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Leroy maudit chez les Cosaques !


Jeudi soir, Jérôme Leroy répondait à l’invitation du Cercle Cosaque, le cabaret littéraire animé par Romaric Sangars et Olivier Maulin pour une causerie autour de l’Apocalypse. Après Fukushima, l’occasion était trop belle de décrire le déclin de la civilisation techno-occidentale. Triste époque que cette ère d’interrègne où la marchandise et la rentabilité ont tout colonisé. Pour ce cœur rouge à la gueule de droite, le spectacle d’une belle femme déjeunant debout, c’est déjà une petite explosion nucléaire.

Leroy a toujours pensé que l’humanité courrait à sa perte. Armés d’un grand sens du tragique, les personnages de ses romans regrettent de voir le monde sombrer en plein naufrage alors qu’ils auraient pu le sauver. Voici probablement le drame de Jérôme qui situe rétrospectivement l’Apocalypse à la fin des Trente Glorieuses, lorsque le compromis gaullo-communiste se noya dans les grandes eaux du marché mondial. Comme le beuglait Delerm, les filles d’après 1973 illustrent cet arraisonnement du corps et de l’amour aux bas instincts de la logique marchande. Leurs petites sœurs votent PS ou Europe Ecologie. Elles jouent dans cette fameuse fange libérale-libertaire qui fait la part belle aux avancées sociétales en se foutant comme d’une guigne des vaincus de la lutte des classes.

Comme le reconnut volontiers Jérôme, sa défense de l’hypothèse communiste s’accommode fort bien d’un retour à l’ethos de l’honneur qu’on attache habituellement à la droite réactionnaire. Il faut dire qu’entre les Hussards, les citations de Bernanos, l’amour du bon vin artisanal et l’éloge des nations, Pierre Laurent n’y retrouverait pas tous ses petits. Pis, Jérôme Leroy se définit comme un « communiste barrésien » (sic !) viscéralement attaché à la terre et aux morts, assumant l’histoire de France comme un bloc, avec sa mythologie héroïque qui va de la Commune au Conseil National de la Résistance

Le dernier compagnon de route valable du PCF décrivit avec émotion la rupture avec le Monde d’avant, celui où la Semaine de la Haine, la police de la pensée et le télécran-rebaptisé facebook depuis- appartenaient aux seuls romans d’anticipation. Rien d’étonnant à ce que l’aréopage hétéroclite de spectateurs (dont quelques causeurs patentés, tels Bruno Maillé et Jacques de Guillebon) opinât massivement du chef, réalisant le vieux rêve de l’union sacrée anticapitaliste. Réactionnaires de tous les pays, unissez-vous !

En guise de dessert, Leroy convoqua Pasolini pour mieux nous rappeler l’ineptie des utopies de déracinement qui font table rase du passé, autant dire de l’homme. Son communisme réac cherche le bonheur et les plaisirs collectifs là où l’hédonisme contemporain voit le salut dans l’égoïsme consumériste de l’individu monadique.

En marge de la manifestation, une marginale testa la capacité d’endurance de Leroy en aboyant aussi fort que son chien. Tout y était : les cent millions de morts du socialisme réel mis sur son dos de misérable écrivain, l’anathème suprême de sale vermine communiste, et, last but not least, une très provocante tentative de réhabilitation du nazisme.
Eprouvé mais jamais éploré par ces interventions intempestives, Jérôme finit par trinquer avec son bourreau du soir. En cette pré-Apocalypse, Leroy est décidément maudit !



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