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Ou putes ou soumises


Ou putes ou soumises

Ce soir, à 21h30[1. Soirée Thema, Arte 21h30 – « Femmes : pourquoi tant de haine ? » La cité du mâle, Quand le rap dérape, débat avec Malika Sorel et Serrap Cileli], Arte diffusera La cité du Mâle, documentaire produit par Daniel Leconte à qui l’on doit entre autres Carlos, le film d’Olivier Assayas ainsi que C’est dur d’être aimé par des cons, documentaire sur les « Caricatures de Mahomet » et le procès que des associations musulmanes intentèrent à leur sujet à Charlie Hebdo – dont il est également réalisateur.

Cette fois-ci, la réalisatrice Cathy Sanchez est retournée dans la cité de Vitry sur Seine où, en 2002, Sohane, une jeune fille de 17 ans avait été brûlée vive dans un local à poubelles pour avoir éconduit un prétendant. C’est après ce crime, qui n’était pas un cas isolé, que fut créée l’association « Ni putes ni soumises » pour rassembler des filles et des garçons opposés à l’apparition, aux portes de Paris, de coutumes venues tout droit du Pakistan.

Le film commence fort. Une dame d’une soixantaine d’année qui évoque le souvenir de Sohane avec une peine sincère est interrompue par un ado qui vient lui interdire de parler « sur » son copain (le meurtrier) et la menace « d’une grande gifle » pour la faire taire. Voilà sans doute ce qu’on appelle « incivilités », ce cauchemar que vivent les habitants dans leur quartier natal, soumis à la terreur des plus jeunes et derniers arrivés.

Tolérance zéro pour tout ce qui n’est pas l’islam

Des adolescents en jogging qui, tels des gardiens de la révolution iranienne, interpellent les filles pas assez habillées.
Les mentalités séparent les femmes en deux catégories, « les filles bien qui portent le hijab, qui se respectent, qui respectent leur mari, qui rentrent à la maison après le travail », comme le confie un jeune Gaulois converti à l’islam, sans doute en mal d’intégration, et les putes, c’est-à-dire toutes les autres puisqu’il suffit pour devenir une pute de s’être fait « trouer ». Et « Sohane, c’était une pute », alors le copain a fait « une bêtise, qui ne méritait pas 25 ans de prison » d’ailleurs « la coupable de cette médiatisation qui a pesé sur la peine, c’est Fadela Amara, cette pute », nous disent Okito et Rachid.

La culture qui domine se réclame de l’islam et pousse les gens à pratiquer la tolérance zéro pour tout ce qui n’en est pas. La différence est haïe, l’homosexuel est chassé de la cité. Le mode de vie, les mœurs ont régressé, l’égalité entre les sexes, la liberté des femmes de s’habiller, d’aimer, a disparu sous la domination violente du grand frère, biologique ou symbolique.
L’honneur des garçons de la cité leur commande de frapper leurs sœurs quand l’honneur français interdit à un homme de lever la main sur une femme.

Quand ce décalage des civilisations apparaît crûment dans le reportage, les témoins – qui, sur leur territoire, se confiaient sans complexes face caméra – réalisent qu’ils ont fait une connerie et accusent l’auteur de « manipulations », lui reprochant « d’avoir donné une image caricaturale de la cité en sortant les propos de leur contexte ».

Je me demande dans quel contexte on peut remettre des phrases telles que « une fille qui s’est fait trouer, ça ne vaut rien » ou « la loi française, c’est de la merde » pour qu’elles deviennent acceptables.

Certains ne tiennent pas le même discours et le film le montre mais la norme qui régente le mode de vie m’inquiète. Est-ce cela l’islam de France ?
Derrière le discours répandu et confiant sur le multiculturalisme, la réalité d’une culture qui exclut toute les autres ne saurait être montrée.

Nabila Laïb, la « fixeuse », incontournable pour entrer dans la cité, (exigence que les rencontrent notamment à Gaza) a, dans un premier temps, obtenu d’Arte la déprogrammation du doc le 1er septembre en invoquant des menaces à son encontre en cas de diffusion, avant de revenir sur ses déclarations en proclamant qu’on lui avait volé son travail et qu’on l’avait écartée du montage[1. « Cette méthode, grossière et très peu journalistique, a pour objectif de détourner l’attention de l’information principale – la situation dégradée des jeunes femmes dans certaines cités – pour mettre en cause les journalistes. La ficelle est grosse et mériterait qu’on s’y attarde. C’est en effet une tentative nouvelle et « subtile » de censurer l’information », affirme Daniel Leconte dans un communiqué que certains journalistes ont préféré ignorer].

Backchich et Télérama.fr se sont empressés de reprendre ses propos mensongers – elle affirmait par exemple être co-auteur du film. Backchich s’est particulièrement illustré dans un article venimeux et d’une mauvaise foi sidérante intitulé « La « Cité du mâle » en pis » – et sous-titré « Daube en Stock ». Pour l’auteur, l’interdiction du film « est une question de justice pour ceux qui vivent là. » Ah bon, pour lesquels ? Et selon Nabila Laïb, « c’est à cause de documentaires comme ceux-là que les journalistes ont des problèmes en banlieue ». Pas ceux de Backchich, qui semblent voir le réel avec des œillères islamo-gauchistes.

Comme souvent quand on parle d’islam, intimidations, pressions et menaces ont tenté d’empêcher la diffusion, ce soir, de La cité du mâle. Cette fois, ça n’a pas marché. On pourra quand même le voir. Et à mon avis, ce n’est pas seulement une nécessité : c’est un devoir. Il faudrait même le montrer à l’école de la République.



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Cyril Bennasar, anarcho-réactionnaire, est menuisier. Il est également écrivain. Son dernier livre est sorti en février 2021 : "L'arnaque antiraciste expliquée à ma soeur, réponse à Rokhaya Diallo" aux Éditions Mordicus.

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