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Pas besoin de preuves

Au Canada, une vague d’actes de vandalisme contre les églises a été déclenchée par une hystérie collective numérique


Pas besoin de preuves
Shutterstock/sipa

Une vague de destructions et de vandalisme frappe les églises canadiennes depuis 2021. La raison? Une fausse rumeur sur les réseaux sociaux.


Une trentaine d’églises incendiées, une soixantaine d’autres vandalisées ou cambriolées : voilà le bilan d’une campagne de destruction qui a sévi au Canada à partir de 2021. Certains des édifices dégradés ont été tagués avec des injonctions telles que : « Déterrez-les », « Ramenez-les chez eux » ou la question « Où sont les enfants ? » De quels enfants s’agit-il ? Tout commence en mai et juin 2021, quand un groupe autochtone en Colombie-Britannique prétend avoir découvert 215 cadavres d’enfants sous une école catholique, tandis qu’un autre groupe, de la province du Saskatchewan, annonce avoir trouvé 751 tombes anonymes dans un cimetière sous l’ancien pensionnat de Marieval. Il s’agirait de corps d’enfants morts à la suite de violences subies dans ces écoles ainsi que dans d’autres partout au Canada.

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Ce qui est certain, c’est que ces établissements ont participé à une vaste politique d’assimilation des populations autochtones conduite par le gouvernement canadien du XIXe aux années 1970. Des enfants ont été arrachés à leur famille pour être élevés à la canadienne dans des internats chrétiens, principalement catholiques. La découverte de ces charniers a donné lieu à un déchaînement de passions sur les réseaux sociaux, accompagné d’accusations de crimes contre l’humanité et même de génocide, d’où la prolifération d’actes de vengeance antichrétienne. Sauf que des fouilles conduites depuis par des équipes d’experts sur plusieurs sites, dont celui de Marieval, n’ont pas trouvé de traces de cadavres. D’ailleurs, la seule présence de restes humains ne justifierait pas le récit macabre de violences suivies d’enterrements de masse. S’il est généralement reconnu aujourd’hui que beaucoup des enfants en question ont été mal traités, la vague d’actes criminels contre les églises a été déclenchée par une hystérie collective numérique. Comme l’a dit Jacques Rouillard, professeur émérite à l’université de Montréal, interrogé par le New York Post : « Trop a été dit et fait avant que des preuves ne soient fournies ».

Février 2024 – Causeur #120

Article extrait du Magazine Causeur




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