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À Gaza, Israël fait le sale boulot

L’éradication du Hamas n'est pas terminée


À Gaza, Israël fait le sale boulot
Des soldats israéliens photographiés devant Gaza, le 9 avril 2024 © Leo Correa/AP/SIPA

À l’heure actuelle, les pires détracteurs d’Israël en Occident accusent ses forces militaires de perpétrer un « génocide » contre les Palestiniens de Gaza, pendant que même les gouvernements qui sont ses alliés demandent à l’État juif de faire preuve de retenue dans ses opérations contre le Hamas afin d’épargner les vies des civils. Pourtant, on peut légitimement se demander si les puissances occidentales ont elles-mêmes pris tellement de précautions dans leurs propres campagnes militaires et pourquoi on se montre toujours plus exigeant envers Israël qu’envers d’autres pays – ou soi-même.


À Raqqa, à Mossoul, avons-nous prévenu les civils de nos bombardements par flyers ou par textos afin qu’ils fuient les zones de combat ? Alors qu’Israël s’apprête à investir Rafah non sans évacuer préalablement les civils vers des « îlots humanitaires » dans le centre de Gaza, observons que l’exigence de « proportionnalité » c’est toujours pour les Israéliens…

Or imaginez un instant que le Hamas ait établi sa base au Grand-Duché de Luxembourg. Qu’elle ait occis l’équivalent de 6 000 Français à Longwy, Thionville et Metz, qu’aurait fait la France ? Probablement à peu près la même chose qu’Israël : investir le territoire luxembourgeois et éradiquer l’organisation terroriste avec son cortège de victimes collatérales. On demande à Israël de résoudre une équation impossible : se défendre mais ne faire aucune victime civile palestinienne. Ce qui est tout simplement impossible. Comme si en Serbie, en Libye et en Afghanistan, l’OTAN, la France et les États-Unis et la « communauté internationale », respectivement, n’avaient pas tué d’enfants ni de vieillards…

Les puissances sunnites demandeuses d’un accord avec Israël

En enlevant des nourrissons et en violant des femmes, le Hamas s’est mis hors de la communauté des croyants. Tuer un innocent, c’est tuer tous les musulmans, dit le Coran. Comment des dizaines de milliers d’Arabes sunnites peuvent-ils manifester en faveur de ce mouvement, proxy de l’ennemi héréditaire chiite ? Voyez la timidité des régimes arabes dans leur critique d’Israël, voyez comment la Jordanie et l’Arabie saoudite ont prêté main forte à la protection de l’espace aérien israélien face à l’attaque sans précédent de l’Iran…

L’élimination du Hamas, proche des Frères musulmans, serait applaudie chez les voisins sunnites d’Israël : l’Égypte a mis ses propres Frères musulmans en prison après qu’ils aient gagné les élections. Mais depuis 1967, l’Égypte refuse obstinément de gérer Gaza. Elle préfère laisser les Israéliens gérer le tropisme terroriste des Palestiniens : depuis que ceux-ci ont déstabilisé le fragile équilibre ethnico-religieux libanais, personne n’en veut dans le monde arabe.

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L’Arabie saoudite se démène avec les Houtis chiites du Yémen. Chacun, comme le Maroc et la Jordanie, craint le djihadisme islamiste comme la peste. L’Algérie a expérimenté ses fous de Dieu (le FIS) avec son cortège de 200 000 morts dans les années 90 et qui, eux-aussi, étaient d’une violence inouïe, décapitant des bébés. Aucun pays arabe ne veut tuer les Accords d’Abraham… conscient que le 7 octobre avait pour but de faire imploser le rapprochement arabo-israélien.

Les Européens doivent reconnaître que leur aide humanitaire est massivement détournée par le Hamas. Le rapport Colonna qui dédouane l’UNWRA de ses compromissions fait fi des preuves avancées par UN Watch. On sait que rien ne se fait à Gaza sans l’accord du Hamas. L’Union devrait au contraire se réjouir d’une bande de Gaza pacifiée par Israël dans laquelle elle pourrait financer de véritables ambulances et non des transports de troupe déguisés. Si l’organisation terroriste venait à disparaître, les Gazaouis seraient sans doute les premiers à bénéficier de la prospérité retrouvée. Une chance inespérée de faire enfin de Gaza une « Singapour en Méditerranée ». En cas de cessez-le-feu intempestif, la survie du Hamas serait en revanche catastrophique pour l’Autorité palestinienne qui perdrait tout crédit en Cisjordanie.

La Palestine, une idéologie

Au lieu de quoi la Palestine demeure l’horizon indépassable du camp du Bien. L’« antisionisme compassionnel » rapporte des voix, permet aux antisémites de parader sur les plateaux de télé en citant le quotidien israélien d’extrême gauche Haaretz, véritable cape d’invisibilité : il suffit de remplacer « boycott des Juifs » par « boycott de l’État juif ». Quand des terroristes palestiniens tuent des Juifs, ils sont considérés comme des résistants.

Peu importe que la Charte du Hamas porte en elle une intention génocidaire univoque, le Palestinien, même en uniforme hamassiste, est devenu depuis 30 ans le parangon de l’opprimé, le « nouveau Juif » en quelque sorte. On a basculé dans l’irrationnel. Dans les dîners en ville, soutenir Israël vous range dans le camp génocidaire. Chacun semble porter un intérêt obsessionnel pour le sort des Palestiniens, sans égard pour celui des otages israéliens et inversement proportionnel au sort des Juifs de diaspora, condamnés à l’exil intérieur. Si Israël était un Etat arabe, par contre, la cause palestinienne n’existerait même pas : ce seraient des Arabes tuant d’autres Arabes. Personne n’en parlerait. Qui se souvient des milliers de Palestiniens massacrés par la Jordanie ?

« Les fils d’un peuple supplicié devraient savoir se tenir à table »

Aujourd’hui, les Ouïgours musulmans sont « sinisés » de force dans des camps de concentration chinois, les Rohingyas musulmans ont été pourchassés par le Myanmar… Les 300 000 Syriens tués par leur propre président… Sans réaction de la « rue arabe » ou des islamo-gauchistes. Seuls comptent les Palestiniens occupés par des Juifs. Si les Chinois étaient juifs, qui sait ? Peut-être que BDS boycotterait le « Made in China » ?

Quant au décompte des victimes, comment accorder un quelconque crédit au « ministère de la Santé du Hamas » ? Le Pentagone fait état de 25 000 morts, Israël décompte 13 000 terroristes tués, soit 12 000 civils. C’est évidemment dramatique mais ce n’est pas un génocide. Aurions-nous fait mieux dans une ville-Etat sillonnée de 1 000 km de tunnels dont les entrées et sorties sont adossées aux hôpitaux ? Pour limiter la casse, Israël a choisi justement d’exposer ses fantassins, la plupart âgés entre 18 et 25 ans, fruits de la conscription et sel de la nation.

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Il y a plus de vingt ans, Françoise Giroud écrivait déjà dans Le Monde (13 juin 2002) : « Avec une rapidité remarquable, dès la première pierre de la seconde Intifada, un retournement s’est produit, saisissant, qui serait inexplicable sans le tableau de fond sur lequel il s’inscrit. Enfin ! On a le droit de dire du mal des Juifs ! À Paris, les personnes de bon goût ne comptent que les morts palestiniens. Quand on arrive aux autres, on ne sait plus compter. D’ailleurs, ce sont des goujats… Les fils d’un peuple supplicié devraient savoir se tenir à table, je veux dire à la guerre, et prendre les coups sans les rendre. » L’analyse de François Giroud n’a pas pris une ride : on exige depuis des mois d’ailleurs un cessez-le feu des Israéliens alors que l’éradication du Hamas est loin d’être terminée. Aurions-nous osé demander la même chose à Churchill et Roosevelt au printemps de 1945 ? Ils auraient répondu : il faut d’abord finir le travail.



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est écrivain, journaliste et romancier belge. Dernière publication : "Tout doit disparaître", Edilivre (2021)

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