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Le « point de détail » de l’extrême gauche

Un syndicaliste placé en garde à vue après une blague antisémite adressée à Eric Zemmour


Le « point de détail » de l’extrême gauche
Image d'illustration

Et vous, vous prenez le train ce week-end?


La semaine avait commencé en fanfare avec le « Vous vous faites agresser tout le temps. Ce ne serait pas vous le problème ? », lancé par Bruce Toussaint à Zemmour, elle s’achève en apothéose avec le « Tu prends le train pour Auschwitz ? » proféré, à l’attention du même Zemmour, par un drôle de Tronche dont on apprend, en même temps que l’existence, qu’il est cheminot et dirigeant de la CGTCadresTech. La scène s’est passée sur un quai de gare parisien. À l’arrivée du train, à Limoges, le petit rigolo a osé une variante, sans doute pour montrer qu’il a de la culture historique – « Tu vas à Dachau ? ». Bien sûr, il est possible que les témoins aient tous été frappés par la même hallucination auditive et que tout ça ne soit qu’une invention de la fachosphère destinée à détourner les regards de la peste brune qui monte. 

Pardon, pourriez-vous répéter ?

Les extrême-gauchistes, ça ose tout. Le comique-troupier ayant brièvement été placé en garde à vue, la nouvelle patronne de la CGT a tenté d’en faire un martyr en camouflant le forfait par un gros mensonge – selon elle, il n’avait pas dit Auschwitz mais Vichy, et c’était pour dénoncer le pétainisme de Zemmour. N’oublions pas que Monsieur Tronche (qui d’ailleurs, me semble-t-il, n’a pas personnellement démenti ou renié ses propos) est présumé innocent. Seulement, pas de chance, pour être sûr que son amusante apostrophe rencontrerait un vaste public, il l’avait également postée sur ses réseaux : « Zemmour dans mon train… je vérifie que le train va bien à Limoges… J’ai peur qu’il aille en Pologne… ».  Ce premier bobard (il a dit Vichy, pas Auschwitz) ayant fait long feu, des rigolos en ont inventé un autre: en fait, il voulait dire que Zemmour, en bon nazi, aurait conduit le train vers les camps. En clair, l’excellent Tronche n’a pas fait une remarque antisémite, mais une déclaration antinazie. Et c’est pour son courage qu’il a été embastillé par la police fasciste de Macron. La preuve, c’est qu’il arbore, un T-shirt frappé de l’inscription « Cheminots de Limoges, terre de résistance ». Quand on vous dit que ça ose tout.

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Faut-il le préciser, si cette phrase avait été prononcée par un obscur militant de Reconquête ou du RN à l’adresse d’un Juif-de-gauche, nous serions déjà en quinzaine antifasciste. France Inter serait en édition spéciale, les pétitions circuleraient, le président de la République aurait tweeté que nous ne cèderons pas face à l’ignoble, Elisabeth Borne aurait plussoyé. Bref, on aurait eu droit à un chouette moment de réconciliation nationale contre Hitler. Et là, en dehors des mousquetaires Naulleau, Enthoven et quelques autres qui sont les derniers à croire qu’ils sont de gauche, silence-radio. Pas non plus d’indignation gouvernementale. Et à ma connaissance, la Binet ne s’est toujours pas débinée (je sais c’est facile). Sur les réseaux, une palanquée d’insoumis la défend. Les autres se terrent, y compris cet élu que j’ai sollicité parce que je sais qu’il ne mange pas de ce pain-là. Sa réponse : « Mais qu’a dit le type ? Si ce sont des saloperies antisémites, je condamne… mais si le type a vanné sur Vichy, c’est pas la même chose. Par ailleurs, tu sais très bien que l’électorat Zemmour a drainé des nostalgiques de Pétain… ce dernier est devenu dingue. On est loin du seguiniste radicalisé que j’ai connu. » C’est pas bien mais… On connait la chanson, elle a servi après chaque attentat islamiste.

Sophie Binet peut dormir sur ses deux oreilles

Contre Zemmour, tout est permis. Même la violence. Même l’antisémitisme. En somme, Hitler avait, selon le mot de Bernanos, déshonoré l’antisémitisme, Zemmour lui a rendu son honneur. 

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Cette affaire devrait être le « point de détail » de cette néo-gauche (qui est largement sur ce point un retour aux sources) et le cauchemar de Sophie Binet, si les journalistes avaient avec elle un centième du zèle qu’ils réservaient autrefois à Jean-Marie Le Pen. Tous ceux qui ont préféré regarder ailleurs que se désolidariser de la ligne du Parti devraient être renvoyés à leur honte. Mais n’y comptez pas. Martin Pimentel m’apprend que, dans son grand journal de 8 heures, France Inter n’a pas pipé mot sur la blague et que Le Monde n’y a pas consacré une ligne. La stratégie du silence a parfaitement fonctionné : en moins de 24 heures, on est passé à autre chose. Les médias convenables ont décidé qu’il n’y avait pas d’affaire, vous n’allez pas nous enquiquiner avec une mauvaise plaisanterie. 

Jean Moulin d’opérette

Il y a des chances que Monsieur Tronche, présumé innocent, soit condamné – encore qu’un juge gauchiste serait capable de démontrer qu’il n’est nullement antisémite de demander à un juif s’il va à Auschwitz – puisque c’est Zemmour. Entendra-t-on Fabien Roussel – qui souhaite qu’une telle condamnation soit assortie d’une peine d’inéligibilité à vie – demander l’exclusion du délinquant ? Quelque chose me dit que non. En France, on peut perdre son job pour une blague sur les blondes, mais quand on a la carte du camp du Bien, on peut rire de tout. Et avec n’importe qui. 

Le plus significatif, c’est que ce Jean Moulin d’opérette n’a pas hésité à balancer son fiel devant une trentaine des témoins, ce qui laisse penser que, dans son milieu, ce genre de blague ne choque personne. La vérité, c’est qu’à force de draguer le vote islamiste, une grande partie de la gauche s’est laissé contaminer par la haine des Juifs – trop riches, trop blancs, trop français. Heureusement, ces zozos étant à la fois minoritaires et velléitaires, la bébête immonde n’est pas près d’arriver au pouvoir. Certes, ces Tartuffe continueront à singer l’antifascisme en hurlant à l’extrême-droite. Cette grossière diversion ne trompe plus grand-monde. Faure et tous les autres ont renoncé à tout principe pour sauver leurs fesses. Ils y parviendront peut-être durant quelques années encore. Ils ont déjà gagné leur place dans l’Histoire : celle d’athlètes de la compromission.



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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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