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Je veux revoir ma Moldavie

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J’apprends depuis ma retraite au Mont-Noir dans la villa Yourcenar, où je me trouve en résidence d’écrivain pour un mois, qu’un pays cher à mon cœur d’adolescent connaît des troubles après l’élection parfaitement régulière d’une chambre des députés à majorité communiste. Pas besoin d’être grand clerc pour savoir qu’il s’agit là, après l’Ukraine et la Géorgie, des habituelles tentatives de déstabilisation menées par un président américain qui, quoique noir, n’en continue pas néanmoins à encourager en sous main ces pseudo-révolutions orange (la couleur du Modem chère à André Epaulard) dans toutes les anciennes républiques socialistes soviétiques qui s’obstinent à vouloir garder leurs systèmes de protection et de solidarité sous la houlette d’apparatchiks bonhommes. Je citerai le président de Biélorussie, l’avisé Alexandre Loukachenko, qui ne voit pas l’intérêt, comme on le comprend, que les jolies filles blondes de son pays finissent dans l’industrie pornographique du grand marché unique, avec sa concurrence libre et non faussée.

Il y aurait eu un mort parmi les manifestants antigouvernementaux moldaves. Un mort dont on a beaucoup plus parlé que celui des manifestations londoniennes du G20, mais passons, on sait qu’un manifestant tué par une police démocratique est toujours un émeutier tandis qu’un manifestant tué par une police communiste est toujours une victime de la liberté (du marché ou d’expression, peu importe, la liberté, on vous dit…)

Pour plus de renseignements, sur cette affaire moldave, il faudra attendre le prochain SAS dont nous avons déjà dit ici qu’il s’agissait de la seule source d’informations fiables sur la géopolitique de notre temps.

Mais revenons à la Moldavie.

J’ai été très heureux en Moldavie. La capitale s’appelait encore Kichinev et non Chisnau. J’y ai passé quelques temps entre 1979 et 1982, pour perfectionner mon russe, histoire d’entamer une collaboration fructueuse quand les sept millions d’homme en tenue kaki du Pacte de Varsovie se décideraient à franchir le Rhin pour venir, enfin, nous libérer de la tyrannie des dernières années du libéralisme avancé à la sauce Giscard.

J’avais quinze ans et je ne voulais pas pourrir. Je me souviens particulièrement de l’été 1980.
Il fait beau.
Il y a des portraits de Brejnev à l’entrée du quartier réservé aux maisons Mitteleuropa.
Le secrétaire général a commencé sa carrière en Moldavie.
L’église catholique est fermée, ma mère (tendance Témoignage Chrétien) m’avait demandé de vérifier.

Mes amis s’appellent Auguste Naouki et Violetta Moldovan. La Moldavie ressemble aux coteaux du beaujolais, le vin moldave, lui assez peu au Morgon. Auguste lit Eminescu et Essenine. Il me parle de la Pologne qui bouge, des Américains qui boycottent les JO de Moscou, les salauds.

Les livres ne coûtent presque rien. Violetta parle le russe, le moldave, le roumain, le français. Elle a dix-sept ans, elle est brune et a un gilet orange comme jamais je ne verrai plus de gilet orange. Je comprends les articles de Ogoniok et de la Komsomolskaïa Pravda.

Auguste joue aux échecs. Je ne le battrai qu’une fois. Je crois qu’il m’a laissé gagner. Gentillesse soviétique, courtoisie latine.

Violetta a dix-sept ans. La maison de son père ressemble à un chalet balnéaire de la côte normande, dans une avenue blondinienne, calme et profonde comme un cimetière. Les Pobiéda roulent en silence.

Auguste et Violetta ont le droit d’aller avec moi au Beriozka de l’Intourist. On achète des Marlboro et du chocolat. Moi, je m’obstine à m’arracher les lèvres sur le carton des papirosses et à tousser : je fumerai communiste, quoiqu’il m’en coûte.

On a du mal à écraser les carrés de sucre dans les verres de thé.

Un soir, je suis très saoul. L’odeur de pinède du jardin de Violetta m’empêche de vomir.

On entend l’hymne soviétique qui vient d’une télé à l’intérieur: il est minuit.

Je pleure comme un veau quand Violetta m’embrasse une dernière fois sur le tarmac de l’aéroport. « Mé jiviom v raznire planétare », dit-elle. Nous vivons sur des planètes différentes, oui…

Gilet orange. Portrait de Lénine. Une édition bilingue d’Eminescu donnée par Auguste.
L’Atlantide, seigneur, c’était l’Atlantide.

Qui n’a pas vécu en Moldavie avant 1989 n’a pas connu la douceur de vivre.

La cagoule, c’est pas cool

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Jeudi 16 avril, Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, a proposé un décret interdisant le port de la cagoule pendant les manifestations. On ne peut que se féliciter de cette mesure qui empêchera désormais les voyous de se livrer aux pires exactions sous l’œil complaisant des caméras. Beaucoup de téléspectateurs ont, en effet, encore dans les yeux le spectacle traumatisant de cette bande armée et masquée attaquant un petit matin de novembre une ferme de Tarnac (Corrèze), défonçant les portes, volant des livres et des documents avant de procéder à de nombreux enlèvements, dont celui de Julien Coupat qui, près de six mois après, est toujours entre les mains de ses ravisseurs.

Borloo : « Béatrice, fais tes valises ! »

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Les choses se précisent. Nicolas Sarkozy entend remanier le gouvernement le plus vite possible, histoire de déconnecter cette décision des européennes : pronostiquant une déculottée assez sévère pour l’UMP, l’Elysée compte faire des élections de juin un « non événement ». En attendant, les ministres se préparent à toute éventualité. Qui succèdera à qui ? Ces dernières semaines, Rachida Dati et Jean-Louis Borloo sont devenus inséparables. Au début du mois, ils déjeunaient ensemble. Mardi, Rachida Dati s’est rendue au ministère de l’Ecologie pour y prendre un petit-déjeuner qui a trainé en longueur (dans le vocabulaire environnemental, c’est sans doute cela qu’on appelle un petit-déj’ durable). De quoi ont-ils pu bien parler ? Du droit de l’environnement ou des dossiers chauds de la place Vendôme, dont Jean-Louis Borloo pourrait bien être le futur locataire… Ses proches restent néanmoins prudents sur cette éventualité. Il faut dire que leur patron et Rachida Dati n’ont pas encore pris l’apéro ensemble.

Mon curé chez les promoteurs

Ça faisait longtemps. Peut-être trois jours au moins que l’Eglise catholique n’avait pas été au centre d’un scandale mondial dont elle est désormais coutumière. On s’habitue à tout. Qu’on se rassure : aucun journal n’a révélé que Benoît XVI battait sa femme – pas l’actuelle, mais son ex, dont il a divorcé et dont il a eu vingt-cinq enfants, tous placés comme il se doit chez les Enfants de Marie. Ça, on ne l’apprendra que la semaine prochaine en feuilletant nonchalamment son journal : plaise à Dieu de nous prêter vie jusque-là ! Non, cette semaine, la presse a montré qu’elle pouvait servir à autre chose qu’à emballer le poisson en consacrant ses gros titres à un truc qui déchire vraiment sa race. Et ce sont nos estimables confrères du Parisien qui se sont coltinés la tâche en titrant jeudi : « Les richesses cachées de l’Eglise ».

Certes, le hasard ou la Providence a voulu que ce titre occupant cinq colonnes à la une soit placé juste au-dessus d’une photo légendée : « La colère des pêcheurs ». Hormis l’orthographe, on aura bien compris que même les pécheurs se mettent en colère quand on apprend que les caves vaticanes recèlent le trésor des Templiers, les valises de la Loge P2 et les avoirs résiduels de la banque Ambrosiano. Car Le Parisien nous promet des scoops comme un évêque en bénirait : « Notre journal révèle l’étendue du patrimoine immobilier de l’Eglise de France, entre hôtels particuliers et siège d’un grand groupe. Le Vatican, lui, loue des appartements parisiens haut de gamme à plusieurs personnalités. » Je vous le dis : Satan est dans la place.

Si encore il diavolo était dans la place, ça ne ferait pas grand bruit. Mais, nous dit-on, le diocèse de Paris possède des immeubles dans la capitale. Pire : le Vatican détient dix beaux immeubles dans la Ville lumière ! Bon, je sais, comme révélation, c’est un peu nul. Je m’attendais à autre chose. On nous aurait dit que l’archevêque de Paris coupait l’eau bénite avec de l’eau du robinet, qu’il allait dealer en loucedé de l’encens place des Innocents ou qu’il revendait au marché noir les boutons laissés à la quête par des paroissiens du dimanche, on aurait pu au moins rigoler.

Mais Le Parisien n’est pas d’humeur à la rigolade. Empreint de gravitude, il nous fait même le coup, en encadré, du « pactole des Petites Sœurs des pauvres » et des « propriétés secrètes de l’Eglise ». Confondant allègrement estimation du patrimoine et compte d’exploitation, mon estimé confrère (j’ai oublié son nom, mais je ne voulais pas l’appeler de toute façon) considère que trop c’est trop, et que l’Eglise exagère.

Oui, bien chers frères, bien chères sœurs, je vous le dis : l’Eglise exagère. Elle possède à Paris des biens d’une valeur folle. Si folle qu’ils en deviennent invendables et n’ont plus guère de place sur le marché. Enfin, cela valait avant la crise : l’Eglise se refusant à placer ses avoirs en bourse a préféré, en bon père de famille, investir dans les valeurs sûres… Rien chez Bernard Madoff : la honte !

Mon prénom étant François, je voue un culte très particulier à mon homonyme d’Assise : lui c’est lui, moi c’est moi. Les Fioretti racontent que le père du saint rital se plaint de son rejeton et de sa générosité : alors qu’il n’est encore qu’un bobo convenable d’Assise, saint François distribue la fortune paternelle aux pauvres. Le père n’en peut plus et les deux parties se retrouvent un jour au tribunal : au lieu de plaider sa cause, François d’Assise se dévêt de ses frusques devant la cour, pour ressortir à poil. Les chemins de la sainteté sont souvent gore.

Seulement, que veut Le Parisien : que l’Eglise se prive de tous les moyens de sa subsistance, qu’elle arrête la quête, qu’elle renonce au denier du culte et que Mgr Vingt-Trois exhibe ses génitoires en public ? On se cacherait les yeux devant tant de mystères qui doivent rester secrets. En attendant, continuons le combat : pourquoi hosties et sacrements ne sont-ils pas gratuitement téléchargeables sur Internet ?

L’Eglise de France a aujourd’hui trois sources de revenus : la quête, le denier du culte et les loyers de son patrimoine immobilier. Pour le diocèse parisien, ces derniers représentent un peu moins de 17 % de ses ressources sur un budget avoisinant les 52 millions d’euros. Ce n’est un secret que pour ceux qui sont privés de connexion Internet : les comptes du diocèse de Paris sont disponibles en ligne

En revanche, ce qui ne sera jamais rendu public, c’est le prix des loyers consentis à mes très honorables confrères de la presse par la Ville de Paris. Sous saint Jacques Chirac, saint Jean Tiberi ou saint Bertrand Delanoë, ce que l’on veut du côté de l’Hôtel de Ville ce sont des journalistes bien logés, et moins habités.

Certes, l’Eglise catholique achète, en leur louant des appartements, le silence de certains. Et Le Parisien nous apprend que même Bernard Kouchner est locataire du Vatican ! Le salaud ! La crapule finie. Que ce vendu au catholicisme paie enfin sa dette ! Hier, il déclarait que les propos du pape sur la capote étaient criminels, on lui souhaite maintenant une augmentation des charges assassine. Et l’on verra si Nanard-les-bons-tuyaux descend lui-même ses poubelles.

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Black, blanc ou beur : la France partagée

« L’antiracisme est le communisme du XXIe siècle. » Cette phrase d’Alain Finkielkraut, il faut la répéter jusqu’à ce qu’elle soit comprise par tous. Evidemment, il faut partir du constat que le communisme, celui qui est passé par l’épreuve du réel, pas l’utopie restée dans les livres, est une catastrophe, mais nous sommes tous d’accord là-dessus, non ?

Les petits Sartre d’aujourd’hui nous le disent : les anti-antiracistes sont des chiens et leurs méthodes sont fascistes. Ainsi les rares médias qui n’ont pu ignorer la vidéo de l’agression dans le Noctilien après qu’elle avait été largement vue sur le net s’accordent sur une seule chose : l’intention raciste des diffuseurs. Impossible d’incriminer les filmeurs, quoi de plus objectif qu’une caméra de surveillance, les racistes sont donc ceux grâce à qui nous avons tous pu la voir.

Remercions néanmoins le doigt et regardons un peu la lune. Pourquoi ne parler ici que de racisme ? La bande de racailles coupable de l’agression n’est pas ethniquement pure, ce n’est pas sur des critères raciaux que se forment ces groupes. Au contraire, bien dans son époque, elle est ce soir-là parfaitement black-blanc-beur.

Majoritairement composées de Français noirs et arabes, ces tribus modernes que sont les bandes incluent dans leurs rangs des Français blancs des mêmes cités, à condition qu’ils fassent l’effort d’intégration qui s’impose et adoptent les codes en vigueur :

Les quartiers où ils vivent sont leurs fiefs. Territoires perdus de la République ou en passe de le devenir qui ressemblent au far-west, à la différence que les honnêtes gens de toutes origines y sont désarmés et qu’on n’y élit ni le shérif ni le juge. (Imaginez le changement si on pouvait voter localement pour un type capable de les garder en prison).

Pour cela, le recours à la violence est indispensable. Sans limites et sans aucune proportion, contre la bande rivale ou contre les « boloss », comprenez vous et moi (je vous inclus en partant du principe que vous savez lire). Leur sens de « l’honneur » n’interdit pas le lynchage et légitime le coup de couteau en réponse à un regard de travers.
Le vol, le racket, le vandalisme, le viol, collectif de préférence (l’individualisme c’est bourgeois), sont encouragés. Tous les moyens sont bons pour trouver de l’argent et compléter la manne des allocations diverses, logement, famille, chômage… enfin presque tous les moyens, le travail est plutôt mal vu, on commence par gagner sa vie et on finit « boloss ».

La multiplication des gardes à vues garantit aux membres la reconnaissance du groupe. La prison en fait pratiquement des notables.

La pratique d’un sport de combat dans des gymnases que les contribuables « boloss » financent et re-financent après les incendies volontaires y est plus répandue que l’apprentissage du violon. La racaille délaisse la musique, celle qu’on joue avec des instruments, (la précision peut sembler étrange mais elle est nécessaire), la lecture, le théâtre et tout ce qui vous fait passer immédiatement pour un pédé.

Si l’ethnie a peu d’importance dans ces nouvelles tribus, le sexe en a beaucoup. Pas de filles dans les bandes puisqu’il n’y a que deux sortes de filles. Celles qui restent à la maison et les putes, aucune des deux catégories n’étant admise.

Enfin, le respect. S’il ne se montre pas respectueux des interdits et des hiérarchies, le petit blanc a peu de chances de survie au sein d’une bande de racailles. Attention, pas le respect que nous nous devons vous et moi. Il peut cogner une vieille dame pour lui voler son sac mais ne risquera pas une plaisanterie sur le Prophète, et si l’envie lui prend de tenir tête au caïd, elle lui passera très vite.

Ainsi s’il respecte ces quelques règles tacites et se soumet à la loi du dominant, le jeune homme de banlieue aura toutes les chances d’être intégré au groupe quelle que soit la couleur de sa peau.

Voilà, qu’on le veuille ou non, avec quoi nous sommes obligés de partager nos bus, nos villes, notre pays. Voilà la France barbare, multiraciale mais culturellement réduite à des mœurs mafieuses, d’où sortent les agresseurs du bus.

Face à eux, les agressés semblent appartenir à une France plus civilisée mais confrontés à un groupe de crétins dangereux, soudés et déterminés, les Français civilisés du bus sont terrorisés, isolés, paralysés. Sans doute plus cultivés que culturistes et élevés dans l’idée qu’il faut aimer son prochain ou à défaut le respecter, ils se révèlent incapables de répondre à la violence.

C’est plus facile à dire qu’à faire mais j’ai attendu désespérément en regardant cette vidéo que les hommes du bus échangent des regards, se parlent, se lèvent, opposent une résistance.

J’attends la même chose de mon pays. Que la France civilisée qui a réduit le communisme à des résultats électoraux inoffensifs et qui laisse des merdeux de seize ans lui pourrir la vie se parle et devant le danger qui menace réagisse au-delà de ses clivages, commence par déjouer cette vieille arnaque « racisme/antiracisme » et finisse, avec ou sans Sarkozy, par se débarrasser de la racaille, cette France barbare.

Halte aux discriminations à la Halde

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C’est un communiqué de la Hautoto en date d’avant-hier qui nous l’apprend : « La Halde recommande au gouvernement de supprimer les conditions de nationalité pour l’accès aux trois fonctions publiques, aux emplois des établissements et des entreprises publics, et aux emplois du secteur privé. » Pour soutenir sa requête, Louis Schweitzer et ses co-vigilants invoquent, of course, le droit européen, lequel stipule depuis 2003 que les étrangers résidant de façon légale depuis cinq ans sur le même territoire de l’Union européenne ont le droit à l’égalité dans l’accès à l’emploi. On attend donc de savoir, au nom de l’exemplarité bien pensée, lequel des administrateurs de la Halde, qui sont tous français de chez français, démissionnera pour laisser sa place à un Sri-Lankais ou une Inuïte. Allez Loulou, un bon geste !

L’horreur écologique

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Après que David Desgouilles a attiré mon attention sur la délicate proposition du député vert Yves Cochet visant à squeezer les allocs au-delà du troisième enfant, histoire d’émettre moins de CO2, je dois avouer avoir été saisi par une série de perplexités.

Il y a tout d’abord l’absence totale de réactions indignées. La bonne presse et la classe politique, si promptes à dégainer la moraline et le trémolo dès qu’une idée dépasse, ont été d’une discrétion exemplaires. Parce qu’en vrai, qui c’est qui fait des tripotées de mioches dans ce pays ? On va mettre à part les cas les plus particuliers (catholiques villieristes, loubavitchs, Brad Pitt et Angelina Jolie). Reste donc le noyau dur de la race des géniteurs-pollueurs, à savoir deux types de populations : les pauvres et les issus de la diversité, sans compter l’intergroupe. C’est donc aux immigrés et aux plus démunis que le député vert a proposé qu’on coupe les vivres – et plus si mésentente, allez savoir…

Imaginez un instant que Jean-Marie Le Pen eut hasardé le même raisonnement et les mêmes aboutissants, et je vous laisse imaginer le paysage. C’est reparti comme en 40, Adolf revient, stérilisation forcées, eugénisme néo-nazi, rien que d’y penser, j’entends déjà le Horst Wessel Lied qui siffle à mes oreilles. C’est d’ailleurs à peu près les mêmes flonflons qu’on aurait entonné si un UMP ou un socialiste pris de boisson avaient tenu des propos similaires en fin de banquet. On a tondu George Frèche ou plus récemment Alain Destrem pour des stupidités certes avérées, mais moindres. Le mieux, en politique, quand on n’est pas très doué et qu’on ne veut pas dire de conneries, c’est encore de ne rien dire, comme les collègues. Ou alors de dire du mal de Khomeiny ou de l’anorexie et du bien du Général ou des éoliennes.

Apparemment, Yves Cochet, comme souvent les autres Verts, peuvent eux, dire n’importe quoi sans prendre de gants, sans jamais prendre le risque de devenir les méchants ni même les bouffons de service. Ils peuvent proposer qu’on mette le litre de gasoil à 4 euros, qu’on supprime le chauffage des terrasses de cafés, qu’on rompe immédiatement les relations diplomatiques avec la Chine et Israël ou qu’on interdise les couches-culottes jetables : ça rentre comme dans du beurre.

L’hypothèse optimiste, c’est qu’on les laisse raconter ce qu’ils veulent parce qu’on présuppose qu’ils ne sont là que pour amuser la galerie, qu’ils n’ont aucune chance d’accéder au pouvoir. Cause toujours, coco, c’est pour de rire ! C’est une option pertinente, mais fausse ou en tout cas partielle. Tout d’abord parce le FN non plus n’a aucune chance d’arriver aux affaires et ne bénéficie pas exactement de la même mansuétude. Ensuite parce que les Verts restent indispensables à une éventuelle victoire électorale de la gauche, et toucheront donc les dividendes ministériels qui iront avec. Vous avez aimé Morano à la famille, vous allez adorer Cochet !

L’hypothèse pessimiste, c’est qu’on laisse filer les conneries les plus saillantes que les Verts profèrent, parce que, plus encore que les socialistes, ils sont une sorte de surmoi du camp du Bien et de ses annexes médiatiques. Et donc ontologiquement intouchables. OGM issus des ADN combinés de mère Teresa, Zidane et François Truffaut, les Verts peuvent même parfois raconter des horreurs (un peu comme en son temps l’Abbé Pierre), on ne leur en tiendra jamais rigueur parce qu’on sait qu’elles sont pavées de pures intentions, et qu’ils veulent in fine notre bien, celui des bébés phoques et de Gaïa, notre mère à tous. La messe est dite.

Si les Verts ne bénéficiaient pas d’un Ausweis médiatique sans limitation de durée ou d’insanité, il se serait trouvé un éditorialiste humaniste pour dérouler la pelote de Cochet. J’aurais bien vu un long cri d’indignation dans le registre éprouvé : « Mais pourquoi Monsieur Cochet s’arrête-t-il en si bon chemin ? » Parce qu’il va de soi que les vrais coupables de cette pollution infantile ce sont les parents. Et les parents de ses marmots générateurs de CO2 viennent bien souvent de pays où ils consommaient moins, donc polluaient moins. Au nom de l’urgence écologique et du principe de précaution réunis, qu’est-ce qu’on attend pour les renvoyer chez eux avec un coup de pompe dans le cul et un arrêté d’expulsion sur papier recyclé?

Franchement, cher Yves Cochet, jusque quand tolérera-t-on ces étrangers qui viennent bouffer la couche d’ozone des Français ?

100 % des papes sont catholiques

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La fiction dépasse souvent la réalité. Samedi, veille de Pâques, Trudi Kohl distillait sa coutumière ironie sur le monde des médias en mettant en garde le pape : « Osera-t-il contredire la Faculté en affirmant que le Christ est ressuscité ? » Notre consœur n’était pas loin de la réalité : l’Afp vient de publier hier mercredi une dépêche, reprise par Le Monde, titrant : « Pour Benoît XVI, la résurrection du Christ est un évènement réel, pas un mythe. » Pour une nouvelle, c’est une nouvelle ! C’est ce qui fonde la foi de tous les chrétiens depuis vingt siècles, et pas des seuls catholiques, comme le laisse entendre ce papier qui enchaîne avec une rare dextérité approximation et inexactitude. Bref, quand l’Afp découvre l’eau froide, Le Monde s’en sert un grand verre (c’est ce qui arrive quand on vire Henri Tincq avec l’eau du bain). On n’attribuera cependant pas le pompon de l’inconséquence au quotidien de déférence : il a déjà été décroché il y a une semaine par le Pèlerin magazine qui, à la veille de Pâques, publiait un sondage : « 13 % des catholiques croient en la résurrection. » Si l’on passe outre le tout petit point de détail qu’être catholique c’est justement croire en la résurrection, la situation s’éclaire : le pape est de plus en plus minoritaire chez lui. A quand un pape athée ?

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Benoit XVI, athées 0 !

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J’ai laissé passer la Semaine Sainte avant de donner libre cours à ma colère (sainte elle aussi, mais moins quand même). Mais enfin, trop c’est trop ! Depuis trois mois on fait la queue dans les médias, et notamment à la télévision, pour déverser sur le pape des tombereaux d’insultes stupides.

Pour être ridicule, cet anticatholicisme primaire n’en est pas moins odieux. Mais l’autre mercredi à « Ce soir ou jamais » (France 3, 23 heures), c’était quand même le ridicule qui l’emportait. Au point que l’animateur, Frédéric Taddeï, semblait parfois avoir quelque difficulté à garder son sérieux. Je le soupçonne même, le bougre, d’avoir organisé son plateau exprès pour ça… Sinon pourquoi, au milieu de sa brochette d’intellectuels antipapistes, aurait-il aussi clairement donné la vedette à André Comte-Sponville ?

Pour le fun, vous dis-je ! C’est quand même à ce philosophe de supermarché que l’on doit les meilleurs moments de la soirée… Dans le faux sérieux comme dans la drôlerie involontaire, l’homme n’a pas son pareil. D’emblée, André met la barre très haut, avec sa première saillie : « Benoît XVI compte sur la morale pour faire reculer le sida… C’est de l’angélisme ! » L’accusation est grave, en effet, concernant le successeur de Pierre.

Mais ne zappez pas ! Le meilleur est à venir… Déjà une perle nouvelle sort de la même huître baillante : « Quel dommage que les Evangiles soient ainsi gâchés par des querelles purement théologiques ! »

L’Evangile abîmé par la théologie : il n’y a que ce Comte de Sponville pour oser encore de telles blagues, et c’est pour ça qu’on l’aime ! Comme un vieux Polaroïd de notre plate époque qui croit survoler les montagnes…

J’aurais pu bien sûr vous entretenir aussi des autres intervenants de ce soir-là… L’anthropologue Georges Balandier par exemple, venu tout exprès dénoncer en Benoît XVI le nouveau flic d’une fantasmatique «police des corps». Ou cette espèce de sociologue nommé Eric Fassin qui, entre autres balançoires, accuse l’Eglise d’être criminelle : « Avec son discours, elle tue des gens au nom de la vie… »

Mais tout ça fait bien pâle figure à côté de Sponville. Lui seul sait passer du sérieux au comique avec un tel naturel qu’il est le seul à s’en rendre compte : « Lisez les Evangiles, vous n’y trouverez rien sur les préservatifs », lance-t-il sans rire, comme s’il rôdait son prochain one man show.

Dans la foulée l’artiste s’en prend à Jean-Paul II, coupable à ses yeux d’avoir qualifié « dans une encyclique » l’athéisme et l’apostasie de « péchés mortels ». Ignorant, volontairement ou non, le sens de cette formule théologique, ce nouveau M. Homais triomphe : « Moi je cumule les deux! Me voilà donc damné deux fois, sans rémission… Mais je m’en fous, bien sûr ! »

Ainsi, pour le plaisir d’une ultime pirouette, ce funambule de rez-de-chaussée détruit-il tout son numéro. Si décidément il se fout du Bon Dieu, pourquoi diable en parle-t-il ?

C’est un peu la faiblesse de tous ces contempteurs de l’Eglise : « Libérez-nous ! », hurlent-ils de l’extérieur. Mais de quoi se mêlent-ils ? Le pape s’adresse aux catholiques, et personne n’est obligé d’être catholique ! Peu importent donc ces Gros-Jean qui en remontrent à des curés qui ne sont même pas les leurs.

Le pire, vous savez quoi ? Ce sont les « catholiques critiques », une espèce de poissons-volants dont nos médias raffolent comme Mitterrand des ortolans.

Selon un récent sondage du JDD, ils seraient 43 % de « fidèles » à vouloir « changer de pape ». Un chiffre accueilli comme pain-bénit par les grands prêtres de l’areligion cathodique. La voilà bien, la preuve que Benoît XVI est dans l’erreur : si l’Eglise était une démocratie, il ne serait pas réélu !

Parmi les porte-parole de ce courant, j’ai eu la pénible surprise de trouver, au tout premier rang… Alain Juppé ! Dieu sait que je n’ai rien contre le bonhomme, surtout ces douze dernières années… Mais que vient-il faire dans cette galère ? Pourquoi la brebis Juppé bêle-t-elle avec les loups ?

« Ce pape commence à poser un vrai problème ! » lançait déjà le mois dernier, à la face de tous les micros et caméras, le maire de Bordeaux, avec une autorité d’origine indéterminée. Et le bon Dr Juppé de poser son diagnostic accablant : Benoît XVI, affligé d’un « autisme total », accumule des «contre-vérités» qui dénotent chez lui « une absence de charité extraordinaire ». Et comment ça s’appelle, d’après vous, un prétendu pape qui tourne ainsi le dos à la vérité et à la charité ? Un Antéchrist, tout simplement !

Je ne sais pas pourquoi, mais quand c’est un mec « de droite », soi-disant catho qui profère de telles insanités, ça m’énerve plus que si c’était un vulgaire saucissonneur du Vendredi Saint !

Parce qu’enfin, quand on pense comme ça, on sort de l’Eglise tout simplement : les portes sont grands ouvertes, dans les deux sens !

A priori, j’aurais songé pour Alain à une reconversion dans la Religion Prétendument Réformée. Non pas pour les initiales, qui lui ont fait tant de mal, mais pour le «libre examen» qui lui sied si bien : « Tout protestant fut pape une Bible à la main », comme disait Bossuet.

Mais dans les circonstances actuelles, peut-être le bouddhisme zen serait-il plus approprié. Si, comme on le murmure désormais tout haut, Juppé est appelé prochainement à bosser pour Sarkozy, il aura besoin de sérénité.

En attendant, l’ex-futur a cru bon d’en remettre une couche – rien que pour m’énerver, semble-t-il : par un de ces hasards qui n’existent pas, je suis retombé sur lui mercredi dernier sur France 5 dans l’émission « C à dire ».

En tournée de promo pour son nouveau bouquin (J’aurai plus la tentation de manger Venise en hiver, ou genre), l’intéressé a jugé bon de faire l’intéressant en fulminant un nouvel anathème contre le Pape.

Après avoir rappelé qu’il était catholique « à titre personnel » (!), Juppé a lancé « J’ai des doutes » – tel un Raymond Devos qui se voudrait sérieux. Au point même de les expliciter, ces doutes : « Les gens qui ont des certitudes définitives et péremptoires sur la vie et la mort me font un peu peur. » Gageons que ce garçon, décidément trop sensible, eût été effrayé par un mec comme le Christ, capable de proclamer plutôt péremptoirement : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie. »

Heureusement, Jésus a aussi légué à la postérité d’autres aphorismes plus adaptés à un Juppé normal, genre : « On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif… »

Villepin confidentiel

Avec l’assistance technique d’Imad Laoud, l’informaticien des stars, Causeur a réussi à intercepter un e-mail envoyé par l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin à François Bayrou, patron du Modem. Les plus hautes instances de Causeur se sont réunies en conclave, dont son Comité d’éthique (présidé par le dentiste et élu Modem André Epaulard), afin de juger s’il était moral de rendre publique une telle correspondance privée. L’intérêt historique de ce courriel, nous a convaincu qu’il convenait de le révéler au grand public. Le voici.

Cher François,
Le temps est venu, pour nous deux, de regarder la France au fond des yeux. Crois-moi, l’heure de notre rendez-vous avec l’histoire est venue. Cette vieille nation d’élite, sûre d’elle et dominatrice, à la culture millénaire, a besoin de rebelles sévères et authentiques, pour traverser la tempête actuelle et braver ses vagues scélérates. Nous ne serons pas trop de deux petits soldats vertueux pour atteindre la « bête immonde »… et la terrasser ! As-tu remarqué que Nicolas Sarkozy s’est acheté une Italienne transalpine comme légitime épouse ? Le fascisme est à nos portes ! En conséquence, et pour battre Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2012, je te propose de t’unir à moi. Enfin, entendons-nous… je te propose de faire alliance. Si tu le veux bien, créons un nouveau parti… Notre programme appellera à la séquestration des patrons-voyous, au tabassage des étudiants boutonneux dans les Noctiliens par des bandes ethniques, à la réécriture de la Marseillaise par Gonzague Saint-Bris, et à la réforme stylistique des formulaires administratifs.
Demain sera poétique, crois-moi. A bientôt, mon François, pour ce nouveau combat poétique que nous allons gagner ! Tu m’es comme un sémaphore dans la nuit de l’esprit. Je t’aime !

Je veux revoir ma Moldavie

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J’apprends depuis ma retraite au Mont-Noir dans la villa Yourcenar, où je me trouve en résidence d’écrivain pour un mois, qu’un pays cher à mon cœur d’adolescent connaît des troubles après l’élection parfaitement régulière d’une chambre des députés à majorité communiste. Pas besoin d’être grand clerc pour savoir qu’il s’agit là, après l’Ukraine et la Géorgie, des habituelles tentatives de déstabilisation menées par un président américain qui, quoique noir, n’en continue pas néanmoins à encourager en sous main ces pseudo-révolutions orange (la couleur du Modem chère à André Epaulard) dans toutes les anciennes républiques socialistes soviétiques qui s’obstinent à vouloir garder leurs systèmes de protection et de solidarité sous la houlette d’apparatchiks bonhommes. Je citerai le président de Biélorussie, l’avisé Alexandre Loukachenko, qui ne voit pas l’intérêt, comme on le comprend, que les jolies filles blondes de son pays finissent dans l’industrie pornographique du grand marché unique, avec sa concurrence libre et non faussée.

Il y aurait eu un mort parmi les manifestants antigouvernementaux moldaves. Un mort dont on a beaucoup plus parlé que celui des manifestations londoniennes du G20, mais passons, on sait qu’un manifestant tué par une police démocratique est toujours un émeutier tandis qu’un manifestant tué par une police communiste est toujours une victime de la liberté (du marché ou d’expression, peu importe, la liberté, on vous dit…)

Pour plus de renseignements, sur cette affaire moldave, il faudra attendre le prochain SAS dont nous avons déjà dit ici qu’il s’agissait de la seule source d’informations fiables sur la géopolitique de notre temps.

Mais revenons à la Moldavie.

J’ai été très heureux en Moldavie. La capitale s’appelait encore Kichinev et non Chisnau. J’y ai passé quelques temps entre 1979 et 1982, pour perfectionner mon russe, histoire d’entamer une collaboration fructueuse quand les sept millions d’homme en tenue kaki du Pacte de Varsovie se décideraient à franchir le Rhin pour venir, enfin, nous libérer de la tyrannie des dernières années du libéralisme avancé à la sauce Giscard.

J’avais quinze ans et je ne voulais pas pourrir. Je me souviens particulièrement de l’été 1980.
Il fait beau.
Il y a des portraits de Brejnev à l’entrée du quartier réservé aux maisons Mitteleuropa.
Le secrétaire général a commencé sa carrière en Moldavie.
L’église catholique est fermée, ma mère (tendance Témoignage Chrétien) m’avait demandé de vérifier.

Mes amis s’appellent Auguste Naouki et Violetta Moldovan. La Moldavie ressemble aux coteaux du beaujolais, le vin moldave, lui assez peu au Morgon. Auguste lit Eminescu et Essenine. Il me parle de la Pologne qui bouge, des Américains qui boycottent les JO de Moscou, les salauds.

Les livres ne coûtent presque rien. Violetta parle le russe, le moldave, le roumain, le français. Elle a dix-sept ans, elle est brune et a un gilet orange comme jamais je ne verrai plus de gilet orange. Je comprends les articles de Ogoniok et de la Komsomolskaïa Pravda.

Auguste joue aux échecs. Je ne le battrai qu’une fois. Je crois qu’il m’a laissé gagner. Gentillesse soviétique, courtoisie latine.

Violetta a dix-sept ans. La maison de son père ressemble à un chalet balnéaire de la côte normande, dans une avenue blondinienne, calme et profonde comme un cimetière. Les Pobiéda roulent en silence.

Auguste et Violetta ont le droit d’aller avec moi au Beriozka de l’Intourist. On achète des Marlboro et du chocolat. Moi, je m’obstine à m’arracher les lèvres sur le carton des papirosses et à tousser : je fumerai communiste, quoiqu’il m’en coûte.

On a du mal à écraser les carrés de sucre dans les verres de thé.

Un soir, je suis très saoul. L’odeur de pinède du jardin de Violetta m’empêche de vomir.

On entend l’hymne soviétique qui vient d’une télé à l’intérieur: il est minuit.

Je pleure comme un veau quand Violetta m’embrasse une dernière fois sur le tarmac de l’aéroport. « Mé jiviom v raznire planétare », dit-elle. Nous vivons sur des planètes différentes, oui…

Gilet orange. Portrait de Lénine. Une édition bilingue d’Eminescu donnée par Auguste.
L’Atlantide, seigneur, c’était l’Atlantide.

Qui n’a pas vécu en Moldavie avant 1989 n’a pas connu la douceur de vivre.

La cagoule, c’est pas cool

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Jeudi 16 avril, Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, a proposé un décret interdisant le port de la cagoule pendant les manifestations. On ne peut que se féliciter de cette mesure qui empêchera désormais les voyous de se livrer aux pires exactions sous l’œil complaisant des caméras. Beaucoup de téléspectateurs ont, en effet, encore dans les yeux le spectacle traumatisant de cette bande armée et masquée attaquant un petit matin de novembre une ferme de Tarnac (Corrèze), défonçant les portes, volant des livres et des documents avant de procéder à de nombreux enlèvements, dont celui de Julien Coupat qui, près de six mois après, est toujours entre les mains de ses ravisseurs.

Borloo : « Béatrice, fais tes valises ! »

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Les choses se précisent. Nicolas Sarkozy entend remanier le gouvernement le plus vite possible, histoire de déconnecter cette décision des européennes : pronostiquant une déculottée assez sévère pour l’UMP, l’Elysée compte faire des élections de juin un « non événement ». En attendant, les ministres se préparent à toute éventualité. Qui succèdera à qui ? Ces dernières semaines, Rachida Dati et Jean-Louis Borloo sont devenus inséparables. Au début du mois, ils déjeunaient ensemble. Mardi, Rachida Dati s’est rendue au ministère de l’Ecologie pour y prendre un petit-déjeuner qui a trainé en longueur (dans le vocabulaire environnemental, c’est sans doute cela qu’on appelle un petit-déj’ durable). De quoi ont-ils pu bien parler ? Du droit de l’environnement ou des dossiers chauds de la place Vendôme, dont Jean-Louis Borloo pourrait bien être le futur locataire… Ses proches restent néanmoins prudents sur cette éventualité. Il faut dire que leur patron et Rachida Dati n’ont pas encore pris l’apéro ensemble.

Mon curé chez les promoteurs

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Ça faisait longtemps. Peut-être trois jours au moins que l’Eglise catholique n’avait pas été au centre d’un scandale mondial dont elle est désormais coutumière. On s’habitue à tout. Qu’on se rassure : aucun journal n’a révélé que Benoît XVI battait sa femme – pas l’actuelle, mais son ex, dont il a divorcé et dont il a eu vingt-cinq enfants, tous placés comme il se doit chez les Enfants de Marie. Ça, on ne l’apprendra que la semaine prochaine en feuilletant nonchalamment son journal : plaise à Dieu de nous prêter vie jusque-là ! Non, cette semaine, la presse a montré qu’elle pouvait servir à autre chose qu’à emballer le poisson en consacrant ses gros titres à un truc qui déchire vraiment sa race. Et ce sont nos estimables confrères du Parisien qui se sont coltinés la tâche en titrant jeudi : « Les richesses cachées de l’Eglise ».

Certes, le hasard ou la Providence a voulu que ce titre occupant cinq colonnes à la une soit placé juste au-dessus d’une photo légendée : « La colère des pêcheurs ». Hormis l’orthographe, on aura bien compris que même les pécheurs se mettent en colère quand on apprend que les caves vaticanes recèlent le trésor des Templiers, les valises de la Loge P2 et les avoirs résiduels de la banque Ambrosiano. Car Le Parisien nous promet des scoops comme un évêque en bénirait : « Notre journal révèle l’étendue du patrimoine immobilier de l’Eglise de France, entre hôtels particuliers et siège d’un grand groupe. Le Vatican, lui, loue des appartements parisiens haut de gamme à plusieurs personnalités. » Je vous le dis : Satan est dans la place.

Si encore il diavolo était dans la place, ça ne ferait pas grand bruit. Mais, nous dit-on, le diocèse de Paris possède des immeubles dans la capitale. Pire : le Vatican détient dix beaux immeubles dans la Ville lumière ! Bon, je sais, comme révélation, c’est un peu nul. Je m’attendais à autre chose. On nous aurait dit que l’archevêque de Paris coupait l’eau bénite avec de l’eau du robinet, qu’il allait dealer en loucedé de l’encens place des Innocents ou qu’il revendait au marché noir les boutons laissés à la quête par des paroissiens du dimanche, on aurait pu au moins rigoler.

Mais Le Parisien n’est pas d’humeur à la rigolade. Empreint de gravitude, il nous fait même le coup, en encadré, du « pactole des Petites Sœurs des pauvres » et des « propriétés secrètes de l’Eglise ». Confondant allègrement estimation du patrimoine et compte d’exploitation, mon estimé confrère (j’ai oublié son nom, mais je ne voulais pas l’appeler de toute façon) considère que trop c’est trop, et que l’Eglise exagère.

Oui, bien chers frères, bien chères sœurs, je vous le dis : l’Eglise exagère. Elle possède à Paris des biens d’une valeur folle. Si folle qu’ils en deviennent invendables et n’ont plus guère de place sur le marché. Enfin, cela valait avant la crise : l’Eglise se refusant à placer ses avoirs en bourse a préféré, en bon père de famille, investir dans les valeurs sûres… Rien chez Bernard Madoff : la honte !

Mon prénom étant François, je voue un culte très particulier à mon homonyme d’Assise : lui c’est lui, moi c’est moi. Les Fioretti racontent que le père du saint rital se plaint de son rejeton et de sa générosité : alors qu’il n’est encore qu’un bobo convenable d’Assise, saint François distribue la fortune paternelle aux pauvres. Le père n’en peut plus et les deux parties se retrouvent un jour au tribunal : au lieu de plaider sa cause, François d’Assise se dévêt de ses frusques devant la cour, pour ressortir à poil. Les chemins de la sainteté sont souvent gore.

Seulement, que veut Le Parisien : que l’Eglise se prive de tous les moyens de sa subsistance, qu’elle arrête la quête, qu’elle renonce au denier du culte et que Mgr Vingt-Trois exhibe ses génitoires en public ? On se cacherait les yeux devant tant de mystères qui doivent rester secrets. En attendant, continuons le combat : pourquoi hosties et sacrements ne sont-ils pas gratuitement téléchargeables sur Internet ?

L’Eglise de France a aujourd’hui trois sources de revenus : la quête, le denier du culte et les loyers de son patrimoine immobilier. Pour le diocèse parisien, ces derniers représentent un peu moins de 17 % de ses ressources sur un budget avoisinant les 52 millions d’euros. Ce n’est un secret que pour ceux qui sont privés de connexion Internet : les comptes du diocèse de Paris sont disponibles en ligne

En revanche, ce qui ne sera jamais rendu public, c’est le prix des loyers consentis à mes très honorables confrères de la presse par la Ville de Paris. Sous saint Jacques Chirac, saint Jean Tiberi ou saint Bertrand Delanoë, ce que l’on veut du côté de l’Hôtel de Ville ce sont des journalistes bien logés, et moins habités.

Certes, l’Eglise catholique achète, en leur louant des appartements, le silence de certains. Et Le Parisien nous apprend que même Bernard Kouchner est locataire du Vatican ! Le salaud ! La crapule finie. Que ce vendu au catholicisme paie enfin sa dette ! Hier, il déclarait que les propos du pape sur la capote étaient criminels, on lui souhaite maintenant une augmentation des charges assassine. Et l’on verra si Nanard-les-bons-tuyaux descend lui-même ses poubelles.

Les Fioretti de saint François

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Black, blanc ou beur : la France partagée

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« L’antiracisme est le communisme du XXIe siècle. » Cette phrase d’Alain Finkielkraut, il faut la répéter jusqu’à ce qu’elle soit comprise par tous. Evidemment, il faut partir du constat que le communisme, celui qui est passé par l’épreuve du réel, pas l’utopie restée dans les livres, est une catastrophe, mais nous sommes tous d’accord là-dessus, non ?

Les petits Sartre d’aujourd’hui nous le disent : les anti-antiracistes sont des chiens et leurs méthodes sont fascistes. Ainsi les rares médias qui n’ont pu ignorer la vidéo de l’agression dans le Noctilien après qu’elle avait été largement vue sur le net s’accordent sur une seule chose : l’intention raciste des diffuseurs. Impossible d’incriminer les filmeurs, quoi de plus objectif qu’une caméra de surveillance, les racistes sont donc ceux grâce à qui nous avons tous pu la voir.

Remercions néanmoins le doigt et regardons un peu la lune. Pourquoi ne parler ici que de racisme ? La bande de racailles coupable de l’agression n’est pas ethniquement pure, ce n’est pas sur des critères raciaux que se forment ces groupes. Au contraire, bien dans son époque, elle est ce soir-là parfaitement black-blanc-beur.

Majoritairement composées de Français noirs et arabes, ces tribus modernes que sont les bandes incluent dans leurs rangs des Français blancs des mêmes cités, à condition qu’ils fassent l’effort d’intégration qui s’impose et adoptent les codes en vigueur :

Les quartiers où ils vivent sont leurs fiefs. Territoires perdus de la République ou en passe de le devenir qui ressemblent au far-west, à la différence que les honnêtes gens de toutes origines y sont désarmés et qu’on n’y élit ni le shérif ni le juge. (Imaginez le changement si on pouvait voter localement pour un type capable de les garder en prison).

Pour cela, le recours à la violence est indispensable. Sans limites et sans aucune proportion, contre la bande rivale ou contre les « boloss », comprenez vous et moi (je vous inclus en partant du principe que vous savez lire). Leur sens de « l’honneur » n’interdit pas le lynchage et légitime le coup de couteau en réponse à un regard de travers.
Le vol, le racket, le vandalisme, le viol, collectif de préférence (l’individualisme c’est bourgeois), sont encouragés. Tous les moyens sont bons pour trouver de l’argent et compléter la manne des allocations diverses, logement, famille, chômage… enfin presque tous les moyens, le travail est plutôt mal vu, on commence par gagner sa vie et on finit « boloss ».

La multiplication des gardes à vues garantit aux membres la reconnaissance du groupe. La prison en fait pratiquement des notables.

La pratique d’un sport de combat dans des gymnases que les contribuables « boloss » financent et re-financent après les incendies volontaires y est plus répandue que l’apprentissage du violon. La racaille délaisse la musique, celle qu’on joue avec des instruments, (la précision peut sembler étrange mais elle est nécessaire), la lecture, le théâtre et tout ce qui vous fait passer immédiatement pour un pédé.

Si l’ethnie a peu d’importance dans ces nouvelles tribus, le sexe en a beaucoup. Pas de filles dans les bandes puisqu’il n’y a que deux sortes de filles. Celles qui restent à la maison et les putes, aucune des deux catégories n’étant admise.

Enfin, le respect. S’il ne se montre pas respectueux des interdits et des hiérarchies, le petit blanc a peu de chances de survie au sein d’une bande de racailles. Attention, pas le respect que nous nous devons vous et moi. Il peut cogner une vieille dame pour lui voler son sac mais ne risquera pas une plaisanterie sur le Prophète, et si l’envie lui prend de tenir tête au caïd, elle lui passera très vite.

Ainsi s’il respecte ces quelques règles tacites et se soumet à la loi du dominant, le jeune homme de banlieue aura toutes les chances d’être intégré au groupe quelle que soit la couleur de sa peau.

Voilà, qu’on le veuille ou non, avec quoi nous sommes obligés de partager nos bus, nos villes, notre pays. Voilà la France barbare, multiraciale mais culturellement réduite à des mœurs mafieuses, d’où sortent les agresseurs du bus.

Face à eux, les agressés semblent appartenir à une France plus civilisée mais confrontés à un groupe de crétins dangereux, soudés et déterminés, les Français civilisés du bus sont terrorisés, isolés, paralysés. Sans doute plus cultivés que culturistes et élevés dans l’idée qu’il faut aimer son prochain ou à défaut le respecter, ils se révèlent incapables de répondre à la violence.

C’est plus facile à dire qu’à faire mais j’ai attendu désespérément en regardant cette vidéo que les hommes du bus échangent des regards, se parlent, se lèvent, opposent une résistance.

J’attends la même chose de mon pays. Que la France civilisée qui a réduit le communisme à des résultats électoraux inoffensifs et qui laisse des merdeux de seize ans lui pourrir la vie se parle et devant le danger qui menace réagisse au-delà de ses clivages, commence par déjouer cette vieille arnaque « racisme/antiracisme » et finisse, avec ou sans Sarkozy, par se débarrasser de la racaille, cette France barbare.

Halte aux discriminations à la Halde

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C’est un communiqué de la Hautoto en date d’avant-hier qui nous l’apprend : « La Halde recommande au gouvernement de supprimer les conditions de nationalité pour l’accès aux trois fonctions publiques, aux emplois des établissements et des entreprises publics, et aux emplois du secteur privé. » Pour soutenir sa requête, Louis Schweitzer et ses co-vigilants invoquent, of course, le droit européen, lequel stipule depuis 2003 que les étrangers résidant de façon légale depuis cinq ans sur le même territoire de l’Union européenne ont le droit à l’égalité dans l’accès à l’emploi. On attend donc de savoir, au nom de l’exemplarité bien pensée, lequel des administrateurs de la Halde, qui sont tous français de chez français, démissionnera pour laisser sa place à un Sri-Lankais ou une Inuïte. Allez Loulou, un bon geste !

L’horreur écologique

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Après que David Desgouilles a attiré mon attention sur la délicate proposition du député vert Yves Cochet visant à squeezer les allocs au-delà du troisième enfant, histoire d’émettre moins de CO2, je dois avouer avoir été saisi par une série de perplexités.

Il y a tout d’abord l’absence totale de réactions indignées. La bonne presse et la classe politique, si promptes à dégainer la moraline et le trémolo dès qu’une idée dépasse, ont été d’une discrétion exemplaires. Parce qu’en vrai, qui c’est qui fait des tripotées de mioches dans ce pays ? On va mettre à part les cas les plus particuliers (catholiques villieristes, loubavitchs, Brad Pitt et Angelina Jolie). Reste donc le noyau dur de la race des géniteurs-pollueurs, à savoir deux types de populations : les pauvres et les issus de la diversité, sans compter l’intergroupe. C’est donc aux immigrés et aux plus démunis que le député vert a proposé qu’on coupe les vivres – et plus si mésentente, allez savoir…

Imaginez un instant que Jean-Marie Le Pen eut hasardé le même raisonnement et les mêmes aboutissants, et je vous laisse imaginer le paysage. C’est reparti comme en 40, Adolf revient, stérilisation forcées, eugénisme néo-nazi, rien que d’y penser, j’entends déjà le Horst Wessel Lied qui siffle à mes oreilles. C’est d’ailleurs à peu près les mêmes flonflons qu’on aurait entonné si un UMP ou un socialiste pris de boisson avaient tenu des propos similaires en fin de banquet. On a tondu George Frèche ou plus récemment Alain Destrem pour des stupidités certes avérées, mais moindres. Le mieux, en politique, quand on n’est pas très doué et qu’on ne veut pas dire de conneries, c’est encore de ne rien dire, comme les collègues. Ou alors de dire du mal de Khomeiny ou de l’anorexie et du bien du Général ou des éoliennes.

Apparemment, Yves Cochet, comme souvent les autres Verts, peuvent eux, dire n’importe quoi sans prendre de gants, sans jamais prendre le risque de devenir les méchants ni même les bouffons de service. Ils peuvent proposer qu’on mette le litre de gasoil à 4 euros, qu’on supprime le chauffage des terrasses de cafés, qu’on rompe immédiatement les relations diplomatiques avec la Chine et Israël ou qu’on interdise les couches-culottes jetables : ça rentre comme dans du beurre.

L’hypothèse optimiste, c’est qu’on les laisse raconter ce qu’ils veulent parce qu’on présuppose qu’ils ne sont là que pour amuser la galerie, qu’ils n’ont aucune chance d’accéder au pouvoir. Cause toujours, coco, c’est pour de rire ! C’est une option pertinente, mais fausse ou en tout cas partielle. Tout d’abord parce le FN non plus n’a aucune chance d’arriver aux affaires et ne bénéficie pas exactement de la même mansuétude. Ensuite parce que les Verts restent indispensables à une éventuelle victoire électorale de la gauche, et toucheront donc les dividendes ministériels qui iront avec. Vous avez aimé Morano à la famille, vous allez adorer Cochet !

L’hypothèse pessimiste, c’est qu’on laisse filer les conneries les plus saillantes que les Verts profèrent, parce que, plus encore que les socialistes, ils sont une sorte de surmoi du camp du Bien et de ses annexes médiatiques. Et donc ontologiquement intouchables. OGM issus des ADN combinés de mère Teresa, Zidane et François Truffaut, les Verts peuvent même parfois raconter des horreurs (un peu comme en son temps l’Abbé Pierre), on ne leur en tiendra jamais rigueur parce qu’on sait qu’elles sont pavées de pures intentions, et qu’ils veulent in fine notre bien, celui des bébés phoques et de Gaïa, notre mère à tous. La messe est dite.

Si les Verts ne bénéficiaient pas d’un Ausweis médiatique sans limitation de durée ou d’insanité, il se serait trouvé un éditorialiste humaniste pour dérouler la pelote de Cochet. J’aurais bien vu un long cri d’indignation dans le registre éprouvé : « Mais pourquoi Monsieur Cochet s’arrête-t-il en si bon chemin ? » Parce qu’il va de soi que les vrais coupables de cette pollution infantile ce sont les parents. Et les parents de ses marmots générateurs de CO2 viennent bien souvent de pays où ils consommaient moins, donc polluaient moins. Au nom de l’urgence écologique et du principe de précaution réunis, qu’est-ce qu’on attend pour les renvoyer chez eux avec un coup de pompe dans le cul et un arrêté d’expulsion sur papier recyclé?

Franchement, cher Yves Cochet, jusque quand tolérera-t-on ces étrangers qui viennent bouffer la couche d’ozone des Français ?

100 % des papes sont catholiques

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La fiction dépasse souvent la réalité. Samedi, veille de Pâques, Trudi Kohl distillait sa coutumière ironie sur le monde des médias en mettant en garde le pape : « Osera-t-il contredire la Faculté en affirmant que le Christ est ressuscité ? » Notre consœur n’était pas loin de la réalité : l’Afp vient de publier hier mercredi une dépêche, reprise par Le Monde, titrant : « Pour Benoît XVI, la résurrection du Christ est un évènement réel, pas un mythe. » Pour une nouvelle, c’est une nouvelle ! C’est ce qui fonde la foi de tous les chrétiens depuis vingt siècles, et pas des seuls catholiques, comme le laisse entendre ce papier qui enchaîne avec une rare dextérité approximation et inexactitude. Bref, quand l’Afp découvre l’eau froide, Le Monde s’en sert un grand verre (c’est ce qui arrive quand on vire Henri Tincq avec l’eau du bain). On n’attribuera cependant pas le pompon de l’inconséquence au quotidien de déférence : il a déjà été décroché il y a une semaine par le Pèlerin magazine qui, à la veille de Pâques, publiait un sondage : « 13 % des catholiques croient en la résurrection. » Si l’on passe outre le tout petit point de détail qu’être catholique c’est justement croire en la résurrection, la situation s’éclaire : le pape est de plus en plus minoritaire chez lui. A quand un pape athée ?

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Benoit XVI, athées 0 !

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J’ai laissé passer la Semaine Sainte avant de donner libre cours à ma colère (sainte elle aussi, mais moins quand même). Mais enfin, trop c’est trop ! Depuis trois mois on fait la queue dans les médias, et notamment à la télévision, pour déverser sur le pape des tombereaux d’insultes stupides.

Pour être ridicule, cet anticatholicisme primaire n’en est pas moins odieux. Mais l’autre mercredi à « Ce soir ou jamais » (France 3, 23 heures), c’était quand même le ridicule qui l’emportait. Au point que l’animateur, Frédéric Taddeï, semblait parfois avoir quelque difficulté à garder son sérieux. Je le soupçonne même, le bougre, d’avoir organisé son plateau exprès pour ça… Sinon pourquoi, au milieu de sa brochette d’intellectuels antipapistes, aurait-il aussi clairement donné la vedette à André Comte-Sponville ?

Pour le fun, vous dis-je ! C’est quand même à ce philosophe de supermarché que l’on doit les meilleurs moments de la soirée… Dans le faux sérieux comme dans la drôlerie involontaire, l’homme n’a pas son pareil. D’emblée, André met la barre très haut, avec sa première saillie : « Benoît XVI compte sur la morale pour faire reculer le sida… C’est de l’angélisme ! » L’accusation est grave, en effet, concernant le successeur de Pierre.

Mais ne zappez pas ! Le meilleur est à venir… Déjà une perle nouvelle sort de la même huître baillante : « Quel dommage que les Evangiles soient ainsi gâchés par des querelles purement théologiques ! »

L’Evangile abîmé par la théologie : il n’y a que ce Comte de Sponville pour oser encore de telles blagues, et c’est pour ça qu’on l’aime ! Comme un vieux Polaroïd de notre plate époque qui croit survoler les montagnes…

J’aurais pu bien sûr vous entretenir aussi des autres intervenants de ce soir-là… L’anthropologue Georges Balandier par exemple, venu tout exprès dénoncer en Benoît XVI le nouveau flic d’une fantasmatique «police des corps». Ou cette espèce de sociologue nommé Eric Fassin qui, entre autres balançoires, accuse l’Eglise d’être criminelle : « Avec son discours, elle tue des gens au nom de la vie… »

Mais tout ça fait bien pâle figure à côté de Sponville. Lui seul sait passer du sérieux au comique avec un tel naturel qu’il est le seul à s’en rendre compte : « Lisez les Evangiles, vous n’y trouverez rien sur les préservatifs », lance-t-il sans rire, comme s’il rôdait son prochain one man show.

Dans la foulée l’artiste s’en prend à Jean-Paul II, coupable à ses yeux d’avoir qualifié « dans une encyclique » l’athéisme et l’apostasie de « péchés mortels ». Ignorant, volontairement ou non, le sens de cette formule théologique, ce nouveau M. Homais triomphe : « Moi je cumule les deux! Me voilà donc damné deux fois, sans rémission… Mais je m’en fous, bien sûr ! »

Ainsi, pour le plaisir d’une ultime pirouette, ce funambule de rez-de-chaussée détruit-il tout son numéro. Si décidément il se fout du Bon Dieu, pourquoi diable en parle-t-il ?

C’est un peu la faiblesse de tous ces contempteurs de l’Eglise : « Libérez-nous ! », hurlent-ils de l’extérieur. Mais de quoi se mêlent-ils ? Le pape s’adresse aux catholiques, et personne n’est obligé d’être catholique ! Peu importent donc ces Gros-Jean qui en remontrent à des curés qui ne sont même pas les leurs.

Le pire, vous savez quoi ? Ce sont les « catholiques critiques », une espèce de poissons-volants dont nos médias raffolent comme Mitterrand des ortolans.

Selon un récent sondage du JDD, ils seraient 43 % de « fidèles » à vouloir « changer de pape ». Un chiffre accueilli comme pain-bénit par les grands prêtres de l’areligion cathodique. La voilà bien, la preuve que Benoît XVI est dans l’erreur : si l’Eglise était une démocratie, il ne serait pas réélu !

Parmi les porte-parole de ce courant, j’ai eu la pénible surprise de trouver, au tout premier rang… Alain Juppé ! Dieu sait que je n’ai rien contre le bonhomme, surtout ces douze dernières années… Mais que vient-il faire dans cette galère ? Pourquoi la brebis Juppé bêle-t-elle avec les loups ?

« Ce pape commence à poser un vrai problème ! » lançait déjà le mois dernier, à la face de tous les micros et caméras, le maire de Bordeaux, avec une autorité d’origine indéterminée. Et le bon Dr Juppé de poser son diagnostic accablant : Benoît XVI, affligé d’un « autisme total », accumule des «contre-vérités» qui dénotent chez lui « une absence de charité extraordinaire ». Et comment ça s’appelle, d’après vous, un prétendu pape qui tourne ainsi le dos à la vérité et à la charité ? Un Antéchrist, tout simplement !

Je ne sais pas pourquoi, mais quand c’est un mec « de droite », soi-disant catho qui profère de telles insanités, ça m’énerve plus que si c’était un vulgaire saucissonneur du Vendredi Saint !

Parce qu’enfin, quand on pense comme ça, on sort de l’Eglise tout simplement : les portes sont grands ouvertes, dans les deux sens !

A priori, j’aurais songé pour Alain à une reconversion dans la Religion Prétendument Réformée. Non pas pour les initiales, qui lui ont fait tant de mal, mais pour le «libre examen» qui lui sied si bien : « Tout protestant fut pape une Bible à la main », comme disait Bossuet.

Mais dans les circonstances actuelles, peut-être le bouddhisme zen serait-il plus approprié. Si, comme on le murmure désormais tout haut, Juppé est appelé prochainement à bosser pour Sarkozy, il aura besoin de sérénité.

En attendant, l’ex-futur a cru bon d’en remettre une couche – rien que pour m’énerver, semble-t-il : par un de ces hasards qui n’existent pas, je suis retombé sur lui mercredi dernier sur France 5 dans l’émission « C à dire ».

En tournée de promo pour son nouveau bouquin (J’aurai plus la tentation de manger Venise en hiver, ou genre), l’intéressé a jugé bon de faire l’intéressant en fulminant un nouvel anathème contre le Pape.

Après avoir rappelé qu’il était catholique « à titre personnel » (!), Juppé a lancé « J’ai des doutes » – tel un Raymond Devos qui se voudrait sérieux. Au point même de les expliciter, ces doutes : « Les gens qui ont des certitudes définitives et péremptoires sur la vie et la mort me font un peu peur. » Gageons que ce garçon, décidément trop sensible, eût été effrayé par un mec comme le Christ, capable de proclamer plutôt péremptoirement : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie. »

Heureusement, Jésus a aussi légué à la postérité d’autres aphorismes plus adaptés à un Juppé normal, genre : « On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif… »

Villepin confidentiel

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Avec l’assistance technique d’Imad Laoud, l’informaticien des stars, Causeur a réussi à intercepter un e-mail envoyé par l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin à François Bayrou, patron du Modem. Les plus hautes instances de Causeur se sont réunies en conclave, dont son Comité d’éthique (présidé par le dentiste et élu Modem André Epaulard), afin de juger s’il était moral de rendre publique une telle correspondance privée. L’intérêt historique de ce courriel, nous a convaincu qu’il convenait de le révéler au grand public. Le voici.

Cher François,
Le temps est venu, pour nous deux, de regarder la France au fond des yeux. Crois-moi, l’heure de notre rendez-vous avec l’histoire est venue. Cette vieille nation d’élite, sûre d’elle et dominatrice, à la culture millénaire, a besoin de rebelles sévères et authentiques, pour traverser la tempête actuelle et braver ses vagues scélérates. Nous ne serons pas trop de deux petits soldats vertueux pour atteindre la « bête immonde »… et la terrasser ! As-tu remarqué que Nicolas Sarkozy s’est acheté une Italienne transalpine comme légitime épouse ? Le fascisme est à nos portes ! En conséquence, et pour battre Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2012, je te propose de t’unir à moi. Enfin, entendons-nous… je te propose de faire alliance. Si tu le veux bien, créons un nouveau parti… Notre programme appellera à la séquestration des patrons-voyous, au tabassage des étudiants boutonneux dans les Noctiliens par des bandes ethniques, à la réécriture de la Marseillaise par Gonzague Saint-Bris, et à la réforme stylistique des formulaires administratifs.
Demain sera poétique, crois-moi. A bientôt, mon François, pour ce nouveau combat poétique que nous allons gagner ! Tu m’es comme un sémaphore dans la nuit de l’esprit. Je t’aime !