d’un physique attrayant malgré son léger strabisme, douée d’une confiance en soi et d’un culot à toute épreuve, cette fille de la bourgeoisie d’affaires cumule les atouts : gymnaste, patineuse, championne de tennis, cavalière, elle est aussi pianiste (le compositeur Busoni lui dédie une Valse-Caprice), matheuse… et spirite, mais surtout, danseuse – au point de devenir, dans les années 1920, une véritable star. Une torsion du genou décide de sa reconversion à l’écran. Comme figurante, d’abord, puis comme vedette de films de montagne. Idolâtrée par son producteur, passion blanche dont elle se console dans les bras de l’acteur, du cadreur (puis de quantité d’amants sa vie durant), Leni Riefenstahl « apparaît déjà comme l’héroïne combattante de l’Allemagne, une vierge guerrière, une walkyrie ».

L’adolescente apolitique a traversé « les soubresauts de la Grande Guerre sans prendre bien conscience des événements ». Adossées à une folle ambition, ses convictions ne sont guidées que par l’esthétique : de là son « attirance pour la beauté géométrique et parfaite des corps » ; et la mystique nazie lui en propose l’incarnation. Pour autant, Leni n’a jamais pris sa carte du parti. « Je ne suis heureuse que lorsque je vois quelque chose de beau. La laideur, la misère, le pathologique me répugnent. Diriez-vous que la beauté est fasciste ? » se défendra-t-elle.

D.R

Leni a toujours prétendu n’avoir jamais entendu parler d’Hitler avant 1932. En attendant, de La Montagne sacrée à La Lumière bleue et du « muet » au « parlant », elle enchaîne les films de montagne – devant, puis derrière la caméra. Télégrammes élogieux de Douglas Fairbanks, de Chaplin. Elle lit Mein Kampf. Elle écrit : « Très honoré M. Hitler, pour la première fois de ma vie, j’ai assisté voici peu à un meeting politique. Je dois avouer que votre personne et l’enthousiasme des spectateurs m’ont impressionnée. Je souhaiterais faire personnellement votre connaissance. Une réponse de votre part me réjouirait grandement. » Alors que Leni s’apprête à tourner SOS Iceberg, gros budget, Adolf lui fixe rendez-vous. Promenade en bord de mer ; fascination réciproque. Le jour même où sort SOS Iceberg en Allemagne, Leni entame le tournage de Victoire de la foi – son initiation au film de propagande. En remerciement, Adolf lui offre une Mercedes décapotable. Entre-temps, il a été nommé chancelier. Courtisée par Goebbels (à qui elle voue par la suite une détestation absolue), assidue de Speer (qui a alors 28 ans), Leni se voit aussitôt commander la réalisation d’un film dont Hitler a choisi le titre, celui du congrès de Nuremberg : Le Triomphe de la volonté.

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Survol en dirigeable, caméras fixées à des ascenseurs, techniciens par centaines : le rassemblement de septembre 1934 (500 000 figurants !) est conçu d’emblée comme le plateau d’un film à grand spectacle. Immense succès, le film est montré par la toute nouvelle Cinémathèque française lors de l’Exposition universelle de 1937. « Le seul chef-d’œuvre du cinéma allemand de ce temps », tranche Henri Langlois.

Richard Strauss écrit l’hymne des Jeux olympiques de 1936, et à sa cinéaste officielle, le régime ne lésine plus aucun moyen. Budget colossal, donc, pour Olympia, puis Les Dieux du stade et enfin Jeunesse olympique. Leni y multiplie les innovations technologiques. « Les Jeux de Berlin furent les premiers de l’ère médiatique », observe Bimbenet. Dans toute l’Europe, le triptyque est un triomphe. Mérité.

« La vie de Leni Riefenstahl, c’est cent ans de travelling dépourvu de morale », écrit pour sa part Antoine de Baecque. La Führerin du cinéma allemand l’a payé cher.

À lire

Jérôme Bimbenet, Leni Riefenstahl : la cinéaste d’Hitler, Tallandier, 2024.

Il faut sauver les nageurs sauveteurs CRS!

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Des nageurs sauveteurs CRS © Un1té

Chaque année, la sécurité sur nos plages est assurée par les nageurs sauveteurs CRS qui sont formés et équipés pour plusieurs missions essentielles. Cet été, ils sont mobilisés pour les JO de Paris, démunissant notre littoral et augmentant le risque de noyades pendant cette « parenthèse enchantée ». Plus grave encore, d’année en année, leur nombre ne cesse de diminuer en vue de la suppression à terme de ce dispositif. Plaidoyer pour les NS CRS par Patrice Martin, délégué national CRS MNS-NS Un1té.


Cet été, l’absence des 280 nageurs sauveteurs CRS (NS CRS) sur les plages françaises se fait cruellement sentir, constituant un renfort dérisoire pour les Jeux Olympiques. Cette situation coïncide avec une hausse préoccupante des noyades, en particulier dans les Alpes-Maritimes, où elles ont augmenté de 30%. Malgré une baisse générale des noyades au mois de juin en raison d’une mauvaise météo, la deuxième moitié de juillet a vu une augmentation de 22% par rapport à 2023. Les NS CRS, qui assuraient jusqu’à présent des missions de sauvetage et de police, n’ont pas été entièrement remplacés par des sauveteurs civils en raison d’un déficit de BNSSA (Brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique)en France.

Par conséquent, plusieurs communes du littoral, démunies, peinent à garantir la surveillance et la sécurité des lieux de baignade, certaines étant même contraintes de fermer des postes de secours et de réduire les zones de surveillance.

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Depuis 1958, les NS CRS jouent un rôle crucial sur les plages, leur effectif ayant évolué de 700 à 800 dans les années 80, à 722 en 2002, 495 en 2009, suite à la Révision générale des politiques publiques (RGPP), et seulement 280 en 2023 pour 55 communes littorales. Cette diminution constante s’explique par la volonté politique de supprimer progressivement ce dispositif, au prétexte que la police des baignades incombe aux maires. Pourtant, chaque année, l’activité judiciaire et les constatations d’infractions ne cessent de croître.

Le manque d’effectifs dans les Compagnies de CRS (origine du mal) a poussé le ministère de l’Intérieur à récupérer ces ressources pour les sites olympiques, ce qui représente un renfort insignifiant face aux 8000 CRS mobilisés pour les JO.

Les NS CRS, seuls à cumuler les fonctions de policiers et sauveteurs, sont essentiels pour assurer la sécurité sur les plages. Depuis 2016, ils sont armés et peuvent seuls répondre à des menaces terroristes, apportant également leur expertise aux jeunes sauveteurs civils avec lesquels ils collaborent. La suppression de leur mission met en péril la sécurité des usagers de la plage, alors que la délinquance se déplace également sur le littoral durant l’été. Cette police de proximité est essentielle.

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En 2023, au détriment de leurs jours de récupération, les NS CRS ont prouvé leur capacité à s’adapter rapidement, en se rendant disponibles lors des émeutes de juillet et en renforçant les effectifs pour la Coupe du Monde de Rugby dès le mois de septembre. Leur professionnalisme, leur disponibilité et leurs compétences ne sont plus à démontrer.

Il est impératif de redéployer ce dispositif pour l’été prochain afin d’assurer la sécurité sur les plages, car l’organisation des JO 2024 s’est faite au détriment de cette mission essentielle.

Le syndicat UN1TE, s’engage plus que jamais dans la pérennité et le renouvellement de cette mission. Il y va de la sécurité et de la tranquillité des citoyens.

Violences et immigration: du Royaume Uni à la France

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Manifestation antifasciste à Liverpool, le 10 août 2024. Andy Von Pip/ZUMA Press Wire/Shu/SIPA

Y a-t-il un lien entre immigration et criminalité? Les événements outre-Manche semblent indiquer qu’il est impossible d’avoir un débat apaisé sur cette question. En France aussi, les gouvernements successifs ont préféré tirer un voile sur ce sujet, au risque d’affaiblir l’ordre publique et l’état de droit. Tribune de Charles Rojzman.


Au Royaume Uni, à la suite de manifestations qualifiées de racistes par le gouvernement travailliste, ont eu lieu d’autres manifestations antiracistes où le drapeau palestinien était bien en vue, en l’absence du drapeau national. Mais que se passe-t-il en France ? Des policiers lynchés, des commissariats attaqués, des écoles saccagées, une centaine d’agressions à l’arme blanche, couteaux, haches ou machettes, par jour, un trafic de drogue omniprésent… Il devient de plus en plus impossible de nier la relation entre, d’un côté, la criminalité et la violence de rue et, de l’autre, l’immigration ou plutôt une partie importante de la jeunesse principalement masculine dont les ascendants sont venus du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne et qui vit dans des quartiers abandonnés aux caïds de la drogue et des islamistes.

Comment expliquer la violence et la délinquance de beaucoup de ces jeunes, génération après génération, reconnue aujourd’hui, même si pour des raisons idéologiques certains s’insurgent contre cette affirmation et l’attribuent à l’extrême-droite? Par ailleurs, les gouvernements successifs craignent un embrasement des banlieues comparable en plus grand à celui de 2005 en raison de la disponibilité d’armes de guerre.

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Certains parlent déjà ouvertement d’un djihad islamiste à bas bruit contre les infidèles que sont les représentants de l’Etat : policiers, pompiers, professionnels de l’éducation et du travail social, personnels des mairies…

Sans nier absolument cette interprétation pessimiste et qui nous préparerait des affrontements plus graves dans le futur, je voudrais y ajouter une analyse élaborée à partir de mes nombreuses expériences dans presque tous ces quartiers d’habitat social qui ont vu fuir progressivement tous ceux qui ne pouvaient plus supporter les violences et les incivilités quotidiennes et qui avaient l’obligation ou simplement les moyens de partir.

En réalité, nous assistons là à un choc frontal entre deux civilisations. Une civilisation de de la honte, de l’honneur et du clan favorisant cette brutalité masculine qui s’exprime naturellement par de la colère, de la susceptibilité, de la jalousie, par la tentation du pillage et du harcèlement et qui dans les pays du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne est domptée par la force extrême et brutale des autorités. Et une civilisation de la repentance, de l’amour obligé de l’autre, de la bienveillance, du droit qui protège le criminel parfois davantage que sa victime. Comme le disent les policiers, dans leurs propres termes, ils sont « des boxeurs avec des mains liées dans le dos ».

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Pour éviter une escalade dans la violence, devrons-nous renoncer à une partie de notre état de droit qui fit notre fierté dans le passé? Les agissements de ces jeunes hommes, mineurs et majeurs, qui attaquent des commissariats au mortier, lynchent des policiers, rendent la vie des riverains impossible et dangereuse, jour et nuit, sont à l’origine d’innombrables rixes et importunent les femmes et les personnes âgées dans la rue et les transports urbains. Cette jeunesse devra-t-elle alors être matée par la force brutale, armée le plus souvent, comme elle le serait en Algérie, au Maroc, et même aux Etats-Unis et en Russie ?

Les morts et les blessés qui résulteraient, au début en tout cas, de telles interventions seraient-elles supportables pour des gouvernements qui pensent avoir d’autres chats, économiques en particulier, à fouetter et qui préfèrent mettre cette question de l’insécurité sous le tapis en espérant peut-être un miracle économique aujourd’hui illusoire qui verraient ces jeunes turbulents se ranger tous sous la bannière du néo-libéralisme et de la société de consommation ? Avec le risque – déjà avéré dans plusieurs villes – d’une véritable prise du pouvoir politique local par les mafias et les islamistes?

Chez les fous

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Centre Hospitalier Saint Anne. Paris, 8/1/2012 DUPUY FLORENT/SIPA

Souffrant de schizophrénie, Matthieu de Vilmorin raconte ses différents séjours en hôpital psychiatrique, un récit qui fait preuve d’humour mais surtout de compassion à l’égard des patients qu’il a rencontrés.


C’est un joli mot que celui de lunatique. Il a un côté désuet. On lui préfère schizophrène, névrosé, fou. Et pourtant ils existent, ces hommes et ces femmes qui ont besoin de camisole chimique, de chambre close, de parc silencieux. Dans un très beau livre, écrit sobrement, avec beaucoup de sérénité, voire de douceur, Matthieu de Vilmorin raconte son « séjour chez les fous », comme il le dit lui-même sans philtre. Sa première crise remonte à fin juillet 1983, survenue à Rio de Janeiro. Il fait alors la connaissance de « drôles de dingues ». Il doit affronter le diable en personne, se sentant littéralement possédé. Il écrit : « Entre la maladie psychique (culture occidentale) et la possession (culture tribale ou ethnique), des rapprochements ont été tentés ». Il sera ensuite hospitalisé à Sainte-Anne, pavillon Esquirol, puis dans d’autres établissements spécialisés, pour y subir plusieurs traitements et côtoyer de singulières personnes qu’il nous présente avec humour. Car le choix est simple : « Rire ou crever » comme disait Robert Brasillach, dans son roman Comme le temps passe, que cite l’auteur. Même si, aujourd’hui, il poursuit son traitement pour juguler les attaques de la schizophrénie, Matthieu de Vilmorin mène une vie normale. Du reste, à la fin de son témoignage, sans tourner autour du pot, il déclare : « La folie n’est que le degré élevé de la névrose, car la définition de notre humanité, c’est la névrose ».

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Il est de notre devoir de soulager cette population en souffrance, et de lui donner l’amour qu’elle réclame, surtout quand les ténèbres les cernent. Je ne peux m’empêcher de penser aux 40 000 internés, oubliés désormais, qui sont morts de la famine et des électrochocs pendant l’Occupation. Je ne peux m’empêcher de penser à Antonin Artaud enfermé à Rodez ; Artaud qui écrit, véhément, en pensant à Nerval, Poe, Baudelaire, Van Gogh, Nietzsche : « Ils ne sont pas morts de rage, de maladie, de désespoir ou de misère, ils sont morts parce qu’on a voulu les tuer. Et la masse sacro-sainte des cons qui les considéraient comme des trouble-fête a fait bloc à un moment donné contre eux ».

La nuit est trouée de milliards d’étoiles qui forment un sillon de poudre lumineuse. Je ne sais où il conduit ; peut-être nulle part ; peut-être là où ils sont tous, dansant le rigodon, délivrés enfin.

Matthieu de Vilmorin, Les Lunatiques. Mon séjour chez les fous, Bayard, 2018.

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Alors, on lit quoi cet été ?

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© Unsplash

Notre chroniqueur a sélectionné des livres qui ne parlent ni de cohabitation, ni de triangulaires. Au menu de cette bibliothèque des plages, du western à papa, du Don Quichotte de la Mancha, du Calder tourangeau, du Schönberg autrichien, du Vitoux des familles, du Mazzella de la chambre d’amour et du Stéphanie des Horts preppy.


Drame à Cape Cod

Stéphanie des Horts est une romancière d’investigation. Un profil rare dans le paysage éditorial français. Son terrain de chasse : les « Happy few » comme on disait dans les années 1980. Elle ne s’intéresse pas au tracas de la ménagère du coin de la rue ; elle fouille, elle observe, elle décrypte, elle lève le voile sur les « grands » de ce monde, têtes couronnées, magnats du pétrole, armateurs billionnaires, tycoons des médias et mannequins ébréchées. Pourquoi aime-t-on se plonger dans les sagas chaudes et désaxées de cette Barbara Cartland pétroleuse aux vrais dons littéraires ? Parce qu’elle a l’œil de l’écrivain, une plume qui accélère, une tendresse pour les enfants gâtés, une attirance pour les romances fracassées et qu’elle s’appuie sur une très riche documentation sans que son lecteur le remarque. C’est en refermant son dernier roman sur la malédiction Kennedy que l’on se rencontre à quel point elle a réussi à trouver une vérité dans cette histoire entre le fils de Kennedy et Carolyn Bessette. Deux « beautiful people » en proie aux cris et aux larmes. Il fallait tout le talent de Stéphanie des Horts pour approcher ces deux-là, trop beaux, trop riches, trop lumineux pour espérer décrocher une minuscule parcelle de bonheur. Un roman qui sent la pop music de Madonna, le style Ivy League de Ralph Lauren et le glamour frelaté d’une fin de siècle aux US. Stéphanie ne serait-elle pas notre Bret Easton EIlis en talon de douze centimètres ?

Caroline et John de Stéphanie des Horts – Albin Michel

Boudard au ranch

François Cérésa n’a jamais quitté le terrain de l’enfance. Il suffit de voir sa longue silhouette sur le boulevard Saint-Germain, décomplexée, provocatrice et désenchantée ; beau mec prêt à dégainer sa Winchester si le premier malotru croisé lui parle mal. Cérésa est un bonhomme à l’ancienne, un écrivain des plaines sauvages, franc-tireur littéraire qui déteste notre époque lessivée aux bons sentiments. Cérésa comme tous les gamins des années 1950 n’avait pas l’ambition de vivre comme un « petit » technocrate satisfait ou un politicien tambouilleur. Il voulait canarder, rêver plus haut, bourlinguer et se tenir tête haute. Cérésa aime les causes perdues, le panache plutôt que le déshonneur. Alors, il enfile ses bottes mexicaines, chevauche un Mustang et nous fait l’éloge du western de papa. « Il est nazebroque » écrit-il, ce cinéma à la Gary Cooper, John Wayne, Burt Lancaster, Lee Marvin ou Robert Mitchum. Il sort son colt pour défendre cette espace de liberté qui serait jugé aujourd’hui trop archétypal dans une société qui a peur de son ombre. Cérésa dégaine avec une langue harponneuse, pleine de hargne et de drôlerie. Après l’avoir lu, on a juste envie de se faire une toile.

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Total Western de François Cérésa – Séguier

Quoi de neuf ? Cervantès !

Don Quichotte, antihéros, fondateur du roman moderne, usurpateur, bambocheur, romantique sarcastique, fou ou illuminé ? Nous avons tous besoin d’une séance de rattrapage, un « reset » sur les idées préconçues ; le chevalier errant dépenaillé est toujours plus ou autre chose. On projette sur lui nos peurs et nos insuccès. Il nous fallait donc un professeur au Collège de France, une sommité, titulaire de la chaire Littératures comparées, pour approcher ce fier hidalgo cabossé. William Marx nous pose une quarantaine de questions sur ce drôle d’animal et il y répond avec un humour britannique, ne dédaignant pas le contrepied et la farce. Il s’interroge sur le corps de Don Quichotte, sur sa naissance, sur son apport à la langue française, sur son féminisme, sur sa rencontre avec Shakespeare et même, audace suprême, cet universitaire ne recule décidément devant aucune pochade (très) érudite sur la possibilité que Don Quichotte prenne le nom de François Pignon. C’est abyssal donc indispensable sur la Costa Brava ou dans une maison de famille du Perche.

Un été avec don Quichotte de William Marx – Équateurs parallèles

Mobiles en Touraine

L’été, on baguenaude, on renifle cette campagne française, on communie avec cette province qui fait rire à la capitale. On reprend pied avec son pays. La Touraine, élixir de jouvence, creuset de la langue française, recèle mille merveilles à celui qui veut bien décrocher de ces virtualités accaparantes et oublier l’actualité mortifère. « Imaginer Calder » est une balade dans cette belle région, nous sommes guidés par une tourangelle, elle est née à Chinon, à la plume délicate, qui ne se hausse pas du col et dont la musique s’infiltre en nous, naturellement, comme le lit d’une rivière. Au départ, nous n’avions aucun intérêt ou désintérêt particulier pour l’œuvre d’Alexandre Calder. Bien que berruyer de naissance, j’ai vu toute mon enfance, son stabile (caliban) dans le hall de la maison de la culture de Bourges, inauguré par Malraux et le Général. Géraldine Jeffroy nous raconte la vie d’un américain, sculpteur international, qui a vu le jour en Pennsylvanie mais qui va acheter la maison de François 1er à Saché en 1953 et qui y vivra plus de vingt ans.

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Imaginer Calder de Géraldine Jeffroy – arléa

Et s’il vous reste encore de la place dans votre sac de voyage, il faut absolument emporter Le Satan (Bach ?) de la musique moderne de Gemma Salem publié chez Serge Safran éditeur. Il s’agit du dernier texte inédit écrit par cette écrivaine de haut vol, enfiévrée et percutante, disparue à Vienne en 2020 qui fut une grande spécialiste de Thomas Bernhard. C’est remarquable de concision et de vigueur dramatique sur le compositeur autrichien Schönberg. Ne pas oublier L’Ami de mon père de Frédéric Vitoux qui reparaît en format poche au Points avec une préface inédite de Frédéric Beigbeder. Roman d’apprentissage sur ce père qui fut emprisonné à Clairvaux à la Libération, déchirant et initiatique, sans graisse, ni pathos, avec une forme d’élégance filial. Et enfin, l’un de mes chouchous, le basque Léon Mazzella qui nous offre un roman Belle perdue aux éditions Cairn, sorte de Dolce Vita Biarrotte aux sentiments juteux et à la construction inventive, j’y ai vu des traces modianesques de Villa Triste.

Soirée mousse

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La Binouze, bar et cave à bières dans le IXe arrondissement de Paris © Hannah Assouline

Blonde, blanche, brune, ambrée… la bière se décline à l’envi et séduit de plus en plus d’amateurs, des campings aux restos étoilés. Ce breuvage millénaire, dégusté dans le monde entier, a trouvé en France une terre d’élection, jusqu’à constituer une véritable économie. Quelques conseils avisés pour siroter, cet été, une pinte à votre goût.


L’amateur de bière est certainement plus détendu que l’amateur de vin. Il ne crache pas, n’exhibe pas son savoir et se laisse aller au simple plaisir de boire… Ce n’est pas non plus un obsédé du terroir, la bière pouvant être fabriquée n’importe où sans qu’il soit possible d’identifier l’influence du lieu qui l’a vue naître (à l’exception, peut-être, des bières corses, qui intègrent des produits locaux comme la farine de châtaigne, le miel du maquis et la fleur d’immortelle). En commandant une pression, son plus grand plaisir est de « partager le fût » avec ses copains. Et face à une bière soi-disant d’exception, la première question qu’il pose est : « Est-ce que c’est pintable ? » (« Est-ce qu’on a envie d’en boire une pinte ? »)

La bière, une histoire universelle

Plusieurs fois millénaire, la bière est aujourd’hui la boisson la plus consommée dans le monde (après l’eau et le thé) mais aussi, peut-être, la plus méconnue. Son nom apparaît pour la première fois sur des tablettes d’argile gravées par les Sumériens qui l’appellent sikaru. C’est alors une boisson sacrée offerte à la déesse Nin-Harra. L’Empire babylonien, qui succède à Sumer, accorde une importance sociale très importante à la bière puisque le Code du roi Hammourabi (env. 1750 avant J.-C.) stipule que les brasseurs reconnus coupables d’avoir produit une boisson impropre à la consommation seront condamnés à être noyés dans leur propre bière… À cette époque, la bière, c’est essentiellement de l’orge germée (malt), broyée en farine, façonnée en pain, cuite au four, puis fermentée dans de l’eau. En Égypte, on l’appelle « vin du Nil ». La déesse Isis, protectrice des céréales, est associée à Osiris, patron des brasseurs. Des hiéroglyphes décrivent ce rituel de la bière servie dans des cruches fraîches et bue à la nuit tombante : rêver de bière dans son sommeil est perçu comme un bon présage. Avant que les Romains les envahissent et développent la culture de la vigne, les Gaulois aussi aiment la cervoise qu’ils conservent dans des tonneaux. Mais le plus étonnant, dans cette histoire universelle de la bière, c’est de constater que, jusqu’au début du XXe siècle, et ce quelle que soit la civilisation, elle reste l’apanage des femmes chargées de la fabriquer. La femme, seule, possédant dans l’imaginaire des mythes le pouvoir de transformer les céréales en une boisson désaltérante et enivrante (comme chez les Incas, où seules, des « vierges du soleil » ont le droit de préparer la bière de maïs de l’empereur). Longtemps, dans les tréfonds de l’Allemagne luthérienne, la jeune mariée récite cette prière en pénétrant dans sa nouvelle demeure : « Notre Seigneur, quand je brasse, aide la bière, quand je pétris, aide le pain. » De même, en 1900, en France, des campagnes publicitaires incitent les femmes à boire de la bière censée favoriser l’allaitement… (C’était avant la loi Évin !)

© Delambora Production

Depuis quelques années, le monde de la bière est en pleine effervescence. Et la France, que l’on connaissait pour être la patrie des grands vins, se révèle aussi comme le pays d’Europe qui, ô surprise, compte le plus grand nombre de brasseries : 2 500 ! D’ailleurs, 70 % des bières consommées sur notre territoire sont produites localement. La première région brassicole est l’Auvergne-Rhône-Alpes qui abrite à elle seule 386 brasseries. De l’épi au demi, l’économie de la bière représente pas moins de 130 500 personnes pour 15 millions d’euros de chiffre d’affaires. La France produit aussi 4 millions de tonnes d’orge (la plus vieille céréale du monde), ce qui fait d’elle le second exportateur mondial. On recense 207 houblonniers (répartis surtout en Alsace et dans le Nord). Ce faisant, la bière a changé de statut : artisanale, elle est devenue une boisson qualitative que de plus en plus de grands chefs étoilés n’hésitent plus à proposer, à l’égal d’un bon vin, et à marier avec des plats (comme Édouard Chouteau, dans son restaurant La Laiterie, à Lambersart, près de Lille). Dans les concours de meilleurs sommeliers de France, les questions portant sur les différents types de bières sont devenues incontournables. Bref, la bière est devenue une boisson chic !

Laurent Cicurel, le patron de La Fine Mousse (l’un des premiers bars à bières de la capitale) résume bien cette tendance : « Demander un demi, comme le faisait le commissaire Maigret, n’a plus aucun sens aujourd’hui… Un demi de quoi ? Blonde, blanche, brune, ambrée ? Gueuze, kriek, IPA, stout, Barley Wine, Porters, bière de saison ? La diversité est immense et la palette aromatique est plus large que celle du vin : une bière peut être herbacée, florale, fruitée, boisée, caramélisée, épicée, acide, amère… On vient ici pour découvrir de nouveaux goûts. La Fine Mousse ne sélectionne que des bières artisanales produites par des brasseries indépendantes : sur 2 500 brasseries françaises, j’estime qu’il y en a moins de 50 qui ont un haut niveau d’excellence. »

Jusqu’à la fin des années 1990, les industriels de la bière régnaient sans partage et se contentaient de servir de la blonde légère (type lager ou pils – la bière inventée par les Tchèques de Pilsen il y a cent cinquante ans).

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Depuis le début des années 2000, c’est l’IPA (India Pale Ale) qui est devenue la bière de référence aux yeux des connaisseurs. Cette bière anglaise blonde, pâle et amère, est le fruit du mariage génial entre le malt et le houblon. En effet, pour que les bières supportent le voyage en bateau jusqu’en Inde ou en Afrique du Sud, les brasseurs de Manchester et d’ailleurs avaient eu l’idée d’ajouter de la fleur de houblon, dont les huiles essentielles miraculeuses protègent la bière de l’oxydation et des contaminations microbiennes. Surnommé l’« épice de la bière », le houblon apporte de surcroît au breuvage une amertume virile et des notes délicieuses d’agrumes et de fruits exotiques. La bière houblonnée, pourtant, est restée longtemps oubliée, et ce sont les brasseurs américains qui l’ont remise sur le devant de la scène.

En 1978, le président Jimmy Carter abroge une loi datant de la prohibition qui interdisait le brassage de la bière à domicile. Une nouvelle génération de microbrasseurs apparaît alors aux États-Unis, dont l’objectif est de redonner du goût à la bière, qu’ils baptisent « Craft Beer ». Pour cela, rien de tel que la bonne vieille recette des brasseurs anglais de l’empire des Indes ! Le houblon fait alors son retour.

Une « bière artisanale », toutefois, n’est pas nécessairement gage de qualité. Souvent, la « petite bière locale » n’est rien d’autre qu’un attrape-touristes (comme celle de l’île de Ré). Surtout, la mode de l’IPA a généré un certain conformisme : en forçant sur le houblon et ses notes de fruits exotiques, les brasseurs se contentent d’appliquer une recette commerciale. Sur les dizaines de bières dégustées, voici celles que nous vous recommandons pour cet été.

Brasserie Thiriez

Fondée par le pionnier Daniel Thiriez, au village d’Esquelbec, près de Dunkerque, cette brasserie a été la première en France à produire des bières houblonnées vieillies en fût de chêne. Belle mousse blanc nacré, nez de foin séché et d’agrumes. Aux États-Unis, Daniel Thiriez est une star.

www.brasseriethiriez.com

La Micro-Brasserie du Vieux-Lille

Une institution depuis 1740 ! Amaury d’Herbigny fabrique ici des bières gastronomiques de toute beauté, non filtrées et non pasteurisées, à partir de houblons et de malts bio des Flandres. Idéales pour accompagner un homard cuit au beurre, une tarte welsh, des moules-frites, une salade de betteraves au magret de canard fumé, un waterzoï, une mimolette vieille…

www.celestinlille.fr

Brasserie Uberach

Située dans la région qui concentre le plus de brasseries en France (Kronenbourg, Heineken, Meteor, Fisher…), cette brasserie des Vosges fondée en 1999 par Éric Trossat utilise des houblons alsaciens et des céréales bio. Ses IPA, notamment celles parfumées à la rose et au gingembre, sont élégantes, légères, élancées comme un clocher alsacien surmonté d’une cigogne.

www.brasserie-uberach.fr

Les Brassées de Nantes

Cette microbrasserie nantaise créée en 2016 par Gabriel Charrin est l’une des meilleures de France. Gabriel utilise ses propres houblons, récoltés à proximité et non séchés, afin d’apporter à la bière un maximum de parfums et une texture soyeuse que je n’ai trouvée nulle part ailleurs.

www.lesbrasses.fr

La Brasserie du Grand Paris

Fabrice Le Goff est devenu en quelques années l’une des plus célèbres figures de la bière artisanale française. Brassées à Levallois-Perret, ses IPA percutantes et résineuses ont un côté très « rock » (entre Led Zeppelin et Frank Zappa).

www.bgp.com

Bière d’abbaye de Saint-Wandrille

C’est la dernière bière fabriquée par des moines, l’appellation « bière d’abbaye » ayant été récupérée par l’industrie d’une façon totalement mercantile. Ronde et dodue.

www.boutique-saintwandrille.com

Où boire une bonne bière artisanale à Paris ?

La Fine Mousse

6, avenue Jean-Aicard, 75011 Paris

www.lafinemousse.fr

La Binouze

72, rue Marguerite-de-Rochechouart, 75009 Paris

www.labinouze.fr