Accueil Culture Luc Dellisse, cœur aventureux

Luc Dellisse, cœur aventureux


Luc Dellisse, cœur aventureux
Luc Dellisse © Aude Boissaye

Vingt nouvelles par un auteur belge dans la tradition du réalisme magique.


Dans Libre comme Robinson. Petit traité de vie privée (Les Impressions nouvelles), Luc Dellisse livrait quelques réflexions aussi salubres qu’impertinentes sur le nouveau monde qui vient, celui de la « ruche planétaire » et sur la manière, bien concrète, de gagner ces maquis qui résistent à la grande mise au pas. L’essai m’avait frappé par son indépendance d’esprit, par la peu commune vigilance que l’auteur  exerce pour préserver sa liberté intérieure, qui me fait songer à la figure de l’anarque jüngerien (et non pas l’arnaque, chers lecteurs !), rebelle inflexible au Léviathan.

Échapper à l’enlisement

Avec Le Sas, recueil de vingt nouvelles, toujours dans le même état d’esprit, Luc Dellisse chante « le divin imprévu » cher à Stendhal, et aussi, pour évoquer à nouveau mon cher Jünger, cette mise en garde du Cœur aventureux contre le plus grand danger qui soit, « celui de laisser la vie nous devenir quotidienne ». Par la grâce d’une prose sèche, à la belle densité, l’écrivain s’y montre attentif aux signes avant-coureurs de l’aventure, de ce basculement parfois minuscule, qui nous permet d’échapper au fatal enlisement. Ces vingt nouvelles, dont certaines aux lisières du réalisme magique, celui d’un Gérard Prévot par exemple, décrivent comment le personnage principal, double de l’auteur, saisit la perche tendue par le destin pour rebondir sans jamais perdre ce bonheur d’exister auquel il refuse de renoncer. Parfois drôle, toujours subtil, jamais creux, encore moins verbeux, Luc Dellisse, cœur aventureux, se révèle poète et géomètre de l’âme.

Luc Dellisse, Le Sas, Editions Traverse, 155 pages



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Françoise Gatel, dans le flou comme une vraie centriste
Article suivant La « cancel culture » débarque en France
écrivain et critique littéraire belge. Dernier livre : Les Nobles Voyageurs (Le Nouvelle Librairie, 2023)

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération