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Hollande, Obama et Jean de La Fontaine


Si fausse note il y a eu, aucun risque qu’elle vienne du fond puisque la règle d’or de ce G8 était de ne pas aborder les questions qui fâchent.

En effet, ce ne sont pas des divergences sur le sens du mot « croissance » qui ont entaché la première grande séquence diplomatique de l’ère hollandaise, mais des bourdes bien regrettables sur la forme. Le numéro 2 du gouvernement, celui dont on a vanté l’expérience ministérielle, Laurent Fabius, n’a pas été le coach parfait pour son normal de président.

Outre l’impair protocolaire commis par le port de la cravate le seul soir où il ne fallait pas, – à croire que la fiche détaillée sur le dress code du vendredi soir a été un peu bâclée et que le proberbe diplomatique « A Rome, fais comme les Romains » a été un peu oublié – François Hollande a été pris en flagrant délit d’orgueil confortant ainsi l’opinion des étrangers sur l’arrogance imbuvable des frenchies tout en démythifiant sa normalité lumineuse par d’ombrageux défauts. « Quand on est président de la France on n’est impressionné par rien. » telle est en effet la déclaration bien méprisante prononcée par François Hollande, à l’issue du tête-à-tête avec Barack Obama.

Au lieu d’exprimer de l’estime et de la reconnaissance pour son homologue américain qui lui a témoigné intérêt et prestige en lui accordant un entretien plus long que les rencontres bilatérales ordinaires, notre Président s’est comporté comme n’importe quel Français moyen gonflé d’une irrespirable suffisance. On suppose aisément qu’il visait à couper l’herbe sous le pied de l’opposition umpiste qui, toute fulminante d’impatience, n’aurait pas raté une occasion pour se livrer à un florilège de sarcasmes sur la mollesse ou l’inexpérience diplomatique de François Hollande.

Mais en voulant à tout prix prouver que le soufflé hollandais ne s’effondre pas devant l’aigle américain, il s’est défini non plus comme le président normal d’un pays normal mais comme un président exceptionnel d’un pays exceptionnel parce que seuls un être et un pays d’exception restent de marbre devant le pays qui reste, en dépit des tempêtes économiques, la plus grande puissance mondiale.

Alors pendant ce séjour américain, la normalité hollandaise s’est enflée de son exceptionnelle perfection. On aurait eu besoin d’un La Fontaine pour la faire dégonfler.



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