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Loi anti-burqa : stigmatisons les opposants !


Loi anti-burqa : stigmatisons les opposants !

Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument. Si Machiavel vivait aujourd’hui, il ajouterait peut être que le contrepouvoir rend con. Absolument !

Face à l’offensive sarkozyste pour faire de l’interdiction de la burqa une loi, souhaitée par une majorité de Français, les protestations abondent. Là où la nation entière, des musulmans aux islamophobes, des féministes athées aux chrétiens et aux juifs, des laïcards libertaires aux sécuritaires endurcis, pourrait faire front commun, défendre ses valeurs, on entend des nonistes brailler. Les avocats du droit de vivre bâchée sont légion, tout est bon : le string dessous prouve qu’elles sont à la page, la voiture qui reste un espace privé, la loi de toute façon inapplicable ou comment baisser les bras avant même de lever l’index.

On s’oppose d’abord, on réfléchit après

À gauche, on s’oppose d’abord et on réfléchit après. Pour les uns, tout ce qui n’est pas social n’est que diversion car le peuple, pensent-ils, ne s’intéresse qu’à son pouvoir d’achat. Pour les autres, ce qui n’emporte pas l’enthousiasme des « sages » est forcément mauvais.

Les médias jubilent quand ils trouvent un bâton constitutionnel à mettre dans les roues de l’exécutif. Quand Brice Hortefeux se prend les pieds dans le tapis, ils rigolent et se tapent sur le ventre parce que la maladresse du ministre empêche qu’une solution soit apportée à un problème. Peu importe que le problème reste sans solution.

On peut envisager la chose sous toutes les coutures, il est évident que le voile intégral est à bannir de notre espace commun : pour l’égalité ou la dignité, pour la laïcité ou la sécurité, pour le droit des femmes à jouir de la caresse du vent, du soleil et du regard des hommes.

Les raisons de le rejeter sont nombreuses. Celle qui m’importe le plus touche aux liens entre les hommes et les femmes. Faut-il expliquer que nous ne voulons pas assister à une régression de notre mode de vie libéral pour ne pas voir des femmes, qu’elles soient identitaires enragées ou sous influence, soumises et ramenées sous nos yeux à un rang inférieur, disparaissent pour laisser le monde aux hommes, pour ne pas voir des hommes prendre le raccourci primaire de la domination pour s’attacher une ou plusieurs épouses ?

Pour emballer, les salafistes ont besoin d’un sac à femmes

Ceux qui ont à cœur de prendre les choses au pied de la lettre n’ont pas les lettres pour savoir prendre les choses du cœur. Ces mystiques qui n’ont rien de spirituel matérialisent par une prison de tissu le lien conjugal que notre culture a rendu à la liberté et à l’esprit par le sentiment amoureux. Pour emballer, les salafistes ont besoin d’un sac à femmes. Ces rustres, pour prendre épouses, coupent la fleur sous le pied de la séduction et de l’amour. Ils remplacent le ruban volatile qu’on s’enroule autour des cœurs par une camisole. Quel besoin avons-nous de tolérer ou d’importer ces pauvres d’esprit ?

Par ailleurs, ces figures sans visage et les barbus qui les poussent ont partout dans le monde des frères et sœurs qui n’ont rien de rassurant. Partout où il se manifeste, leur islam prend le visage de notre ennemi et promet de combattre tout ce que nous sommes et tout ce que nous aimons. Les correspondants étrangers de nos gentils fondamentalistes victimes d’amalgame égorgent des otages, placent des bombes dans des foules et font tomber nos soldats en Afghanistan. En Angleterre où la liberté d’expression est reine, des manifestantes sous cloche ressemblant comme deux gouttes d’eau à notre pauvre Nantaise stigmatisée ont brandi dans une manifestation des panneaux soigneusement imprimés nous promettant que nous allions voir prochainement le vrai Holocauste. Les deux milles pauvrettes insignifiantes (qui parait-il s’affublent du voile intégral en France) portent-elles l’étendard du même combat ? Leurs mentors dénoncent-ils ces crimes et ces déclarations ? J’ai beau tendre l’oreille, je n’entends rien qui me rassure. Dans l’état actuel d’un certain islam, n’avons-nous pas le droit d’être islamo-méfiants et d’exiger que l’on pose des conditions pour vivre en France ou devenir français ?

Contre Sarkozy, tout est bon

Il y a en France un islam qui ne respecte ni nos mœurs ni nos lois ni notre système de protection sociale. Et nous ne pourrions pas nous y opposer parce que ce n’est peut-être pas très constitutionnel ?

Voilà ce que nous explique Le Monde. Edwy Plenel dénonce, lui, la stigmatisation des humbles, des pauvres, des opprimés, des étrangers. Guy Bedos ne peut décemment pas approuver une décision sarkozyste, c’est un principe et il s’en vante. Guillon tente de faire rire en imitant l’accent nazi. Pascale Clark ne partage aucun combat avec le Front national et ajoute que la polygamie provoque moins d’émoi quand elle est gauloise. La preuve : Zola, Hugo et quelques Don Juan. Comment peut-on insinuer que les accommodements ou entourloupes de nos vies sexuellement amoureuses et ce bagne domestique, ce harem pour tous, c’est kif-kif bourricot ? Tant de bêtise me met en rage.

Tous ont une raison impérieuse de dénoncer cette simple exigence de la nation et ce message humaniste que les Français veulent adresser aux islamistes : le respect ou la valise. Mais pour Jean-Michel Apathie, c’est du racisme et de l’islamophobie. Dominique de Villepin, dont les partisans ont déjà annoncé qu’ils ne voteraient pas la loi, avertit : « On va se trouver dans des situations de provocation auxquelles on aura du mal à répondre. La République ne doit pas être soumise à des calculs politiciens, à des arrière-pensées ». Bien entendu, il n’est soupçonnable ni des uns ni des autres.

Pour beaucoup, cette loi est faite pour flatter l’électorat du Front national. Ce qui me flatte, moi, ce n’est pas que le gouvernement fasse son boulot, c’est d’être méprisé et insulté par tous ces clowns dont le comique de répétition me fait grincer les dents, ces chiens de Pavlov que Sarkozy fait sortir de leur niche. Imaginons que le président ait enterré ce projet de loi pour ne pas compromettre les contrats avec l’Arabie saoudite. On les entendrait brailler, les grands défenseurs de nos valeurs. Ils sont les contre-pouvoirs, les professionnels de la contestation, les héros de la Résistance. Ils sont les girouettes qui s’alignent face au vent élyséen en dépit de tout bon sens. Ils se retrouvent compagnons de route pour l’occasion d’un porte-parole iranien qui nous donne des leçons de démocratie en dénonçant « le non-respect des droits des musulmans en France ». Dans certaines positions, ils présentent un profil bien ridicule.

Le contre-pouvoir absolu rend con. Absolument !

Mai 2010 · N° 23

Article extrait du Magazine Causeur



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Cyril Bennasar, anarcho-réactionnaire, est menuisier. Il est également écrivain. Son dernier livre est sorti en février 2021 : "L'arnaque antiraciste expliquée à ma soeur, réponse à Rokhaya Diallo" aux Éditions Mordicus.

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