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Le Soleil-Levant se lève aussi pour le populisme

Sanseitō ou la fin du consensus politique japonais


Le Soleil-Levant se lève aussi pour le populisme
Le leader populiste japonais Sōhei Kamiya au parlement à Tokyo, 5 août 2025 © Masatoshi Okauchi/Shutterstock/SIPA

Au Japon, le très original parti ultraconservateur Sanseito a trouvé la recette du succès: se hisser sur l’échiquier politique en agitant le pion préféré de tous les populistes, la peur des étrangers.


On croyait le Japon figé dans son éternel consensus, insensible aux tumultes qui traversent l’Occident. Or, avec le Sanseitō, un parti encore marginal, l’archipel semble découvrir les vertus explosives du populisme identitaire. À ceux qui l’accusent de démagogie, le Sanseitō, fondé en 2000 par Sōhei Kamiya, oppose un constat brut : sans réaction, le Japon sera avalé par le mondialisme au prix de sa culture millénaire.

Cette montée du nationalisme s’explique. Le Parti libéral-démocrate (PLD), au pouvoir depuis des décennies, est pointé du doigt par les Japonais, excédés de voir leurs élus compromis dans divers scandales. Dans un pays qui doit également faire face au vieillissement démographique, les gouvernements successifs ont été contraints d’accepter l’arrivée de davantage de migrants afin de pallier la pénurie de main-d’œuvre. 

A relire: Yasukuni: sanctuaire de mémoire ou symbole du nationalisme?

Or, pour une société façonnée par l’idée d’unité ethnique et culturelle, cette relance de l’immigration a été ressentie comme une véritable déflagration. Le Japon a été dernièrement secoué par des manifestations, inédites dans leur virulence, accusant l’immigration, d’où qu’elle vienne, de tous les maux du Soleil-Levant.

Le Sanseitō ne cache pas sa peur du complot mondial, recrachée à chaque meeting sous forme de slogans délirants, ni le révisionnisme qui anime ses dirigeants à la rhétorique antisémite étonnante. Mais réduire ce parti à une secte d’extrémistes serait une erreur. Car derrière la caricature, il incarne un malaise réel : celui d’un peuple qui refuse de se transformer en satrapie de l’imperium universaliste. En donnant une voix aux colères silencieuses, le Sanseitō a envoyé 14 élus sur les bancs de la Diète lors de la dernière élection législative. Demain, qui sait si cette fissure ne deviendra pas un tsunami (géo-)politique qui pourrait bouleverser l’harmonie séculaire d’un pays qui entend préserver la pureté de ses traditions séculaires ?




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Journaliste , conférencier et historien.

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