L’école Vallaud-Belkacem n’est pas l’école Filippetti


L’école Vallaud-Belkacem n’est pas l’école Filippetti

Aurélie Filippetti Najat Vallaud-Belkacem François Hollande

Elles étaient les porte-parole du candidat François Hollande. Toutes deux enflammaient les foules, jouant aux dames Loyal au Bourget ou à Vincennes. Najat Vallaud-Belkacem et Aurélie Filippetti n’ont pas connu la même trajectoire depuis l’élection présidentielle de 2012. Alors que la première est devenue le symbole du gouvernement de Manuel Valls, la seconde escalade discrètement le Mont Beuvray. Tandis que Vallaud-Belkacem se situe désormais à l’épicentre de la gauche gouvernementale, Filippetti est devenue une frondeuse de second plan.

Pourtant, nous envions davantage la position de la députée de la Moselle que celle de la ministre de l’Education nationale. Nous admirons la liberté, les convictions d’Aurélie Filippetti quand nous regrettons que Najat Vallaud-Belkacem ait été réduite à être l’otage des gourous de la rue de Grenelle, dotée d’une langue de bois à faire verdir de jalousie Jean-François Copé. Ces deux-là, récompensées de leur porte-parolat efficace, avaient été logiquement nommées ministres en mai 2012. Filippetti hérita de la Culture et Vallaud-Belkacem du droit des femmes. Aussitôt se posa pour elles la question de savoir si elles seraient candidates aux élections législatives. La règle de François Hollande était claire. Les battus aux législatives ne demeureraient pas ministres. Deux attitudes, deux personnalités : alors que sa circonscription mosellane d’origine avait fait les frais du redécoupage et que son élection dans un nouveau secteur n’était pas garantie, Filippetti alla chercher sa légitimité devant les électeurs lorrains et remporta une victoire éclatante. Pendant ce temps, Najat Vallaud-Belkacem préféra assurer sa présence au gouvernement. Se lancer dans le département du Rhône, où elle avait pourtant élue conseillère générale quatre ans avant, était trop périlleux. Il aurait fallu qu’elle soit assurée d’être élue. Première différence, de taille, entre ces deux femmes politiques.

Au lendemain de la fête de la rose, alors que Manuel Valls donna sa démission du gouvernement afin d’éjecter Arnaud Montebourg, Aurélie Filippetti fit savoir qu’elle ne souhaitait pas demeurer ministre. Et elle retrouva son poste de députée, gagné en faisant campagne sur des convictions inchangées depuis. Najat Vallaud-Belkacem reçut une promotion en devenant ministre de l’Education nationale à la place d’un autre frondeur, Benoît Hamon. Mardi, dans l’hémicycle, elle a accusé un député UMP de Haute-Saône, Alain Chrétien, de ne s’intéresser que tardivement au thème de l’éducation. En ce qui nous concerne, nous n’avions jamais remarqué d’intérêt pour ce même sujet avant septembre 2014 chez Madame Vallaud-Belkacem. A l’image de Luc Chatel, qui n’y connaissait pas grand-chose non plus avant d’entrer rue de Grenelle, elle s’est rapidement faite gouroutiser par tous les pédagogos du ministère. La réforme du collège est née de là, tout comme son mépris pour les « pseudos intellectuels », de gauche pour la plupart. Filippetti est mue par des convictions politiques quand on ne connaît pas celles de Vallaud-Belkacem, si ce n’est qu’elle sait se conduire en soldat zélé du Président et de la technostructure de son ministère réunis. Déjà au ministère du droit des femmes, elle fut à l’origine de la polémique sur les ABCD de l’égalité, et recula aussitôt que le Président lui en intima l’ordre. Avec la réforme du collège, surtout depuis que Manuel Valls est passé en force il y a une semaine, Najat Vallaud-Belkacem est sans doute allée beaucoup trop loin pour rééditer son retrait en rase campagne. En cas de recul présidentiel, elle devrait démissionner et se retrouverait sans aucun mandat. Que ferait alors Najat Vallaud-Belkacem sans la politique ? Comme beaucoup de ses congénères, elle n’a fait que ça depuis que ses études sont achevées. Et elle ne sait sans doute rien faire d’autre. Encore une différence de taille avec Aurélie Filippetti, qui sait écrire des romans[1. Un peu comme son alter-ego Bruno Le Maire, elle sait même y ajouter une dose d’érotisme. Cela ne gâche rien.].

Voilà pourquoi nous préférerons toujours une Aurélie Filippetti à une Najat-Vallaud Belkacem. Libre, courageuse, indépendante, talentueuse, la députée de la Moselle fait croire à la politique quand la ministre au zénith de la notoriété vous en écarte.

*Photo : Wikimedia commons



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