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La police prise pour cible à Alençon: une bonne nouvelle


La police prise pour cible à Alençon: une bonne nouvelle
Opération de police dans le quartier de Perseigne, Alençon, août 2018 © SICCOLI PATRICK/SIPA Numéro de reportage : 00870378_000002

Les affrontements de la nuit du 26 octobre sont le signe que les forces de l’ordre n’entendent plus laisser le terrain aux dealers.


Comme le temps passe. Il y a trois ans déjà, en avril 2018, Causeur s’était penché sur la préfecture de l’Orne dans le cadre d’une enquête sur les quartiers sensibles. Celui qui se distinguait dans ce registre était Perseigne, précisément celui où des policiers ont essuyé des jets de projectiles et des tirs de mortiers dans la nuit du 26 au 27 octobre. « Perseigne, enclave à problème d’Alençon-la-Tranquille », avions-nous alors titré.

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La France découvre avec stupeur que cette petite ville connaît l’insécurité. Les Alençonnais font la part des choses. La délinquance se concentre dans un petit quadrilatère de tours construites dans les années 1980. Classé prioritaire par la politique de la ville, écrivions-nous alors, « Perseigne affiche 60% de ménages en dessous du seuil de pauvreté et 30% de familles étrangères. Le quartier est-il rattrapable ? En dix ans, l’Agence nationale de la rénovation urbaine et la ville lui ont consacré plus de 100 millions d’euros, sans interrompre la chute. 5800 habitants en 2005, 4500 en 2013 ! » Les bailleurs sociaux peinent à remplir leurs logements, même en délaissant, réalisme oblige, tout objectif de mixité sociale. Contactées en 2018, deux agences immobillières d’Alençon, Orpi et Century 21, avaient décliné poliment les propositions de mandat pour un T4 (fictif) dans une rue de Perseigne : trop compliqué. 

La star du quartier est Fabien Clain, la voix qui a revendiqué pour Daesh les attentats du 13 novembre 2015. Réunionnais d’origine, passé par Toulouse dans les années 2000, par la prison (2009-2012) puis par la Syrie, il a passé l’essentiel de sa vie à Perseigne, avec son frère Jean-Michel. Il y était revenu début 2015, locataire d’Orne Habitat… 

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Pendant longtemps, la presse et les élus locaux ont surenchéri dans la candeur et l’aveuglement dès qu’il était question de Perseigne. Des jeunes avaient ouvert les bouches d’incendie pendant les fortes chaleurs de juin 2017 : « la canicule a créé du lien social », commentait poliment le site Tendanceouest. « Tensions communautaires inexpliquées dans un quartier », euphémisait Le Monde du 25 août 2018, suite à la mort d’un homme, abattu de deux balles dans une bagarre entre bandes.  Le motif exact de l’affrontement était effectivement obscur, mais la toile de fond du règlement de comptes entre Français d’origine maghrébine et Afghans n’avait rien de mystérieux : trafic de drogue.  

Combien de Perseigne en France ?

Puis le vent a tourné, tardivement mais nettement. « Il faut que les gens se lèvent ! Je veux que la majorité silencieuse parle et dénonce ces malfrats. Rebellez-vous contre ceux qui tiennent le quartier ! », avait lancé dans Ouest-France François Coudert, procureur de la République d’Alençon, le 7 avril 2021. Le 21 mars, déjà, la police avait été prise à partie et des véhicules avaient été incendiés à Perseigne. « Les services de l’État poursuivront les actions renforcées qui ont été engagées pour assurer la tranquillité publique dans ce quartier et perturber les trafics de stupéfiants et les rodéos urbains », déclarait alors Françoise Tahéri, préfète de l’Orne. Des propos fermes contrastant avec des années de calinothérapie, à base de « repair café » et autres « jardins partagés» prétendant réenchanter Perseigne.

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Question qui se pose inévitablement, combien de Perseigne, non pas en France, mais dans le seul Grand Ouest ? Réponse, plusieurs. Le quartier de Bellevue, à Brest, devient très difficile à vivre. Kercado et Menimur, à Vannes, le sont depuis déjà un moment (grâce entre autres à des trafiquants albanais). Bressuire (19 000 habitants, Deux-Sèvres) a connu des affrontements ethniques à l’été 2020, entre des locaux et des Russes tchétchènes. Des meurtres, des coups de feu et des dealers dans une commune plus petite que Bressuire ? Regardez du côté de Hennebont (15 000 habitants, Morbihan), où le quartier de Kerihouais concentre les problèmes. Ce n’est pas la Seine-Saint-Denis, et c’est précisément pour cette raison que la dégringolade peut être très rapide. Quand trouver un logement ailleurs n’est pas trop difficile, les habitants à la recherche d’un minimum de calme s’en vont en quelques années. Repair café et jardin partagé ou pas.



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