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Zemmour face au politiquement correctionnel


Zemmour face au politiquement correctionnel

Eric Zemmour a donc été condamné. On oserait dire comme prévu, tant sa condamnation semblait inéluctable.
Vendredi dernier dès l’annonce du jugement, j’en ai débattu à chaud avec Vincent Cespédès pour l’émission Médias diffusée sur France 5 et nous n’étions pas d’accord. Je trouve que le juge n’aurait pas du s’immiscer dans le débat suscité par les propos tenus par Eric Zemmour sur les trafiquants qui sont majoritairement noirs et arabes, faisant le constat et uniquement le constat de leur sur-représentation dans la population carcérale ou judiciaire.

Format télévisuel oblige, l’échange a été bref et pour tout dire frustrant car avec l’esprit d’escalier qui caractérise les avocats, je me suis dit que j’aurais bien argumenté davantage. Je maintiens que ces propos pour être brutaux ne sont que le reflet d’une réalité tout aussi brutale et qu’à aucun moment il n’a été soutenu par Eric Zemmour une improbable prédestination raciale ou génétique à cette situation, ce qui pour le coup aurait été une diffamation raciale.

Mais surtout Vincent Cespédès a évoqué un point sur lequel je n’ai pu répondre et qui me laisse perplexe (Puisse-t-il lire Causeur et m’apporter la contradiction!!). Il a fait allusion à un précédent échange entre Eric Zemmour et Rockhaya Diallo, Présidente des Indivisibles, au terme duquel il lui aurait dit qu’elle était de race noire et lui de race blanche, premier signe annonciateur du « dérapage » chez Thierry Ardisson. Bref Eric Zemmour serait raciste parce qu’il évoque les races.

Et c’est bien là pour moi que se noue toute l’ambiguïté des poursuites judiciaires. Car enfin, dire de Rokhaya Diallo, que je connais bien pour m’opposer à elle assez régulièrement sur les ondes de RTL, qu’elle est noire me semble tout aussi évident et incontestable, que de dire que je suis blanc ou que Jackie Chan est asiatique. Y-a-t-il dans ces constats objectifs quoi que ce soit de pernicieux ? Evidemment non, mais on sent bien que le concept de race qui les sous-tend met mal à l’aise, comme si son seul énoncé était le premier pas vers la délinquance d’opinion.

Dans ces conditions, haro sur le législateur lui-même qui pour fonder les infractions de discrimination, de provocation, de diffamation et d’injure raciales recourt précisément à cette notion.
Dès lors on serait raciste, forcément raciste, si l’on distingue des races alors même que pour permettre de caractériser des infractions on y fait appel. La notion de race serait donc un concept à consistance variable à n’évoquer sous aucun prétexte, sauf à l’appui de poursuites ?
La race n’existerait en creux, que de façon négative, comme l’illustration d’un comportement négatif et dénigrant.

Pourtant pour réclamer une discrimination positive les associations militantes mettent en branle les notions d’origine et/ou de race, conçues cette fois de façon positive. Quand le CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires) dénonce la sous-représentation criante de certaines minorités au sein de la télévision publique, à quel concept fait-il référence ?

De la même façon lorsqu’il se félicite de la mise en place d’un baromètre de la diversité au sein du CSA ( Conseil Supérieur de l’Audiovisuel), l’un des critères choisis est  » la diversité des origines  » qui classe les personnes en : « vus comme ” Blancs” » et « vus comme ” Noirs ” », « vus comme ” Arabes ” », « vus comme ” Asiatiques ” » et « vus comme ” autres ” » les dernières catégories pouvant être regroupés sous la catégorie « vus comme ” Non Blancs ” » (sic). Que de pudiques circonvolutions pour ne pas nommer l’innommable.

A suivre ce raisonnement l’origine ethnique serait acceptable lorsqu’elle fonde un droit ou une demande émanant d’une minorité et ne l’est plus lorsqu’elle se borne à décrire une situation inverse ou non conforme.
L’origine des citoyens doit être pris en compte pour lutter contre leur sous-représentation et pudiquement tue lorsque on évoque une anormale sur-représentation. Il eut été plus juste de s’interroger sur les raisons de la situation décrite par Eric Zemmour, comme la ghettoïsation de certains quartiers et la misère sociale qui accompagne leur paupérisation, l’échec du modèle républicain, la faillite de l’assimilation, le chômage, l’école etc….
Mais non, on a préféré se dire qu’en taisant le constat on s’épargnait de le prendre en compte et de devoir le régler.

Je crains qu’Eric Zemmour ne paye judiciairement l’audace d’avoir voulu affronter la réalité que la société regarde « les yeux grands fermés » (pour reprendre le titre du livre de la démographe Michèle Tribalat sur le traitement aveugle de l’immigration).

Je n’ai pas lu les attendus du jugement et me garderais bien de critiquer cette décision car ce n’est pas mon rôle.

Je ne hurle pas au déni de justice mais simplement au déni du réel.

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Avocat et chroniqueur radiophonique occasionnel à Paris. Catalan d’origine, fait du <em>stand-up-paddle</em> sur l’Océan. Ne participe pas à la guerre des pro-Méditerranée contre les pro-Atlantique.

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