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Ce qui nous meut chez Klapisch

« En corps », un grand film de Cédric Klapisch


Ce qui nous meut chez Klapisch
François Civil et Marion Barbeau dans "En corps" de Cédric Klapisch (2022) © Emmanuelle Jacobson-Roques – Ce Qui Me Meut

Cédric Klapisch est un auteur marquant du cinéma français contemporain. Son dernier film est particulièrement abouti. Il ne faut pas passer à côté.


L’attrait de connaître un peu la filmographie d’un auteur est de pouvoir retrouver, en revoyant ses premiers films, les prémisses de thèmes qu’il a ensuite développés, ou l’apparition d’un talent qu’il a su faire fructifier au fil du temps. C’est le plaisir que j’ai ressenti en voyant le dernier film de Cédric Klapisch, « En corps », sorti en salles fin mars en France et qui vient d’arriver en Israël, pour le grand bonheur de la vaste communauté francophone d’Israël [1].

On y retrouve ainsi, pêle-mêle, son acteur fétiche François Civil, mais aussi le thème de l’amour déçu ou inaccompli et celui de l’initiation amoureuse, déjà abordés dans sa trilogie (L’auberge espagnole, Les poupées russes et Casse-tête chinois) et sa manière très particulière de filmer Paris, ses toits et son ciel. Autre thème klapischien : celui des relations familiales, qui était au cœur de Ce qui nous lie, et qu’on retrouve dans En corps, avec entre autres la belle relation fille-père (ce dernier étant incarné par Denis Podalydès).

Mais on y trouve aussi une philosophie de la vie, plus aboutie que dans ses films précédents, et un optimisme assez exceptionnel dans le cinéma français actuel, qui se complaît souvent dans des thèmes aussi réjouissants que le suicide ou l’euthanasie. Chez Klapisch, on peut aimer la vie et il n’est pas de mauvais goût de le dire… Autre qualité très inactuelle : sa manière d’aborder les questions les plus idéologiques (relations hommes-femmes, identité sexuelle, etc.) sans prendre aucunement parti, avec un humour détaché devenu rare aujourd’hui.

Et il y a bien sûr le thème de la danse, déjà abordé dans plusieurs de ses films (et aussi dans le beau clip avec les danseurs confinés de l’Opéra de Paris réalisé en 2020) qui est au cœur d’En corps, thème traité avec beaucoup de finesse, à travers le personnage de l’héroïne – interprétée par la talentueuse Marion Barbeau – et à travers ceux des danseurs de la compagnie israélienne de Hofesh Shechter (qui interprète son propre rôle). Comme il l’expliquait dans une interview au Figaro Magazine, “la danse est un des spectacles les plus puissants qui soient, plus fort même que le cinéma”. 

Si je devais définir en une phrase ce qui fait d’« En corps » son film le plus abouti à mes yeux, je dirai qu’il réussit à transformer une histoire assez banale (celle d’une danseuse qui est blessée, physiquement et émotionnellement) en un récit initiatique universel. Le talent de Klapisch, qui s’affirme comme un des cinéastes marquants du cinéma français contemporain, est peut-être de réussir à faire des films très actuels, tout en restant très classiques dans leur facture et dans sa manière d’aborder les grands thèmes éternels. « En corps » n’est pas seulement un hymne à la danse, c’est aussi un hymne à l’amour, à l’espoir, à la vie. Du grand art.

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[1] Près de 900 000 personnes selon les chiffres de l’ODSEF.




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