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Agressions à répétition de militants de Zemmour

Les antifas sont de sortie…


Agressions à répétition de militants de Zemmour
Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Un silence coupable?


« Cette ville est rieuse, amoureuse, fraîche, fleurie, parfumée mieux que toutes les autres villes au monde », s’enflammait Honoré de Balzac au sujet de Tours, sa ville natale, dans sa nouvelle L’Apostrophe. En parlerait-il avec une telle légèreté aujourd’hui ? 

Dans la ville de Tours, il y a un marché. Sur ce marché, des militants politiques tractent. Dans tous les marchés, il en est ainsi. On prend un tract, on s’arrête et on discute. On est d’accord, on n’est pas d’accord, on débat parfois. Et si on n’a pas la tête à ça, qu’on pense à la cuisson du gigot du midi ou à la belle qui nous attend sous les draps, on décline poliment et on file. 

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Ça, c’est pour ceux qui en ont un minimum dans la cervelle, pas pour ceux qui se sentent offensés par la présence d’un petit vieux d’1m60 ou 1m65 en train de tracter pour Eric Zemmour devant un étal de vaisselle. Et voilà ce que ça a donné dimanche matin, boulevard Béranger à Tours, pendant la Foire au troc.

Ça vous indigne ? Mettez-vous donc à la place de notre antifa. La présence d’idées autres que les siennes – si tant est qu’il en ait réellement – est vécue comme une agression. On ne parle pas de n’importe quelles idées, on parle de celles d’Eric Zemmour. Nosferatu ! Celui présenté depuis des mois comme le diable, l’antéchrist tout droit sorti des flammes. Dès lors, pourquoi notre antifa se fatiguerait-il à réfléchir. Taillé comme un colosse face à un nain âgé, il lui est bien plus facile de cogner. 

Il beugle, le bougre. Il beugle qu’il n’aime ni les fachos, ni « les racistes ». Autour de lui, les promeneurs sont médusés. La scène est tellement grotesque… Et pourtant, notre antifa est déjà en train de cracher à la gueule du petit vieux. 

« On est en démocratie ! », lui rappelle une dame révoltée. Rien n’y fait, notre antifa s’en fout. Il traite les autres de « racistes » et s’en va d’un pas lourd. « Tirez-vous ! », dit-il en partant, escorté par une drôle de demoiselle aux cheveux roses. 

Balzac nous aurait-il décrit la scène ? Peut-être. À défaut, la scène a été popularisée par Twitter. Sur son compte, Eric Zemmour a promis de « rendre justice à cet honnête homme » (celui qui tracte) par la force de l’isoloir. L’avocat Gilles-William Goldnadel, qui en perd son français, a proposé ses services d’avocat à titre gracieux. Quant au reste des internautes, une flopée, ils y voient, évidemment, une raison de plus pour voter pour leur champion.

Au sein de cet océan d’indignation, Idriss Sihamedi, activiste musulman à temps plein sur Twitter et fondateur de Baraka City, association humanitaire islamiste dissoute par Gérald Darmanin, il a cru bon de tenter un peu d’humour. « Je condamne avec la plus grande fermeté les jets de papiers par terre et toute forme de pollution », a-t-il écrit. Et Monsieur Sihamedi de supprimer son message une heure plus tard… 

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À la suite de cette agression, le petit vieux et deux autres militants ont porté plainte. Ce haut fait d’armes de l’antifascisme s’ajoute à une longue série d’agressions de militants et de colleurs d’affiches de “Reconquête !”.  La plus choquante fut celle de huit adolescents aspergés à l’essence dans l’Essonne à la fin du mois de mars. Depuis, il y a eu notamment celle-ci, sur le parvis de La Défense : 

Doit-on partager les idées d’Eric Zemmour pour dénoncer ce type d’agression ? Absolument pas. Or, hormis pour celle des militants aspergés d’essence, le monde médiatique traîne des pieds pour le faire. J’entends d’ici la musique du « ils l’ont quand même un peu cherché »… Il l’ont quand même un peu cherché, ça ne vous rappelle rien ? Ils l’ont quand même un peu cherché, c’est ce qui a envoyé l’équipe de Charlie Hebdo se faire fusiller. Ils l’ont quand même un peu cherché, c’est tout le contraire du fameux « je suis Charlie ». Ils l’ont quand même un peu cherché, c’est ce qui nous pousse dans la gueule de l’obscurantisme. « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ». Cette citation est faussement attribuée à Voltaire, elle n’en demeure pas moins essentielle à notre démocratie. Que cela nous plaise ou non, elle doit s’appliquer à Eric Zemmour et à ses militants. Le silence autour de ces agressions, c’est un pas de plus vers l’affaissement de notre démocratie. 




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Enseignant, auteur du roman "Grossophobie" (Éditions Ovadia, 2022).

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