Palmyre au Kosovo


Palmyre au Kosovo

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La culture est la continuation de la guerre par d’autres moyens. Ainsi les Palestiniens ont-ils récemment tenté, avec le plus grand sérieux, de faire inscrire au patrimoine mondial de l’Unesco le Mur des lamentations de Jérusalem comme lieu saint islamique. Pour être honnête, ils avaient un motif : le dernier vestige du second Temple, appelé « Mur occidental » dans la tradition juive, est aussi, selon la tradition musulmane, le lieu où Mahomet a attaché sa monture, al-Buraq la bourrique, avant de monter aux cieux. Les Palestiniens voulaient rouvrir un dossier sur lequel les Britanniques, qui occupaient la Palestine, s’étaient déjà penchés en 1930. Dans un habile compromis, la commission de Sa Majesté avait décrété que l’endroit appartenait aux musulmans, mais que les Juifs pouvaient y prier sans leur permission. Les Jordaniens qui ont pris Jérusalem-Est en 1948 se sont bien gardés d’appliquer cet accord pour les Juifs, et, en reprenant Jérusalem-Est en 1967, l’Etat hébreu a tranché la question.

L’autre conflit qui s’importe à l’Unesco est à présent celui qui oppose la Serbie à sa province sécessionniste du Kosovo, qui a déclaré son indépendance en 2008 avec le soutien de l’OTAN. Le Kosovo a en effet déposé sa candidature pour rejoindre les défenseurs du patrimoine de l’humanité. C’est au moins aussi gonflé que les Palestiniens avec le Mur occidental, mais encore plus malhonnête.[access capability= »lire_inedits »] Car les autorités kosovares sont issues de l’ancienne Armée de libération du Kosovo (UCK), une organisation qui a arraché le départ des Serbes de cette province majoritairement albanaise en 1999, avec le soutien militaire de l’Occident. Une fois au pouvoir, l’UCK s’est empressée de s’en prendre au richissime patrimoine orthodoxe du Kosovo : d’innombrables monastères et églises, datant du Moyen-âge, qui témoignent de l’histoire de la Serbie. C’est au Kosovo qu’est née au début du XIIIe siècle l’Eglise orthodoxe serbe, qui a fait corps avec l’identité nationale. Ce berceau historique de la Serbie est saccagé par ses nouveaux maîtres : près de 200 lieux de culte orthodoxes ont été détruits depuis 1999. Une trentaine l’ont été pour la seule année 2004, date à laquelle des émeutes albanaises ont précipité la fuite des derniers Serbes. Sur les 50 000 qui vivaient avant la guerre à Pristina, la capitale de la province, il n’en reste plus qu’une cinquantaine. La cathédrale orthodoxe du Christ-Sauveur y est utilisée comme décharge et comme toilettes publiques. A l’annonce de la candidature kosovare pour entrer à l’Unesco, la Serbie a protesté : peut-on accepter du régime albanais les destructions d’églises que l’on déplore en Syrie et en Irak lorsqu’il s’agit de Daech ? Mais la diplomatie internationale est telle qu’elle permet à l’Arabie Saoudite de présider un comité des droits de l’homme de l’ONU. Elle n’est plus à un paradoxe près, surtout lorsqu’il s’agit des vainqueurs.[/access]

*Photo: Sipa. Numéro de reportage : AP21503816_000002.

Novembre 2015 #29

Article extrait du Magazine Causeur



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