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Corse: quand les choses traînent, la situation s’envenime

La Corse ou tout ce qu'il ne fallait pas faire !


Corse: quand les choses traînent, la situation s’envenime
Une manifestation en soutien à Yvan Colonna suite à son agression se termine en émeute à Ajaccio le 9 mars 2022 © HAMARD FANNY/ SIPA

Ce pouvoir est-il maladroit ou malfaisant?


Depuis la tentative d’assassinat sur Yvan Colonna le 6 mars, commise par un djihadiste parce que la victime aurait « blasphémé », deux choses positives seulement sont à retenir, l’une judiciairement inévitable (ouverture d’information contre l’agresseur pour déterminer sa responsabilité et les modalités du crime) et l’autre politiquement nécessaire mais mise en œuvre trop tardivement par le Premier ministre dans son rôle de substitut à Eric Dupond-Moretti : le rapprochement pénitentiaire des condamnés avec la Corse. Mais pour le reste qui est l’essentiel, que de graves bévues !

Une absence de sanction incompréhensible

À ma connaissance, à la suite des incontestables dysfonctionnements liés à la surveillance et à la protection d’Yvan Colonna, prisonnier particulièrement signalé à Arles, aucune sanction n’a été prise, du bas niveau jusqu’au plus haut. L’inattention portée à la vidéo qui durant huit minutes montrait la terrible agression n’a apparemment pas suscité la moindre réaction. Le directeur de l’établissement concerné est toujours en place. Du temps du général de Gaulle, le garde des Sceaux aurait pris acte de sa responsabilité ou elle lui aurait été rappelée. Au moins le directeur de l’administration pénitentiaire aurait su immédiatement tirer les conséquences de ce crime parfaitement évitable dans un univers dont globalement il avait la charge.

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Je sais bien qu’en France, et sous ce mandat en particulier, des droits sont attachés aux hautes fonctions mais très peu de devoirs. Donc on demeure, quelles que soient les péripéties vous impliquant. Les Corses auraient été heureux d’apprendre que des sanctions avaient été prises.

L’île de Beauté en colère

Cette incurie a abouti sur l’île à des dérives, des débordements, des désordres inadmissibles, intolérables, de la part notamment de jeunes gens même pas nés lors de l’assassinat du remarquable préfet Erignac le 6 février 1998 à Ajaccio. La police a affirmé n’avoir jamais dû affronter des violences d’une telle intensité, destinées non plus seulement à manifester un mécontentement profond mais à blesser, mais à tuer.

Emeutier à Ajaccio, 8 mars 2022 © HAMARD FANNY/SIPA Numéro de reportage : 01064608_000016

On a entendu le retour de ces expressions scandaleuses sur les « détenus politiques » que seraient ces assassins, criminels de droit commun, sur « l’Etat français assassin », d’une revendication pour une exécution des peines assouplie, voire laxiste.

Vers l’autonomie de la Corse pour apaiser la situation ?

C’est dans ce climat quasiment insurrectionnel qu’on lance comme une pitoyable bouée de sauvetage l’idée d’une autonomie de la Corse face à laquelle les nationalistes ont fait la fine bouche. Emmanuel Macron, dans son programme flou, y avait déjà fait allusion en 2017 mais durant cinq ans cette exigence portée par une infime minorité était restée sous le boisseau.

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Elle est offerte sur un plateau quand l’île est embrasée et c’est à peine si Gérald Darmanin a souligné l’obligation du retour de la tranquillité avant la discussion sur l’autonomie (surtout pas financière, bien évidemment !). La conséquence de cette étrange démarche gouvernementale est qu’elle a ravivé les groupuscules FLNC prêts à reprendre du service terroriste, qu’elle a remis en branle un processus délétère face auquel même ses gestes de bonne volonté n’ont plus le moindre impact.

Un pouvoir aux abois

Les idées sont les succédanés des chagrins, a écrit Marcel Proust. Cela s’applique à ce pouvoir qui, dépassé, lâche tout, à cette absence d’autorité qui a pour seule ambition de dialoguer en position de faiblesse, au lieu de se fonder sur un légitime rapport de force.

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J’aime les Corses, la beauté de cette magnifique île mais je ne supporte plus cette déroute de fin de mandat où plus ça casse, plus ça passe! Est-ce un « clientélisme cynique » ou, si on est favorable à l’autonomie comme Yannick Jadot, l’incapacité de ce pouvoir à réagir autrement que sous l’effet de la violence ? Je ne crois pas qu’on puisse être aussi maladroit sans le faire exprès. Tout ce qu’il ne fallait pas faire, ils l’ont fait !

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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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