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Cummings contre Johnson: Règlement de comptes entre Brexiteurs

L'ancien conseiller de Boris Johnson décide de lui faire la peau


Cummings contre Johnson: Règlement de comptes entre Brexiteurs
Dominic Cummings, ancien conseiller de Boris Johnson lors d'une audition parlementaire, 26 mai 2021 © HANDOUT / PRU / AFP

Le duo dynamique responsable du Brexit, s’est déchiré au cours de la crise sanitaire en 2020. Évincé de Downing Street en novembre 2020, Dominic Cummings se venge aujourd’hui devant un comité de parlementaires, en dénonçant le Premier ministre comme totalement incompétent.


À une certaine époque, leur complicité semblait totale. Boris Johnson était le grand Premier ministre qui conduisait son peuple vers la liberté en sortant le Royaume Uni de l’Union européenne. Dominic Cummings était le stratège visionnaire et non conventionnel qui conseillait BoJo au jour le jour en lui permettant d’éviter tous les écueils. Mais leur association, lancée en juillet 2019, s’est terminée dramatiquement en novembre dernier lorsque Cummings et sa bande ont été virés de Downing Street par la bande à Carrie, le groupe des amis de Carrie Symonds, la fiancée de Boris Johnson et première dame officieuse du Royaume Uni.

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On savait que le gourou machiavélique n’attendait que la meilleure opportunité pour se venger et plonger sa dague dans la poitrine – ou le dos – de BoJo, comme dans une de ces tragédies sanglantes qui florissaient dans les théâtres londoniens à l’époque de Shakespeare, où des conspirateurs perfides se trahissaient les uns après les autres, tandis que les cadavres s’empilaient sur scène et le faux sang coulait à flots. Mercredi 26 mai, l’occasion si longtemps attendue s’est enfin présentée à Cummings. La mise en scène n’avait pas le côté sombre mais sublime des drames d’autrefois, privilégiant plutôt le sérieux procédural des rouages de la démocratie moderne. Car Cummings était interrogé, en tant qu’ancien membre de l’équipe du Premier ministre, par des députés membres de deux comités de la Maison des Communes, celui responsable des questions de santé et celui s’occupant de science et de technologie. Il témoignait officiellement sur la gestion de la pandémie au cours de l’année dernière, surtout pendant les phases initiales, les plus difficiles précédant l’arrivée des vaccins.

Critiques de la gestion du Covid

Chauve comme Monsieur Propre, l’ancien courtisan, dévoré par la rancune, ne s’est pas fait prier pour vider son sac de fiel. Sans y aller par quatre chemins, Cummings a asséné que BoJo n’avait pas du tout les compétences requises pour le poste de Premier ministre. La preuve ? La lenteur avec laquelle le gouvernement, au début de la pandémie, a réagi à la menace que représentait le Covid 19. Jusqu’au mois de mars, Johnson changeait d’avis cent fois par jour. Selon Cummings, le Premier ministre prenait la situation si peu au sérieux, était si réticent à mettre en danger l’économie, qu’il a parlé de la possibilité de se faire injecter avec le virus devant les caméras pour montrer à la population que le Covid 19 n’était pas dangereux. Une journée mémorable aurait été marquée, d’un côté, par des demandes de la part de Donald Trump que les Britanniques participent à une campagne de bombardement au Moyen-Orient, et de l’autre, par une crise de nerfs de la part de Carrie Symonds, contrariée par un article de presse à propos de son chien, Dilyn. Tiré tantôt par ci, tantôt par là, Johnson vacillait sur les mesures à prendre contre le coronavirus, persistant dans son espoir que l’immunité collective serait atteinte avant qu’un confinement général soit nécessaire. Même quand l’idée d’un confinement s’est imposée, le gouvernement, manquant totalement de cohérence, a tardé à fermer les frontières.

BoJo n’est pas le seul à prendre des coups

Son poignard tout cramoisi du sang de Boris Johnson, Cummings n’a pas hésité à le plonger entre les omoplates du Ministre de la santé, Matt Hancock, le Véran britannique. Le qualifiant de tout à fait incompétent et enclin à des déclarations mensongères, Cummings le considère comme responsable de la décision catastrophique de renvoyer dans les Ephad les personnes âgées se trouvant dans les hôpitaux pour d’autres traitements au commencement de la crise sanitaire. Cummings se présente comme étant, dès le début, un partisan des confinements, à la différence de Johnson. Il aurait été en faveur d’un deuxième confinement au mois de septembre, alors que Johnson privilégiait la réouverture de l’économie. Cummings va jusqu’à prétendre que, lors d’une réunion au mois d’octobre, Johnson aurait dit qu’il préférait que les cadavres s’amoncellent plutôt que de refermer l’économie. Quant à son propre évincement de Downing Street le mois suivant, Cummings n’hésite pas à accuser Carrie Symonds d’exploiter son influence sur le Premier ministre pour contourner les mécanismes officiels de nomination des fonctionnaires du gouvernement afin de le faire remplacer.

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Témoignant de la sorte pendant sept heures, l’ex-conseiller retors a-t-il porté un coup mortel à son ancien maître ? Entre le jour qui a précédé son témoignage et le jour qui y a succédé, les sondages ont enregistré des gains pour le gouvernement conservateur par rapport à l’opposition travailliste. Conclusion : beaucoup de bruit pour rien.



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est directeur adjoint de la rédaction de Causeur.

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