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Nous n’irons pas en Arizona

Mes vacances chez les bouquinistes


Nous n’irons pas en Arizona
Image d'illustration Unsplash

Mes vacances chez les bouquinistes, la série de l’été de Jérôme Leroy


Chez les bouquinistes ou sur les marchés, les Séries Noires d’occasion nous attirent irrésistiblement. C’est davantage de l’ordre du fétichisme que de la recherche du grand texte. Le liseré blanc ou jaune, selon les époques, nous ramène à ces pères, ces oncles, ces grands-pères qui les lisaient pendant les vacances, laissant le sable détacher les pages de ces contes de fées pour adultes comme les appelait Giono.

Déserts, cactus et pitbulls  

Bien sûr, il y avait le pire (Carter Brown) comme le meilleur (Jim Thompson). Mais faisait-on aussi attention que cela aux auteurs ? C’était plutôt l’effet collection qui jouait. Il y avait les accros à la Série Noire qui n’appartenaient pas à la même famille que les lecteurs (souvent des lectrices) du Masque ou des Fleuve Noir. 

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À force de les acheter d’occase systématiquement ou presque, on a des réserves. Parfois, on picore. C’est ainsi que par un de ces jours si gris du début de l’année 2021, entre deux confinements, on a choisi pour trouver un peu de chaleur avec Arizona Kiss de Ray Ring (Série Noire numéro 2298). On ne sait pas grand-chose de l’auteur qui n’a que quelques titres traduits en français. On se demande pourquoi, parce qu’Arizona Kiss s’est révélé un bijou.

Le véritable héros du roman, comme l’indique le titre, c’est l’Arizona : déserts, cactus, crotales et immenses rochers en à-pic surgis de nulle part. La chaleur est écrasante, les climatiseurs sont toujours en panne et les draps toujours moites. Macky, le narrateur, est journaliste à Tucson. Chacune de ses enquêtes dénonce un scandale de ce charmant État présenté comme une banlieue de l’enfer avec un record mondial des cancers de la peau.

Ironie torride

Quand un jour, dans un mobile-home surchauffé, Alice Malone, une jeune femme un peu folle, prétend avoir été martyrisée par un juge à la retraite, Macky flaire le mauvais plan. Mais il s’ennuie tellement -au point de se jeter en courant du haut des canyons et de n’ouvrir son parachute qu’au dernier moment- qu’il accepte de couvrir l’affaire. Il trouve vite l’occasion de faire tomber le juge, car celui-ci est un organisateur de combats de pitbulls, les chiens tueurs, et ce spectacle pour populaire qu’il soit est interdit en Arizona. Alice et Macky vont bien sûr devenir des amants torrides, ce qui n’est pas très déontologique et va se révéler extrêmement dangereux pour la suite…

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Arizona Kiss est un polar comme on les aime : lu en quelques heures, dépouillé, d’une facture classique mais qui n’exclut pas cette ironie tragique propre à la Série Noire. Signalons en plus que Ray Ring, admirable romancier d’atmosphère, a rédigé un anti-guide touristique avec ce roman : il donne environ trois raisons par page  pour ne pas aller en Arizona, pays où tout est mauvais, même la tequila…

Arizona Kiss de Ray Ring (Série Noire, 1991, reparu en Folio en 1999)

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