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L Frnce dégrdée !


La France vient de perdre aujourd’hui son triple A. Mieux qu’Elizabeth Tessier et Mme Soleil réunies, Standard & Poor’s vient d’apporter la preuve que le vendredi 13, ça porte vraiment la poisse. Et ce n’est pas fini : comme 2012 comporte deux autres vendredis 13, tout laisse présager que la France finisse l’année avec un alphabet de 25 lettres. Ce n’est peut-être pas la fin du monde, mais ça ressemble drôlement à l’poclypse des Mys – pardon, l’apocalypse des Mayas.

Relativisons : on a tellement parlé ces derniers temps de la dégradation imminente de notre triple A que la nouvelle du jour est des plus attendues. Elle semble même être accueillie avec un certain soulagement.

Quand Tristan Bernard est arrêté par les Allemands en 1943, il dit à sa femme : « Jusqu’à présent, nous vivions dans l’angoisse, désormais, nous vivrons dans l’espoir. » Avec le triple A, c’est un peu pareil : il y a quelques années, la dégradation de la notation française était considérée comme inimaginable voire impossible. Il y a quelques mois, le président de la République confiait à ses proches : « Si la France perd son triple A, je suis mort. » Et quand François Hollande osait, au même moment, évoquer la perspective d’un double A, certains se réfrénaient pour ne pas le taxer d’agent de l’étranger.

Aujourd’hui, c’est chose faite. Demain certainement, on parlera d’autre chose. Finie la peur, l’heure de l’espoir a sonné. Ce n’est ni la fin ni le début de la fin. Nous sommes juste comme les Alliés après la bataille d’El-Alamein : à la fin du début…

Pour passer du registre militaire à celui de la chasse, le plus curieux dans cette affaire de notations et d’agences qui les distribuent, c’est qu’il n’est plus du tout évident de reconnaître le chasseur du gibier. Nous avons tellement pris l’habitude d’avoir peur des agences, des mauvaises notes et, surtout, des taux d’intérêt élevés réservés aux mauvais élèves que ni les Etats ni les agences ne se rendent compte que les rapports de force sont en train de changer.

Car Standard & Poor’s, l’agence qui vient de dégrader la note française, a abaissé au cours de l’été celle des Etats-Unis : ceux-ci continuent pourtant de payer le même loyer pour l’argent qu’ils empruntent par centaines de milliards. Le chasseur s’est attaqué à un gibier qui risque de s’arrêter, de se retourner et d’inverser les rôles…

Evidemment, la France, ce n’est pas l’Amérique. Mais elle n’est pas seule à ruminer sa dégradation : la liste des pays bénéficiant d’un parfait triple A se raccourcit à vue d’oeil. Plus cette liste sera courte, plus le problème deviendra politique. Un cancre, ça va ; c’est quand il y en beaucoup que ça pose problème. Un vendredi 13, ça porte la guigne ? Oui. Mais peut-être moins aux Etats qu’aux agences de notation.



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est historien et directeur de la publication de Causeur.

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