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Immigration: les perroquets avaient tort

Les carnets d’Ivan Rioufol


Immigration: les perroquets avaient tort
© SA HARSIN/SIPA

Les progressistes qui se convertissent au réel parlent désormais comme la vieille droite pragmatique. L’année 2024 s’annonce prospère pour ces carabiniers d’opérette et résistants de la 25e heure. Ils continuent cependant à rejeter bruyamment « l’extrême droite », tout en tentant de s’approprier, à leur tour, le combat contre l’islam politique.


Ce n’est pas pour me vanter, mais deux plus deux font bien quatre. Mes détracteurs de jadis ont bonne mine à devoir aussi admettre que l’eau mouille. Marcel Aymé, une fois de plus, avait vu juste : « Les radoteurs finissent toujours par avoir raison » (Vogue la galère). Jean-François Kahn, que j’eus à mes basques comme un sparadrap, disait vrai dans son obsession à me pister : oui, cela fait trente ans et plus que je me répète. Je fais profession d’enfoncer les mêmes clous : la fragilité de la nation, l’angélisme des belles âmes, la paresse des intellectuels, le pharisaïsme des faux gentils, le cynisme des donneurs de leçons, la méchanceté de la meute, le suivisme des médias restent des sujets inépuisables. Mais je les vois venir, les arrivistes de toujours. Hier, ils daubaient sur les « déclinistes » et dressaient des listes de « réacs » ou de « fachos ». Nombreux sont les opportunistes qui, voyant le vent tourner sous le poids des évidences, virent de bord. Les progressistes qui se convertissent au réel parlent désormais, sans se l’avouer, comme la vieille droite pragmatique qu’ils diabolisaient. L’année 2024 s’annonce prospère pour ces carabiniers d’opérette et résistants de la 25e heure. Ils se remarquent déjà par leur propension à rejeter bruyamment « l’extrême droite », bouc émissaire qui leur permet de s’approprier, à leur tour, le combat contre l’islam politique importé.

Les baratins ont assez duré

L’idée fixe demeure ma boussole. Depuis les années quatre-vingt-dix, je martèle ce propos simple, qui semble enfin ébranler la pensée officielle : rien n’est plus grave pour la France que l’immigration de remplacement encouragée par l’islam colonisateur. La colère française puise dans le sentiment d’abandon du peuple indigène, sommé par des « élites » inconsistantes de disparaître au nom de la mondialisation, du métissage, de la créolisation. J’observe que les faits s’accélèrent et donnent raison aux Cassandre. Certes, je me suis trompé en rejoignant, après les attentats du 11 septembre 2001 contre les États-Unis, l’utopie néoconservatrice d’une démocratie concevable en Irak. Cette lubie passée, due à ma solidarité de principe avec le monde occidental attaqué, m’a convaincu de l’incompatibilité entre l’islam et la démocratie, entre la loi d’Allah et la loi du peuple. Depuis, mon atlantisme a été également refroidi par la subversion du wokisme importé des universités américaines soumises aux minorités sexuelles et ethniques.

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Pour le reste, les perroquets avaient tort : ils disaient voir dans l’immigration une « chance pour la France », dans l’islam une « religion de paix et de tolérance » et dans « l’économique et social » la solution universelle. Tout au contraire, il est urgent de s’assumer« xénophobe »,« islamophobe » et « identitaire », puisque c’est le prix que doit payer au clergé médiatique en déroute l’impatient qui veut arrêter l’invasion, dompter l’islam et sauver l’âme française. Pas sûr que les plagiaires de la droite oseront suivre…

Les baratins ont assez duré. Celui-ci, par exemple, entendu cent fois pour relativiser la passivité de la contre-société face aux violences urbaines ou aux actes du terrorisme islamiste : « À 99,99 %, les musulmans sont intégrés en France. »Cette affirmation est hélas inexacte. Deux France irréconciliables se font face. Un sondage IFOP du 9 décembre révèle que 78 % des Français musulmans voient la laïcité comme une discrimination, c’est-à-dire une injustice et une violence. 72 % d’entre eux désapprouvent l’interdiction de l’abaya à l’école, et 50 % estiment que les élèves sont en droit de ne pas assister aux cours si ceux-ci « heurtent leurs convictions religieuses ». Pire : 16 % des sondés « n’expriment pas une condamnation totale » de l’assassin du professeur Dominique Bernard, tué au couteau par un islamiste à Arras le 13 octobre. Rappelons, de surcroît, que la jeunesse musulmane adhère à 74 % à la charia (la loi islamique) plutôt qu’à la démocratie. Commentaire de François Kraus (IFOP) : « La manière dont la majorité des musulmans conçoivent leur rapport de la religion avec la société est en décalage croissant avec le reste du pays. » (Le Figaro,13 décembre). Le « halal way of life » s’est banalisé dans les quartiers « populaires ». La guerre civile est au bout de ce séparatisme, si rien ne vient faire obstacle à la naïveté des dirigeants et à la propagande des Frères musulmans, ce mouvement subversif et antisémite laissé en paix par Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, qui préfère interdire des mouvements de cathos intégristes (Civitas, Academia Christiana).

Dégringolade au classement Pisa

La gauche anti-Nupes, attachée à la survie de la France, a toute sa place dans la résistance à opposer au nouveau totalitarisme coranique et à la libanisation de la société. Encore faudrait-il que ces sociaux-démocrates rompent avec leur prétention à donner des leçons, comme au temps de leur hégémonie. Beaucoup de ceux qui fuient le gauchisme culturel croient camoufler leur ralliement tardif aux parias en les excommuniant. Renvoyer dos à dos, comme le fait le Printemps républicain, les défenseurs de la civilisation française et les prosélytes de l’islam conquérant, en les associant à une même « tenaille identitaire », est un raisonnement de faux-cul. Il annonce d’autres capitulations de la part de ces prolophobes : ils redoutent d’appeler un chat un chat de peur de se rallier à un bon sens trop commun. Or la nation est une valeur plébiscitée par 73 % des Français (L’Opinion, 14 décembre). Partout les yeux s’ouvrent devant les désastres d’une société ouverte. Sans l’immigration massive, l’Éducation nationale serait dans les premières places dans les classements PISA. Même les syndicats d’enseignants, naguère adeptes de l’apaisement, se raidissent devant les pressions d’élèves ou de familles.

Trente ans et plus ont été perdus à cause d’idéologues arrogants qui devraient avoir des comptes à rendre. L’islam et l’immigration engagent le destin de la France, quoi qu’en pense la Macronie, que ces sujets ennuient. En 2024, les dirigeants mal inspirés vont devoir écouter, plus que jamais, les « ploucs » de la France « moisie ». C’est à eux qu’il revient d’écrire l’histoire du réveil de la France oubliée.

Janvier 2024 – Causeur #119

Article extrait du Magazine Causeur




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Journaliste, éditorialiste, essayiste. (ex-Le Figaro, CNews, Causeur)

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