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Kadhafi : sans autre forme de procès


Tout de même, nous n’avons pas de chance, nous, citoyens des démocraties occidentales.

C’est en notre nom, d’après ce que j’ai compris, et des valeurs qui nous font vivre dans des Etats de droit que nous avons attaqué et bombardé depuis une vingtaine d’années la Bosnie serbe (1995), la Serbie (1999), l’Irak (1991 et 2003), l’Afghanistan (2001) et la Libye (2011). A chaque fois, il s’agissait d’en finir avec une tyrannie meurtrière, et ça allait être tellement mieux après, on allait voir ce qu’on allait voir.

Même en admettant que rien ne se déroule tout à fait comme on le prévoit, ce qui peut se comprendre quand on décide d’écraser des fourmilières avec une pluie de missiles thermoguidés, on aurait préféré que ces guerres aient une vertu pédagogique, que civils et militaires ne soient pas morts pour rien et que les dictateurs ou les terroristes ainsi mis en échec puissent rendre des comptes devant le monde entier.

Pour tout dire, on aurait souhaité, de temps en temps, un nouveau procès de Nuremberg ou un nouvel Eichmann à Jérusalem qui ont eu, pour en finir définitivement avec le nazisme, autant d’importance que la défaite du nazisme elle-même. Je fais ce parallèle car je me souviens très bien avoir vu sur les murs de Paris, aux alentours des années 90, des affiches comparant Milosevic à Hitler et, plus tard, les mêmes avec Ben Laden ou Saddam Hussein.

Seulement voilà, à chaque fois, c’est raté. Milosevic est mort dans sa prison par ce qu’il ne prenait pas bien ses gouttes contre l’hypertension, Saddam Hussein a été pendu à peine extirpé de son trou dans le triangle sunnite, Ben Laden a été inhumé en pleine mer après avoir été abattu par des forces spéciales et Kadhafi a manifestement été lynché par la foule.

A chaque fois, des procès qui auraient pu être riches d’enseignements pour comprendre les mécanismes du terrorisme de masse, d’une épuration ethnique ou d’une dictature de type mafieux n’ont pas eu lieu.

On voudrait faire croire à des esprits simples ou exaltés, conspirationnistes ou complotistes que les accusés avaient des choses gênantes à dire pour les accusateurs qu’on ne s’y serait pas pris autrement.

C’est bien dommage : quoiqu’on en dise, quand on veut casser définitivement des légendes sulfureuses, les prétoires, c’est tout de même mieux que les exécutions sommaires.



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