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Espagne: une loi très mauvais genre

Le manque de culture scientifique expose les sociétés à des réformes malvenues...


Espagne: une loi très mauvais genre
Irene Montero, Ministre de l'Egalité, devant le Parlement à Madrid, après l'adoption de la nouvelle législation concernant le changement de sexe, le jeudi 16 février © Paul White/AP/SIPA

Jeudi 16 février, les députés espagnols ont adopté, définitivement, une nouvelle législation concernant le changement de sexe. Elle s’applique automatiquement à toute personne âgée de plus de 16 ans. L’accord parental sera requis pour les adolescents âgés de 14 à 16 ans, tandis que les 12-14 ans devront obtenir une autorisation de la justice.


La bonne nouvelle quand on apprend que l’Espagne légalise le changement de genre à partir de 12 ans, c’est qu’il ne s’agit pas de la France.

Peut-on donc parler de l’Espagne dans un journal français ? On aimerait croire que non, mais ce qui se passe aujourd’hui chez nos voisins se passera chez nous demain. L’errance est la chose la mieux partagée du monde, cette vérité d’un nouveau genre en deçà des Pyrénées le sera également au-delà, si nous ne prenons pas garde et ne tirons pas les leçons de cet échec politique espagnol.

Une nouvelle loi pour tous les particularismes

La loi approuvée le 22 décembre 2022 se présente comme une loi pour l’égalité des personnes transsexuelles. Mais la question se pose : en quoi la faculté de changer son genre à l’état civil est-elle plus égalitaire ? L’inégalité est caractérisée par une différence de traitement de situations identiques. Avant cette loi, aucune différence de traitement ne pouvait être constituée, dès lors qu’un seul traitement était réservé à tous : l’immuabilité de l’état civil. Cette loi n’a donc logiquement pu créer une égalité si l’égalité existait déjà avant son empire.

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Ce que la gauche sociétale appelle égalité, c’est l’adaptation de la loi aux situations particulières, c’est son sur-mesure normatif, c’est la fabrication de la loi générale et impersonnelle à partir du particulier et du personnel.

La théorie du genre, une croyance scientifiquement démentie

Sur le fond, cette loi procède de la croyance que le genre est une construction sociale et donc une construction volontaire. Mais cette croyance est scientifiquement démentie. La neurologie et la pédopsychiatrie nous avertissent : le cerveau d’un enfant a besoin de tenir certaines choses pour intangibles pour se développer correctement. Ni les partisans ni les adversaires de ce genre de loi ne nieront que le sentiment d’appartenir à un autre sexe que le sien est un trouble de la personnalité. Si l’idéal posé est donc celui de la stabilité de la personnalité, on ne peut donner à un enfant de 12 ou 15 ans la responsabilité de décider que son sexe n’est pas son genre.

La transsexualité est une construction sociale. C’est parce qu’on a persuadé des individus faibles et influençables qu’ils pouvaient se choisir leur genre qu’ils en ont éprouvé le besoin. La théorie du genre répond à un problème qu’elle a généré elle-même par la même méthode que celle qui a consisté à le générer. Ne sachant pas quel cercle vicieux ils alimentent, les législateurs se croient obligés de hocher prudemment la tête face à une faction activiste qui les somme de céder à leurs théories hasardeuses. Le manque de culture scientifique expose les sociétés à ces réformes. Pour que pareille déviance législative ne se produise pas en France, ce n’est pas la théorie du genre qu’il faut combattre, mais l’inculture scientifique.

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Élève-avocat, étudiant à Paris I Panthéon-Sorbonne.

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